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Liturgie - Page 111

  • 2e dimanche après l’Epiphanie

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    (Saint Sauveur in Chora, Constantinople, église devenue mosquée en 1495, musée en 1945, mosquée en 2020... Mosaïque du XIVe siècle.)

    Dès les temps anciens il y eut des prophéties, et jamais aucune époque n’en fut privée ; mais quand on n’y reconnaissait pas le Christ, ces prophéties n’étaient que de l’eau. Car d’une certaine manière l’eau recèle du vin. Que devons-nous entendre par cette eau ? L’Apôtre nous le dit : « Jusqu’aujourd’hui, quand on leur lit Moïse, les Juifs ont un voile posé sur leur cœur, voile qui n’en est pas retiré, parce qu’il n’est enlevé que dans le Christ. Mais », continue-t-il, « lorsque tu seras passé au Seigneur, le voile sera enlevé ». Par, ce voile il entend l’obscurité qui empêchait de comprendre les prophéties : le voile se lèvera, et avec lui disparaîtra l’ignorance lorsque tu seras passé à Notre Seigneur, et ce qui était de l’eau se changera pour toi en vin. Lis tous les livres prophétiques ; si tu n’y aperçois pas Jésus Christ, qu’y a-t-il de plus insipide et de plus fade ? Si, au contraire, tu y vois Jésus-Christ, non seulement tu trouves de la saveur à ce que tu lis, mais encore ta lecture te jette dans l’ivresse, ton âme s’élève au-dessus des corps, et en oubliant le passé elle s’étend pour saisir les choses à venir.

    Ainsi, dès les temps anciens et depuis le premier anneau de la chaîne des générations humaines, il y a eu des prophéties concernant le Christ; mais il s’y tenait caché : ce n’était encore que de l’eau. Comment prouvons-nous que, dans toute la durée des temps antérieurs à la venue du Christ, des prophéties relatives à sa personne n’ont jamais éprouvé de solution de continuité ? D’après ses propres paroles. Car après sa résurrection d’entre les morts il trouva ses disciples dans le doute à l’égard de celui qu’ils avaient suivi. Ils l’avaient vu mourir et n’espéraient pas le voir ressusciter, leur confiance en lui était anéantie. Aussi le larron fut-il loué et mérita-t-il d’entrer le même jour dans le paradis. Pourquoi ? Parce que, étant attaché à la croix, il confessa Jésus-Christ, tandis que ses disciples doutaient de lui. Il les trouva donc chancelants et se reprochant en quelque sorte d’avoir espéré qu’il délivrerait Israël. Ils s’affligeaient de l’injustice de sa mort, car son innocence leur était connue. Eux-mêmes le lui dirent après sa résurrection, au moment où il fit la rencontre de deux d’entre eux qui marchaient plongés dans la tristesse. « Etes-vous seul étranger à ce point dans Israël, que vous ignoriez ce qui s’est passé ces derniers jours ? - Quoi donc ? leur répliqua-t-il. - Touchant Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en œuvres et en paroles en présence de Dieu et de tout le peuple; comment nos prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié. Cependant nous espérions que ce serait, lui qui rachèterait Israël, et voici maintenant le troisième jour depuis que ces événements se sont accomplis. » Après ces discours et d’autres prononcés par l’un de ceux que Jésus-Christ avait rencontrés sur le chemin du village voisin, il leur répondit en ces termes : « O insensés et cœurs tardifs à croire ce qui a été dit par les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’ainsi il entrât dans sa gloire ? Et commençant par Moïse et tous les Prophètes, il leur expliqua ce qui était dit de lui dans l’Ecriture. » Ainsi s’exprima-t-il encore dans une autre circonstance, voulant se faire toucher de ses disciples afin de leur donner une preuve palpable de la réalité de sa résurrection ; il leur dit : « Voilà ce que je vous avais annoncé lorsque j’étais encore avec vous, savoir que tout ce qui est écrit de moi dans Moïse, les Prophètes et les psaumes, devait être accompli. Alors il leur ouvrit l’intelligence afin qu’ils comprissent les Ecritures, et leur dit : Car il est écrit que le Christ devait souffrir et ressusciter d’entre les morts le troisième jour, que la pénitence et la rémission des péchés devaient en sen nom être prêchées par toutes les nations, à commencer par Jérusalem. »

    Si nous comprenons bien ces passages du saint Evangile, et certes ils ne renferment rien d’obscur, nous saisirons parfaitement tous les mystères contenus dans le miracle qui nous occupe. Faites attention à cette parole du Sauveur, qu’il fallait que tout ce qui a été écrit du Christ eût en lui son accomplissement. Où se trouve ce qui a été écrit de lui ? Il l’a dit : « Dans la loi, dans les Prophètes et dans les psaumes ». Il n’omet aucune des anciennes Ecritures. C’était de l’eau ; aussi le Seigneur appelle-t-il insensés les deux disciples d’Emmaüs, parce que cette eau leur plaisait encore et qu’ils n’avaient pas encore de goût pour le vin. Comment Jésus-Christ a-t-il changé cette eau en vin ? Lorsqu’après leur avoir ouvert l’intelligence il leur a expliqué les Ecritures, commençant par Moïse et continuant par les Prophètes ; c’est pourquoi ils se sentaient déjà comme enivrés et disaient : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous sur le chemin lorsqu’il nous « découvrait les Ecritures ? » Ils avaient, en effet, découvert ce qu’ils ne savaient pas auparavant, c’est que ces livres avaient trait au Christ. Le Sauveur a donc changé l’eau en vin, et aussitôt ce qui leur était insipide est devenu agréable pour eux ; et ce qui ne les enivrait pas les a enivrés.

    Il aurait pu commander de vider l’eau qui se trouvait dans les urnes, pour y mettre du vin qu’il aurait tiré de je ne sais quelle source cachée; il avait ainsi fait venir du pain quand il rassasia tant de milliers d’hommes. Car cinq pains n’étaient capables ni de nourrir cinq mille personnes, ni de remplir au moins douze corbeilles ; mais sa puissance était comme un réservoir où il était à même de trouver du pain. Il aurait donc pu d’abord vider l’eau, puis mettre du vin à sa place ; mais s’il l’avait fait, il aurait semblé improuver les anciennes Ecritures. Au contraire, en changeant l’eau elle-même en vin, il nous a montré que l’Ancien Testament vient de lui ; car c’est par son ordre que les urnes ont été remplies. C’est donc du Seigneur que viennent les anciennes Ecritures ; mais si l’on n’y reconnaît pas Jésus-Christ, elles n’ont pas de saveur.

    Saint Augustin, 9e traité sur saint Jean, 3-5.

  • En Slovénie

    Le secrétaire général de la commission liturgique de la conférence des évêques slovènes, Slavko Krajnc (dont rien n’indique qu’il est prêtre dans son vêtement ni sa signature, bien qu’il le soit), a envoyé une interminable philippique à l’animateur d’un groupe qui demande la messe traditionnelle.

    Voici le dernier paragraphe, qui donne une idée précise de la contamination de la dictature bergoglienne dans le haut clergé slovène :

    Je crois fermement que - comme l'ont fait certains évêques dans le monde - le rite préconciliaire devrait être entièrement interdit et que nous devrions nous efforcer d'obtenir une plus grande unité et unicité de l'Église catholique en Slovénie. Un nombre croissant de jeunes sont attirés par cette "indépendance liturgique", qui pourrait donner naissance à une confusion encore plus grande dans la pastorale future. Je suis heureux que le pape François ait finalement pris des mesures décisives et ait clairement indiqué qu'il souhaitait abolir "l'Église parallèle et les liturgies parallèles."

  • Saint Paul premier ermite

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    L'abbé saint Antoine visitant saint Paul vêtu d'une robe de feuilles de palmier tressées. Icône copte.

    Sancti Pauli, primi Eremítæ, Confessóris, qui quarto Idus Januárii inter beatórum ágmina translátus fuit.

    Saint Paul, premier ermite, qui fut transféré dans les bataillons des bienheureux le quatrième jour avant les ides de janvier.

    Ainsi parle le martyrologe romain. Le premier ermite est donc mort le 10 janvier, selon Rome, et c’est bien en ce jour qu’on en fait mémoire dans le calendrier bénédictin. Pourtant, le ménologe byzantin fête lui aussi saint Paul le 15 janvier. Et aussi saint Jean Calybite ("de la cabane"), qui est en quelque sorte la version constantinopolitaine de saint Alexis, et qui est le dernier nommé, mais abondamment décrit, dans le martyrologe romain de ce jour :

    A Constantinople, saint Jean Calybite. Il demeura quelque temps dans un réduit de la maison paternelle, puis dans une hutte, complètement inconnu de ses parents ; ceux-ci le reconnurent au moment de sa mort où sa gloire resplendit par des miracles. Dans la suite, son corps fut transféré à Rome, et placé dans une église de l'île du Tibre, élevée en son honneur.

    Lorsqu’on rebâtit cette église qu’on appelait simplement « Saint Jean de l’île », on retrouva en 1600, sous le maître autel, le corps de saint Jean Calybite (ainsi que ceux des saints martyrs Marius et Marthe).

    L’apolytikion de saint Paul ermite par Athanasios Kokitis, chantre de la petite église Saint-Phanourios d’Athènes :

    Θείου Πνεύματος, τὴ ἐπινεύσει, πρῶτος ὤκησας, ἐν τὴ ἐρήμω, Ἥλιου τὸν ζηλωτὴν μιμησάμενος καὶ δι' ὀρνέου τραφεῖς ὡς ἰσάγγελος, ὑπ' Ἀντωνίου τῷ κόσμῳ ἐγνώρισαι. Παῦλε ὅσιε, Χριστὸν τὸν Θεὸν ἱκέτευε, δωρήσασθαι ἠμὶν τὸ μέγα ἔλεος.

    Inspiré par le Saint-Esprit, tu as été le premier à faire ta demeure dans le désert, imitant le zèle d’Elie, et nourri par un oiseau comme un égal aux anges ; par Antoine tu as été révélé au monde. Saint Paul, supplie le Christ Dieu de nous donner la grande miséricorde.

  • Dilecta mea

    Un très très beau texte de Mgr Carlo Maria Viganò, tout ému d'avoir retrouvé l'inestimable trésor qu'est la messe de toujours. Je ne veux pas le citer, il faut le lire entièrement (même si c'est un peu long).

  • Saint Hilaire

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    (Cathédrale de Monreale, Sicile)

    Moïse, né en un temps où Pharaon avait ordonné de tuer tous les nouveaux nés du sexe masculin, flottant sur les eaux grâce à un berceau de bois, est réservé comme chef pour le peuple. Est-ce que, au temps où Notre Seigneur naquit selon l'humanité, cette haine et cette crainte du roi n'éclatèrent pas de la même manière contre l'homme, identique à nous, que, par le mystère du bois et de l'eau Il assuma en Lui et pour Lui, qui était réservé à la gloire céleste et constitué roi des nations ? En se baignant dans le fleuve, la fille de Pharaon recueillit Moïse. Comme la sœur de l'enfant se trouvait là, elle alla chercher une nourrice chez les Hébreux. Ce fut sa mère qu'elle présenta : elle se chargea de le nourrir et le rendit à la fille de Pharaon qui l'adopta pour fils.

    Rapprochez les personnes, comparez les événements, considérez les faits : vous retrouverez la vérité des événements à venir dans l'imitation qu'en présentent ceux dont nous parlons.

    Sous la figure de la sœur de Moïse, en effet, la Loi a suivi le Christ jusqu'aux signes sacrés du bois et de l'eau. La fille de Pharaon est la figure des nations, elle qui, bien qu'elle n'ait vu selon le récit historique qu'un petit enfant, acquit cependant par la portée de ce symbole une valeur prophétique. La Loi, en effet, présenta à l'Église, comme à la fille de Pharaon, la synagogue comme nourrice et comme mère du petit enfant et ainsi l'ordre spirituel se trouve déjà dans cette histoire. C'est par la Loi, en effet, elle-même nous l'enseigne, qu'il convînt que le Christ fût nourri selon la chair, mais c'est par l'Église qu'il fallait qu'il fût adopté.

    Devenu grand, Moïse cherche ses frères retenus dans l'esclavage. Puis il tue un Égyptien qui tyrannisait et brutalisait l'un d'eux, et par la suite il est accusé par celui qu'il avait vengé de l'Égyptien. Est-ce que le Christ, lorsqu'Il a atteint l'âge d'homme, ne visite pas son peuple, ses frères selon la chair ? Il vint en effet "aux brebis perdues de la maison d'Israël". N'a-t-il pas abattu et vaincu le diable qui dominait sur eux ? Car, personne ne détruira les biens de l'homme fort, s'il n'a d'abord enchaîné l'homme fort. N'est-il pas accusé par ceux-là même qu'Il avait vengés du diable et qu'Il avait délivrés de l'esclavage ? Ainsi, l'imitation que nous trouvons chez le promulgateur de la Loi est conforme à la consommation dans le Dieu de la Grâce.

    Traité des mystères

  • Commémoraison du Baptême du Seigneur

    Stichères des vêpres de la Théophanie, à Mezzojuso (Sicile) le 5 janvier dernier.

    Dalla veglia del mattino fino al notte, dalla veglia del mattino speri Israele nel Signore. 

    Depuis la veille du matin jusqu’à la nuit, depuis la veille du matin, qu’Israël espère dans le Seigneur. (psaume 129)

    Vedendo il Precursore la nostra luce, colui che illumina ogni uomo, venuto per esser battezzato, gioisce con l’anima e trema con la mano ; lo indica e dice ai popoli: Ecco colui che redime Israele, colui che ci libera dalla corruzione. O Cristo senza peccato, Dio nostro, gloria a te.

    Voyant notre Lumière, celui qui illumine tout homme, venu pour être baptisé, le Précurseur se réjouit en son âme et tremble de la main ; il le montre et dit aux peuples : Voici celui qui rachète Israël, celui qui nous libère de la corruption ! Ô Seigneur sans péché, notre Dieu, gloire à toi !

    Perché presso il Signore è la misericordia, e grande è presso di lui la redenzione, ed egli redimerà Israele da tutte le sue iniquità.

    Parce que auprès du Seigneur est la miséricorde, grande est auprès de lui la rédemption, et c’est lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités. (psaume129)

    Gli eserciti degli angeli fremettero, al vedere il nostro Redentore battezzato da un servo, mentre riceveva testimonianza per la presenza dello Spirito. E venne dal cielo la voce del Padre: Costui a cui il Precursore impone le mani è il mio Figlio diletto, nel quale mi sono compiaciuto. O Cristo, Dio nostro, gloria a te.

    Les armées angéliques frémissent d'effroi, en voyant notre Rédempteur baptisé par un esclave, tandis qu’il reçoit un témoignage par la présence de l’Esprit. Et vint du Ciel la voix du Père : Celui à qui le Précurseur impose les mains c'est mon Fils bien-aimé, en qui je me complais. O Christ notre Dieu, gloire à toi !

    Lodate il Signore, genti tutte, dategli lode, popoli tutti.

    Louez le Seigneur, toutes les nations, donnez-lui la louange tous les peuples. (psaume116)

    I flutti del Giordano hanno accolto te, la sorgente, e il Paraclito è sceso in forma di colomba ; china il capo colui che ha inclinato i cieli ; grida l’argilla a chi l’ha plasmato ed esclama : Perché mi comandi ciò che mi oltrepassa ? Sono io ad aver bisogno del tuo battesimo. O Cristo senza peccato, Dio nostro, gloria a te.

    Les flots du Jourdain  t’ont accueilli, toi qui es la Source, et le Paraclet est descendu sous forme de colombe ; il incline la tête, celui qui a incliné les cieux ; l’argile crie à celui qui l'a façonné : Pourquoi m'imposer ce qui est trop haut pour moi ? C'est moi qui ai besoin de ton Baptême. Ô Christ sans péché, notre Dieu, gloire à toi !

    Perché più forte si è fatta per noi la sua misericordia, e la verità del Signore rimane in eterno.

    Parce qu’a été affermie pour nous sa miséricorde, et la vérité du Seigneur demeure éternellement. (psaume 116)

    Volendo salvare l’uomo che si era sviato, non sdegnasti di rivestire forma di servo : conveniva infatti a te, Sovrano e Dio, assumere per noi ciò che è nostro : battezzato infatti nella carne, o Redentore, tu hai ottenuto a noi la remissione. Perciò a te acclamiamo : Cristo benefattore, Dio nostro, gloria a te.

    Voulant sauver l'homme qui s’était égaré, tu n'as pas dédaigné revêtir l'aspect de l’esclave : il te convenait en effet, Maître et Dieu, d'assumer ce qui est nôtre ; baptisé dans la chair, en effet, tu nous as obtenu la rémission ; c'est pourquoi nous te crions : Christ Bienfaiteur notre Dieu, gloire à toi !

    Gloria al Padre, al Figlio e allo Spirito Santo, e ora e sempre nei secoli dei secoli. Amin.

    Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

    Hai chinato il capo davanti al Precursore e hai spezzato le teste dei draghi ; sei venuto tra i flutti e hai illuminato l’universo, perché esso glorifichi in te, o Salvatore, l’illuminazione delle nostre anime.

    Tu as incliné la tête devant le Précurseur et tu as brisé les têtes des dragons ; tu es venu par les flots et tu as illuminé l’univers, pour qu’il glorifie en toi, ô Sauveur, l’illumination de nos âmes.

    Hymne du lucernaire

    Φῶς ἱλαρὸν ἁγίας δόξης, ἀθανάτου Πατρός, οὐρανίου, ἁγίου, μάκαρος, Ἰησοῦ Χριστέ, ἐλθόντες ἐπὶ τὴν ἡλίου δύσιν, ἰδόντες φῶς ἑσπερινόν, ὑμνοῦμεν Πατέρα, Υἱόν, καὶ ἅγιον Πνεῦμα Θεόν. Ἄξιόν σε ἐν πᾶσι καιροῖς, ὑμνεῖσθαι φωναῖς αἰσίαις, Υἱὲ Θεοῦ, ζωὴν ὁ διδούς, Διὸ ὁ κόσμος σὲ δοξάζει.
    Lumière joyeuse de la sainte gloire du Père immortel, céleste, saint, et bienheureux, ô Jésus Christ. Parvenus au coucher du soleil, voyant la lumière du soir, nous chantons Dieu ; Père, Fils et Saint-Esprit. Il est digne dans tous les temps de te célébrer avec des voix saintes, ô Fils de Dieu qui donne la vie, aussi le monde te glorifie.

  • Tatiana ?

    Le premier nom du martyrologe romain en ce jour est sainte Tatiana. On se dit qu’il est logique que ce ne soit pas une fête dans la mesure où ce nom si russe n’est manifestement pas celui d’une martyre romaine, et puisque de toute façon jusqu’en 1960 (et donc encore dans mon bréviaire…) on était dans l’octave de l’Epiphanie.

    Or, si Tatiana est un prénom très courant dans les pays de l’ancienne Rus’, et seulement chez eux, la sainte était pourtant romaine, d’une famille romaine, et même peut-être d’origine étrusque, et c’est bien à Rome qu’elle a subi le martyre, sous l’empereur Alexandre, autour de 230.

    Mais son culte ne s’y est guère implanté. On sait seulement par une « Notitia portarum, viarum, ecclesiarum circa urbem Romam » du VIIe siècle, reproduite par Guillaume de Malmesbury en appendice de sa grande histoire des rois d’Angleterre (1125) qu’il y avait à Rome une église Sainte-Tatiana, ce qui est confirmé par un catalogue des églises de Rome du XIVe siècle, indiquant une église Sainte-Tatiana près de l’église Sainte-Suzanne sur le Quirinal : « Ecclesia s. Tatianae habet unum sacerdotem. » Elle a (seulement) un prêtre…

    Il semble que cette église n’existait plus dès le siècle suivant, puisqu’on n’en a plus aucune trace.

    Alors sainte Tatiana ne figurait même pas dans le martyrologe. C’est le cardinal Baronius qui l’y ajouta à la fin du XVIe siècle. Il l’inscrivit au 12 janvier parce que c’était la date… du ménologe grec. Sans porter attention, semble-t-il, que c’était selon le calendrier julien (que Rome venait tout juste d’abandonner).

    Aucun rapport particulier avec la Russie jusqu’en 1755. Le 12 janvier de cette année-là (selon le calendrier julien), l’impératrice Elisabeth signe l’ukase de création de l’université de Moscou. Le projet était de Michaïl Lomonossov et Ivan Chouvalov. La mère de ce dernier s’appelait Tatiana, et il avait voulu que l’acte de naissance de l’université soit daté du jour de sa fête (qui était sans doute aussi son anniversaire)…

    Mais il faut attendre encore 1791 pour que le 12 janvier devienne la fête officielle de la fondation de l’université. Alors cela devient le "Jour de Tatiana", la fête des étudiants, avec divine liturgie solennelle, distribution des prix, et en soirée tous les débordements qu’on imagine, non sans une bienveillance exceptionnelle des autorités (les policiers avaient ordre de ramener les étudiants ivres chez eux, et non de les jeter en cellule…).

    Cette grande fête des étudiants est donc à l’origine de la notoriété de sainte Tatiana en Russie. La fête fut supprimée par les bolcheviques, mais elle a repris en 1992 (le… 25 janvier, selon le calendrier… grégorien, alors que le calendrier grégorien a cette fête le 12 janvier… selon le calendrier julien…).

    Le fait qu’il n’y ait pas d’icônes anciennes de sainte Tatiana souligne que le culte est récent. La plupart sont sans intérêt (d'autant que c'est l'icône générique de la jeune martyre dont on ne sait rien de particulier). La plus belle est clairement celle de Léonide Ouspensky, le grand restaurateur de l’iconographie traditionnelle, à… Paris (entre 1950 et sa mort en 1987).

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  • Saint Hygin

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    Jean-Baptiste de’Cavalieri, Pontificum Romanorum effigies, 1580.

    Intéressante notice du cardinal Schuster :

    Après Télesphore, saint Irénée ajoute : ‘Ensuite Hygin’. La commémoration de saint Hygin n’est entrée dans le Missel romain que durant le bas moyen âge, car à Rome, à l’exception des deux Princes des Apôtres, presque tous les martyrs des deux premiers siècles n’avaient laissé anciennement aucune trace de culte liturgique. En effet, les depositiones Episcoporum et Martyrum contenues dans le Laterculus Philocalien ne nous offrent que les noms des pontifes et des martyrs romains du IIIe et du IVe siècles ; comme on ignorait généralement la tombe de ceux qui étaient morts pendant les deux siècles précédents, la station annuelle (natalis) qui aurait dû être célébrée près de leur sépulcre n’est pas même indiquée dans l’antique Férial.

    Cette lacune, parfaitement justifiable, alors que le culte des martyrs avait un caractère éminemment local et sépulcral, et quand le sens matérialiste de la société païenne aurait pu méconnaître encore la signification véritable de la dévotion catholique envers les saints, la calomniant comme une forme nouvelle de religiosité polythéiste, cette lacune, disons-nous, fut comblée au contraire par l’Église, dès que tout danger d’équivoque put être écarté et que la foi rayonna sur tout l’univers.

  • Flos pudicitiae

    On retrouve dans la séquence suivante plusieurs des figures mariales de Ad Jesum accurrite. Mais celle-ci fut beaucoup moins connue. On la trouve dans un livre anglais du XIIIe siècle, intitulée « Cantus de Domina post cantum Aaliz », chant à Notre Dame sur le chant d’Aaliz, mélodie qui était alors célèbre et dont on trouve la mention dans un lai de Marie de France. Or c’est dans le genre du lai qu’est la paraphrase en anglo-normand qui accompagne le texte (reproduit ci-dessous tel qu’il se trouve dans le Thesaurus hymmnologicus de Hermann Adalbert Daniel, Leipzig 1855).

    Flos pudicitiae,
    Aula munditiae,
    Mater misericordiae.

    Fleur de virginité, Sanctuaire de pureté, Mère de miséricorde.

    Salve, Virgo serena,
    Vitae vena,
    Lux amoena,
    Rore plena.

    Salut ! Vierge sereine, source de vie, lumière aimable,

    Septiformis Spiritus,
    Virtutibus
    Ornantibus,
    Ac moribus
    Vernantibus.

    Ornée des vertus de l’Esprit septiforme et de ses mœurs.

    Rosa jucunda,
    Castitatis lilium,
    Prole foecunda,
    Gignis Dei Filium ;
    Virgoque munda
    Tu post puerperium.

    Rose agréable, lis de chasteté, par ta fécondité tu enfantes le Fils de Dieu, et tu restes vierge pure après l’enfantement.

    Modo miro,
    Sine viro,
    Prole fecundaris.
    Summi Ducis,
    Verae lucis
    Partu decoraris.
    Virga, flore,
    Rubo, rore,
    Virgo designaris,
    Vellereque
    Madenteque
    Digna Domini paris.

    Merveilleusement, sans mari, tu es féconde. Du grand Prince, de la vraie lumière, l’enfantement fait ta gloire. Par la branche, la fleur, le buisson, la rosée, est désignée ta virginité, et par la toison et humide tu es digne de mettre au monde le Seigneur.

    Virgo prolem,
    Stella solem,
    Profers, expers paris.

    Vierge, tu produis un Fils, étoile, un soleil, à jamais sans égale.

    Ob hoc rite,
    Via vitae
    Jure praedicaris.

    De cette façon, la Voie de la vie à bon droit nous t’appelons.

    Tu spes et refugium
    Lapsorum humilium :
    Tu medela criminum,
    Salus poenitentium.

    Tu es l’espoir et le refuge des pauvres âmes tombées, tu es le remède des péchés, le salut des pénitents.

    Tu solamen tristium,
    Levamen debilium ;
    Tu purgatrix sordium,
    Confirmatrix cordium.

    Tu es la consolation des affligés, le soulagement des faibles, tu es celle qui purifie les souillures, qui affermit les cœurs.

    Tu laus, tu remedium
    In te confidentium,
    Tu vitale praemium
    Tibi servientium.

    Tu es la gloire et le secours de ceux qui en toi se confient, tu es la récompense pleine de vie pour ceux qui te servent.

    O pia Maria, lapsis advocata,
    Tu cunctis miseris dulcis spes et grata,
    Erige, dirige Corda tuorum,
    Ad pia gaudia regni coelorum.

    Miséricordieuse Marie, avocate de ceux qui ont chuté, tu es douce et gracieuse espérance pour tous les malheureux. Élève, dirige les cœurs des tiens vers les saintes joies du royaume des cieux.

    Quo vere gaudere per te possimus,
    Cum Natoque tuo, regnantes simus.

    Où nous puissions goûter par toi la vraie joie, et régner avec ton Fils.

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  • Dimanche de la Sainte Famille

    C'est aujourd'hui le dimanche de la Sainte Famille. Nous pouvons encore nous mettre à la place des pasteurs de Bethléem qui, ayant reçu l'annonce de l'ange, s'empressèrent d'accourir à la grotte et trouvèrent « Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche » (Lc 2, 16). Arrêtons-nous nous aussi pour contempler cette scène et réfléchissons sur sa signification. Les premiers témoins de la naissance du Christ, les pasteurs, se trouvèrent non seulement en face de l'Enfant Jésus, mais d'une petite famille : la mère, le père et le fils nouveau-né. Dieu a voulu se révéler en naissant dans une famille humaine, et c'est pourquoi la famille humaine est devenue une icône de Dieu ! Dieu est Trinité, il est communion d'amour et la famille en est une expression qui reflète le Mystère insondable de Dieu amour, dans toute la différence qui existe entre le Mystère de Dieu et sa créature humaine. L'homme et la femme, créés à l'image de Dieu, deviennent dans le mariage « une seule chair » (Gn 2, 24), c'est-à-dire une communion d'amour qui engendre une nouvelle vie. La famille humaine, dans un certain sens, est une icône de la Trinité du point de vue de l'amour interpersonnel et de la fécondité de l'amour.

    La liturgie d'aujourd'hui propose le célèbre épisode évangélique de Jésus âgé de douze ans qui reste au Temple, à Jérusalem, à l'insu de ses parents, qui, surpris et inquiets, l'y retrouvent après trois jours alors qu'il discute avec les docteurs. À sa mère qui lui demande des explications, Jésus répond qu'il doit « être dans la propriété », dans la maison de son Père, c'est-à-dire de Dieu (cf. Lc 2, 49). Dans cet épisode, le jeune Jésus nous apparaît plein de zèle pour Dieu et pour le Temple. Demandons-nous : de qui Jésus avait-il appris l'amour pour les « choses » de son Père ? Assurément en tant que fils, il a eu une intime connaissance de son Père, de Dieu, d'une profonde relation personnelle permanente avec Lui, mais, dans sa culture concrète, il a assurément appris les prières, l'amour envers le Temple et les institutions d'Israël de ses propres parents. Nous pouvons donc affirmer que la décision de Jésus de rester dans le Temple était surtout le fruit de sa relation intime avec le Père, mais aussi le fruit de l'éducation reçue de Marie et de Joseph. Nous pouvons ici entrevoir le sens authentique de l'éducation chrétienne : elle est le fruit d'une collaboration à rechercher toujours entre les éducateurs et Dieu. La famille chrétienne est consciente que les enfants sont un don et un projet de Dieu. Par conséquent, elle ne peut pas les considérer comme sa propriété, mais, en servant à travers eux le dessein de Dieu, elle est appelée à les éduquer à une plus grande liberté, qui est précisément celle de dire « oui » à Dieu pour faire sa volonté. La Vierge Marie est l'exemple parfait de ce « oui ». Nous lui confions toutes les familles, en priant en particulier pour leur précieuse mission éducative.

    Benoît XVI