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Liturgie - Page 102

  • Mgr Earl Fernandes

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    Les médias américains nous apprennent que pour la première fois un fils de migrants indiens (de Goa) va devenir évêque aux Etats-Unis : il s’appelle Earl Fernandes.

    Fort bien. Mais l’information importante est ailleurs : c’est qu’il a été administrateur de la paroisse du Sacré-Cœur de Cincinnati de 2014 à 2016 et qu’il y célébrait la messe traditionnelle tous les dimanches. Dans une interview il disait qu’il y voyait beaucoup de jeunes « à la recherche de respect et de beauté, d'un sens de la transcendance, et d'être connectés à leurs parents et grands-parents, les générations de foi... » Il ajoutait : « Et aussi la messe en latin est calme. Il y a tellement de bruit et d'affaires dans nos vies. Ils entrent de l’intérieur dans la liturgie et l'aiment pour sa tradition, la foi de leurs pères. »

    Mgr Fernandes sera consacré évêque de Columbus, dans l’Ohio, le 31 mai. Il remplacera Mgr Brennan, nommé à Brooklin. Mgr Brennan a fait venir dans son diocèse l’Institut du Christ Roi en 2020.

    Le prochain évêque de Columbus est… chevalier de Colomb (knight of Columbus) et membre du Centre catholique national de bioéthique.

  • Jeudi de la Passion

    L’épître de ce jour est la prière d’Azarias, au chapitre 3 du livre de Daniel. Azarias est l’un des trois compagnons de Daniel à Babylone. Les trois ont été condamnés à brûler dans une fournaise, mais c’est à Azarias seul qu’est attribuée cette prière, qui reprend de nombreux éléments de psaumes. Ce texte manifestement liturgique fait partie des fragments grecs du livre de Daniel. On peut remarquer que deux de ses formules ont constitué une prière de l’offertoire de la messe romaine, celle que le prêtre dit après avoir fait l’offrande du pain et du vin :

    In spíritu humilitátis et in ánimo contríto suscipiámur a te, Dómine : et sic fiat sacrifícium nostrum in conspéctu tuo hódie, ut pláceat tibi, Dómine Deus.

    Voyez l’humilité de nos âmes et le repentir de nos cœurs ; accueillez-nous, Seigneur, et que notre sacrifice s’accomplisse aujourd’hui devant vous de telle manière qu’il vous soit agréable, Seigneur Dieu.

    Voici où cela se trouve dans la prière d’Azariazs :

    Et non est in témpore hoc princeps, et dux, et prophéta, neque holocáustum, neque sacrifícium, neque oblátio, neque incénsum, neque locus primitiárum coram te, ut póssimus inveníre misericórdiam tuam : sed in ánimo contríto et spíritu humilitátis suscipiámur. Sicut in holocáusto aríetum et taurórum, et sicut in mílibus agnórum pínguium : sic fiat sacrifícium nostrum in conspéctu tuo hódie, ut pláceat tibi : quóniam non est confúsio confidéntibus in te.

    Et il n’y a plus actuellement ni prince, ni chef, ni prophète, ni holocauste, ni sacrifice, ni oblation, ni encens, ni endroit pour vous offrir les prémices, afin que nous puissions trouver votre miséricorde. Mais recevez-nous dans un cœur contrit et dans un esprit humilié, comme un holocauste de béliers et de taureaux, comme des milliers d’agneaux gras, qu’ainsi notre sacrifice paraisse aujourd’hui devant vous et qu’il vous soit agréable, car ceux qui ont confiance en vous ne sont pas confondus.

  • Mercredi de la Passion

    L’hymne des laudes du temps de la Passion (de saint Venance Fortunat), chanté par le Chœur de l’abbaye de Buckfast (qui n’est pas le chœur des moines).

    Lustris sex qui jam peractis,
    tempus implens corporis,
    se volente natus ad hoc,
    passioni deditus,
    Agnus in Crucis levatur,
    immolandus stipite.

    Après six lustres écoulés,
    Au terme de sa vie charnelle
    Le Rédempteur vient de lui-même
    Se livrer à la souffrance :
    L'Agneau est élevé sur l'arbre de la Croix
    Pour y être immolé.

    Hic acetum, fel, arundo,
    sputa, clavi, lancea
    mite corpus perforatur,
    sanguis, unda profluit,
    terra, pontus, astra, mundus
    quo lavantur flumine.

    Abreuvé de fiel, le voici languissant :
    Les épines, les clous, la lance,
    Ont transpercé Son tendre corps,
    L'eau et le sang en ont jailli,
    Et ce fleuve lave la terre
    La mer, les astres, l'univers.

    Crux fidelis, inter omnes
    arbor una nobilis:
    Nulla silva talem profert
    fronde, flore, germine:
    Dulce lignum, dulces clavos,
    dulce pondus sustinet.

    Ô Croix fidèle,
    Arbre unique, noble entre tous,
    Nulle forêt n'en produit de pareil
    En feuillage, en fleurs et en fruits :
    Fer bien-aimé, bois bien-aimé,
    Qui porte un bien-aimé fardeau !

    Flecte ramos, arbor alta,
    tensa laxa viscera,
    et rigor lentescat ille,
    quem dedit nativitas :
    ut superni membra Regis
    miti tendas stipite.

    Arbre auguste, ploie tes rameaux,
    relâche tes fibres tendues,
    Adoucis cette dureté
    Que la nature t'a donnée,
    Pour offrir un appui plus doux
    Aux membres du Roi des cieux.

    Sola digna tu fuisti
    ferre sæcli pretium,
    atque portum præparare
    nauta mundo naufrago,
    quem sacer cruor perunxit,
    fusus Agni corpore.

    Tu as été digne, toi seul,
    De porter la victime du monde
    Et de nous conduire au port,
    Arche du monde naufragé,
    Toi qui fus teint du sang sacré
    Qui jaillit du corps de l'Agneau.

    Gloria et honor Deo
    usquequaque altissimo,
    una Patri, Filioque,
    inclyto Paraclito:
    cui laus est et potestas
    per æterna sæcula. Amen.

    Gloire éternelle soit rendue
    A la Trinité bienheureuse,
    Gloire égale au Père et au Fils,
    Pareil honneur au Consolateur :
    Que le Nom du Dieu un et trine
    Soit loué de tout l'univers.
    Ainsi soit-il.

  • Mardi de la Passion

    Mais pourquoi les envoie-t-il à la fête, leur disant : « Allez, vous autres, à cette fête : pour moi, je n'y vais point encore ? » Par là, il fait voir qu'il ne le dit point pour s'excuser, ou pour leur complaire, mais pour permettre l'observance du culte judaïque. Pourquoi donc Jésus est-il allé à la fête, après avoir dit : « Je n'irai pas ? » Il n'a point dit simplement : Je n'irai pas, mais il ajoute : « maintenant », c'est-à-dire avec vous, « parce que mon temps n'est pas encore accompli ». Cependant il ne devait être crucifié qu'à la Pâque prochaine. Pourquoi donc n'y alla-t-il pas avec eux?  car s'il n'y fut pas avec eux, parce que son temps n'était pas encore venu, alors il n'y devait point aller du tout ? Mais il n'y fut point pour souffrir la mort, seulement il y fut pour les instruire.

    Pourquoi y alla-t-il secrètement, car il pouvait y aller publiquement, se présenter au milieu d'eux, et réprimer leur fureur et leur violence comme il l'a souvent fait ? C'est parce qu'il ne le voulait pas faire trop souvent. S'il y eût été publiquement, et s'il les eût encore frappés d'une sorte de paralysie, il aurait découvert sa divinité avant le temps d'une manière trop claire, et l'aurait trop fait éclater par ce nouveau miracle. Mais comme ils croyaient que la crainte le retenait et l'empêchait d'aller à la fête, il leur fait voir au contraire qu'il n'a nulle crainte ; que ce qu'il fait, c'est par prudence, et qu'il sait le temps auquel il doit souffrir : quand ce temps sera venu, il ira alors librement et volontairement à Jérusalem. Pour moi, il me semble que ces paroles : « Allez, vous autres », signifient ceci : Ne croyez pas que je veuille vous contraindre de demeurer avec moi malgré vous. Et quand il ajoute : « Mon temps n'est pas encore accompli », il veut dire qu'il faut qu'il fasse des miracles, qu'il prêche et qu'il enseigne le peuple, afin qu'un plus grand nombre croie, et que les disciples, voyant la constance et l'assurance de leur Maître, et aussi les tourments qu'il a endurés, en deviennent plus fermes dans la foi.

    Saint Jean Chrysostome, homélie 48 sur saint Jean, traduction Jeannin, 1865.

    « Vous, montez à cette fête, moi je ne monte pas encore à cette fête, parce que mon temps n’est pas encore accompli. »

    Tel est le texte évangélique que commente saint Jean Chrysostome. C’est le texte de la tradition byzantine et syriaque, mais la tradition latine a : « moi je ne monte pas à cette fête ». Une fois n’est pas coutume, la critique moderne a suivi la tradition latine… En se fondant sur les deux seules grandes onciales importantes qui n’ont pas le mot « encore » (οὔπω) : le Sinaïticus et le Codex Bezae. Si les autres manuscrits ont ce mot, ont-ils décidé, c’est parce que le texte a été corrigé : en effet, en ajoutant ce mot on supprimait la difficulté : comment Jésus peut-il dire qu’il ne va pas à la fête alors qu’il va y aller ? S’il dit : « pas encore », cela laisse entendre qu’il va y aller ensuite. Mais dans les années 1950 on a découvert deux manuscrits, les papyrus P66 et P75, qui sont sans doute les plus anciens témoins que l’on ait aujourd’hui de l’évangile de saint Jean. Or, dans ces deux manuscrits il y a « encore ».

  • Lundi de la Passion

    L’hymne des vêpres (de saint Venance Fortunat, fin du VIe siècle), par la Chorale de Roger Wagner*, dans l’un des deux disques de plain chant enregistrés par cette formation en 1952.


    podcast

    Vexílla Regis pródeunt :
    Fulget Crucis mystérium,
    Qua vita mortem pértulit,
    Et morte vitam prótulit.

    Les étendards du Roi s’avancent :
    il resplendit le mystère de la Croix,
    sur laquelle la Vie a souffert la mort,
    et par la mort a produit la vie.

    Quæ, vulneráta lánceæ
    Mucróne diro, críminum
    Ut nos laváret sórdibus,
    Manávit unda et sánguine.

    C’est là que, transpercé du fer
    cruel d’une lance,
    son côté épancha l’eau et le sang,
    pour laver la souillure de nos crimes.

    Impléta sunt quæ cóncinit
    David fidéli cármine,
    Dicéndo natiónibus :
    Regnávit a ligno Deus.

    Il s’est accompli, l’oracle de David
    qui, dans un chant inspiré,
    avait dit aux nations :
    « Dieu régnera par le bois. »

    Arbor decóra et fúlgida,
    Ornáta Regis púrpura,
    Elécta digno stípite
    Tam sancta membra tángere.

    Tu es beau, tu es éclatant,
    arbre paré de la pourpre du Roi ;
    noble tronc appelé à l’honneur
    de toucher des membres si sacrés.

    Beáta, cuius bráchiis
    Prétium pepéndit sǽculi,
    Statéra facta córporis,
    Tulítque prædam tártari.

    Arbre bienheureux, dont les bras
    ont porté la rançon du monde !
    Tu es la balance où fut pesé ce corps,
    et tu as enlevé à l’enfer sa proie.

    O Crux, ave, spes única,
    Hoc Passiónis témpore
    Piis adáuge grátiam,
    Reísque dele crímina.

    Salut, ô Croix, unique espérance !
    En ces jours de la Passion,
    accrois la grâce chez les justes,
    efface le crime des coupables.

    Te, fons salútis, Trínitas,
    Colláudet omnis spíritus :
    Quibus Crucis victóriam
    Largíris, adde prǽmium.
    Amen.

    O Trinité, source de notre salut,
    que tous les esprits vous louent ensemble :
    vous nous donnez la victoire par la Croix :
    daignez y ajouter la récompense.
    Amen.

    * Né à Dijon en 1914, mort à Dijon en 1992, Roger Wagner a vécu toute sa vie aux Etats-Unis, et plus précisément à Hollywood, où il fut d'abord, à 12 ans, organiste de l’église Saint-Ambroise. Puis il fonda une « chorale » surtout connue pour ses prestations dans les films, un disque de Noëls vendu à plus de 500.000 exemplaires, et en accompagnement de célèbres chanteurs, puis sous la direction des plus grands chefs de musique classique. Dès 1951 il avait enregistré la « Messe du pape Marcel » de Palestrina, disque qui fut inscrit au « Registre des enregistrements nationaux » de la Bibliothèque du Congrès, et en 1952 il enregistra deux disques de plain chant, dont un avec huit introïts sur les huit modes.

  • Premier dimanche de la Passion

    Vexílla Regis pródeunt;
    Fulget Crucis mystérium,
    Qua Vita mortem pértulit,
    Et morte vitam prótulit.

    Ainsi chante l’hymne des vêpres. « L’étendard du roi s’avance. » Jésus est roi, et cela est rappelé dès le début du temps de la Passion. L’étendard de ce roi est la croix, et déjà « il resplendit, le mystère de la croix, par lequel la vie supporta la mort et par la mort donna la vie ». Le Vendredi Saint, la croix sera son trône royal.

    A l’Epiphanie, les mages avaient apporté de l’or pour rendre hommage au Roi.

    Le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c’est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient pas à cette création-ci et ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu’il est entré une fois pour toutes dans le saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle.

    Ainsi parle l’épître de la messe. Le roi Jésus est aussi le vrai grand prêtre, le prêtre définitif du temple éternel, où il nous emmène à sa suite. Il ne peut accomplir une telle mission divine que parce qu’il est Dieu lui-même.

    A l’Epiphanie, les mages avaient apporté de l’encens pour rendre hommage au grand prêtre qui est Dieu.

    Lustra sex qui jam peregit,
    Tempus implens córporis,
    Sponte líbera Redémptor
    Passióni deditus,
    Agnus in Crucis levátur
    Immolándus stípite.

    Ainsi chante l’hymne des laudes. Les 30 ans de sa vie corporelle accomplis, Jésus le Rédempteur se livre lui-même à la Passion, Agneau levé en croix, s’immolant sur le bois. L’hymne des vêpres chantait aussi que transpercé de la lance de son côté coula de l’eau et du sang pour laver nos souillures : il était bien mort.

    A l’Epiphanie, les mages avaient apporté de la myrrhe pour rendre hommage à Jésus aussi vrai homme que vrai Dieu, pour la sépulture de celui qui se faire mortel pour nous rendre immortels.

    C’est une marche à la mort qui commence en ce jour. A la mort la plus cruelle et la plus infâme de l’homme le plus pur et le plus saint qu’ait jamais porté la terre.

    Pourtant c’est une fête que la liturgie nous annonce, discrètement, au début des matines, mais clairement :

    Voici les jours de fête que vous observerez en leurs temps : au quatorzième jour du premier mois, vers le soir, est la Pâque du Seigneur, et au quinzième jour vous célébrerez une solennité en l’honneur du Dieu très-haut.

    La fête de la Pâque, c’est la libération de l’esclavage de l’Egypte – du péché ; c’est le baptême dans la mer Rouge – dans le sang du Christ. Il faut que ce sang coule pour que la libération ait lieu. Mais au quinzième jour le grand prêtre crucifié ressuscitera pour libérer tous les captifs.

  • Samedi de la quatrième semaine de carême

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    ℟. Spléndida facta est fácies Móysi, dum respíceret in eum Dóminus: * Vidéntes senióres claritátem vultus ejus, admirántes timuérunt valde.
    . Cumque descendísset de monte Sínai, portábat duas tábulas testimónii, ignórans quod cornúta esset fácies ejus ex consórtio sermónis Dei.
    ℟. Vidéntes senióres claritátem vultus ejus, admirántes timuérunt valde.

    La face de Moïse était devenue rayonnante de lumière, depuis que le Seigneur l’avait regardé : Les anciens d’Israël voyant l’éclat de son visage, l’admirèrent et furent saisis de crainte.
    Lorsque Moïse descendit de la montagne de Sinaï, il portait les deux tables du témoignage, et il ignorait que sa face était cornue depuis l’entretien du Seigneur avec lui.

    Ce répons des matines reprend la fin du chapitre 34 de l’Exode, avec des expressions qui ne sont pas exactement celles de la Vulgate, sauf pour le mot « cornuta ».

    C’est le fameux visage « cornu » de Moïse, qui a donné lieu en Occident à des images d’un Moïse portant réellement des cornes, le plus célèbre étant celui de Michel Ange.

    Le texte du répons fait penser qu’il provient d’une vetus latina, mais les anciennes traductions latines sont faites sur la Septante. Or le Moïse de la Septante n’a pas de cornes :

    Μωυσῆς οὐκ ᾔδει ὅτι δεδόξασται ἡ ὄψις τοῦ χρώματος τοῦ προσώπου αὐτοῦ ἐν τῷ λαλεῖν αὐτὸν αὐτῷ.

    Moïse ne savait pas que l’aspect de la carnation de son visage était glorifié de par sa conversation avec lui (Dieu).

    Les Septante avaient sans doute (correctement) interprété ainsi le texte hébreu qui avait le verbe qrn (qaran) : pousser des cornes, avoir des cornes. En tout cas c’est le texte qu’avait saint Jérôme, qui l’a traduit de façon littérale. Le verbe ne se trouve qu’une autre fois dans la Bible massorétique, dans le psaume 69, où il signifie bien « avoir des cornes ». D’autant que le même mot qrn, vocalisé qeren, veut dire… corne, et se trouve 76 fois dans la Bible, toujours avec ce sens, éventuellement au figuré (notamment dans les psaumes) dans le sens de « force ». Mais ici il ne s’agit pas de force, il s’agit de rayons de lumière, de la lumière divine qui avait transfiguré le visage de Moïse, obligé de porter un voile pour ne pas terrifier les Hébreux.

    Ce cornuta est le seul emploi de l’adjectif cornutus dans la Vulgate (trois fois de suite pour parler du visage de Moïse) en dehors du livre de Daniel où il s’agit d’un bélier... cornu.

  • Vendredi de la quatrième semaine de carême

    L’évangile de ce jour est celui de la résurrection de Lazare. Dans la liturgie byzantine, la fête du « saint et juste Lazare » est célébrée la veille des Rameaux. Connue comme « le samedi de Lazare ». Voici les stichères des laudes (du ton 1), par un chantre dont la vidéo ne dit rien.

    Του ποιησαι εν αυτοις κρῖμα ἔγγραπτον. Δόξα αὕτη ἔσται πᾶσι τοῖς ὁσίοις αὐτοῦ.
    Pour exécuter sur eux le jugement écrit. Telle est la gloire de tous les saints. (Dernier verset du psaume 149.)

    Ἀνάστασις καὶ ζωὴ τῶν ἀνθρώπων, ὑπάρχων Χριστέ, ἐν τῷ μνήματι Λαζάρου ἐπέστης, πιστούμενος ἡμῖν τὰς δύο οὐσίας σου μακρόθυμε, ὅτι Θεὸς καὶ ἄνθρωπος, ἐξ ἁγνῆς Παρθένου παραγέγονας· ὡς μὲν γὰρ βροτός, ἐπερώτας, ποῦ τέθαπται; ὡς δὲ Θεὸς ἀνέστησας, ζωηφόρῳ νεύματι, τὸν τετραήμερον.

    Ô Christ, Tu es la résurrection et la vie des hommes - Devant le sépulcre de Lazare en ta patience - Tu nous as confirmé tes deux natures - Dieu et homme Tu es venu de la Vierge pure - Comme un homme Tu demandais : Où est-il enseveli ? - Mais en Dieu à ton ordre qui porte la vie - Tu as ressuscité celui qui était mort depuis quatre jours.

    Αἰνεῖτε τὸν Θεὸν ἐν τοῖς Ἁγίοις αὐτοῦ, αἰνεῖτε αὐτὸν ἐν στερεώματι τῆς δυνάμεως αὐτοῦ.
    Louez Dieu dans ses saints (ou : dans son sanctuaire), louez-le dans le firmament de sa puissance. (Psaume 150)

    Λάζαρον τεθνεῶτα, τετραήμερον ἀνέστησας ἐξ ᾍδου Χριστέ, πρὸ τοῦ σοῦ θανάτου, διασείσας τοῦ θανάτου τὸ κράτος, καὶ δι' ἑνὸς προσφιλοῦς τὴν πάντων ἀνθρώπων προμηνύων, ἐκ φθορᾶς ἐλευθερίαν· διὸ προσκυνούντές σου, τὴν παντοδύναμον ἐξουσίαν, βοῶμεν· Εὐλογημένος εἶ Σωτήρ, ἐλέησον ἡμᾶς.

    Ô Christ ressuscitant de l'enfer Lazare mort depuis quatre jours - Tu as renversé avant ta mort le pouvoir de la mort - Pour l'amour d'un seul Tu as annoncé - que tous les hommes étaient délivrés de la corruption - Adorant ton pouvoir tout puissant, disons - Tu es béni, Sauveur. Aie pitié de nous.

    Αἰνεῖτε αὐτὸν ἐπὶ ταῖς δυναστείαις αὐτοῦ, αἰνεῖτε αὐτὸν κατὰ τὸ πλῆθος τῆς μεγαλωσύνης αὐτοῦ.
    Louez-le dans ses dominations, louez-le dans la plénitude de sa grandeur.

    Μάρθα καὶ Μαρία, τῷ Σωτήρι ἔλεγον· Εἰ ᾖς ὧδε Κύριε, οὐκ ἂν τέθνηκε Λάζαρος, Χριστὸς δὲ ἡ ἀνάστασις τῶν κεκοιμημένων, τὸν ἤδη τετραήμερον, ἐκ νεκρῶν ἀνέστησε. Δεῦτε πάντες οἱ πιστοὶ τοῦτον προσκυνήσωμεν, τὸν ἐρχόμενον ἐν δόξῃ, σῶσαι τὰς ψυχὰς ἡμῶν.

    Marthe et Marie disaient au Sauveur - Si Tu avais été ici Seigneur - Lazare ne serait pas mort - Mais le Christ, la résurrection de ceux qui se sont endormis - a ressuscité des morts celui qui était enseveli depuis quatre jours - Venez, fidèles, adorons Le - Lui qui vient dans la gloire sauver nos âmes.

    Αἰνεῖτε αὐτὸν ἐν ἤχῳ σάλπιγγος, αἰνεῖτε αὐτὸν ἐν ψαλτηρίῳ καὶ κιθάρᾳ.
    Louez-le au son de la trompette, louez-le sur le psaltérion et la cithare.

    Τῆς Θεότητός σου Χριστέ, παρέχων τοῖς Μαθηταῖς σου τὰ σύμβολα, ἐν τοῖς ὄχλοις ἐταπείνους σεαυτὸν ἀποκρύψαι ταύτην βουλόμενος· διὸ τοῖς Ἀποστόλοις, ὡς προγνώστης καὶ Θεός, τοῦ Λαζάρου τὸν θάνατον προηγόρευσας, ἐν Βηθανίᾳ δὲ παρὼν τοῖς λαοῖς, τοῦ φίλου σου τὸν τάφον ἀγνοῶν, μαθεῖν ἐζήτεις ὡς ἄνθρωπος· ἀλλ' ὁ διὰ σοῦ τετραήμερος ἀναστάς, τὸ θεῖόν σου κράτος ἐδήλωσε, Παντοδύναμε Κύριε δόξα σοι.

    Ô Christ, Tu donnais à tes disciples les signes de ta Divinité - Mais dans la foule, Tu voulais les cacher pour T'abaisser Toi-même - Aux apôtres, en Dieu qui sait tout à l'avance - Tu avais prédit la mort de Lazare - Mais à Béthanie en présence du peuple - Tu ignorais le tombeau de ton ami et comme un homme Tu cherchais à le connaître - Mais celui qui était enseveli depuis quatre jours fut par Toi ressuscité - Il révéla ton pouvoir divin - Seigneur Tout Puissant, gloire à Toi.

  • Jeudi de la quatrième semaine de carême

    La collecte de ce jour évoque la joie du jeûne :

    Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, quos jejúnia votíva castígant, ipsa quoque devótio sancta lætíficet ; ut, terrénis afféctibus mitigátis, facílius cæléstia capiámus. Per Dóminum.

    Faites, nous (vous le) demandons, ô Dieu, que, ceux que matent les jeûnes votifs, cette même sainte dévotion aussi les réjouisse, afin que les affections terrestres diminuées, nous percevions plus facilement les réalités célestes.

    La traduction des oraisons est souvent assez éloignée du texte, parce que la traduction littérale est généralement malsonnante, voire à la limite du charabia. Le problème est que les traductions élégantes passent éventuellement à côté de l’essentiel. C’est le cas ici. Aucune des traductions que j’ai vues ne garde l’idée que c’est le jeûne lui-même qui est la dévotion qui nous réjouit. Que le jeûne est source de joie. Sans doute les traducteurs ne l’ont-ils jamais expérimenté. On en reste à l’idée qu’il ne faut pas être triste quand on jeûne mais qu’il faut aborder le jeûne avec joie, où du moins s’efforcer de le faire, de ne pas paraître triste. Mais l’oraison nous dit que le jeûne lui-même est source de joie. Il s’agit d’une joie spirituelle très spécifique, incommunicable, mais que connaissaient bien les pères du désert, champions toute catégorie du jeûne :

    Un samedi de fête, il arriva que les frères mangent à l’église des Kellia. Et comme on présentait le plat de bouillie, abba Helladios l’Alexandrin se mit à pleurer. Abba Jacques lui dit : Pourquoi pleures-tu, abba ? Il répondit : Parce que c’en est fini de la joie de l’âme, c'est-à-dire le jeûne, et que voilà maintenant le contentement du corps.

     

    Cf la lecture de la Régle de saint Benoît ce jour:

    "ut unusquisque super mensuram sibi indictam aliquid propria voluntate cum gaudio Sancti Spiritus offerat Deo,id est subtrahat corpori suo de cibo, de potu, de somno, de loquacitate, de scurrilitate, et cum spiritalis desiderii gaudio sanctum Pascha exspectet."

    Que chacun, au delà de ce qui lui est prescrit, offre à Dieu quelque chose de son propre mouvement dans la joie de l’Esprit Saint, c’est-à-dire qu’il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, les conversations et les plaisanteries, et qu’il attende la sainte Pâque dans la joie d’un désir spirituel.

  • Mercredi de la quatrième semaine de carême

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    L’Église des premiers siècles désignait le Baptême sous le nom d’Illumination, parce que c’est ce Sacrement qui confère à l’homme la foi surnaturelle par laquelle il est éclairé de la lumière divine. C’est pour cette raison qu’on lisait aujourd’hui le récit de la guérison de l’aveugle-né, symbole de l’homme illuminé par Jésus-Christ. Ce sujet est souvent reproduit sur les peintures murales des catacombes et sur les bas-reliefs des anciens sarcophages chrétiens.

    Nous naissons tous aveugles ; Jésus-Christ, par le mystère de son incarnation figuré sous cette boue qui représente notre chair, nous a mérité le don de la vue ; mais pour en jouir, il nous faut aller à la piscine du divin Envoyé, et nous laver dans l’eau baptismale. Alors nous serons éclairés de la lumière même de Dieu, et les ténèbres de notre raison seront dissipées. La docilité de l’aveugle-né, qui accomplit avec tant de simplicité les ordres du Sauveur, est l’image de celle de nos Catéchumènes qui écoutent si docilement les enseignements de l’Église, parce que eux aussi veulent recouvrer la vue. L’aveugle de l’Évangile, dans la guérison corporelle de ses yeux, nous donne la figure de ce que la grâce de Jésus-Christ opère en nous par le Baptême ; mais, afin que l’instruction soit complète, il reparaît à la fin du récit pour nous fournir un modèle de la guérison spirituelle de l’âme frappée de l’aveuglement du péché.

    Le Sauveur l’interroge, comme l’Église nous a interrogés nous-mêmes sur le bord de la piscine sacrée. « Crois-tu au Fils de Dieu ? » lui demande-t-il. Et l’aveugle, rempli d’ardeur pour croire, répond avec empressement : « Qui est-il, a Seigneur, afin que je croie en lui ? » Telle est la foi, qui unit la faible raison de l’homme à la souveraine sagesse de Dieu, et nous met en possession de son éternelle vérité. A peine Jésus a-t-il affirmé sa divinité à cet homme simple, qu’il reçoit de lui l’hommage de l’adoration ; et celui qui d’abord avait été aveugle dans son corps, et qui ensuite avait reçu la vue matérielle, est maintenant chrétien. Quel enseignement complet et lucide pour nos Catéchumènes ! En même temps, ce récit leur révélait et nous rappelle à nous-mêmes l’affreuse perversité des ennemis de Jésus. Il sera bientôt mis à mort, le juste par excellence ; et c’est par l’effusion de son sang qu’il nous méritera, et à tous les hommes, la guérison de l’aveuglement dans lequel nous sommes nés, et que nos péchés personnels contribuaient encore à épaissir. Gloire donc, amour et reconnaissance à notre divin médecin qui, en s’unissant à la nature humaine, a préparé le collyre par lequel nos yeux sont guéris de leur infirmité, et rendus capables de contempler à jamais les splendeurs de la divinité même !

    Dom Guéranger

    L’illustration de tête est une fresque de la basilique Sant’Angelo in Formis, à Capoue, datant de la fin du XIe siècle. Le schéma est celui de nombreuses icônes, parce que dans la liturgie byzantine cet évangile est celui du 6e dimanche de Pâques qui est donc le « dimanche de l’aveugle né ».

    En l’église Sainte-Théodora d’Arta en Grèce :

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    Au monastère de Dionysiou sur l’Athos :

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    Illustration d’un manuscrit du XVe siècle (monastère d’Iveron, Athos):

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    Icône roumaine récente :

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