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Liturgie - Page 103

  • Móyses fámulus Dei

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    Baptistère de Florence (photo Daniel Ventura).

    ℟. Móyses fámulus Dei jejunávit quadragínta diébus et quadragínta nóctibus: * Ut legem Dómini mererétur accípere.
    . Ascéndens Móyses in montem Sínai ad Dóminum, fuit ibi quadragínta diébus et quadragínta nóctibus.
    ℟. Ut legem Dómini mererétur accípere.

    Moïse, serviteur de Dieu, jeûna pendant quarante jours et quarante nuits, afin qu’il méritât de recevoir la loi du Seigneur. Moïse monta sur la montagne de Sinaï, auprès du Seigneur ; et il fut là quarante jours et quarante nuits. Afin qu’il méritât de recevoir la loi du Seigneur.

    Ce répons des matines célèbre Moïse, qui est le personnage biblique principal de cette semaine, où l’on lit l’Exode. A priori il s’agit du dernier verset du chapitre 24 de l’Exode. Mais ce verset dit seulement : « Et Moïse, entré au milieu de la nuée, monta sur la montagne, et il fut là quarante jours et quarante nuits. » Il faut sauter au chapitre 34 pour lire : « Il fut là avec le Seigneur quarante jours et quarante nuits ; il ne mangea pas de pain et il ne but pas d’eau, et il écrivit sur des tables les dix paroles de l’alliance. » L’expression « Móyses fámulus Dei » (que saint Augustin utilise plusieurs fois) se trouve quant à elle au début du second livre des Chroniques qui évoque Salomon allant chercher l’arche d’alliance pour la mettre à Jérusalem : « Et il alla avec toute la multitude sur les hauts-lieux de Gabaon, où était le tabernacle de l’alliance de Dieu, qu’avait fait Moïse le serviteur de Dieu dans le désert. » Il semble qu’on ne trouve nulle part ailleurs que dans ce répons « ut legem Dómini mererétur accípere ».

  • Lundi de la quatrième semaine de carême

    Après le dimanche joyeux que nous venons de célébrer, les chants d’aujourd’hui nous frapperont par la mobilité des sentiments et des impressions. Alors que les premiers font entendre deux plaintes sorties de la bouche du Christ, nous chantons, à l’Offertoire, un joyeux cantique de Résurrection. Cette union de la Croix et de la Résurrection se retrouve aussi dans l’Évangile. Le Seigneur parle de la destruction et, en même temps, de la reconstruction du temple de son corps. La Croix et la Résurrection nous accompagnent constamment ; la sainte compassion et la sainte joie se complètent mutuellement.

    Dans la semaine qui commence, nous verrons le thème de la Passion grandir sans cesse, sans que pour cela diminue la joie de la Résurrection. Cette disposition de l’Église doit être aussi celle de l’âme. Notre âme doit se lamenter avec le Sauveur souffrant et pleurer avec lui, mais, en même temps, elle doit tressaillir de joie à la pensée de son exaltation et de sa Résurrection. Bien plus, l’âme doit être à la fois crucifiée et glorifiée. « Avec le Christ, je suis attaché à la Croix. » C’est précisément par cette Passion terrestre que l’âme est glorifiée et participe à la Résurrection du Christ. Plus le temple terrestre de notre vie est détruit, plus s’élève le temple spirituel de l’âme. Le corps frémit et se plaint : « Ô Dieu, à cause de ton nom, donne-moi le salut, délivre-moi dans ta force, les ennemis se sont soulevés contre moi… » (Intr.). Mais l’âme glorifiée chante : « Tressaillez d’allégresse en Dieu, tressaille, terre entière, servez Dieu dans la joie » (Off.). Nous pensons à la Croix et à la Résurrection pendant chaque messe, pensons-y pendant toute notre vie.

    Dom Pius Parsch

  • 4e dimanche de carême

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    Ravenne, Saint Apollinaire le Neuf (début du VIe siècle).

    Les miracles accomplis par notre Seigneur Jésus-Christ sont vraiment des œuvres divines et ils invitent l’esprit humain à s’élever des événements visibles à la connaissance de Dieu. Dieu, en effet, n’est pas de telle substance qu’il puisse être vu des yeux du corps. D’autre part, ses miracles, grâce auxquels il régit le monde entier et prend soin de toute la création, sont, par leur fréquence, devenus communs, au point que personne, pour ainsi dire, ne daigne prêter attention à l’action admirable et étonnante de Dieu dans n’importe quelle semence. C’est pourquoi, en sa miséricorde même, il s’est réservé d’opérer, en temps opportun, certains prodiges en dehors du cours habituel et ordinaire de la nature : ainsi la vue de faits, non plus grands, mais insolites, frappera tout de même d’étonnement ceux pour qui les miracles quotidiens sont devenus quelconques.

    Car c’est un plus grand miracle de gouverner le monde entier que de rassasier de cinq pains cinq mille personnes. Et pourtant, nul ne s’étonne du premier prodige, tandis que l’on est rempli d’admiration pour le second, non parce qu’il est plus grand, mais parce qu’il est rare. Qui, en effet, maintenant encore, nourrit le monde entier, sinon celui qui, de quelques grains, fait sortir les moissons ? Jésus a donc agi à la manière de Dieu. En effet, par cette même puissance qui d’un petit nombre de grains multiplie les moissons, il a multiplié entre ses mains les cinq pains. Car la puissance était entre les mains du Christ. Ces cinq pains étaient comme des semences non plus confiées à la terre, mais multipliées par celui qui a fait la terre.

    Ce prodige a donc été présenté à nos sens pour élever notre esprit ; il a été placé sous nos yeux pour exercer notre intelligence. Alors, admirant le Dieu invisible à travers ses œuvres visibles, élevés jusqu’à la foi et purifiés par la foi, nous désirerons même voir l’Invisible en personne ; cet Invisible que nous connaissons à partir des choses visibles (erécti ad fidem, et purgáti per fidem, étiam ipsum invisíbilem vidére cuperemus, quem de rebus visibílibus invisíbilem nosceremus). Et pourtant, il ne suffit pas de considérer cela dans les miracles du Christ. Demandons aux miracles eux-mêmes ce qu’ils nous disent du Christ ; en effet, si nous les comprenons, ils ont leur langage. Car le Christ en soi est la Parole de Dieu, l’action de la Parole aussi est parole pour nous (etiam factum Verbi verbum nobis est).

    Saint Augustin, traité 24 sur saint Jean, lecture des matines.

    L'introït.

    L'introït et la communion (Solesmes, dom Gajard).

    L'offertoire.

    Le trait.

    Le dimanche de la rose.

    Le symbolisme des nombres dans la multiplication des pains.

    Vue d'ensemble de la liturgie de ce dimanche.

     

  • Samedi de la troisième semaine de carême

    Les deux lectures de la messe de ce jour forment un curieux parallèle. La première est l’histoire d’une femme vertueuse, Suzanne, qui est calomniée, condamnée à mort, sauvée in extremis par le jeune Daniel qui prouve la calomnie. La seconde est l’histoire d’une femme adultère condamnée à mort et sauvée par la miséricorde du Fils de Dieu. Au départ, deux situations opposées, à l’arrivée, le salut pour les deux femmes. Daniel a fait triompher la vérité, Jésus la miséricorde. Ce sont les deux faces de l’action divine, comme le dit le psaume 24 : « Universæ viæ Domini, misericordia et veritas ». Toutes les voies du Seigneur sont miséricorde et vérité.

    Un autre point commun entre les deux lectures est que l’une et l’autre ne font pas partie initialement du livre où elles se trouvent.

    L’histoire de Suzanne est un ajout grec au livre de Daniel. Il n’est pas admis comme canonique par les juifs. Dans la Septante il est même un livre à part, avant celui de Daniel (ce qui est chronologiquement logique puisque le prophète y est très jeune), alors que saint Jérôme l’a ajouté à la fin en appendice. Toutefois l’Alexandrinus (l’un des plus prestigieux manuscrits grecs de la Bible) inscrit ce livre comme la « première vision » (de Daniel). Le livre de Daniel proprement dit est annoncé comme « deuxième vision », et le livre de Bel et le Dragon, mis après Daniel et clôturant la Bible, comme « douzième vision ».

    Quant à l’histoire de la femme adultère, on ne la trouve ni dans les deux plus anciens papyrus qui donnent l’évangile de saint Jean (P66 et P75), ni dans le Sinaiticus, ni dans le Vaticanus, ni dans le manuscrit C, ni dans l’Alexandrinus (où il manque cependant presque tout le chapitre 8, bien au-delà de la femme adultère). Elle ne figure donc dans aucun des « quatre grands onciaux », ni dans sept autres. Ni dans plusieurs vieilles latines, ni dans la tradition syriaque. Certains manuscrits l’ont dans l’évangile de saint Luc (« l’évangile de la miséricorde »…). Mais elle se trouve en saint Jean dans le manuscrit D, le Codex Bezae, qui est assez souvent différent des « grands onciaux » et qui est ici suivi par la Vulgate, donc la tradition latine, mais aussi par toute la tradition grecque.

    La femme adultère a su se rendre indispensable à l’Evangile, et les derniers mots de Jésus sont bien ceux du Dieu de vérité et de miséricorde : « Moi non plus je ne te condamnerai pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

    Wassilij_Dimitriewitsch_Polenow_005.jpg

    Vassili Dmitrievitch Polenov, 1888 (la toile fait plus de 6 mètres sur 3).
    Les non-russsophobes peuvent cliquer pour agrandir.

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  • L’Annonciation

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    Dans les églises byzantines, les vantaux des « portes royales » sont ornés de l’image de l’Annonciation (ci-dessus en l’église de Palazzo Adriano). Pourquoi ? Parce que dans la vision d’Ezéchiel, la porte intérieure du temple qui regarde vers l’orient « restera fermée, et jamais elle ne sera ouverte, et nul n'y passera ; parce que le Seigneur Dieu d'Israël entrera par cette porte, et elle sera fermée pour tout autre ». C’est une prophétie de la conception virginale, de l’Incarnation, de l’Annonciation. Or, quand le prêtre fait la procession des saints dons après être sorti du sanctuaire par la porte nord, il y rentre par les portes royales pour accomplir le sacrifice : transformer le pain et le vin en corps et sang du Christ : l’incarnation rédemptrice.

    Voici deux extraits de la liturgie byzantine de l’Annonciation, l’hirmos de la 9e ode des matines, et l’apolytikion. Par Mère Xénie (1937-2001), fondatrice de deux monastères dans l’Attique et auteur de nombreux ouvrages. Pour l’anecdote, elle était membre de l’une des quatre « Eglises des vrais chrétiens orthodoxes de Grèce », à ne pas confondre avec les trois « vraies Eglises orthodoxes de Grèce », chacune étant dirigée par un « archevêque d’Athènes et de toute la Grèce ». (Elles sont toutes issues du refus du nouveau calendrier publié en 1923.)

    Εὐαγγελίζου γῆ χαρὰν μεγάλην, αἰνεῖτε οὐρανοὶ Θεοῦ τὴν δόξαν.

    «Ὡς ἐμψύχῷ Θεοῦ κιβωτῷ, ψαυέτω μηδαμῶς χεὶρ ἀμυήτων. Χείλη δὲ πιστῶν τῇ Θεοτόκῳ ἀσιγήτως· Φωνὴν τοῦ Ἀγγέλου ἀναμέλποντα, ἐν ἀγαλλιάσει βοάτω· Χαῖρε Κεχαριτωμένη ὁ Κύριος μετά σοῦ».

    Εὐαγγελίζου γῆ χαρὰν μεγάλην, αἰνεῖτε οὐρανοὶ Θεοῦ τὴν δόξαν.

    Ὑπὲρ ἔννοιαν συλλαβοῦσα Θεόν, τῆς φύσεως θεσμοὺς ἔλαθες Κόρη. Σὺ γὰρ ἐν τῷ τίκτειν τὰ μητέρων διέδρας. Ῥευστὴ φύσις περ καθεστηκυῖα· ὅθεν ἐπαξίως ἀκούεις· Χαῖρε Κεχαριτωμένη, ὁ Κύριος μετὰ σοῦ.

    Εὐαγγελίζου γῆ χαρὰν μεγάλην, αἰνεῖτε οὐρανοὶ Θεοῦ τὴν δόξαν.

    Πῶς πηγάζεις γάλα Παρθένε ἁγνὴ; Οὐ φέρει ἐξειπεῖν γλῶσσα βροτεία· Ξένον γὰρ φύσεως ἐπιδείκνυσαι πρᾶγμα. Νομίμου γονῆς ὅρους ὑπερβαῖνον· ὅθεν ἐπαξίως ἀκούεις· Χαῖρε Κεχαριτωμένη, ὁ Κύριος μετὰ σοῦ.

    Εὐαγγελίζου γῆ χαρὰν μεγάλην, αἰνεῖτε οὐρανοὶ Θεοῦ τὴν δόξαν.

    Μυστικῶς ταῖς ἱεροτεύκτοις Γραφαῖς, Λαλεῖται περὶ σοῦ, Μῆτερ Ὑψίστου. Κλίμακα γὰρ πάλαι Ἰακὼβ σε προτυποῦσαν· Ἰδὼν ἔφη· Βάσις Θεοῦ αὕτη· ὅθεν ἐπαξίως ἀκούεις· Χαῖρε κεχαριτωμένη, ὁ Κύριος μετὰ σοῦ.

    Εὐαγγελίζου γῆ χαρὰν μεγάλην, αἰνεῖτε οὐρανοὶ Θεοῦ τὴν δόξαν.

    Θαυμαστὸν τῷ Ἱεροφάντῃ Μωσεῖ· Ἡ βάτος καὶ τὸ πῦρ ἔδειξε τέρας. Ζητῶν δὲ τὸ πέρας εἰς διάβασιν χρόνου. Ἐν Κόρῃ ἁγνῇ, ἔφη, κατοπτεύσω· ᾗ ὡς Θεοτόκῳ λεχθείη· Χαῖρε κεχαριτωμένη, ὁ Κύριος μετὰ σοῦ.

    Εὐαγγελίζου γῆ χαρὰν μεγάλην, αἰνεῖτε οὐρανοὶ Θεοῦ τὴν δόξαν.

    Δανιὴλ σε ὄρος καλεῖ νοητόν· Γεννήτριαν Θεοῦ ὁ Ἡσαΐας· Βλέπει δὲ ὡς πόκον Γεδεών, ὁ Δαυῒδ δέ, Ἁγίασμα φάσκει, πύλην δὲ σε ἄλλος· ὁ δὲ Γαβριὴλ σοι κραυγάζει· Χαῖρε κεχαριτωμένη· ὁ Κύριος μετὰ σοῦ.

    Annoncez sur la terre une grande joie et louez dans les cieux la gloire de Dieu.

    Que de l'arche vivante de Dieu aucune main profane n'ose s'approcher, mais que nos lèvres fidèlement ne se lassent de chanter pour la Mère de Dieu l'angélique salutation, dans l'allégresse lui criant : Salut, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.

    Annoncez sur la terre une grande joie et louez dans les cieux la gloire de Dieu.

    En ta divine conception qui dépasse l'entendement, tu ignoras les lois de la nature, ô Vierge, et dans ton enfantement tu échappas aux douleurs maternelles, bien que de nature périssable; c'est pourquoi tu mérites d'être saluée ainsi : Salut, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.

    Annoncez sur la terre une grande joie et louez dans les cieux la gloire de Dieu.

    D'où vient la source de ton lait, ô Vierge immaculée ? Nul mortel ne le saurait expliquer : à la nature ton sort est étranger, puisqu'il dépasse les lois d'un enfantement normal ; c'est pourquoi tu mérites d'être saluée ainsi : Salut, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.

    Annoncez sur la terre une grande joie et louez dans les cieux la gloire de Dieu.

    De ton mystère parlent les Ecritures sacrées, ô Mère du Très-Haut ; voyant jadis en effet l'échelle te préfigurant, Jacob s'est écrié : C’est le piédestal de Dieu ; c'est pourquoi tu mérites d'être saluée ainsi : Salut, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.

    Annoncez sur la terre une grande joie et louez dans les cieux la gloire de Dieu.

    Merveilleux prodige, celui qu'ont révélé à Moïse, divin prophète, le feu et le buisson du Sinaï ; et dans la suite des temps cherchant son accomplissement, il dit: C'est dans la Vierge immaculée que je le verrai, lorsqu'on lui dira comme à la Mère de Dieu : Salut, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.

    Annoncez sur la terre une grande joie et louez dans les cieux la gloire de Dieu.

    Montagne, t'appela Daniel en esprit, Isaïe, Génitrice de Dieu ; Gédéon te vit comme toison ; sanctuaire, te nomma David ; un autre, la porte du Seigneur ; et l'archange Gabriel devant toi s'est écrié : Salut, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.

    Σήμερον τῆς σωτηρίας ἡμῶν τὸ Κεφάλαιον, καὶ τοῦ ἀπ' αἰῶνος Μυστηρίου ἡ φανέρωσις, ὁ Υἱὸς τοῦ Θεοῦ, Υἱὸς τῆς Παρθένου γίνεται, καὶ Γαβριὴλ τὴν χάριν εὐαγγελίζεται. Διὸ καὶ ἡμεῖς σὺν αὐτῷ τῇ Θεοτόκῳ βοήσωμεν· Χαῖρε Κεχαριτωμένη, ὁ Κύριος μετὰ σοῦ.

    Aujourd'hui c'est le début de notre salut, et la manifestation du mystère éternel : le Fils de Dieu devient fils de la Vierge, et Gabriel annonce la grâce. C'est pourquoi nous aussi avec lui nous disons à la Mère de Dieu : Salut, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.

  • Jeudi de la troisième semaine de carême

    Ce jour est celui de la mi-carême (et donc de la coupe à moitié pleine ou à moitié vide selon que l'on regarde en arrière ou en avant…).

    Dans la liturgie byzantine, c’est toute la semaine qui est la mi-carême, et qui est consacrée à la vénération de la Croix. La divine liturgie de dimanche dernier célébrait la Sainte Croix, et celle-ci reste exposée toute la semaine dans l’église. Car la Croix est au centre de tout, elle est donc aussi au centre du carême.

    Voici quelques extraits de la liturgie propre de ce jour.

    Orthros (matines)
    4e ode
    Nous rendant la grâce qui dispense la sanctification - sainte croix, colonne et gloire des apôtres - tu es donnée aujourd'hui en vénération à toute la terre des hommes - Tu nous aides à traverser le temps du jeûne.

    Annonçant la croix, Moïse étendit les mains et renversa Amalek - Imitons le, tendons les mains dans le jeûne et la prière - et nous renverserons la troupe des démons qui nous combattent toujours dans leur jalousie.

    Sous la charrue de la croix vous avez renouvelé la terre, divins disciples - vous lui avez donné de porter les fruits de la piété - Vous célébrant de nos voix chaque année - nous glorifions toujours le Christ.

    8e ode
    Semaine qui portes la croix, nous te vénérons - En toi nous prosternant devant l'Arbre sacré nous disons - Prêtres célébrez-le, peuples exaltez-le dans tous les siècles.

    Roi des siècles, ô quel miracle - l'Arbre sur lequel Tu fus crucifié - Tu as rendu tes serviteurs dignes de le voir et de le vénérer - Nous Te révérons et Te célébrons dans les siècles.


    Vêpres
    Appelés à voir et embrasser en joie Ta sainte croix - Dieu notre Sauveur nous Te demandons d'atteindre Ta sainte Passion - et fortifiés par le jeûne, de vénérer, de célébrer - la crucifixion, la lance, l'éponge, le roseau - par lesquels Tu nous as donné l'immortalité - et ramenés dans l'ancienne vie de délices, en Ton Amour de l'homme - Te rendant grâce maintenant, nous Te glorifions.

  • Mercredi de la troisième semaine de carême

    L’hymne des vêpres du carême, par les moines de l’abbaye de Silos (vers 1959). - Ils chantent les deux premières et la dernière strophes.


    podcast

    Audi, benígne Cónditor,
    Nostras preces cum flétibus,
    In hoc sacro jejúnio
    Fusas quadragenário.

    Écoutez, Créateur bienveillant, nos prières accompagnées de larmes, répandues au milieu des jeûnes de cette sainte Quarantaine.

    Scrutátor alme córdium,
    Infírma tu scis vírium:
    Ad te revérsis éxhibe
    Remissiónis grátiam.

    Vous qui scrutez le fond des cœurs, vous connaissez notre faiblesse : nous revenons à vous ; donnez-nous la grâce du pardon.

    Multum quidem peccávimus,
    Sed parce confiténtibus:
    Ad laudem tui nóminis
    Confer medélam lánguidis.

    Nous avons beaucoup péché ; pardonnez-nous à cause de notre aveu : pour la gloire de votre Nom, apportez le remède à nos langueurs.

    Sic corpus extra cónteri
    Dona per abstinéntiam,
    Jejúnet ut mens sóbria
    A labe prorsus críminum.

    Faites que la résistance de notre corps soit abattue par l’abstinence, et que notre cœur soumis à un jeûne spirituel ne se repaisse plus du péché.

    Præsta, beáta Trínitas,
    Concéde, simplex Únitas;
    Ut fructuósa sint tuis
    Jejuniórum múnera.
    Amen.

    Exaucez-nous, Trinité bienheureuse, accordez-nous, Unité simple, que soit profitable à vos fidèles le bienfait du jeûne. Ainsi soit-il.

  • Mardi de la troisième semaine

    ℟ Nuntiavérunt Jacob dicéntes : Joseph fílius tuus vivit, et ipse dominátur in tota terra Ægýpti : quo audíto revíxit spíritus eius, et dixit : * Súfficit mihi, vadam et vidébo eum ántequam móriar.
    ℣ Cumque audísset Jacob quod fílius eius víveret, quasi de gravi somno evígilans, ait.
    ℟ Súfficit mihi, vadam et vidébo eum ántequam móriar.

    Ils apportèrent la nouvelle à Jacob, disant : Ton fils Joseph est vivant, et c’est lui qui gouverne tout le pays d’Egypte. Ce que Jacob ayant entendu, il reprit ses esprits, et il dit : Cela me suffit, j’irai, et je le verrai avant de mourir.
    Lorsque Jacob entendit que son fils était vivant, comme se réveillant d’un profond sommeil,  il dit.
    Cela me suffit, j’irai, et je le verrai avant de mourir.

    La lecture biblique de la semaine est l’histoire de Joseph, qui termine le livre de la Genèse. Le premier répons des matines de ce jour reprend les versets 26 à 28 du chapitre 45 selon la Vulgate, mais en supprimant divers éléments pour ne garder que l’essentiel du dialogue. Il est intéressant de voir comment le texte original a été découpé:

    26 Et nuntiaverunt ei, dicentes : Joseph filius tuus vivit : et ipse dominatur in omni terra Ægypti. Quo audito Jacob, quasi de gravi somno evigilans, tamen non credebat eis. 27 Illi e contra referebant omnem ordinem rei. Cumque vidisset plaustra et universa quæ miserat, revixit spiritus ejus, 28 et ait : Sufficit mihi si adhuc Joseph filius meus vivit : vadam, et videbo illum antequam moriar.

    Et ils le lui annoncèrent, disant : Ton fils Joseph est vivant, et c’est lui qui gouverne tout le pays d’Egypte. Ce que Jacob ayant entendu, il se réveilla comme d’un profond sommeil, cependant il ne les croyait pas. 26 Eux, au contraire, lui rapportaient comment toute la chose s’était passée. Lorsqu’il vit les chariots et tout ce qu’il (Joseph) avait envoyé, il reprit ses esprits, 28 et il dit : Cela me suffit si mon fils Joseph vit encore. J’irai, et je le verrai avant de mourir.

  • Lundi de la troisième semaine de carême

    En ce temps-là, Jésus dit aux pharisiens : Sans doute, vous m’appliquerez ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même ; les grandes choses faites à Capharnaüm, dont nous avons entendu parler, faites-les également ici, dans votre pays. Et il ajouta : En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est bien reçu dans sa patrie.

    Ce n’est pas une animosité banale qui se fait jour ici ! Oublieuse de l’amour que l’on doit à des compatriotes, elle fait tourner en haine cruelle les motifs d’aimer. En même temps, exemple et parole enseignent que tu attendras vainement le secours de la miséricorde céleste, si tu te montres jaloux des fruits de la vertu des autres car le Seigneur méprise les envieux et il détourne les merveilles de sa puissance de ceux qui s’en prennent chez autrui aux bienfaits divins. En effet, la façon dont le Seigneur s’est comporté dans la chair est l’image de son action divine et sa nature invisible se manifeste à nous par ses dehors visibles. Ce n’est donc pas sans raison que le Sauveur se disculpe de n’avoir pas accompli de miracles de sa puissance dans sa patrie ; ainsi nul ne sera tenté de croire que l’amour de la patrie doive compter pour peu de chose à nos yeux. Il ne pouvait pas ne point aimer ses concitoyens, lui qui aimait tous les hommes ; ce sont eux qui, par leur haine, se sont soustraits à cet amour qu’il portait à sa patrie.

    « En vérité, je vous le dis, il y avait beaucoup de veuves au temps d’Élie. » Non que ces jours appartenaient à Élie : c’était le temps où Élie accomplit ses œuvres, ou encore : il faisait naître le jour pour ceux qui discernaient dans ses œuvres la lumière de la grâce spirituelle et se convertissaient au Seigneur. Et ainsi, le ciel s’ouvrait pour ceux qui voyaient les mystères divins et éternels ; il se fermait, et c’était la famine, quand venait à manquer l’abondance de la connaissance de Dieu. Mais nous avons traité de cela plus amplement dans notre écrit sur les veuves.

    « Il y avait beaucoup de lépreux en Israël sous le prophète Élisée et aucun d’eux ne fut purifié, sinon Naaman, le Syrien. » Il est clair que cette parole du Seigneur notre Sauveur veut nous instruire et nous exhorter à rendre à Dieu un hommage empressé ; elle montre que nul n’est guéri et délivré de la maladie qui marque sa chair, s’il n’a recherché la santé avec un soin ardent et religieux. Car les bienfaits de Dieu ne vont pas au dormeur mais à qui sait veiller. Nous avons dit ailleurs que cette veuve vers laquelle Élie fut envoyé, préfigurait l’Église. Il convient que le peuple vienne après l’Église. Je veux parler de ce peuple rassemblé d’entre les étrangers, de ce peuple autrefois lépreux, de ce peuple autrefois couvert de taches impures, avant qu’il ne fût baptisé dans le fleuve mystique. Ce même peuple, aussitôt consommés les mystères du baptême, est purifié dans son corps et son âme. Il n’était que lèpre, voici qu’il devient une vierge sans tache ni ride.

    Saint Ambroise, commentaire de saint Luc, lecture des matines.

  • 3e dimanche de carême

    L’introït commence par Oculi mei semper ad Dominum, Mes yeux sont toujours vers le Seigneur, le trait commence par Ad te levavi oculus meos, vers toi j’ai levé mes yeux.

    Ad te levávi óculos meos, qui hábitas in cælis.
    ℣ Ecce, sicut óculi servórum in mánibus dominórum suórum.
    ℣ Et sicut óculi ancíllæ in mánibus dóminæ suæ :
    ℣ ita óculi nostri ad Dóminum, Deum nostrum, donec misereátur nostri.
    ℣ Miserére nobis, Dómine, miserére nobis.

    Vers toi j’ai levé mes yeux, (vers toi) qui habites dans les cieux.
    Voici, comme les yeux des serviteurs sur les mains de leurs maîtres.
    Et comme les yeux des servantes sur les mains de leur maîtresse ;
    Ainsi (sont) nos yeux sur le Seigneur notre Dieu, jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous.
    Aie pitié de nous, Seigneur, aie pitié de nous.

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    Dom Baron:

    Dans le premier verset, la formule d’intonation a reçu un développement qui en fait une très belle supplication, à la fois humble et forte. Le mot caélis, planant sur la dominante, évoque très heureusement et le Dieu Très-Haut et l’admiration qu'il provoque chez ceux qui savent le contempler dans ses célestes demeures.

    Les versets 2 et 3, parallèles comme le texte, n’ont de remarquable que l’accent de ferveur de sícut.

    Deux mots sont particulièrement expressifs dans le 4e : Ita, au début, qui met très en relief le second terme de la comparaison ; et la cadence finale, très commune, mais qui devient sur nóstri une très ardente supplication.

    Tout le 5e est une splendide prière humble et suppliante.