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Liturgie - Page 107

  • Lundi de la Sexagésime

    La lecture biblique de cette semaine est l’histoire de Noé, figure du Christ puisqu’il sauve l’humanité par le bois (de la croix) et l’eau (du baptême) dans l’arche (de l’Eglise), et qu’ils sont huit êtres humains dans l’arche, le nombre du salut par la résurrection le huitième jour. Voici le troisième répons des matines. On y retrouve des expressions des versets 12 à 16 du chapitre 7 de la Genèse, mais il s’agit d’une version proprement liturgique qui résume le texte sacré.

    ℟. Quadraginta dies et noctes aperti sunt caeli, et ex omni carne habente spiritum vitae ingressa sunt in arcam: * Et clausit a foris ostium Dominus.
    ℣. In articulo diei illius ingressus est Noë in arcam, et filii ejus, et uxor illius, et uxores filiorum ejus.
    ℟. Et clausit a foris ostium Dominus.

    Quarante jours et quarante nuits les cieux furent ouverts, et de toute chair qui a souffle de vie entrèrent dans l’arche. Et le Seigneur ferma la porte de dehors. Aussitôt que le jour parut, Noé entra dans l’arche, et ses fils, et sa femme, et les femmes de ses fils. Et le Seigneur ferma la porte de dehors.

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    Vitrail de Saint-Etienne-du-Mont (Paris).

  • Sexagésime

    L’antienne de communion.

    Introíbo ad altáre Dei, ad Deum, qui lætíficat juventútem meam.

    Je m’avancerai à l’autel de Dieu, du Dieu qui réjouit ma jeunesse.

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    C'est la prière du prêtre au début de la Messe, la première de ces prières qui sont dites au pied de l'autel. Dans ce chant, les fidèles reprennent les mêmes mots, car eux aussi peuvent maintenant s'approcher de l'autel, pour recevoir Celui qui apporte la joie dans leur cœur, la vigueur et l'énergie de la jeunesse. Revigorée, l'âme peut alors dire avec l'Apôtre : "Je peux tout faire en Celui qui me fortifie". La vie peut apporter beaucoup d'épreuves, de difficultés et de déceptions sans nombre ; l'âme peut avoir des expériences semblables à celles de saint Paul, mais il reste toujours la douce consolation de dire : "Je peux aller à l'autel de Dieu". L'autel est la source inépuisable de joie et de force pour tous.

    Une lueur de fête semble planer sur cette mélodie, une gaieté mise en valeur par les quartes ascendantes, l’appel de clairon de la dominante, les gracieux intervalles do-la-do-si-sol (-troïbo), do-ré-ré-la-la-ré-do (-tare Dei), les larges arches tenues par les accents des mots comme par une clé de voûte : Introibo, ad altare, Dei ; et tout cela avec une agréable variété. La première et la quatrième incises se meuvent dans le tétracorde sol-do, la deuxième dans la quinte sol-ré, et la troisième dans le quinte fa-do.

    Cette mélodie heureuse se retrouve à la fête de saint Louis de Gonzague et dans la messe votive des Apôtres.

    Dom Johner

    La protection de saint Paul.

    L’introit.

    Le graduel.

    Le spermologos.

    Seminat seminare semen.

    Le sermon de saint Grégoire le Grand.

    L'offertoire

    La mission de Noé.

  • De la Sainte Vierge le samedi

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    Heva mortis causa facta est homínibus; per ipsam enim mors ingréssa est in mundum: María vero causa vitæ, per quam génita est nobis vita, et per hanc Fílius Dei advénit in mundum: et ubi abundávit peccátum, ibi superabundávit et grátia: et unde illáta est mors, illinc procéssit et vita, ut vita pro morte fíeret: et qui per mulíerem nobis vita factus est, mortem ex mulíere indúctam exclúderet. Et quóniam illic Heva, cum adhuc esset virgo, per inobediéntiam transgréssa est: e contrário per Vírginem obediéntia grátia facta est, annuntiáto advéntu in carne de cælo, et vita ætérna..

    Ève devint cause de mort pour les hommes, car par elle la mort est entrée dans le monde. Marie, par contre ; fut cause de vie : par elle la vie fut engendrée pour nous et par elle le Fils de Dieu vint dans le monde. « Là où le péché a proliféré la grâce a surabondé » (Rom 5, 20). Par où la mort s’était introduite, de là jaillit la vie afin que la vie prenne la place de la mort. Ainsi celui qui, par une femme, était devenu Vie pour nous, bannirait la mort introduite par une femme. Et alors qu’Ève, encore vierge, avait péché par désobéissance, c’est au contraire par la Vierge que l’obéissance devint source de grâce, lorsque fut annoncé l’avènement dans la chair de celui qui venait du ciel ; c’est par elle que vint la vie éternelle.

    Saint Epiphane, Contre les hérésies, 3, 78. Lecture des matines.

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    Ecole anversoise vers 1580. Sur les phylactères, 1 Corinthiens 15,22 :

    Et sicut in Adam omnes moriuntur

    ita et in Christo omnes vivificabuntur.

  • Sainte Bernadette

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    En 1872, dans une de ses « leçons cliniques sur les maladies mentales » données à la Salpêtrière, le docteur Auguste Voisin, spécialiste des « aliénés », examine « la folie du jeune âge ». Il affirme que « les hallucinations y sont toujours suivies de folie ». Et comme premier exemple il évoque Bernadette Soubirous : « L'enfant ne peut être halluciné sans être aliéné, et c'est ce qui explique comment des hallucinations survenues chez des enfants donnent si fréquemment lieu à des histoires de miracles ; ainsi le miracle de Lourdes a été affirmé sur la foi d'une enfant hallucinée qui est maintenant dans le couvent des Ursulines de Nevers. »

    Le docteur Voisin n’a jamais vu Bernadette. Il se fonde sur un unique témoignage, celui d’un médecin de Roquecourbe, le Dr Delmas, qui a examiné Bernadette peu après les apparitions, et qui disait : « On était d'abord frappé de la constitution chétive et rachitique de la jeune fille, et de sa physionomie idiote ; il y avait chez elle une étroitesse extrême du frontal, avec inclinaison très-forte en arrière. »

    Il suffit de jeter un œil sur les photos de Bernadette pour juger de la pertinence du diagnostic. A vrai dire même les bouffe-curés les plus virulents ne reprendront pas ces vaticinations, sauf Zola qui parlera aussi d’une « idiote » qui avait des « hallucinations ». Une « irrégulière de l’hystérie », une « dégénérée », ajoutera-t-il pour faire bonne mesure.

    J’ai reproduit le texte édité (en 1876) des leçons du Dr Voisin. En fait il supprima un mot de ce qu’il avait dit dans son cours. Il avait dit que l’enfant hallucinée était « enfermée » dans le couvent des ursulines. Enfermée comme une démente, puisque c’est ce qu’elle était forcément après avoir eu ses hallucinations. Et c’est ce que la presse anticléricale avait repris goulûment.

    L’évêque de Nevers, Mgr Forcade, répondit par une lettre ouverte publiée dans L’Univers. Il soulignait que « sœur Marie-Bernard n’a jamais mis les pieds dans le couvent des ursulines de Nevers », que résidant chez les Sœurs de la Charité, « elle y est entrée et y reste tout aussi librement que n’importe quelle autre sœur », et que « loin d’être folle, c’est une personne d’une sagesse peu commune et d’un calme dont rien n’approche ». Il invitait « le susdit professeur illustre à venir vérifier en personne l’exactitude de cette triple affirmation », s’engageant à pourvoir aux frais du voyage et à lui faire présenter Bernadette par le procureur de la République pour qu’il n’y ait pas de doute sur son identité. Naturellement le professeur illustre ne donna aucune suite à l’invitation, mais publia sa « leçon » seulement amputée du mot « enfermée ».

    Le président de la société des médecins de l’Orne s’adressa à son confrère de la Nièvre pour qu’il l’éclaire sur la question. Le président des médecins de la Nièvre était le Dr Robert Saint-Cyr, et il était le médecin des Sœurs de la Charité. Et sœur Marie-Bernard était son infirmière, tâche, écrit-il, dont elle s’acquitte « dans la perfection de sa besogne ». Il ajoute : « Nature calme et douce, elle soigne ses malades avec beaucoup d’intelligence et sans rien omettre des prescriptions faites. Aussi jouit-elle d’une grande autorité et, de ma part, d’une entière confiance. Vous voyez, mon cher confrère, que cette jeune Sœur est loin d’être aliénée. Je dirai mieux : sa nature calme, simple et douce, ne la dispose pas le moins du monde à glisser de ce côté. »

    Il nous reste 23 feuillets de la main de Bernadette contenant des notes très précises de prescriptions.

    Ce qui est frappant, dans les lettres de Bernadette, est l’autorité dont elle fait preuve vis-à-vis de ses frères après la mort des parents : elle prend très au sérieux son rôle de chef de famille, bien qu’elle soit éloignée. Et ces lettres, où elle dose avec tact et psychologie les reproches et la tendresse, sont empreintes du plus solide bon sens paysan éclairé par la foi. Sans la moindre exaltation, le moindre « mysticisme ».

    Tel est l’intérêt de ces lettres, qui par ailleurs n’en ont pas : Bernadette était tout le contraire d’une hallucinée. Quand elle écrit très posément, dans une écriture calligraphiée et toujours égale, ce qu’elle a vu et entendu à la grotte, c’est ce qu’elle a vu et entendu, et rien d’autre.

    C’est la même Bernadette, connue aussi pour dire franchement ce qu’elle pensait, qui s’exclamera devant la maquette de la statue de Lourdes : « Bonne Mère, comme on vous défigure ! » Ça ne s’invente pas.

  • Jeudi de la Septuagésime

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    La lecture liturgique de la Genèse en arrive aujourd’hui à la vie de l’homme après la chute, à savoir… le premier meurtre de l’histoire.

    Toute l’Ancien Testament est une annonce de l’Evangile, et l’épisode de Caïn et Abel en est un exemple frappant. Pour quelle raison Dieu reçoit-il le sacrifice d’Abel et pas celui de Caïn ?

    La Vulgate dit de façon laconique : « Le Seigneur regarda (respexit) Abel et ses dons, mais il ne regarda pas Caïn et ses dons. » La Septante a deux verbes pour souligner la différence : le Seigneur regarda (ἐπεῖδεν) le sacrifice d’Abel, il ne fit même pas attention (οὐ προσέσχεν) à celui de Caïn.

    Le verbe « regarder » a ici évidemment le sens de regarder favorablement, d’approuver. Pourquoi la Bible, dès le début horriblement spéciste et anti-vegan, nous dit-elle que Dieu accueillit favorablement un sacrifice d’agneaux, et pas celui des fruits de la terre ?

    On ne peut donner qu’une seule explication : Abel prophétise le sacrifice rédempteur du Christ, le seul sacrifice approuvé par le Père, le sacrifice de l’Agneau. Le Christ lui-même évoque « le sang d’Abel le juste », Abel qui est alors à lui tout seul l’Eglise du Christ ("Ecclesia ab Abel", disent les pères), le premier sacrificateur, et le premier martyr. Le sacrifice d'Abel est l'un des trois commémorés dans le canon de la messe (avec Abraham et Melchisédek). Abel est aussi le premier des cadets bibliques auxquels Dieu donne sa faveur, indiquant qu’un jour ce sont les païens qui hériteront de la grâce d’Israël.

    L’illustration en haut est une plaque d'ivoire qui décorait la cathédrale de Salerne construite par Robert de Hauteville dit Guiscard (XIe siècle). Celles qui suivent sont des mosaïques de la cathédrale de Monreale construite par Roger II, le neveu de Robert Guiscard.

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  • Mercredi de la Septuagésime

    Dans le courant de la lecture liturgique de la Genèse, c’est aujourd’hui qu’on en arrive à la chute : Adam et Eve tombent dans des tuniques de peau et sont chassés du paradis pour se retrouver dans un monde qui part en vrille.

    ℟. Ecce Adam quasi unus ex nobis factus est sciens bonum et malum: * Vidéte, ne forte sumat de ligno vitæ, et vivat in ætérnum.
    . Fecit quoque Dóminus Deus Adæ túnicam pellíceam, et índuit eum, et dixit :
    ℟. Vidéte, ne forte sumat de ligno vitæ, et vivat in ætérnum.

    ℟. Voici qu’Adam est devenu comme l’un de nous, sachant le bien et le mal ; * Veillez à ce qu’il ne cueille pas à l’arbre de vie et vive éternellement.
    . Le Seigneur Dieu fit aussi pour Adam une tunique de peau et l’en revêtit et dit :
    ℟. Veillez à ce qu’il ne cueille pas à l’arbre de vie et vive éternellement.

    Les deux tableaux ci-dessous (Giovanni di Paolo, Sienne, 1445 et 1435), où l’on voit Adam et Eve décrits de façon identique, forment un saisissant raccourci de l’histoire du monde, de la Création à l’Incarnation rédemptrice. (J'aime bien saint Joseph qui chauffe ses vieux os devant la cheminée mais se demande ce qui se passe...)

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  • Mardi de la Septuagésime

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    Franz Xaver Karl Palko (XVIIIe siècle).

    ℟. Immísit Dóminus sopórem in Adam, et tulit unam de costis ejus: † Et ædificávit costam, quam túlerat Dóminus de Adam, in mulíerem, et addúxit eam ad Adam, ut vidéret quid vocáret eam: * Et vocávit nomen ejus Virágo, quia de viro sumpta est.
    . Cumque obdormísset, tulit unam de costis ejus, et replévit carnem pro ea.
    ℟. Et ædificávit costam, quam túlerat Dóminus de Adam, in mulíerem, et addúxit eam ad Adam, ut vidéret quid vocáret eam.
    . Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
    ℟. Et vocávit nomen eius Virágo, quia de viro sumpta est.

    ℟. Le Seigneur envoya un profond sommeil à Adam et lui prit une côte : † Et le Seigneur bâtit en femme la côte qu’il avait prise à Adam, et il l’amena à Adam, pour voir quel nom celui-ci lui donnerait ; * Et il l’appela du nom de femme, parce qu’elle a été prise de son mari.
    . Et lorsqu’il se fut endormi, il lui prit une côte et la remplaça par de la chair.
    ℟. Et le Seigneur bâtit en femme la côte qu’il avait prise à Adam, et il l’amena à Adam, pour voir quel nom celui-ci lui donnerait ;
    . Gloire au Père, au Fils, * et au Saint-Esprit
    ℟. Et il l’appela du nom de femme, parce qu’elle a été tirée de son mari.

    Le texte de ce répons vient des versets 21 à 23 du deuxième chapitre de la Genèse selon la Vulgate, mais l’expression « ut vidéret quid vocáret eam » est reprise du verset 19, quand Dieu fait défiler les animaux devant Adam pour voir comment il va les appeler. Pour ce qui est de la femme, le texte hébreu dit que Adam l’appelle Isha (femme) parce qu’elle est issue de Ish (homme). Les vieilles latines avaient mulier et vir. Saint Jérôme a tenté de garder le jeu de mots, en disant qu’il l’appelle Virago parce qu’elle est tirée de Vir. Le mot existait déjà si l’on en croit Gaffiot qui cite Plaute, Ovide, Sénèque… et même un auteur chrétien, Lactance, mais c’est pour parler de la reine des Amazones vaincue par Hercule… Car la « virago » est une femme… virile, guerrière, et la postérité de la trouvaille de saint Jérôme ne militera guère en sa faveur…

    Alors comment traduire ? Les Septante avaient eu une idée : puisqu’on ne pouvait pas transcrire le jeu de mots, ils avaient fait en quelque sorte du propos d’Adam une définition du mariage, en ajoutant un petit adjectif possessif : il l’appela femme (guini), parce qu’elle a été tirée de son mari (andros aftis). Le premier couple est ainsi clairement désigné comme mari et femme qui sont une seule chair… Ce qui est le verset suivant.

  • Lundi de la Septuagésime

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    Franz Xaver Karl Palko (XVIIIe siècle).

    ℟. Formávit Dóminus hóminem de limo terræ, * Et inspirávit in fáciem ejus spiráculum vitæ, et factus est homo in ánimam vivéntem.
    . In princípio fecit Deus cælum et terram, et plasmávit in ea hóminem.
    ℟. Et inspirávit in fáciem eius spiráculum vitæ, et factus est homo in ánimam vivéntem.
    .  Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
    ℟. Et inspirávit in fáciem eius spiráculum vitæ, et factus est homo in ánimam vivéntem.

    ℟. Le Seigneur forma l’homme du limon de la terre, * Et insuffla dans son visage un souffle de vie, et l’homme devint âme vivante.
    . Au commencement Dieu fit le ciel et la terre, et y façonna l’homme.
    ℟. Et il insuffla dans son visage un souffle de vie, et l’homme devint âme vivante.
    . Gloire au Père, au Fils, * et au Saint-Esprit
    ℟. Et il insuffla dans son visage un souffle de vie, et l’homme devint âme vivante.

    Répons des matines. Le corps du répons suit le texte de la Vulgate (Genèse 2,7). Mais pas le verset, qui est un très bref résumé de la création, et utilise le verbe « plasmare ». Ce verbe est d’origine grecque. On le trouve sans doute d’abord chez Tertullien (mais il utilise aussi finxitfingo, qui a donné figura -, le mot latin traditionnel des vieilles latines), puis dans la traduction de saint Irénée, et dans la traduction des homélies d’Origène par Rufin. Le texte de la Septante dit en effet que Dieu a façonné, modelé l’homme (avec de la terre) : « ἔπλασεν », du verbe plasso, qui a donné en latin plasmare, par le substantif plasma (qui est exactement le mot grec). Ces mots sont ainsi du latin « technique » chrétien, et ils ne seront quasiment utilisés que pour évoquer la création de l’homme.

  • Septuagésime

    Hier soir nous avons enterré l’Alléluia, qui disparaît de toute la liturgie et ressuscitera à Pâques. Voici le temps de la préparation à la grande pénitence du carême. Donc il n’y a plus d’alléluia non plus à la messe entre le graduel et l’évangile. Il est remplacé par un « trait » (tractus). Et celui de ce dimanche de la Septuagésime nous plonge dans le bain sans ménagements : c’est le début du De profundis. Et seulement le début : des profondeurs de l’abîme de ma misère je crie vers toi. Certes, je compte sur ton pardon, mais la pièce s’arrête avant la deuxième partie du psaume qui exprime ouvertement l’espérance et l’assurance de la rédemption.

    De profúndis clamávi ad te. Dómine : Dómine, exáudi vocem meam. Fiant aures tuæ intendéntes in oratiónem servi tui. Si iniquitátes observáveris, Dómine : Dómine, quis sustinébit ? Quia apud te propitiátio est, et propter legem tuam sustínui te, Dómine.

    Du fond des abîmes, j’ai crié vers toi, Seigneur ; Seigneur, exauce ma voix. Que tes oreilles soient attentives à la prière de ton serviteur. Si tu examines nos iniquités, Seigneur, qui subsistera ? Mais auprès de toi est la propitiation et à cause de ta loi je compte sur toi Seigneur.

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  • Les sept fondateurs des Servites

    Comme le dit dom Guéranger, « leur vie se consuma dans la contemplation des souffrances de Notre-Dame ; l’Ordre qu’ils établirent eut pour mission de propager le culte de ces inénarrables douleurs ». On s’attendrait donc à ce que leur iconographie montre Notre Dame des 7 douleurs. En réalité c’est assez rare.

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    Le plus souvent on voit les 7 ascètes en extase devant la Sainte Vierge qui les surplombe et qui est éventuellement en extase elle aussi, selon le goût du jour…

    L’un des tableaux les plus sobres est cette élégante aquarelle du début du XIXe siècle du diocèse de Vicenza.

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    A gauche, au pied du servite à grande barbe blanche, on voit un livre ouvert. Il s’agit de la règle de saint Augustin, dont on lit les célèbres premiers mots : « Ante omnia, fratres carissimi, diligatur Deus, deinde proximus. » Avant tout, frères très chers, que Dieu soit aimé, puis le prochain.

    C’est le texte que l’on voit sur le tableau de Nicolo di Pietro montrant un saint Augustin peu amène qui présente sa règle à ses moines.

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    A Senigallia on s’est assez joliment essayé à l’icône.

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    On peut se demander ce que ces distingués florentins du XIIIe siècle auraient pensé de l’église qui leur est dédiée à Rome…

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