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Le blog d'Yves Daoudal

  • La persécution

    Les 16 et 17 mars, à Vychnevoye, dans la région de Kiev, les 500 paroissiens ont unanimement confirmé leur loyauté à l’Eglise orthodoxe ukrainienne. Pendant ce temps, près de la mairie, Serhiy Voznyi, qui a déjà procédé à une dizaine de « transferts », recueillait des signatures pour que la paroisse passe sous la coupe de l’Eglise du pouvoir. Il a obtenu 50 signatures. Les paroissiens ont la ferme intention de défendre leurs deux églises, de l’Ascension et de l’icône de la Mère de Dieu « à la recherche des perdus ».

    *

    Le Parlement ukrainien a convoqué d’urgence une réunion de la commission de la politique humanitaire et de l'information, aujourd’hui, à cause de la lettre de Robert Amsterdam, et de courriers qui ont suivi, de menaces envers des députés. La commission a décidé de porter plainte auprès du SBU pour qu’il transmette l’information au FBI afin que celui-ci empêche Robert Amsterdam de défendre l’Eglise orthodoxe ukrainienne, pour la raison que cette activité serait financée par l’ancien député et oligarque Novinsky, aujourd’hui diacre en Suisse, et sous le coup de sanctions pour trahison de l'Ukraine.

    *

    Robert Destro, professeur de droit à l’Université catholique d’Amérique, et secrétaire d’Etat adjoint sous Trump (2017-2021) - et qui pourrait l’être de nouveau - déclare que le projet de loi d’interdiction de l’Eglise orthodoxe ukrainienne est une moquerie à l’égard des droits de l’homme.

    Bien qu'elle soit présentée comme une mesure de "sécurité nationale", il s'agit en fait d'une loi qui impose une punition collective à des paroissiens, des prêtres et des communautés paroissiales innocents dont le seul "crime" est de pratiquer la foi qu'ils connaissent depuis l'enfance. Ce faisant, le gouvernement américain se rend complice de ces brimades, qu'il devrait pourtant condamner. Les États-Unis devraient déclarer l'Ukraine "pays particulièrement préoccupant" en vertu de la loi sur la liberté religieuse internationale.

    Il a également déclaré que le projet de loi n'avait rien à voir avec la guerre contre la Russie, mais qu'il déclarait la guerre aux Ukrainiens orthodoxes loyaux qui « prennent au sérieux la promesse de liberté religieuse inscrite dans la Constitution ukrainienne ».

    « Seuls les totalitaires déclarent que leurs citoyens sont des traîtres parce qu'ils refusent de reconnaître le contrôle de l'État sur leurs croyances, pratiques, associations ou dirigeants religieux. »

    *

    Le métropolite Bogolep d'Alexandria a consacré samedi une nouvelle église à Svetlovodsk, et le métropolite Théodose de Tcherkassy a consacré une nouvelle église à Karachina :

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  • A Tallinn

    Pauvre journaliste estonien…

    — J’ai voté pour Poutine.

    — Pour Poutine ?

    — Oui.

    — Pourquoi Poutine ?

    — Pourquoi êtes-vous si surpris ?

    — Je ne sais pas. Il est au pouvoir depuis 25 ans, plus que Brejnev. Vous n’êtes pas fatiguée de lui ?

    — Non. On juge un homme à ce qu’il fait. Etes-vous allé en Russie il y a 25 ans, et maintenant ?

    — Si Poutine décide que l’Estonie a besoin de protection, est-ce que ce sera bien ? Vous le soutiendrez ?

    — En Estonie nos autorités nous bombarderont, nous tueront.

    *

    — Cet homme est au pouvoir depuis 25 ans. Cela ne vous ennuie pas ?

    — Non. En Biélorussie aussi les gens vivent très bien. Ça ne me dérange pas. Je dis que nous votons pour la démocratie. Vous ne pouvez pas comprendre où est la démocratie et où est le gouvernement étranger.

    — Un gouvernement étranger en Estonie ?

    — Oui. Il n’y a pas de démocratie ici.

    — Dites-moi. Vladimir Poutine a commencé une guerre en Ukraine, vous le savez, en 2022 ?

    — Eh bien, en 2014, qui a commencé la guerre ?

    *

    — Cela ne vous gêne pas que Vladimir Poutine soit au pouvoir depuis 25 ans ?

    — Non. Si un homme peut faire un travail, qu’il y travaille pendant cent ans. Quel que soit ce travail.

    *

    — Pour qui avez-vous voté ?

    — C’était parfait.

    — Pour qui avez-vous voté ? Ce n’est pas un secret.

    — Poutine.

    — Pourquoi ?

    — Parce qu’il est le meilleur. Depuis que Jirinovski est mort. Il est le meilleur. Et ce n’est pas Poutine qui a commencé la guerre, c’est Zelensky. Il a bombardé Donetsk et Lougansk de 2014 à 2022. Ce n’était pas une guerre ? Tuer votre propre peuple...

    *

    — Il n’a pas d’abord attaqué l’Ukraine. L’Ukraine a envahi le Donbass.

    — D’où tenez-vous cette information ?

    — D’où ? Je lis tout, je regarde internet. Ce n’est pas comme si quelqu’un me l’avait dit. Je ne suis pas une personne stupide.

    *

    La Russie il y a 25 ans et maintenant:

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  • Sur la Place Rouge

    L'immense Place Rouge a été noire de monde pendant une heure et demie, pour un concert célébrant les dix ans du rattachement de la Crimée, qui vient de se terminer au moment où j'écris. Avec une brève allocution de Poutine.

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    Pour reprendre les mots du nouvel opposant vedette, les dizaines de milliers de personnes qui étaient là, surtout des jeunes, étaient-ils venus à cause de la "terreur" ou de "l'apathie" ? Je n'ai pas pu le déterminer.

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  • On ne s’en lasse pas

    Deux commentaires de Maria Zakharova.

    Sur fond de félicitations adressées à Vladimir Poutine par les dirigeants des pays majoritaires de la planète, les membres agressifs de l'OTAN sont comme des cafards qui détalent, surpris par l'allumage de la lumière : les élections sont injustes, mais nous en prenons acte, nous ne les reconnaissons pas, mais nous sommes prêts à communiquer.

    Mais pourquoi est-ce que j’offense les cafards ? La nature les a faits ainsi, contrairement à l'état dans lequel se sont plongés de nombreux hommes politiques occidentaux.

    *

    Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré qu'il ne préciserait pas la fonction de M. Poutine dans les documents officiels et qu'il se limiterait à son nom de famille. Un porte-parole du ministère allemand des affaires étrangères a déclaré qu'il "ne se souvenait pas" que le ministère ait récemment mis une désignation devant le nom de famille.

    Souvenez-vous, dans Rudyard Kipling : « Bagheera appelait le feu la Fleur Rouge, parce qu'aucune bête dans la jungle n'appelait le feu par son vrai nom. Toutes les bêtes en ont une peur mortelle et inventent cent manières de le décrire pour éviter de le nommer. »

    Appelez les médecins de Werderscher Markt 1 - trous de mémoire et phobie aiguë.

  • Takogo kak Poutine

    — Répète !

    — Est-ce vous pouvez jouer Quelqu’un comme Poutine ?

    — Bien, les amis. Il y a une proposition. Une jeune fille nous a approchés et souhaite chanter avec nous. Si vous êtes favorable à cette expérience, soutenez-nous avec de grands applaudissements !

    Le contrebassiste à ses collègues :

    — Comment vous jouez ça ?

    — Quelque chose comme ça.

    — On y va.

    Mon copain a de nouveau des problèmes :
    Il s'est battu, s'est méchamment saoulé,
    J'en ai eu assez et je l'ai chassé.
    Et maintenant, je veux un homme comme Poutine

    Quelqu’un comme Poutine, plein de force
    Quelqu’un comme Poutine, qui ne sera pas un ivrogne
    Quelqu’un comme Poutine, qui ne me fera pas de mal
    Quelqu’un comme Poutine, qui ne s'enfuira pas !

    Je l'ai vu aux informations hier soir
    Il nous disait que le monde était à la croisée des chemins
    Avec un homme comme lui, c'est facile à la maison comme dehors
    Et maintenant, je veux un homme comme Poutine

    Au refrain.

    En fait la vidéo date de 2016, mais je ne l’avais pas encore vue. Ce qui est le plus amusant est que cette chanson Takogo kak Poutine, qui date de 2002, avait été écrite pour tourner Poutine en dérision, et elle fut officiellement utilisée dans la campagne de réélection de Poutine en 2004…

  • Macron à vomir

    Dans une interview à une télévision ukrainienne, Macron reçoit cet ordre de la journaliste à propos des Russes :

    — Demandez-leur d'arrêter le feu pendant les Jeux Olympiques. Ils doivent le faire.

    Macron répond :

    — Il le sera demandé, oui.

    Juste avant, Macron avait justifié l’exclusion de la Russie des Jeux Olympiques, car c’est le « message de paix » du Comité olympique.

    Donc les Russes doivent respecter une trêve pendant les Jeux Olympiques dont ils sont exclus… Et il ose dire cela sérieusement…

    Maria Zakharova a réagi :

    Je fais une proposition de réponse à Macron : cesser de fournir des armes qui servent à tuer des civils, et aussi cesser de soutenir le terrorisme. Et présenter une proposition similaire aux parties au conflit au Proche-Orient. Beaucoup de choses dépendent probablement de ce que dit la France…

    On remarquera que le « message de paix » du Comité olympique ne concerne pas Israël, puisque ce pays est officiellement invité à concourir aux Jeux. Le génocide des Palestiniens de Gaza ne mérite pas l’attention de la morale olympique…

  • Poutine

    L’un des deux russophobes pathologiques qui alternent sur Asianews (le site de l'Institut pontifical pour les missions étrangères), Stefano Caprio, souligne dans un très long article que le soutien au régime de Poutine est le produit combiné « de la terreur et de l’apathie ». Ce n’est pas lui qui a inventé cet oxymore, c’est Vladimir Kara-Mourza, qui « dépérit au fond d’un camp de concentration sibérien en attendant d’être frappé par le syndrome navalnien de mort subite ». Non sans écrire des lettres pour expliquer la position des opposants au régime, comme le faisait sans cesse Navalny...

    L’article rappelle précisément ce que Navalny demandait de faire lors de l’élection présidentielle : que tous les opposants se présentent à midi devant les bureaux de vote pour les engorger sans risque puisque ce n’est pas illégal, et votent pour l’un des trois autres candidats.

    Ce que Navalny n’avait pas prévu, c’est qu’il y a eu une queue permanente devant les bureaux de vote. Et que la Navalnaya elle-même  et sa cour se sont retrouvés à faire la queue comme tout le monde à Berlin, et sa manifestation serait passée inaperçue si elle n’était accompagnée d’une meute de journalistes.

    Comme chacun sait, les Russes dans leur pays sont obligés d’aller voter (par la terreur et l’apathie). Mais il est impossible de le dire pour les Russes vivant à l’étranger. Alors voici quelques images des queues dans d’autres pays. En vérité il est impressionnant de voir tant de Russes faire un tel effort pour voter alors que l’issue du scrutin est connue d’avance. Ce n’est pas anodin.

    Bichkek:

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    Astana:

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    Bangkok:

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    Almaty:

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    Douchambé:

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    Tachkent:

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    Tallin:

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    Berne:

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    Séoul:

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    Paris:

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    Berlin:

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    Stockholm:

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    Mention spéciale pour Milan :

    A Riga, la démocratie lettone avait bouclé les rues autour de la représentation russe et a contrôlé les passeports et permis de séjour de tous ceux qui voulaient voter. Certains ont été confisqués en vue d'une expulsion.

  • Lundi de la Passion

    Miserére mihi, Dómine, quóniam conculcávit me homo : tota die bellans tribulávit me. Conculcavérunt me inimíci mei tota die : quóniam multi bellántes advérsum me.

    Ayez pitié de moi, Seigneur, car l’homme m’a foulé aux pieds ; m’attaquant tout le jour, il m’a tourmenté. Mes ennemis m’ont foulé aux pieds tout le jour ; car il y en a beaucoup qui me font la guerre.

    Dès l’Introït, nous nous unissons au Sauveur souffrant. Lui et nous, nous ne faisons qu’un, le Christ mystique. Les trois premiers chants sont des lamentations du Christ souffrant. Ceci est important pour nous faire comprendre comment nous devons vivre la Passion. Laissons le Christ souffrir, se plaindre, mourir, mais aussi ressusciter en nous. Telle est la fête pascale liturgique. « Par lui et avec lui et en lui », nous célébrons la Passion et la Résurrection. « L’homme m’a foulé aux pieds » (Introït). C’est une expression forte et imagée. Le Christ, la divine grappe de raisin, est foulée aux pieds dans le pressoir de la Passion et, de cette grappe, sort la boisson salutaire. Laissons-nous presser avec lui. Comparons le chant initial avec le chant final. Quel contraste ! « Le Seigneur des armées est le Roi plein de majesté » (Communion). C’est la grande loi du christianisme : Par la souffrance à la gloire !

    Dom Pius Parsch

  • Dimanche de la Passion

    Le trait (tractus).

    Sæpe expugnavérunt me a juventúte mea.
    ℣. Dicat nunc Israël : sæpe expugnavérunt me a juventúte mea.
    ℣. Étenim non potuérunt mihi : supra dorsum meum fabricavérunt peccatóres.
    ℣. Prolongavérunt iniquitátes suas : Dóminus justus cóncidit cervíces peccatórum.

    Ils m’ont souvent attaqué depuis ma jeunesse.
    ℣. Qu’Israël le dise maintenant, ils m’ont souvent attaqué depuis ma jeunesse.
    ℣. Mais ils n’ont pas prévalu contre moi ; les pécheurs ont travaillé sur mon dos.
    ℣. Ils m’ont fait sentir longtemps leur injustice : le Seigneur est juste, il tranchera la tête des pécheurs.

    Ce chant marque l’ouverture de la puissante lutte dans laquelle le Christ s’engage maintenant. Dès sa jeunesse, dès son enfance, il a été harcelé, au point qu'il a dû être sauvé en fuyant son pays. Dans l'Évangile du dimanche de la Passion, nous entendons à nouveau comment ses ennemis avaient l'intention de le lapider ; en fait, ils avaient déjà les pierres entre les mains. Quels moyens n’ont-ils pas employé pour le rendre odieux, lui et son œuvre ? Les méchants ne lui ont-ils pas frappé le dos lors de la flagellation ? N’ont-ils pas prolongé leurs iniquités au cours de cette longue nuit et de ce terrible Vendredi Saint ? Mais ils ne l’ont pas vaincu. Malgré leurs machinations, le jour de Pâques se levait. Tout comme il l'avait été, son Église a été éprouvée depuis sa jeunesse, depuis les jours de la première Pentecôte, lorsque les apôtres furent flagellés, jusqu'à nos jours. Les chrétiens ont été persécutés et massacrés, les églises et les cloîtres sont devenus la proie du vandalisme. Les recherches des soi-disant savants et les intrigues des diplomates et des hommes d’État ont exercé contre elle tous leurs pouvoirs. Mais non, ils n'ont pas réussi à la vaincre. Le Christ a fait sa promesse et l'accomplira jusqu'à la fin des jours : et toute la fureur de l'enfer ne pourra rien contre elle.

    Dom Dominic Johner

    C’est superbement chanté. Dommage que la chaîne YouTube (Catholic Chant) ne donne aucune indication. Serait-ce le monastère de Clear Creek dont l’adresse est donnée en lien ?

    L’introït.

    Le graduel.

    L’offertoire.

    La communion.

  • La nouvelle lettre de Robert Amsterdam

    L’avocat Robert Amsterdam a envoyé hier une nouvelle lettre au Parlement ukrainien sur le projet de loi (modifié et durci) d’interdiction de l’Eglise orthodoxe ukrainienne, qui est sur le point d’être voté en deuxième lecture. En voici une traduction.

    Monsieur le Président Stefantchouk, Monsieur le Vice-président Kornienko, Madame la Présidente Kondratiouk, Mesdames et Messieurs les Députés de la Verkhovna Rada ukrainienne, je vous écris en ma qualité de conseiller juridique international de l'Église orthodoxe ukrainienne (UOC) pour vous faire part de nos préoccupations concernant le texte nouvellement publié du projet de loi 8371 - "Sur la protection de la sécurité nationale et publique, des droits de l'homme et des libertés dans le domaine des organisations religieuses".

    Le nouveau texte intensifie de façon spectaculaire votre attaque contre l'UOC et, par conséquent, vous expose personnellement à une responsabilité juridique dans les pays du monde entier.

    Cette loi témoigne d'un mépris flagrant pour les droits de l'homme internationaux. Elle constitue une intrusion gouvernementale flagrante dans les organisations religieuses canoniques. Elle autorise l'abus de pouvoir gouvernemental pour saisir les biens des institutions religieuses. Si la Verkhovna Rada adopte ce projet de loi, tous les députés qui voteront en sa faveur engageront leur responsabilité personnelle, ce qui pourrait se traduire par des sanctions dans le cadre du programme mondial de sanctions Magnitsky des États-Unis, ainsi que par d'éventuelles sanctions pénales.

    Bien qu'une critique détaillée du projet de loi dépasse le cadre de cette lettre, le nouveau projet constitue l'intrusion gouvernementale la plus évidente dans la liberté de religion dans l'histoire de l'Europe moderne. Tout d'abord, la loi oblige l'UOC à réécrire son histoire canonique, ce qu'aucune Église ou personne de foi ne peut faire. Le droit canonique et l'organisation ne peuvent être effacés ou modifiés par un fiat gouvernemental. Deuxièmement, la loi établit une myriade de critères pour l'"association" entre les organisations religieuses ukrainiennes et les églises étrangères qui ont été bannies d'Ukraine. Ces critères sont arbitraires et capricieux et ne répondent pas aux normes juridiques internationales clairement définies en matière de restrictions de la religion. Ils ne tiennent pas compte du statut d'autonomie de l'UOC et de son soutien à l'effort de guerre continu de l'Ukraine. Enfin, la loi prétend légitimer la saisie de tous les biens de l'UOC. Elle autorise l'expropriation des lieux de culte - elle vole littéralement les autels du peuple ukrainien - et les transfère dans les coffres de l'État ou, peut-être, dans des portefeuilles personnels. La loi enfonce un couteau dans la liberté religieuse de votre propre peuple et cherche à permettre un acte extraordinaire de corruption et de vol.

    Les efforts de la loi pour dissimuler ces violations dévastatrices sous le langage des droits de l'homme ne sont pas convaincants. Les références occasionnelles aux droits de l'homme internationaux dans le texte ne font que souligner les échecs flagrants du projet de loi à protéger réellement les droits et la religion du peuple ukrainien. Les exigences procédurales énoncées dans le nouveau projet ne satisfont pas aux règles de procédure élémentaires requises dans une société démocratique. Ces procédures fictives attirent l'attention sur la priorité accordée par le gouvernement ukrainien à la politique nationaliste plutôt qu'à l'État de droit.

    Notre cabinet a documenté de nombreux cas d'évêques et de paroissiens interrogés et arrêtés sur la base de fausses accusations. Un évêque est assigné à résidence pour les conférences de théologie qu'il a données il y a dix ans. Un autre a vu son appartement perquisitionné le lendemain du jour où je l'ai rencontré. Dans les cas que j'ai examinés, les procédures régulières et l'État de droit ont été cruellement absents. Parallèlement à cette campagne de terreur, votre gouvernement a déjà exproprié des milliers d'églises de l'UOC, obligeant les communautés paroissiales à célébrer leurs cultes dans leurs maisons. Dans certaines régions d'Ukraine, même ces rassemblements privés ont été perturbés par les services de sécurité. Comme me l'a dit un évêque, "c'est comme si l'ère stalinienne était revenue". En adoptant cette loi, vous infligerez à nouveau à l'Ukraine le pire de cette époque.

    Il n'est clairement pas dans l'intérêt national de l'Ukraine d'adopter ce projet de loi, qui cherche ouvertement à utiliser le caractère sacré de la religion contre son propre peuple. Si cette loi est adoptée par la Rada, notre équipe veillera à ce que des sanctions et d'autres conséquences juridiques soient imposées à ceux qui ont permis l'attaque contre la liberté de religion en Ukraine.

    Les États-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni imposent régulièrement des sanctions individuelles aux auteurs de violations des droits de l'homme bien moins graves que celles contenues dans le nouveau projet. Dans le cadre du programme mondial Magnitsky, les États-Unis sanctionnent des individus qui ont été impliqués dans des violations des droits de l'homme ou dans des actes de corruption importants. En combinant des violations flagrantes de la liberté religieuse et des saisies de biens corrompus, cette loi se situe à l'intersection des abus que le programme Magnitsky est censé combattre. Le Canada, l'Australie et plusieurs États européens disposent de pouvoirs de sanction similaires et sont prêts à les utiliser pour protéger la liberté de religion.

    Comme vous le savez, le contexte politique à Washington, Bruxelles et Londres est en train de changer. Bien que l'UOC soutienne fermement la poursuite de l'aide étrangère à la défense nationale de l'Ukraine, l'époque de l'impunité généralisée et de l'indifférence face aux problèmes de corruption est révolue. Les attentes à l'égard de l'Ukraine sont plus élevées et le pays doit se conformer à l'État de droit. Le projet de loi 8371 tourne ces normes en dérision.

    À l'approche de la deuxième lecture du projet de loi 8371, vous avez le choix. Voulez-vous rejoindre les rangs des pires contrevenants à la liberté de religion dans le monde, ou voulez-vous défendre les droits du peuple ukrainien ? Si cette loi est adoptée, l'histoire s'en souviendra et il faudra rendre des comptes en vertu du droit international.

    Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations distinguées,

    Robert R. Amsterdam