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Liturgie - Page 109

  • Saint Ignace

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    Cathédrale Saint-Athanase de Ioannina (Epire). Fresque de Théodose et Constantin de Kapesovo (1835).

    La messe a été composée spécialement pour saint Ignace et reflète sa vie. La marque caractéristique de sa vie est l’ardent amour de la Croix, c’est pourquoi la plupart des textes de la messe parlent de l’amour pour le Christ. Dès l’Introït, nous nous chargeons joyeusement de la Croix ou plutôt nous prenons place sur la Croix avec le Christ. L’Épître est le sublime passage de la lettre aux Romains, où saint Paul proclame son amour pour le Christ : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Les tribulations, le besoin, la faim, la nudité, le danger, la persécution ou le glaive ? » Quel bel accent a le verset de l’Alléluia : « Avec le Christ, je suis attaché à la Croix, c’est pourquoi ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi ! » Cette belle parole est encadrée par l’Alléluia. Mais ce qu’il y a de plus beau dans la messe, c’est l’image du grain de froment. Cette image se retrouve dans toute la messe, dans l’Évangile comme parabole, à l’Offrande sous l’aspect de l’hostie faite de pur froment, à la Communion dans les paroles même de saint Ignace. A l’Évangile, c’est tout d’abord le Christ qui est le grain de froment. On lit dans le bréviaire d’aujourd’hui : « Le Seigneur Jésus était lui-même le grain de froment qui devait mourir et se multiplier, mourir par l’incrédulité des Juifs, se multiplier par la foi des peuples. Et il nous exhorte tous à marcher sur les traces de sa Passion. Celui qui aime sa vie la perdra » (Saint Augustin). Par la mort de ce grain de froment s’est produit un gros épi (le corps mystique, l’Église). Chaque chrétien à son tour devient un grain de froment qui mûrit et en même temps est moulu dans le martyre. Nous aussi, nous sommes ce grain de froment. A la Communion, la parole de saint Ignace : je suis le froment du Christ, s’applique non seulement au saint martyr, mais à nous aussi. Chacun de nous doit être moulu. Qu’est-ce qui sera pour nous la dent des bêtes ? Seront-ce les persécutions, les souffrances, les hommes ? Il est certain que le grain de froment doit mourir, soit qu’il soit enfoui en terre pour devenir un nouveau germe, soit qu’il soit moulu pour devenir du pain. Telle est notre tâche dans la vie : mourir au monde, à la chair, à l’homme inférieur.

    Dom Pius Parsch

  • Non possumus

    A la faveur, si l’on peut dire, de Traditionis custodes, on a vu refleurir le discours selon lequel, d’un côté, le pape a dû sévir parce qu’il y a des tradis qui rejettent la nouvelle messe, et de l’autre côté, les protestations de tradis affirmant que bien entendu ils ne rejettent pas la nouvelle messe mais qu’ils demandent seulement qu’on leur permette de garder aussi l’ancienne pour des raisons de… de quoi ? de préférence personnelle ? de sensibilité ? De « nostalgie » ?

    Soyons clair. Non, nous ne « préférons » pas la messe traditionnelle pour des raisons de « sensibilité », par souci esthétique, ou par « nostalgie » (une très large majorité d’entre nous n’était pas adulte au moment de la révolution liturgique). Nous rejetons la nouvelle messe parce qu’elle n’est pas traditionnelle, parce qu’elle n’est plus l’expression pleine et entière de la liturgie catholique.

    1. La néo-liturgie a été fabriquée de façon ouvertement anti-traditionnelle. Il fallait retrouver la pureté de la liturgie des premiers siècles par-delà, comme a osé le dire l’un de ses principaux fabricants, la « corruption grégorienne », à savoir de saint Grégoire le Grand. Cela suffit pour ne reconnaître aucune légitimité à cette « réforme ». Rien dans l’Eglise ne peut se faire contre la tradition, surtout quand on pousse l’impiété jusqu’à parler de la corruption dont se serait rendu responsable le principal codificateur de la liturgie latine, l’un des plus grands papes et docteurs de l’Eglise.

    2. En outre la prétendue volonté de retrouver la pureté des origines est un pur mensonge. Or aucune réforme fondée sur un mensonge ne peut être légitime. Les fabricants de la néo-liturgie, tellement fiers de leur œuvre, ont publié leurs travaux. Ils n’ont pas remis en vigueur ce qui existait avant la « corruption grégorienne » : ils ont fabriqué une liturgie de bout en bout, en utilisant des expressions prises de ci de là et rafistolées comme par le docteur Frankenstein, et en estompant ce qui dans l’ordo missae soulignait le sacrifice et la présence réelle.

    3. La raison de cette sordide cuisine est qu’il fallait prendre des expressions antiques pour faire croire qu’on rétablissait la pureté des origines, mais pour fabriquer une liturgie qui soit conforme aux aspirations de l’homme du « monde moderne », parce qu’on s’imaginait qu’ainsi on le ferait revenir à l’église. De ce fait une grande partie de la liturgie a été mise à la poubelle. Tout ce qui concernait le jeûne, la pénitence, l’ascèse, a été supprimé ou estompé, ainsi que ce qui parlait des difficultés de la vie chrétienne. Il n’est plus question de se détourner des séductions du monde terrestre et de rechercher les réalités d’en-haut. Le chrétien d’aujourd’hui étant adulte fait son salut sans avoir vraiment besoin de la grâce. C’est le grand retour du semi-pélagianisme. Je me permets de redonner la conclusion de l’étude de Lauren Pristas (munie de l’imprimatur) sur les collectes de l’Avent dans l’ancien missel et dans le nouveau, non sans souligner qu’aucun thuriféraire du nouveau n’a encore quitté son piédestal pour passer de la pétition de principe (c’est imposé par Rome donc c’est bien) à la critique des arguments précis :

    Les verbes de mouvement des deux ensembles décrivent des mouvements exactement opposés : dans les collectes de 1962, le Christ vient à notre rencontre ; dans celles de 1970, nous allons à la rencontre du Christ, nous arrivons, nous sommes amenés à, etc.

    Les prières de 1970 ne contiennent aucune référence au péché ni à ses dangers ; aux ténèbres ou à l'impureté de l'esprit; à la faiblesse humaine ou au besoin de miséricorde, de pardon, de protection, de délivrance, de purification. En outre, l’idée que nous devons subir une transformation pour entrer au ciel n’est évoquée que par le mot eruditio, instruction ou formation, dans la collecte du deuxième dimanche. (…)

    Ceux qui prient les collectes de 1970 ne cherchent pas l’assistance divine pour survivre aux périls ou pour commencer à faire du bien. En effet, ils n'expriment aucun besoin de telles aides. Ils demandent plutôt à entrer au paradis à la fin. En revanche, ceux qui prient les collectes de 1962 ne cherchent pas explicitement le ciel, mais exigent - les verbes à l’impératif - une aide quotidienne immédiate et personnelle sur le chemin. (…)

    Par ces trois différences, nous arrivons à un constat très délicat. En termes simples, la foi catholique considère que toute bonne action qui nous fait progresser vers le salut dépend de la grâce divine. Cette doctrine est formellement définie et elle ne peut être modifiée de façon à en inverser la portée. Chaque nuance des collectes de l'Avent de 1962 exprime sans ambiguïté cette doctrine catholique de la grâce, à la manière assez subtile et non didactique propre aux oraisons. Bien que les collectes de l'Avent de 1970 ne contredisent pas explicitement l'enseignement catholique sur la grâce, elles ne l’expriment pas et, plus inquiétant, elles ne semblent pas l'assumer.

    On nous dit que la nouvelle liturgie peut être célébrée de façon catholique. Oui, c’est indubitable. Elle peut l’être quand le prêtre qui la célèbre est vraiment catholique. Mais elle ne l’est pas en elle-même. Elle l’est par ce qu’on lui ajoute de l’extérieur. Je le vois de plus en plus à mesure que je connais mieux la liturgie byzantine. Il y a un véritable fossé entre le contenu de la liturgie byzantine et le contenu de la néo-liturgie qui n’est plus latine, fossé qui n’existe pas du tout avec la liturgie latine traditionnelle. On peut camoufler le caractère foncièrement anti-traditionnel de la néo-liturgie par des formes que l’on reprend de la liturgie traditionnelle, mais c’est un leurre. Le leurre que l’on voit dans les messes anglicanes de la high church : on dirait une messe de saint Pie V, sauf qu’il n’y a pas de prêtre ni de présence réelle…

    Un enrobage catholique de la néo-liturgie peut la faire paraître catholique pour un temps. Mais peu à peu le venin néo-pélagien des nouvelles oraisons, la révérence devant le monde, l’effacement de la nécessité de la pénitence, la suppression des quatre temps, de la Septuagésime, de toute mention du jeûne du carême, l’accent sur la communauté au détriment du regard vers Dieu, l’effacement de mots et de gestes significatifs dans l’ordo missae, le déclassement et en fait la mise au rancart du Canon romain, tout cela ne peut, à terme, qu’aboutir à une religion qui n’est plus catholique.

    Voilà la vraie raison. Arrêtons les faux fuyants. Arrêtons les politesses. C’est une guerre. Nous pouvons la perdre, parce que ce sont eux qui ont le pouvoir. Mais du point de vue surnaturel ce sont eux qui ont déjà perdu.

  • Saint Jean Bosco

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    Saint Jean Bosco photographié par Gustavo Luzzati le 16 mars 1886.

    Don Bosco, tout jeune prêtre encore, avait déjà trouvé sa voie et fait choix de son ministère. Mais cette voie était si nouvelle, et ce ministère embrassait un tel nombre d'œuvres, que des amis, d'ailleurs très bienveillants, s'en émurent un peu.

    Pour être plus sûrs de faire une démarche utile, ils s'adressèrent à Don Cafasso, maître des Conférences de morale à St. François d'Assise, et confesseur de Don Bosco.

    Mais quel homme est-ce donc que votre Don Bosco ? Le zèle est sans contredit une chose divine, à condition toutefois qu'il soit réglé, se restreigne sagement à un genre bien défini d'occupations et s'y applique avec esprit de suite et vigueur.

    Don Bosco, lui, n'entend pas de cette oreille : prédication et confession ne lui suffisent plus ; aumônier d'un établissement de jeunes filles, il met son bonheur à traîner à sa suite, dans les rues de la ville, des petits vagabonds et vauriens de toute espèce ; il rêve d'établir, dans des bâtiments édifiés par lui, une imprimerie ; il parle d'entreprendre des missions lointaines.., en un mot, rien ne le déconcerte. Ne serait-ce pas rendre à l'Église un véritable service que de tracer des limites précises à un zèle trop entreprenant pour être entièrement selon Dieu ?

    Don Cafasso, souriant, écoutait avec le plus grand calme ces représentations qui, sous une forme ou sous une autre, lui arrivaient assez fréquentes ; puis, invariablement, il répondait d'un ton grave et avec un accent presque prophétique : Laissez-le faire, laissez-le faire !

    Personne, à Turin, ne refusait à Don Cafasso comme une sorte de discernement des esprits : il en avait fait preuve bien des fois et dans des circonstances souverainement délicates ; mais on était tenté de croire que, pour Don Bosco, ce sens surnaturel pourrait bien être quelque peu en défaut.

    Et tout ce monde de revenir à la charge avec une persévérance et un luxe de considérations qui témoignaient au moins d'un soin extraordinaire des intérêts de Dieu.

    Don Cafasso, à qui ces démarches réitérées de personnages influents, révélaient peut-être des mobiles moins élevés, se montrait toujours affable, bon, accueillant, mais toujours aussi concluait par ce mot devenu célèbre : Laissez-le faire !

    Un jour cependant, il se départit de cette réserve mystérieuse, et prononça quelques paroles, profondes, sans aucun doute, mais de nature à éclairer d'un jour particulier l'existence sacerdotale de son pénitent :

    « Savez-vous bien qui est Don Bosco ? Pour moi, plus je l'étudie et moins je le comprends. Je le vois simple et extraordinaire ; humble et grand ; pauvre et travaillé de vastes pensées, de projets en apparence irréalisables... ; et avec tout cela, constamment traversé dans ses desseins et comme incapable de mener à bien ses entreprises... Pour moi, Don Bosco est un mystère. Si je n'avais la certitude qu'il travaille pour la gloire de Dieu, que Dieu seul le conduit, que Dieu seul est la fin de tous ses efforts, je le taxerais d'imposteur, d'hypocrite, d'homme dangereux, pour ce qu'il laisse deviner plus encore que pour ce qu'il dit ... : Je vous le répète, pour moi, D. Bosco est un mystère : LAISSEZ-LE FAIRE. »

    Le vénérable prêtre, quand on l'interrogeait au sujet de son pénitent, demeura toujours aussi énigmatique. Et plus tard, quand Don Bosco, abandonné, bafoué, persécuté, semblait donner raison aux prophètes de malheur, Don Cafasso disait encore : Laissez-le faire.

    On sait maintenant si Don Cafasso se trompait.

    Bulletin salésien de septembre 1888 (six mois après la mort de saint Jean Bosco), début de la préface à la Vie de Don Bosco par Charles d’Espiney. Don Cafasso est saint Joseph Cafasso, canonisé par Pie XII en 1947.

  • 4e dimanche après l’Epiphanie

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    Codex Egberti, vers 980. On remarque que l’enlumineur conserve la technique de l’icône qui montre deux scènes en une. A gauche Jésus dort, à droite il fait taire les vents.

    L’évangile de ce dimanche est celui de la tempête apaisée. Un épisode aussi bref que propice à de longs développements sur la barque qui est l’Eglise aux prises avec les tempêtes de l’histoire ou chacun de nous confronté aux tempêtes des tentations et des épreuves. Vu depuis l’Epiphanie, il est une nouvelle manifestation du Verbe fait homme parmi les hommes.

    L’épisode est clairement annoncé dans le psaume 106, d’autant que dans l’Ancien Testament ces versets ne correspondent à rien :

    Il dit, et le souffle de la tempête s’est levé
    et les flots de la mer se sont soulevés
    Ils montent jusqu’aux cieux
    et descendent jusqu’aux abîmes
    leur âme défaillait parmi leurs maux.
    Ils étaient troublés et agités comme un homme ivre
    et toute leur sagesse a été engloutie
    Et ils crièrent au Seigneur dans leur tribulation,
    et il les tira de leurs nécessités
    Il changea la tempête en brise
    et les flots de la mer sont devenus silencieux
    Ils se réjouirent de les voir devenus silencieux
    et Dieu les conduisit au port où ils voulaient arriver

    On pense aussi au psaume 88, qui commence un énoncé des pouvoirs divins par celui-là :

    Tu domines sur la puissance de la mer
    et tu apaises le mouvement de ses flots

    Or le psaume 88 est un des grands psaumes messianiques.

    On constate que si l’épisode est bref chez les trois synoptiques, l’Eglise a choisi le plus bref, celui de saint Matthieu. Non seulement on n’y trouve pas de détail pittoresque comme l’oreiller sur lequel dort Jésus chez saint Marc, ni d’effet de style comme chez saint Luc, mais il n’y a que les mots strictement nécessaires à la narration. Au point qu’il est impossible de traduire mot à mot le fameux « modicae fidei ». Ce sont deux génitifs, donc des compléments de nom, mais il n’y a pas de nom. Le nom est sous-entendu : hommes, gens, personnes… En grec il n’y a même qu’un seul mot (mais au nominatif et qui se suffit à lui-même) : ὀλιγόπιστοι. Oligopisti. Que sœur Jeanne d’Arc avait réussi à traduire également par un seul mot, mais un néologisme, assez savoureux : minicroyants.

    La grande différence entre Matthieu et les deux autres évangélistes, et qui est capitale, et qui est sans doute la raison pour laquelle c’est saint Matthieu qui a été choisi, est qu’il est le seul à raconter l’histoire dans cet ordre : la tempête se lève, les disciples réveillent Jésus, Jésus dénonce leur peu de foi, Jésus apaise la tempête. Marc et Luc inversent ces deux derniers faits, ce qui donne au propos de Jésus une allure de leçon de morale après coup. Alors que chez Matthieu c’est Dieu qui tance les hommes en pleine tempête, et ne montre sa puissance qu’après avoir délivré son enseignement. Les vagues passent par-dessus le bateau, « Nous périssons ! » crient les apôtres. « Minicroyants ! », leur répond Jésus. Puis il commande aux vents et à la mer pour leur montrer ce qui arrive quand on a la foi…

    Cet agencement n’est pas sans rappeler l’épisode du paralytique. On le descend par le toit pour que Jésus le guérisse. Mais Jésus, « voyant leur foi », lui dit d’abord que ses péchés sont remis. « Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul ? », se disent les pharisiens. « Quel est celui-ci, que les vents et la mer lui obéissent ? », disent « les hommes ». Car ce sont tous les hommes qui sont concernés par la question, et par la réponse qui n’a pas besoin d’être formulée.

    Cet évangile aura un écho plus loin, lorsque saint Pierre voudra marcher sur l’eau pour rejoindre Jésus. Alors un vent se lève, Pierre s’enfonce, Jésus étend la main, le prend, lui dit : « modicae fidei », et ils montent dans la barque. Ici il y a un seul « minicroyant », celui qui devra confirmer ses frères dans la foi…

  • Saint François de Sales

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    Gallica, BNF.

    Fin de la préface de l'Introduction à la vie dévote.

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  • Constat d’échec

    Pendant de longues années Denis Crouan, via son blog Pro liturgia, a milité avec obstination et de façon touchante pour que la néo-liturgie ressemble à une liturgie catholique. Il croyait manifestement à son combat, pouvant non sans raison s’appuyer sur la constitution de Vatican II et sur l’enseignement de Joseph Ratzinger puis Benoît XVI.

    Mais, mardi dernier, il a jeté l’éponge. Il explique pourquoi dans un « dernier message » qui est une émouvante diatribe contre « le clergé actuel », les évêques et le pape. Mais il ne semble toujours pas voir qu’il y a quelque chose de fondamentalement vicié dans la « réforme liturgique », et que ceci explique cela.

  • Analphabètes

    Ils ont tellement oublié la liturgie latine qu’ils sont incapables d’employer correctement une expression courante. L’évêque de Venice en Floride prétend interdire l’orientation traditionnelle et normale de la messe. Oui, même celle de Paul VI alors qu’il ne peut s’appuyer sur aucun texte, ce qui montre le degré de sa haine envers la tradition, ou le degré de sa flagornerie envers le pape (qui avait méchamment rejeté la suggestion du cardinal Sarah en disant qu’il n’y avait « rien de changé » et que la messe devait continuer à être célébrée à l’envers).

    Mgr Dewane a donc envoyé une lettre aux prêtres de son diocèse pour leur signifier qu’il était interdit de célébrer face à l’Orient. Il appelle cela « ad orientum ». Et deux fois, pour qu’on soit sûr que ce n’est pas une coquille. Seulement, « orientum », ça n’existe pas. Ce qui existe c’est « ad orientem ».

    Le bon côté de ce diktat du petit tyran ecclésiastique de Venice est qu’il est nul et non avenu et que tout prêtre peut donc célébrer « ad orientem ».

    Z’s Blog, via Riposte catholique

     

  • Saint Pierre Nolasque

    Deus, qui in tuæ caritátis exémplum ad fidélium redemptiónem sanctum Petrum Ecclésiam tuam nova prole fœcundáre divínitus docuísti : ipsíus nobis intercessióne concéde ; a peccáti servitúte solútis, in cælésti pátria perpétua libertáte gaudére.

    O Dieu, qui, pour donner un exemple de votre charité, avez divinement inspiré à saint Pierre de rendre votre Église mère d’une nouvelle famille pour la rédemption des fidèles captifs, acordez-nous, par son intercession, d’être délivrés de la servitude du péché, et de jouir de la liberté sans fin dans la céleste patrie.

    La collecte résume brièvement la vie du saint et nous indique les conclusions que nous devons tirer. Nous trouvons quatre belles pensées :

    1° La charité héroïque de notre saint, qui le porta à racheter les chrétiens, n’est qu’une émanation de l’amour de Dieu (« Dieu a tant aimé le monde... »). Et même, somme toute, c’est un acte d’amour de la part de Dieu d’envoyer au monde des saints qui, dans leur vie, sont le reflet de ses perfections.

    2° Le nouvel Ordre a donné à l’Église de nouveaux enfants dont saint Pierre, en tant que fondateur d’Ordre, est le père. C’est là une pensée qui a de profondes racines dans la liturgie : saint Paul se déclare le père des Corinthiens : « Alors même que vous auriez des milliers de pédagogues dans le Christ, vous n’avez pas plusieurs pères, car je vous ai engendrés dans le Christ Jésus par l’Évangile. » Par conséquent, quand le prêtre, dans les cérémonies liturgiques ou les relations ordinaires, est appelé : Pater, Père, cette dénomination a un sens profond. Nous pouvons, nous aussi, avoir part à cette a dignité paternelle en donnant, par l’apostolat, de nouveaux enfants à l’Église.

    3° La délivrance des chrétiens captifs est une image de la délivrance des chaînes du démon, de l’« esclavage du péché » (Jean VIII, 34). Assurément le baptême nous a délivrés de l’empire du démon (rappelons-nous les nombreux exorcismes que comporte le rite du baptême), cependant, tant que nous vivons, nous portons des chaînes spirituelles par notre attachement au péché et notre inclination au mal.

    4° La véritable liberté ne se trouvera que dans la patrie céleste. Quel bonheur ce dut être, pour les pauvres chrétiens captifs, de revoir leur patrie et de recouvrer la liberté tant désirée, après avoir désespéré déjà de sortir d’esclavage. Il en est de même pour nous : ce n’est que lorsque nous serons arrivés dans notre patrie céleste, que nous jouirons de la pleine liberté. Cette « liberté des enfants de Dieu » nous devons nous efforcer de la conquérir de plus en plus, en nous rendant maîtres de l’homme inférieur : l’esprit doit dominer sur la chair. « La vérité vous rendra libres. »

    Dom Pius Parsch

  • Saint Jean Chrysostome

    Dans le calendrier byzantin la fête de saint Jean Chrysostome est le 13 novembre. Ce jour est celui de la translation de ses reliques. Voici les flamboyants stichères des vêpres, et le doxastikon qui les suit, par Athanasios Angelidis, en 2007 pour le 16e centenaire de sa naissance au ciel.

    Τὴν χρυσήλατον σάλπιγγα, τὸ θεόπνευστον ὄργανον, τῶν δογμάτων πέλαγος ἀνεξάντλητον, τῆς Ἐκκλησίας τὸ στήριγμα, τὸν νοῦν τὸν οὐράνιον, τῆς σοφίας τὸν βυθόν, τὸν κρατῆρα τὸν πάγχρυσον, τὸν προχέοντα, ποταμοὺς διδαγμάτων μελιρρύτων, καὶ ἀρδεύοντα τὴν κτίσιν, μελῳδικῶς εὐφημήσωμεν.

    Célébrons de nos chants la trompette dorée, l'instrument qui vibre au souffle de Dieu, l'inépuisable océan d'enseignements, e soutien de l'Eglise, l'abîme de sagesse, l'esprit céleste, la coupe toute en or versant des fleuves de doctrine où coule le miel et qui arrose la création.

    Τὸν ἀστέρα τὸν ἄδυτον, τὸν ἀκτῖσι φωτίζοντα, διδαγμάτων ἅπασαν τὴν ὑφήλιον, τῆς μετανοίας τὸν κήρυκα, τὸν σπόγγον τὸν πάγχρυσον τὸν ὑγρότητα δεινῆς, ἀπογνώσεως αἴροντα, καὶ δροσίζοντα, ἐκτακείσας καρδίας ἁμαρτίαις, Ἰωάννην ἐπαξίως, τὸν Χρυσολόγον τιμήσωμεν.

    Honorons comme il se doit saint Jean au verbe d'or, cet astre sans déclin illuminant tout ce qui vit sous le soleil des rayons de son enseignement clair, le héraut de la conversion, l’éponge toute d’or qui essuie les larmes du terrible désespoir et rafraîchit comme de rosée les cœurs consumés par le péché.

    Ὁ ἐπίγειος Ἄγγελος, καὶ οὐράνιος ἄνθρωπος, χελιδων ἡ εὔλαλος καὶ πολύφωνος, τῶν ἀρετῶν τὸ θησαύρισμα, ἡ πέτρα ἡ ἄρρηκτος τῶν πιστῶν ὑπογραμμός, τῶν Μαρτύρων ἐφάμιλλος, ἰσοστάσιος, τῶν ἁγίων Ἀγγέλων Ἀποστόλων, ὁ ὁμότροπος ἐν ὕμνοις, μεγαλυνέσθω Χρυσόστομος.

    Magnifions en nos hymnes l'Ange terrestre et l'homme célesge, l'hirondelle diserte au ramage éloquent, le riche trésor des vertus, la pierre infrangible, le modèle des fidèles, l'émule des martyrs, l'égal des saints anges, Chrysostome, égal par sa vie aux divins apôtres.

    Οὐκ ἔδει σε Χρυσόστομε, τὴν Βασιλίδα καταλείψαντα, παροικεῖν ἐν Κομάνοις· ὅθεν θεόθεν ἠγμένη, ἡ Ἀνακτορικὴ πανδαισία, πάλιν σε ἐπανήγαγεν ἐν τοῖς βασιλείοις· εὐφράνθη δὲ ἡ Ἐκκλησία ἰδοῦσά σε, ἀνθομολογουμένη καὶ λέγουσα. Μεγαλύνει ἡ δόξα μου τὸν Κύριον, ἀποδόντα μοι τὸν νυμφαγωγόν, καὶ τὸ στήριγμα τῆς πίστεως, τὴν ὑπόληψιν τῶν ἀξιωμάτων μου, καὶ ἀνάπαυσιν τῶν ἐμῶν κροτάφων· τὸ ὕψος τῆς ταπεινοφροσύνης, καὶ βάθος τῆς ἐλεημοσύνης, καὶ πλοῦτον τῆς ἐμῆς πτωχείας, καὶ μῆκος τῆς μετανοίας. Διὸ αἰτοῦμέν σε Ὅσιε Πάτερ, τὴν εἰρήνην αἴτησαι, καὶ ταῖς ψυχαῖς ἡμῶν, τὸ μέγα ἔλεος.

    Il n’était pas possible, Chrysostome, qu’ayant abandonné la reine des cités tu restes en exil à Comane ; c'est pourquoi sous la divine impulsion une fête royale te ramène vers le palais ; l'Eglise aussi se réjouit de te voir ; unanime, elle rend grâce et s'écrie : Magnifie le Seigneur, ô ma gloire, qui m'a rendu l'ami de l'Epoux, le soutien de la foi, la conception de mes décisions, le repos de mes tempes, la hauteur de l'humilité et la profondeur de la charité, la richesse de ma pauvreté, la longueur de la pénitence. Aussi, vénérable Père, nous t'en prions : demande pour nos âmes la paix et la grande miséricorde.

    (Ce tropaire chante la translation à Constantinople des reliques de saint Jean Chrysostome, mort d’épuisement près de Comane sur la route de son second exil.  Les chroniqueurs du temps rapportent que le Bosphore était couvert de bateaux illuminés faisant cortège au patriarche. L’empereur Théodose II, entouré de toute la cour, se mit à genoux et appliqua son front sur le cercueil, demandant pardon pour ce qu’avaient fait son père et sa mère. Et le corps de saint Jean Chrysostome fut inhumé dans l’église des Saints-Apôtres, qui était le mausolée impérial. Il fut par la suite emporté à Venise par les soldats de la 4e croisade, puis à Saint-Pierre de Rome, puis rendu à Constantinople par Jean-Paul II en 2004.)

  • Saint Polycarpe

    Revoici Panagiotis Chasapianos, le chantre de la tradition de Corfou qui tente de se faire anonyme, dans trois pièces de l’office de saint Polycarpe (le 23 février dans le calendrier byzantin). La liturgie joue sur le nom de Polycarpe : beaucoup de fruit.

    Premier stichère des vêpres

    Ὅτε τῆς Παρθένου ὁ καρπός, καὶ ζωαρχικώτατος σπόρος, εἰς γῆν ἐνέπεσε, τότε σε πολύκαρπον, στάχυν ἐβλάστησε, τοὺς πιστοὺς διατρέφοντα, τοῖς τῆς εὐσεβείας, λόγοις τε καὶ δόγμασι, καὶ τῆς ἀθλήσεως, τούτους ἁγιάζοντα θείῳ, αἵματι καὶ ἱερωσύνης, μύρῳ καθαγνίζοντα Πολύκαρπε.

    Lorsqu'en terre tomba le fruit du sein virginal, la semence de vie, alors, il te fit pousser comme un épi portant beaucoup de fruit, pour nourrir les fidèles, par tes saintes paroles et tes enseignements, et les sanctifier par ton sang de martyr, Polycarpe, pontife sacré.

    Cathisme des matines

    Τὸν τῆς χάριτος βότρυν ἐν τῇ ψυχῇ, ἀληθῶς γεωργήσας Πάτερ σοφέ, ὡς οἶνον ἐξέβλυσας, τὸν τῆς πίστεως λόγον, τὸν εὐφραίνοντα πάντων, Πιστῶν τὴν διάνοιαν, καὶ θαυμάτων ὤφθης ἀπέραντον πέλαγος· ὅθεν καὶ Μαρτύρων, καλλονὴ ἀνεδείχθης, πυρὶ τελειούμενος, καὶ φωτὸς ἀξιούμενος, ἀϊδίου Πολύκαρπε· Πρέσβευε Χριστῷ τῷ Θεῷ, τῶν πταισμάτων ἄφεσιν δωρήσασθαι, τοῖς ἑορτάζουσι πόθῳ, τὴν ἁγίαν Μνήμην σου.

    Ayant fait pousser en ton âme le raisin de la grâce, en vérité, comme vin tu fis couler la parole de la foi, qui réjouit le cœur de tous les croyants, et tu devins un océan de miracles, Père saint: c'est pourquoi tu t'es montré le joyau des martyrs, éprouvé par le feu et digne de l'éternelle clarté. Polycarpe, intercède auprès du Christ notre Dieu pour qu'il accorde la rémission de leurs péchés à ceux qui fêtent avec amour ta mémoire sacrée.

    Apolytikion

    Τήν κλῆσιν τοῖς ἔργοις σου, ἐπισφραγίσας σοφέ, ἐλαία κατάκαρπος, ὤφθης ἐν οἴκῳ Θεοῦ, Πολύκαρπε ἔνδοξε∙ σύ γαρ ως Ἱεράρχης, καί στερρός Ἀθλοφόρος, τρέφεις τήν Ἐκκλησίαν, λογικῇ εὐκαρπίᾳ, πρεσβεύων Ἱερομάρτυς, ὑπέρ τῶν ψυχῶν ἡμῶν.

    Ayant scellé ta vocation par tes œuvres, ô sage, tu as été vu comme un olivier fécond dans la maison de Dieu, ô glorieux Polycarpe ; car toi, inflexible hiérarque qui a remporté le prix de la lutte, tu nourris l'Église d’une abondance de fruits spirituels, intercédant, ô hiéromartyr, pour nos âmes.

    L’épître de saint Polycarpe aux Philippiens.

    Saint Polycarpe par saint Irénée.

    Saint Polycarpe par saint Jérôme.

    Le martyre de saint Polycarpe : lettre authentique de l’Eglise de Smyrne.