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Liturgie - Page 104

  • Saint Joseph

    Justus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur : plantátus in domo Dómini : in átriis domus Dei nostri.
    Bonum est confitéri Dómino : et psállere nómini tuo, Altíssime.

    Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban, planté dans la maison du Seigneur, dans les parvis de la maison de notre Dieu.
    Il est bon de louer le Seigneur et de chanter votre nom, ô Très-Haut.

    En dehors de l’antienne de communion, la messe de la fête de saint Joseph reprend des chants du commun. L’introït est celui de la deuxième messe d’un confesseur non pontife. Il convient particulièrement bien à saint Joseph. Le père de Jésus est le juste par excellence, et c’est ainsi qu’il est désigné dans l’évangile de saint Matthieu. Il a fleuri comme un palmier qui va donner beaucoup de fruit puisqu’il est le père nourrissier. Il est grand comme le cèdre du Liban, l’arbre géant du Proche Orient (multiplicabitur, comme le verbe grec qu’il traduit, veut dire s’accroître, donc aussi bien grandir en taille que se multiplier), et il est en effet planté dans la maison du Seigneur, puisque c’est celle de Jésus, et le parvis de la maison de notre Dieu. Le sens courant classique du mot atrium était « salle d’entrée de la maison », et c’est bien là qu’est saint Joseph, pour nous faire pénétrer à l’intérieur.

    Par les moines de Solesmes sous la direction de dom Gajard en 1962.

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  • Attende Domine

    La prose de carême (voir son histoire ici) par les moines de Silos.


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    Attende, Domine, et miserere, quia peccavimus tibi.

    Écoute-nous, Seigneur, et prends pitié de nous, car nous avons péché contre toi.

    Ad te Rex summe, omnium Redemptor, oculos nostros sublevamus flentes ; exaudi, Christe, supplicantum preces.

    Vers toi, souverain Roi, Rédempteur de tous les hommes, nous élevons nos yeux pleins de larmes. Écoute, o Christ, nos prières suppliantes !

    Dextera Patris, lapis angularis, via salutis, janua caelestis, ablue nostri maculas delicti.

    Droite du Père, pierre angulaire, voie du salut, porte du ciel, Lave les souillures de notre péché.

    Rogamus, Deus, tuam majestatem ; auribus sacris gemitus exaudi ; crimina nostra placidus indulge.

    Nous prions, ô Dieu, ta Majesté ; que tes oreilles saintes entendent nos gémissements ; Dans ta bonté, pardonne-nous de nos crimes.

    Tibi fatemur crimina admissa ; contrito corde pandimus occulta ; tua Redemptor pietas ignoscat.

    Nous t’avouons les fautes commises ; d’un cœur contrit nous te dévoilons nos péchés ; Ô Rédempteur, que te clémence pardonne.

    Innocens captus, nec repugnans ductus, testibus falsis pro impiis damnatus ; quos redemisti, tu conserva, Christe.

    Arrêté innocent et emmené sans résistance, Tu as été condamné pour les pécheurs par de faux témoins ; Ô Christ, conserve ceux que tu as rachetés.

  • Jeudi de la deuxième semaine de carême

    Oratio super populum

    Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo.

    Adésto, Dómine, fámulis tuis, et perpétuam benignitátem largíre poscéntibus : ut iis, qui te auctóre et gubernatóre gloriántur, ei congregáta restáures et restauráta consérves. Per Dóminum.

    Assistez, Seigneur, vos serviteurs et accordez-leur les incessantes marques de votre bonté qu’ils sollicitent, de sorte qu’en ceux qui se glorifient de vous avoir pour créateur et pour guide, vous restauriez les bons éléments que vous y avez réunis et conserviez ce que vous avez restauré. Par Notre-Seigneur.

    L’oraison sur le peuple est une belle prière de Carême : Que Dieu créateur et conducteur renouvelle, dans le temps de Carême, le bien de la foi et de la vertu, péniblement acquis au cours de notre vie précédente ; qu’il le renouvelle, mais aussi qu’il le conserve ; que notre travail de conversion soit une œuvre permanente !

    Dom Pius Parsch

    La station du jour est la basilique Sainte Marie du Trastevere, avec ses mosaïques des XIIe-XIIIe siècles.

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    En haut de la façade il y a également une mosaïque, qui serait la plus ancienne représentation de la Vierge allaitant. Thème qui deviendra rare après le concile de Trente, puisqu’il avait édicté que « toute indécence sera évitée » en matière d’images, et qu’on considérait que montrer Marie allaitant était indécent. Mais c’est précisément cette image-là qui est devenue l’icône canonique de la Galactotrophoussa. Il est vrai que le caractère hiératique de l’icône empêchait toute dérive « indécente ».

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  • Mercredi de la deuxième semaine de carême

    Il se dirige vers Jérusalem, car c’est là que doit se donner le grand combat. Il avertit ses disciples de tout ce qui va se passer. Il sera livré aux princes des prêtres, qui le déclareront digne de mort ; ceux-ci le mettront au pouvoir du gouverneur et des soldats romains. Il sera couvert d’opprobres, flagellé et crucifié ; mais, le troisième jour, il ressuscitera glorieux. Les Apôtres entendirent tous cette prophétie que Jésus leur fit, les ayant tirés à part ; car l’Évangile nous dit que ce fut aux douze qu’il parla. Judas était présent, et aussi Pierre, Jacques et Jean, que la transfiguration de leur Maitre sur le Thabor avait mieux instruits que les autres de la sublime dignité qui résidait en lui. Et cependant tous l’abandonnèrent. Judas le vendit, Pierre le renia, et la terreur dispersa le troupeau tout entier, lorsque le Pasteur fut en butte à la violence de ses ennemis. Nul ne se souvint qu’il avait annoncé sa résurrection pour le troisième jour, si ce n’est peut-être Judas, que cette pensée rassura, quand une basse cupidité lui fit commettre la trahison. Tous les autres ne virent que le scandale de la croix ; et c’en fut assez pour éteindre leur foi et pour les faire rompre avec leur Maître. Quelle leçon pour les chrétiens de tous les siècles ! Combien elle est rare, cette estime de la croix qui la fait considérer, pour soi-même et pour les autres, comme le sceau de la prédilection divine !

    Hommes de peu de foi, nous nous scandalisons des épreuves de nos frères, et nous sommes tentés de croire que Dieu les a abandonnés parce qu’il les afflige ; hommes de peu d’amour, la tribulation de ce monde nous semble un mal, et nous regardons comme une dureté de la part du Seigneur ce qui est pour nous le comble de sa miséricorde. Nous sommes semblables à la mère des fils de Zébédée : il nous faut près du Fils de Dieu une place glorieuse, apparente, et nous oublions que, pour la mériter, il faut boire le calice qu’il a bu lui-même, le calice de la Passion. Nous oublions aussi la parole de l’Apôtre, « que pour entrer en part avec Jésus dans sa gloire, il faut avoir goûté à ses souffrances » ! Le Juste n’est point entré dans son repos par les honneurs et parles délices ; le pécheur ne l’y suivra point sans avoir traversé la voie de l’expiation.

    Dom Guéranger

    • Le combat de Jacob avec l'ange 1, 2.

    La prière de Mardochée.

    La troisième annonce de la Passion.

     

  • Mardi de la deuxième semaine de carême

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    Eglise Saint-Nicolas de Valkenswaard (Pays-Bas).

    ℟. Dum exíret Jacob de terra sua, vidit glóriam Dei, et ait : Quam terríbilis est locus iste ! * Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli.
    . Vere Deus est in loco isto, et ego nesciébam.
    ℟. Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli.

    Tandis que Jacob s’en allait de son pays, il vit la gloire de Dieu et dit : Qu’il est terrible ce lieu-ci ! Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel. Vraiment Dieu est en ce lieu, et je ne le savais pas.

    Le texte de ce répons des matines est issu des mêmes versets que celui que je citais hier. C’est après s’être exclamé ainsi que Jacob fait de la pierre qui lui avait servi d’oreiller une stèle qu’il oint d’huile. Le répons d’hier en faisait un autel de pierres. Et ce verset est devenu central dans la liturgie de la dédicace de l’église. C’est l’introït de la messe. (Il se trouve que la fête de la dédicace de la cathédrale de mon diocèse c’est jeudi prochain.)

    Terríbilis est locus iste : hic domus Dei est et porta cæli : et vocábitur aula Dei.
    (Psaume 83) Quam dilécta tabernácula tua, Dómine virtútum ! concupíscit, et déficit ánima mea in átria Dómini. Glória Patri.

    Ce lieu est redoutable : c'est ici la demeure de Dieu et la porte du ciel; on l'appellera la maison de Dieu.

    Par les maîtres de chœur en concert à Fontevraud en juillet 1991 sous la direction de dom Le Feuvre.


    podcast

  • Mystagogie du carême

    Je viens de terminer ma première lecture du carême, Mystagogie du Grand Carême, du hiéromoine Macaire de Simonos Pétra (monastère de l’Athos). C’est un livre vraiment remarquable, qui ouvre des horizons infinis. Et gratuit… Sans doute est-ce plus facile à lire si l'on connaît un peu les offices de la liturgie byzantine, mais il y a un glossaire en fin de volume (p. 553). Et si vous jeûnez, même seulement un peu, ça vous donnera du courage...

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    C’est aussi le hiéromoine Macaire (qui est français) qui vient d'expliquer la Divine Liturgie, de façon précise, simple et vraie, au cours de deux émissions de France 2, "la liturgie de la parole", et "la liturgie des fidèles" (c'est une explication continue coupée en deux).

  • Lundi de la deuxième semaine de carême

    ℟. Dum iret Jacob de Bersabée, et pérgeret Haram, locútus est ei Dóminus, dicens : * Terram, in qua dormis, tibi dabo, et sémini tuo.
    . Ædificávit ex lapídibus altáre in honórem Dómini, fundens óleum désuper : et benedíxit eum Deus, dicens :
    ℟. Terram, in qua dormis, tibi dabo, et sémini tuo.

    Lorsque Jacob, parti de Bersabée, poursuivait son chemin vers Haran, le Seigneur lui parla, disant : La terre sur laquelle tu dors, je la donnerai à toi et à ta postérité. Il éleva avec des pierres un autel en l’honneur de Dieu, répandant de l’huile dessus ; et Dieu le bénit, disant : La terre sur laquelle tu dors, je la donnerai à toi et à ta postérité.

    Ce répons des matines évoque Jacob parce que l’histoire de Jacob dans la Genèse est la lecture biblique de la semaine. Le corps du répons reprend le verset 10 et une partie du verset 13 du chapitre 28. Entre les deux il y a l’épisode de l’échelle, passé sous silence. C’est pourtant Dieu « appuyé sur l’échelle » qui lui parle (mais c'est l'objet d'un autre répons). Ensuite il promet à Jacob que sa descendance sera comme la poussière de la terre et qu’en elle seront bénies toutes les tribus de la terre, puis il y a le réveil de Jacob qui fait de la pierre qui lui avait servi d’oreiller une stèle qu’il oint d’huile : Comme il est terrible ce lieu ! Ce n’est rien d’autre que la maison de Dieu et la porte du ciel (ce qui fait aussi l'objet d'un autre répons).

    De cette pierre le verset du répons fait un autel, reprenant une expression, aedificavit altare, utilisée pour Isaac au chapitre 26, trois fois pour Abraham, et auparavant pour Noé, mais pas pour Jacob, qui « érigera » ensuite un autel.

  • Deuxième dimanche de carême

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    « Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère » et, ayant gravi avec eux une haute montagne, à l’écart, il leur manifesta l’éclat de sa gloire. Car ils avaient certes reconnu en lui la majesté de Dieu, mais ils ignoraient encore la puissance détenue par ce corps qui cachait la divinité. Et voilà pourquoi il avait promis en termes formels et précis que certains des disciples présents « ne goûteraient pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son royaume », c’est-à-dire avec l’éclat royal qui convenait spécialement à la nature humaine assumée et qu’il voulut rendre visible à ces trois hommes. Car, pour ce qui est de la vision ineffable et inaccessible de la Divinité elle-même, - vision réservée aux purs de cœur, pour la vie éternelle, des êtres encore revêtus d’une chair mortelle ne pouvaient en aucune façon la contempler ni même la voir.

    Lorsque le Père dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me complais, écoutez-le », n’entendit-on pas clairement : « Celui-ci est mon Fils » pour qui être de moi et être avec moi est une réalité qui échappe au temps ? Car ni celui qui engendre n’est antérieur à l’engendré, ni l’engendré n’est postérieur à celui qui l’engendre. « Celui-ci est mon Fils » : de moi ne le sépare pas la divinité, ne le divise pas la puissance, ne le distingue pas l’éternité. « Celui-ci est mon Fils », non adoptif, mais propre, non créé d’ailleurs, mais engendré de moi, non d’une autre nature et rendu comparable à moi, mais né de mon essence, égal à moi.

    « Celui-ci est mon Fils », « toutes choses ont été faites par lui, et rien n’a été fait sans lui » : il fait comme moi tout ce que je fais, et quelle que soit l’œuvre que j’opère, il opère avec moi d’une action inséparable et nullement différente de la mienne. « Celui-ci est mon Fils » qui ne convoita pas de ravir le rang qui l’égalait à moi et ne s’en est pas emparé par usurpation ; mais demeurant dans la condition de ma gloire pour exécuter notre commun dessein de réparer la race humaine il abaissa jusqu’à la condition d’esclave l’immuable divinité. Celui-ci en qui je prends pour tout ma complaisance, dont la prédication me manifeste, dont l’humilité me glorifie, écoutez-le sans hésitation, car il est, lui vérité et vie, il est ma puissance et ma sagesse.

    Saint Léon le Grand, lecture des matines.

    L’icône date de 1403, elle fut réalisée lors de la consécration de l’église de la Transfiguration de Pereslav-Zalesski, qui date de 1157 et venait d’être restaurée. On y voit (ce qui est rare, mais la très grande taille de l’icône le permettait) Jésus et les apôtres montant sur la montagne, puis descendant de la montagne. La première scène renvoie à ce que Jésus avait dit et que saint Léon reprend : « Certains parmi vous ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son royaume », la deuxième est celle où il dit : « Ne parlez à personne de cette vision avant que le Fils de l’Homme ressuscite d’entre les morts. »

  • Samedi des quatre temps de carême

    Secrète de la messe :

    Præséntibus sacrifíciis, quǽsumus, Dómine, jejúnia nostra sanctífica : ut, quod observántia nostra profitétur extrínsecus, intérius operétur. Per Dóminum.

    Par le présent sacrifice, nous te le demandons Seigneur, sanctifie notre jeûne ; afin que ce que notre observance montre extérieurement soit efficace intérieurement.

    Le jeûne est la principale observance du carême. C’est une pratique corporelle, donc « extérieure » par rapport à l’âme. Mais elle n’a d’intérêt que si elle est le signe d’un jeûne intérieur, le jeûne des passions et des convoitises, de la concupiscence. Un signe efficace (comme on le dit des sacrements), c’est-à-dire que le jeûne corporel opère une transformation intérieure. C’est pourquoi il est nécessaire.

    Cette opposition, et corrélation, entre extérieur et intérieur, fait penser à la phrase de saint Paul dans la seconde épître aux Corinthiens, même si les mots latins sont différents, puisque l’apôtre dit « foris » (traduction littérale de ἔξω) pour extérieur. « Bien qu'en nous l'homme extérieur se détruise, cependant l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. »

    Et cette secrète est très en situation, juste avant la préface du carême, qui dans une extrême concision dit tout :

    …Qui corporáli jejúnio vitia cómprimis, mentem élevas, virtútem largíris et prǽmia…

    Toi qui, par le jeûne corporel, réprimes les vices, élèves l’âme, accordes la force et la récompense.

  • Vendredi des quatre temps de carême

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    Monastère Saint-Nikita de Čučer, Macédoine (fin du XVe siècle).

    Ce malheureux paralytique de trente-huit ans figure le pécheur invétéré ; cependant il est guéri, et le voici qui marche. Que s’est-il donc passé ? Écoutons-le d’abord : « Seigneur, dit-il, je n’ai point d’homme pour me « jeter dans la piscine ». L’eau de cette piscine l’eût sauvé ; mais il lui fallait un homme pour l’y plonger. Le Fils de Dieu sera cet homme ; c’est parce qu’il s’est fait homme que nous sommes guéris. Comme homme, il a reçu le pouvoir de remettre les péchés, et avant de monter aux cieux, il dit à d’autres hommes : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ». Nos pénitents seront donc réconciliés avec Dieu, en vertu de ce pouvoir surnaturel ; et le paralytique levant avec facilite son grabat, et l’emportant sur ses épaules, comme un trophée de sa guérison, est la figure du pécheur auquel l’Église de Jésus-Christ, en vertu du divin pouvoir des clefs, a remis ses iniquités.

    Au IIIe siècle du christianisme, un hérétique, Novatien, osa enseigner que l’Église n’avait pas le pouvoir de remettre les péchés commis depuis le baptême. Cette erreur désespérante fut proscrite par les conciles et les saints docteurs ; et, pour exprimer aux yeux des fidèles l’auguste puissance que le Fils de l’homme a reçue pour purifier toute âme pénitente, on peignit, dans les lieux où les chrétiens s’assemblaient, le paralytique de notre Évangile marchant libre et dégage, son grabat sur les épaules. Cette consolante image se rencontre fréquemment sur les fresques des Catacombes de Rome, contemporaines de l’âge des Martyrs. Nous apprenons sur ces monuments l’intention de cette lecture de l’Évangile que l’Église, depuis tant de siècles, a fixée à ce jour.

    L’eau de la piscine Probatique était aussi un symbole ; mais il était destiné à l’instruction des Catéchumènes. C’est par l’eau qu’ils devaient être guéris, et par une eau divinement fécondée d’en haut. Ce miracle, dont Dieu favorisait encore la Synagogue, ne servait chez les Juifs qu’à la guérison du corps, et seulement pour un seul homme, à rares intervalles ; mais depuis que l’Ange du grand Conseil est descendu des cieux et qu’il a sanctifie l’eau du Jourdain, la piscine est partout ; à chaque heure son eau rend la santé aux âmes, depuis l’enfant naissant jusqu’au vieillard. L’homme est le ministre de cette grâce ; mais c’est le Fils de Dieu devenu Fils de l’homme qui opère. Disons aussi un mot des malades que l’Évangile nous représente comme rassemblés dans l’attente de la guérison. C’est l’image de la société chrétienne, en ces jours. Il y a des languissants, hommes tièdes qui ne rompent jamais franchement avec le mal ; des aveugles, chez lesquels l’œil de l’âme est éteint ; des boiteux, dont la marche dans la voie du salut est chancelante ; des malheureux dont les membres sont desséchés, impuissants à toute espèce de bien ; ils espèrent dans le moment favorable. Jésus va venir à eux ; il va leur demander, comme au paralytique : Voulez-vous être guéris ? Question remplie d’une charité divine ! Qu’ils y répondent avec amour et confiance, et ils seront guéris.

    Dom Guéranger