Réspice, Dómine, famíliam tuam : et præsta ; ut apud te mens nostra tuo desidério fúlgeat, quæ se carnis maceratióne castígat. Per Dóminum nostrum.
Regarde, Seigneur, ta famille, et fais que notre âme brille du désir de toi auprès de toi, elle qui se corrige par la mortification de la chair.
Telle est la très remarquable collecte du jour. Il convient de noter que « fulgeat » va au-delà de « briller ». Le verbe veut dire d’abord « lancer des éclairs ». Le substantif fulgur, plus précisément le pluriel fulgura, a donné le mot « foudre », donc éclair et tonnerre, mais surtout éclair, mot qui le supplantera dans ce sens (et Fulgora était la déesse des éclairs).
Nous demandons donc que notre âme brille comme un éclair par le désir de Dieu, le désir d’être avec Dieu, chez Dieu. Et ce qui doit permettre cela, ce sont nos « macérations » de carême. Si je châtie mon corps et le réduis en servitude, comme disait saint Paul, mon âme, la pointe de mon âme, mon esprit (mens) pourra briller du désir de Dieu comme un éclair.
Il y a le bon et le mauvais désir. Il y a le désir « charnel » (au sens général du mot) qui m’entraîne dans l’éparpillement illimité les choses de la terre, et le désir du ciel qui m’élève vers l’unité infinie de Dieu.
Saint Grégoire de Nysse montre de façon imagée comment l’effort de carême permet au désir de prendre la bonne direction :
De même en effet que l’eau enfermée dans un conduit hermétique est souvent portée vers le haut, verticalement, sous la pression ascendante, faute d’avoir où se répandre, et cela malgré son mouvement naturel qui la porte vers le bas ; ainsi l’intelligence humaine, étroitement canalisée de partout par la tempérance (encrateia), faute d’issues où s’égarer, sera comme enlevée vers le désir des biens supérieurs par sa disposition naturelle à se mouvoir, car l’être en mouvement perpétuel – qui a reçu de son Créateur une telle nature – ne peut jamais se stabiliser et, s’il est empêché d’utiliser son mouvement dans la direction des vanités, il n’a d’autres ressources que d’aller droit à la réalité, puisque de partout on l’écarte des choses insensées.
Et comme le disait saint Grégoire de Nazianze :
Là où il y a purification, il y a illumination.