Ecce, nunc tempus acceptábile, ecce, nunc dies salútis.
C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut.
Ainsi commence le premier répons des matines du premier dimanche de carême. C’est ce que proclame saint Paul dans l’épître de la messe. Tempus acceptabile, c’est, selon le latin qui traduit exactement le grec, le temps agréable à Dieu, qui peut être agréé par Dieu. Saint Paul cite explicitement Isaïe, une expression qui se trouvait dans la première lecture de la messe de vendredi. « kairo dekto », disait Isaïe selon la Septante : le moment agréable à Dieu de la même façon qu’un sacrifice – or il s’agit du jeûne - est agréable à Dieu. C’est le mot qu’on trouve plusieurs fois dans le Lévitique, le code des sacrifices de l’Ancienne Alliance. Mais on remarque que saint Paul utilise un mot composé qu’on ne voit pas avant le Nouveau Testament (quatre fois sous la plume de saint Paul, et une fois de saint Pierre). C’est dektos avec deux préfixes : evprosdektos, qui insiste donc deux fois sur le fait que ce moment est le moment favorable pour être agréable à Dieu, le moment des sacrifices de carême qui est le plus favorable pour obtenir le salut. L’expression insiste même trois fois, parce que souvent, notamment ici, le mot kairos a lui-même déjà le sens de « moment favorable ».
Et c’était une triple raison pour les scribes de réaliser une belle lettrine pour ces premiers mots du carême. En voici quelques échantillons.
Antiphonaire du monastère d’Arouca (Portugal), vers 1200.
Antiphonaire de la basilique Saint-Pierre de Rome, XIIe siècle.
Bréviaire de Paris, XIIIe siècle.
Antiphonaire de Saint Maur des Fossés, XIIe siècle.
Antiphonaire bénédictin de l’abbaye de Reichenau, XIIe siècle.
Antiphonaire du couvent des cordeliers de Fribourg, vers 1300.
Antiphonaire cistercien de Rein (Autriche), XIIIe siècle.
Antiphonaire bénédictin de Saint-Lambrecht (Autriche), 1400.
Commentaires
La palme d'or aux Portugais, sans aucune hésitation! impressionnant..