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Liturgie - Page 105

  • Jeudi de la première semaine de carême

    ℟. Tribulárer, si nescírem misericórdias tuas, Dómine: tu dixísti, Nolo mortem peccatóris, sed ut magis convertátur et vivat: * Qui Chananǽam et publicánum vocásti ad pœniténtiam.
    ℣. Secundum multitúdinem dolórum meórum in corde meo, consolatiónes tuæ lætificavérunt ánimam meam.
    ℟. Qui Chananǽam et publicánum vocásti ad pœniténtiam.

    Je serais dans la tribulation, Seigneur, si je ne connaissais vos miséricordes ; mais c’est vous qui avez dit : Je ne veux pas la mort du pécheur, mais plutôt qu’il se convertisse et qu’il vive (Ezéchiel 33,11). C’est vous qui avez appelé la Cananéenne et le publicain à la pénitence. Selon la multitude de mes douleurs dans mon cœur, vos consolations ont réjoui mon âme (psaume 33). C’est vous qui avez appelé la Cananéenne et le publicain à la pénitence.

    Tel est le premier répons des matines, qui fait écho à l’évangile du jour. A priori on ne voit pas en quoi Jésus a appelé la Cananéenne à la pénitence, ni donc le parallèle avec le publicain. Dom Pius Parsch explique :

    La Chananéenne est une figure favorite de la liturgie ; l’Église en a fait le type des pénitents. Que nous prêche-t-elle ? La persévérance dans la prière et la pénitence humble. Elle ne se décourage pas, même quand le Seigneur ne la regarde pas et ne daigne pas lui adresser la parole. Cette persévérance est déjà une grande preuve d’humilité. Comment reçoit-elle l’humiliation ? Le Seigneur la compare aux chiens. Elle accepte la comparaison et en fait un motif de sa prière : Oui, je suis un petit chien et je me contente des miettes qui tombent de la table des enfants. Elle a supporté victorieusement l’épreuve : celui qui s’abaisse sera élevé. Pénitence humble. Par là, nous atteignons la racine de tout notre malheur ; nous combattons notre susceptibilité, notre amour de l’honneur, notre orgueil.

    Le répons est « probablement traduit du grec », dit le cardinal Schuster. De fait il fait penser à un tropaire byzantin. Je n’ai pas trouvé lequel, mais on peut remarquer deux choses. D’une part, dans le calendrier byzantin, quand Pâques tombe après le 14 avril, comme cette année, l’évangile de la Cananéenne est chanté le dimanche avant le dimanche du pharisien et du publicain (qui est le premier de la préparation au carême). D’autre part, la Cananéenne et le publicain se trouvent ensemble dans des tropaires, mais avec d’autres figures de personnes guéries physiquement ou spirituellement par Jésus. On les trouve à côte dans une prière avant la communion de saint Jean Damascène :

    Je me tiens devant les portes de ton sanctuaire et les pensées qui me combattent ne me quittent pas. Mais, ô Christ notre Dieu, toi qui as justifié le publicain, qui as pris en pitié la Cananéenne et qui as ouvert au larron les portes du paradis, ouvre-moi les entrailles de ton amour des hommes et tandis que je m’approche de toi et que je te touche, accueille-moi comme la pécheresse et l’hémorroïsse ; l’une, ayant touché le bord de ton vêtement, reçut immédiatement la guérison, et l’autre, ayant saisi tes pieds sacrés, obtint la rémission de ses péchés. Et moi, misérable, j’ose recevoir ton corps tout entier. Ne me consume pas mais accueille-moi comme ces deux femmes, illumine les sens de mon âme et brûle la souillure de mes péchés, par les prières de celle qui t’a enfanté sans semence et des puissances célestes, car tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.

    « De ce thème oriental, Rome a su tirer une magnifique mélodie responsoriale », dit aussi le cardinal Schuster :

  • Mercredi des quatre temps de carême

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    Alors que les deux lectures de l’Ancien Testament nous rappellent que Moïse et Elie ont jeûné 40 jours, eux que l’on va retrouver dimanche autour de Jésus transfiguré qui a jeûné 40 jours, l’évangile nous parle du signe de Jonas, le seul que Jésus donnera à « cette génération mauvaise et adultère » : « De même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. »

    La liturgie byzantine évoque souvent ce signe, puisqu’aux matines des fêtes la 6e ode est théoriquement le cantique de Jonas, à savoir sa prière dans le ventre du poisson (qui commence par Ἐβόησα ἐν θλίψει μου πρὸς κύριον τὸν θεόν μου, comme on le voit sur son rouleau: J'ai crié dans ma tribulation au Seigneur mon Dieu). Les cantiques ne sont plus chantés, mais il reste les tropaires qui les illustrent. Le premier commence souvent ainsi : « Le prophète Jonas priant dans le ventre du poisson préfigura les trois jours au tombeau. »

    Et il y en a un qui revient plusieurs fois dans l’année, chaque fois qu’on chante les katavasies de la Croix, dès le premier jour de l'année liturgique (1er septembre) puis pour la fête de la Nativité de la Mère de Dieu (8 septembre), l’Exaltation de la Sainte Croix (14 septembre), le 1er août et le 6 (Transfiguration), qui insiste sur le symbolisme de Jonas, de la Croix à la Résurrection :

    Dans les entrailles du monstre marin, Jonas, étendant les mains en forme de croix à l'image de ta Passion, après trois jours en sortit, ébauchant l'universelle Résurrection du Seigneur notre Dieu crucifié dans sa chair, le Christ illuminant le monde par sa résurrection le troisième jour.

    Le voici chanté à Thessalonique (Transfiguration 2020).

    Νοτίου θηρὸς ἐν σπλάγχνοις, παλάμας Ἰωνᾶς, σταυροειδῶς διεκπετάσας, τὸ σωτήριον πάθος προδιετύπου σαφῶς· ὅθεν τριήμερος ἐκδύς, τὴν ὑπερκόσμιον Ἀνάστασιν ὑπεζωγράφησε, τοῦ σαρκὶ προσπαγέντος, Χριστοῦ τοῦ Θεοῦ, καὶ τριημέρῳ ἐγέρσει, τὸν κόσμον φωτίσαντος.

  • Mardi de la première semaine de carême

    Réspice, Dómine, famíliam tuam : et præsta ; ut apud te mens nostra tuo desidério fúlgeat, quæ se carnis maceratióne castígat. Per Dóminum nostrum.

    Regarde, Seigneur, ta famille, et fais que notre âme brille du désir de toi auprès de toi, elle qui se corrige par la mortification de la chair.

    Telle est la très remarquable collecte du jour. Il convient de noter que « fulgeat » va au-delà de « briller ». Le verbe veut dire d’abord « lancer des éclairs ». Le substantif fulgur, plus précisément le pluriel fulgura, a donné le mot « foudre », donc éclair et tonnerre, mais surtout éclair, mot qui le supplantera dans ce sens (et Fulgora était la déesse des éclairs).

    Nous demandons donc que notre âme brille comme un éclair par le désir de Dieu, le désir d’être avec Dieu, chez Dieu. Et ce qui doit permettre cela, ce sont nos « macérations » de carême. Si je châtie mon corps et le réduis en servitude, comme disait saint Paul, mon âme, la pointe de mon âme, mon esprit (mens) pourra briller du désir de Dieu comme un éclair.

    Il y a le bon et le mauvais désir. Il y a le désir « charnel » (au sens général du mot) qui m’entraîne dans l’éparpillement illimité les choses de la terre, et le désir du ciel qui m’élève vers l’unité infinie de Dieu.

    Saint Grégoire de Nysse montre de façon imagée comment l’effort de carême permet au désir de prendre la bonne direction :

    De même en effet que l’eau enfermée dans un conduit hermétique est souvent portée vers le haut, verticalement, sous la pression ascendante, faute d’avoir où se répandre, et cela malgré son mouvement naturel qui la porte vers le bas ; ainsi l’intelligence humaine, étroitement canalisée de partout par la tempérance (encrateia), faute d’issues où s’égarer, sera comme enlevée vers le désir des biens supérieurs par sa disposition naturelle à se mouvoir, car l’être en mouvement perpétuel – qui a reçu de son Créateur une telle nature – ne peut jamais se stabiliser et, s’il est empêché d’utiliser son mouvement dans la direction des vanités, il n’a d’autres ressources que d’aller droit à la réalité, puisque de partout on l’écarte des choses insensées.

    Et comme le disait saint Grégoire de Nazianze :

    Là où il y a purification, il y a illumination.

  • Lundi de la première semaine de carême

    Levábo óculos meos, et considerábo mirabília tua, Dómine, ut dóceas me justítias tuas : da mihi intelléctum, et discam mandáta tua

    Je lèverai les yeux, et je considérerai vos merveilles, Seigneur, afin que vous m’enseigniez vos préceptes. Donnez-moi l’intelligence afin que j’apprenne vos commandements.

    L’offertoire fait écho à l’introït. Celui-ci disait que nos yeux sont tournés vers le Seigneur comme ceux des esclaves vers leur maître. Celui-là dit que je lève les yeux vers les merveilles de Dieu. L’introït demande la miséricorde, l’offertoire l’intelligence.

    Par la schola de la chapelle du palais impérial de Vienne.

  • Premier dimanche de carême

    Scápulis suis obumbrábit tibi Dóminus, et sub pennis eius sperábis : scuto circúmdabit te véritas ejus.

    Le Seigneur te mettra à l’ombre sous ses épaules et sous ses ailes tu seras plein d’espoir. Sa vérité t’environnera comme un bouclier.

    Le texte de l’antienne de communion de ce dimanche vient, comme tous les chants du jour, du psaume 90, qui est le psaume du carême par excellence (saint Bernard lui consacra 17 sermons sans doute pendant le carême de 1139). Ce texte est aussi le verset de tierce et le répons bref de sexte. Il est aussi le texte de l’antienne d’offertoire, et on le trouvait déjà dans le trait. On le retrouvera tout au long du carême.

    La mélodie est très élaborée pour une antienne de communion, et quelque peu imagée : on constate la solidité inébranlable des épaules de Dieu sur la dominante do (scapulis), répétée ensuite pour les ailes (pennis), la prière confiante de l’espérance (sperabis), le rond du bouclier (scuto) puis un autre rond qui est la vérité qui t’entoure pour te protéger (circumdabit).

    Par les moines d’En-Calcat en 1959.

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    *

  • Samedi après les Cendres

    Fidéles tui, Deus, per tua dona firméntur : ut éadem et percipiéndo requírant, et quæréndo sine fine percípiant.

    L’oraison sur les fidèles, à la fin de la messe de ce jour, est une reprise de la postcommunion de la Septuagésime. Il y a deux traductions possibles selon qu’on met ou non une virgule après « quæréndo ».

    Soit :

    Que tes fidèles, ô Dieu, soient affermis par tes dons, afin que, les recevant, ils les recherchent, et que, les recherchant, ils les reçoivent sans fin (généralement rendu par : éternellement).

    Soit :

    Que tes fidèles, ô Dieu, soient affermis par tes dons, afin que, les recevant, ils les recherchent, et que, les recherchant sans fin, ils les reçoivent.

    Curieusement, dans L’Année liturgique de dom Guéranger, le texte est donné avec la virgule, et la traduction comme s’il n’y avait pas la virgule.

    Quoi qu’il en soit le sens est à peu près le même. Mais si l’on met la virgule l’oraison paraît faire directement écho à l’enseignement central de saint Grégoire de Nysse : l’épectase. Recevoir les dons de Dieu c’est prendre des forces pour les rechercher davantage, et les chercher sans cesse c’est les recevoir. Telle est l’ascension du Sinaï spirituel où chaque étape est le départ d’une nouvelle étape.

    On peut faire un rapprochement avec l’évangile de ce jour, quand Jésus marche sur la mer où se trouve la barque des disciples qui n’arrivent pas à avancer en raison du vent contraire. Et Jésus « voulait les dépasser », comme dit clairement le texte évangélique grec et latin défiguré par la plupart des « traductions » récentes. Car il faut avancer malgré le vent contraire et aller toujours plus loin. Et si Jésus va trop vite il faut crier pour qu’il nous rassure et nous permette de repartir. On pense alors à un autre passage de l’évangile, celui des « pèlerins d’Emmaüs », où Jésus cette fois « feint » d’aller plus loin. Les deux disciples le retiennent, et il se fait reconnaître d’eux au moment même où il disparaît.

  • Vendredi après les Cendres

    « Vous avez appris qu’il a été dit : Vous aimerez votre prochain, et vous haïrez votre ennemi. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent ; faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous calomnient et qui vous persécutent. Afin que vous soyez enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »

    Remarquez comment il réserve pour la fin le couronnement de tous les biens. C’est pour cela qu’il commande non-seulement de souffrir le soufflet qu’on nous donne, mais de tendre même l’autre joue, et de ne pas donner seulement notre manteau avec notre robe, mais de faire encore deux mille pas avec celui qui n’en demande que mille, afin de nous disposer à embrasser de tout notre cœur les commandements encore plus relevés. Mais que peut-on ajouter, direz-vous, à ce qu’il vient de commander ? C’est de ne pas regarder comme votre ennemi celui qui vous traite si mal, mais d’en avoir une idée toute contraire. Car le Seigneur ne dit pas : Ne haïssez point, mais « Aimez. » Il ne dit point : Ne leur faites point de mal, mais « Faites-leur du bien. » Il va même plus loin. Il ne commande pas un amour qui soit commun et ordinaire ; mais qui aille jusqu’à « prier pour eux ».

    Considérez par combien de degrés il nous fait passer pour monter à la plus haute perfection. Je vous prie de les compter. Le premier c’est de n’être point le premier à faire du mal. Le deuxième, lorsqu’on nous en a fait, de n’en point tirer une vengeance égale. Le troisième, de ne point rendre la pareille à l’offenseur, mais de ne rien faire. Le quatrième, de s’offrir volontairement à l’injure. Le cinquième, de vouloir souffrir plus qu’on ne nous veut faire endurer. Le sixième, de ne point haïr celui qui nous maltraite. Le septième, d’avoir même de l’affection pour lui. Le huitième, de lui faire du bien. Et le neuvième enfin, de prier Dieu pour lui. Voilà le comble de la vertu chrétienne. C’est pourquoi Jésus-Christ y attache cette haute récompense. Comme ce commandement était relevé, et qu’il avait besoin d’une âme généreuse et d’un grand travail, le Sauveur y joint aussi une récompense, qu’il n’a promise à aucune de toutes ces autres vertus. Il ne promet point une terre comme à ceux qui sont doux, ni des consolations comme à ceux qui pleurent, ni la miséricorde comme à ceux qui seront miséricordieux; ni le royaume même du ciel ; mais ce qui est plus étonnant, il promet que nous deviendrons semblables à Dieu, autant que des hommes le peuvent être : « Afin », dit-il, « que vous soyez semblables à votre Père qui est dans les cieux ». (…)

    Il ajoute ensuite : « Il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » Comme s’il disait : Il est si éloigné de haïr ceux qui le méprisent, qu’il leur fait même du bien. Et cependant cette comparaison n’est pas égale, non-seulement à cause de l’excellence des biens que Dieu fait aux hommes, mais encore à cause de son infinie grandeur. Celui qui vous méprise est un homme semblable à vous ; mais celui qui offense Dieu est son esclave, et un esclave qui en avait reçu mille biens. Vous ne lui donnez que des paroles, lorsque vous priez pour lui ; mais Dieu lui donne des biens réels et admirables, en faisant lever son soleil sur lui, et en lui procurant des pluies durant tout le cours de l’année. Cependant il ne laisse pas de vous donner la gloire d’être égal à Dieu, autant qu’un homme peut l’être. Ne haïssez donc plus celui qui vous a fait tort, puisqu’il vous procure un si grand bien, et qu’il vous élève à une si haute gloire. Ne lancez donc point d’imprécations contre celui qui vous outrage, puisqu’alors vous ne laisseriez pas de souffrir le mal qu’il vous fait, et que vous en perdriez tout le fruit. Vous endureriez une peine ; et vous n’en auriez point de récompense. Ce serait le dernier aveuglement, qu’après avoir souffert les plus grands maux, on ne pût souffrir les plus légers.

    Mais comment, direz-vous, puis-je pardonner ainsi à ceux qui m’offensent ? Quoi ! lorsque vous voyez un Dieu qui se fait homme, qui s’abaisse et qui souffre si épouvantablement pour vous, vous hésitez encore, et vous demandez comment vous pouvez remettre à vos frères les injures qu’ils vous font ? Ne l’entendez-vous pas crier du haut de sa croix : « Pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » ?

    Saint Jean Chrysostome, homélie 18 sur saint Matthieu. (Traduction Jeannin, 1865)

  • Jeudi après les Cendres

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    Codex d'Egbert, archevêque de Trèves, fin du Xe siècle.

    L’évangile de ce jour est celui du centurion qui demande à Jésus de venir guérir son serviteur.

    En fait il ne lui demande rien, comme le soulignent plusieurs pères. Il dit seulement que son serviteur souffre cruellement. Il lui suffit d’exposer la situation, il sait que Jésus va agir. Et Jésus dit immédiatement qu’il va aller guérir le serviteur. Mais le centurion réplique qu’il n’est pas digne que Jésus entre sous son toit, et qu’il lui suffit de donner un ordre comme il le fait avec ses soldats. « En vérité je vous le dis, je n’ai pas trouvé une telle foi en Israël. »

    Cette histoire comporte plusieurs enseignements. Mais nous sommes au tout début du carême, et c’est l’enseignement pour le carême qui nous intéresse. On le trouve notamment chez saint Jérôme.

    Jésus, dit-il, promet immédiatement d’aller guérir le serviteur parce qu’il voit « la foi, l’humilité et la sagesse » (prudentia : sagacité, pénétration, discernement) du centurion.

    « La foi : en ce que lui, issu du paganisme, il a cru que le Sauveur pouvait guérir un paralysé. L’humilité : en ce qu’il s’est jugé indigne de recevoir le Sauveur sous son toit. La sagesse : parce que, sous l’enveloppe corporelle, il a vu la divinité cachée. Ce qui allait le secourir, il le savait, ce n’était point ce que pouvaient voir même les incrédules, mais ce qui était caché au-dedans. »

    Voilà un beau programme de carême : acquérir par la grâce de Dieu la foi, l’humilité et la sagesse du centurion.

    Le répons des matines. Jésus répond avec les mêmes notes.

    Saint Georges.

  • Mercredi des cendres

    Stichères des laudes byzantines du dimanche de Tyrophagie (le dernier jour où l’on peut manger des laitages, avant le Grand Carême qui commence le lendemain) – c’était dimanche dernier.

    Hélas, s’écriait Adam dans ses lamentations, le serpent et la femme m'ont enlevé la confiance (parrhésia) divine et le fruit de l'Arbre m'a exilé hors des délices du Paradis. Hélas, je ne supporte plus cette honte. Moi qui étais le roi de toutes les créatures terrestres de Dieu, je suis captif maintenant pour avoir écouté un conseil impie. Moi qui étais vêtu de la gloire de l'immortalité, comme un mortel je porte maintenant misérablement la peau de la mortalité. Hélas, à mon imploration qui répondra ? - Mais Toi qui aimes les hommes, qui m'a formé de la terre et as porté la miséricorde, rappelle-moi de l'esclavage de l'ennemi et sauve-moi.

    Le stade des vertus est ouvert. Entrez, vous qui voulez lutter, ceints du bon combat du Jeûne. Car ceux qui luttent selon les règles seront justement couronnés. Ayant pris l'armure de la croix, résistons à l'ennemi. Ayons la foi comme rempart indestructible, la prière comme cuirasse, la charité comme casque, et au lieu d’épée le jeûne qui enlève du cœur toute malice. Celui qui fait cela reçoit du Christ le Roi de l'univers la vraie couronne au jour du Jugement.

    Adam est chassé du paradis pour avoir goûté, en désobéissant, du fruit délicieux. Moïse a pu contempler Dieu en purifiant par le jeûne les yeux de l’âme. Nous qui désirons habiter le Paradis, écartons-nous de la nourriture qui nous a perdus. Désirant voir Dieu, jeûnons avec Moïse les quatre décades, persévérant avec pureté dans la prière et la supplication, endormons les passions de l'âme, chassons les enflures de la chair. Légers, poursuivons le voyage vers le haut, où les chœurs des anges célèbrent de leurs voix qui ne se taisent jamais la Trinité indivisible. Partons contempler l’inconcevable beauté souveraine. Là, Fils de Dieu qui donnes la vie, rends dignes ceux qui se confient en toi de s’unir aux armées angéliques, par l’intercession de celle qui t'a enfanté, ô Christ, des apôtres, des martyrs et de tous les saints.

    Le temps est venu, le commencement des combats spirituels, la victoire sur les démons, la force de la tempérance, la beauté des anges, la franchise (parrhésia) devant Dieu. Par elle (la parrhésia) Moïse s’entretint avec le Créateur et entendit la voix de l'invisible. Par elle rends-nous dignes, Seigneur, en ami des hommes, de vénérer ta Passion et ta sainte Résurrection.

    En 2012 à l’ancienne cathédrale Sainte-Sophie de Thessalonique, par l’arkhon protopsalte de l’archidiocèse de Constantinople Kharilaos Taliadoros (1926-2021).

    Οἴμοι! ὁ Ἀδάμ, ἐν θρήνῳ κέκραγεν, ὅτι ὄφις καὶ γυνή, θεϊκῆς παρρησίας με ἔξωσαν, καὶ Παραδείσου τῆς τρυφῆς ξύλου βρῶσις ἡλλοτρίωσεν. Οἴμοι! οὐ φέρω λοιπόν τὸ ὄνειδος, ὁ ποτὲ βασιλεὺς τῶν ἐπιγείων πάντων κτισμάτων Θεοῦ, νῦν αἰχμάλωτος ὤφθην, ὑπὸ μιᾶς ἀθέσμου συμβουλῆς, καὶ ὁ ποτὲ δόξαν ἀθανασίας ἠμφιεσμένος, τῆς νεκρώσεως τὴν δοράν, ὡς θνητὸς ἐλεεινῶς περιφέρω. Οἴμοι! τίνα τῶν θρήνων συνεργάτην ποιήσομαι; Ἀλλὰ σὺ Φιλάνθρωπε, ὁ ἐκ γῆς δημιουργήσας με, εὐσπλαγχνίαν φορέσας, τῆς δουλείας τοῦ ἐχθροῦ, ἀνακάλεσαι καὶ σῶσόν με.

    Τὸ στάδιον τῶν ἀρετῶν ἠνέῳκται, οἱ βουλόμενοι ἀθλῆσαι εἰσέλθετε, ἀναζωσάμενοι τὸν καλὸν τῆς Νηστείας ἀγῶνα· οἱ γὰρ νομίμως ἀθλοῦντες, δικαίως στεφανοῦνται, καὶ ἀναλαβόντες τὴν πανοπλίαν τοῦ Σταυροῦ, τῷ ἐχθρῷ ἀντιμαχησώμεθα, ὡς τεῖχος ἄρρηκτον κατέχοντες τὴν Πίστιν, καὶ ὡς θώρακα τὴν προσευχήν, καὶ περικεφαλαίαν τὴν ἐλεημοσύνην, ἀντὶ μαχαίρας τὴν νηστείαν, ἥτις ἐκτέμνει ἀπὸ καρδίας πᾶσαν κακίαν. Ὁ ποιῶν ταῦτα, τὸν ἀληθινὸν κομίζεται στέφανον, παρὰ τοῦ Παμβασιλέως Χριστοῦ, ἐν τῇ ἡμέρᾳ τῆς Κρίσεως.

    Ἀδὰμ τοῦ Παραδείσου διώκεται, τροφῆς μεταλαβὼν ὡς παρήκοος, Μωσῆς θεόπτης ἐχρημάτισε, νηστείᾳ τὰ ὄμματα, τῆς ψυχῆς καθηράμενος. Διὸ τοῦ Παραδείσου οἰκήτορες γενέσθαι ἐπιποθοῦντες, ἀπαλλαγῶμεν τῆς ἀλυσιτελοῦς τροφῆς, καὶ Θεὸν καθορᾷν ἐφιέμενοι, Μωσαϊκῶς τὴν τετράδα, τῆς δεκάδος νηστεύσωμεν, προσευχῇ καὶ τῇ δεήσει, εἰλικρινῶς προσκαρτεροῦντες, κατευνάσωμεν τῆς ψυχῆς τὰ παθήματα, ἀποσοβήσωμεν τῆς σαρκὸς τὰ οἰδήματα, κοῦφοι πρὸς τὴν ἄνω πορείαν μετίωμεν, ὅπου αἱ τῶν Ἀγγέλων χορεῖαι, ἀσιγήτοις φωναῖς, τὴν ἀδιαίρετον ἀνυμνοῦσι Τριάδα, καθορᾷν τὸ ἀμήχανον κάλλος, καὶ δεσποτικόν. Ἐκεῖ ἀξίωσον ἡμᾶς, Υἱὲ Θεοῦ ζωοδότα, τούς ἐπὶ σοὶ πεποιθότας, συγχορεῦσαι ταῖς τῶν Ἀγγέλων στρατιαῖς, ταῖς τῆς τεκούσης σε Μητρὸς Χριστὲ πρεσβείαις, καὶ Ἀποστόλων, καὶ τῶν Μαρτύρων, καὶ πάντων τῶν Ἁγίων.

    Δόξα...

    Ἔφθασε καιρός, ἡ τῶν πνευματικῶν ἀγώνων ἀρχή, ἡ κατὰ τῶν δαιμόνων νίκη, ἡ πάνοπλος ἐγκράτεια, ἡ τῶν Ἀγγέλων εὐπρέπεια, ἡ πρὸς Θεὸν παρρησία· δι' αὐτῆς γὰρ Μωϋσῆς, γέγονε τῷ Κτίστῃ συνόμιλος, καὶ φωνὴν ἀοράτως, ἐν ταῖς ἀκοαῖς ὑπεδέξατο· Κύριε, δι' αὐτῆς ἀξίωσον καὶ ἡμᾶς, προσκυνῆσαί σου τὰ Πάθη καὶ τὴν ἁγίαν Ἀνάστασιν, ὡς φιλάνθρωπος.

  • Angelus Domini vocavit Abraham

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    Premier répons des matines.

    ℟. Angelus Dómini vocávit Abraham, dicens : * Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.
    . Cumque extendísset manum ut immoláret fílium, ecce Angelus Dómini de cælo clamávit, dicens.
    ℟. Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.

    L’Ange du Seigneur appela Abraham, disant : N’étends pas la main sur l’enfant, puisque tu crains le Seigneur.
    Et comme il étendait la main pour immoler son fils, voici que l’Ange du Seigneur cria du ciel, disant :
    N’étends pas la main sur l’enfant, puisque tu crains le Seigneur.

    La mosaïque de Ravenne ci-dessus représente de façon très suggestive les deux premiers sacrifices annonciateurs de celui du Christ (sur un autel byzantin typique). Le troisième est celui évoqué par le répons. La lecture biblique du jour est précisément l’épisode où Melchisédech, roi de Salem, apporte le pain et le vin et bénit Abraham.

    (Au canon de la messe: Supra quæ propítio ac seréno vultu respícere dignéris: et accépta habére, sícuti accépta habére dignátus es múnera púeri tui justi Abel, et sacrifícium Patriárchæ nostri Abrahæ: et quod tibi óbtulit summus sacérdos tuus Melchísedech, sanctum sacrifícium, immaculátam hóstiam.)