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Jeudi de la Septuagésime

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La lecture liturgique de la Genèse en arrive aujourd’hui à la vie de l’homme après la chute, à savoir… le premier meurtre de l’histoire.

Toute l’Ancien Testament est une annonce de l’Evangile, et l’épisode de Caïn et Abel en est un exemple frappant. Pour quelle raison Dieu reçoit-il le sacrifice d’Abel et pas celui de Caïn ?

La Vulgate dit de façon laconique : « Le Seigneur regarda (respexit) Abel et ses dons, mais il ne regarda pas Caïn et ses dons. » La Septante a deux verbes pour souligner la différence : le Seigneur regarda (ἐπεῖδεν) le sacrifice d’Abel, il ne fit même pas attention (οὐ προσέσχεν) à celui de Caïn.

Le verbe « regarder » a ici évidemment le sens de regarder favorablement, d’approuver. Pourquoi la Bible, dès le début horriblement spéciste et anti-vegan, nous dit-elle que Dieu accueillit favorablement un sacrifice d’agneaux, et pas celui des fruits de la terre ?

On ne peut donner qu’une seule explication : Abel prophétise le sacrifice rédempteur du Christ, le seul sacrifice approuvé par le Père, le sacrifice de l’Agneau. Le Christ lui-même évoque « le sang d’Abel le juste », Abel qui est alors à lui tout seul l’Eglise du Christ ("Ecclesia ab Abel", disent les pères), le premier sacrificateur, et le premier martyr. Le sacrifice d'Abel est l'un des trois commémorés dans le canon de la messe (avec Abraham et Melchisédek). Abel est aussi le premier des cadets bibliques auxquels Dieu donne sa faveur, indiquant qu’un jour ce sont les païens qui hériteront de la grâce d’Israël.

L’illustration en haut est une plaque d'ivoire qui décorait la cathédrale de Salerne construite par Robert de Hauteville dit Guiscard (XIe siècle). Celles qui suivent sont des mosaïques de la cathédrale de Monreale construite par Roger II, le neveu de Robert Guiscard.

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Commentaires

  • Le personnage d'inspiration autobiographique qu'imagine Bloy dans Le Désespéré se prénomme Caïn. Caïn a également inspiré Odilon Redon et naturellement Charles Baudelaire qui s'identifie clairement au personnage. C'est plutôt quelqu'un pour les catholiques troubles d'époques troublées.
    Dans la Genèse, Dieu aime Abel, mais c'est à Caïn qu'il parle. Et malgré la gravité de son crime, il ne le fait pas mourir (contrairement à Onan, par exemple, ou à d'autres qui en avaient fait moins que lui...) Dieu venge Caïn et lui donne même une descendance que doivent rejoindre plus tard (corrigez-moi si je me trompe) celles d'Ismaël et d'Esaü : ce sont les bâtisseurs des villes, mais surtout les types qui vivent dans le désert sous la tente.
    Allez savoir pourquoi Dieu maudit les aînés !

  • Le sujet inspire également Steinbeck puis Kazan, à l'époque où la jeunesse s'émancipe et se voue au culte d'idoles à son image (Elvis Presley, James Dean).

  • Pardon pour cette sottise : "à l'époque où l'on décide d'émanciper la jeunesse en lui offrant des idoles à adorer à son image."
    Cain est à lui-même sa propre idole.

  • La première illustration semble plutôt être une plaque d’´ivoire que de marbre. Non ?

  • Oui, évidemment. Pourquoi j'ai écrit "marbre" alors que j'avais "ivoire" sous les yeux, mystère...

    Merci !

  • Ces mosaïques sont difficiles à photographier en contre-jour entre des fenêtres hautes. Et vous êtes un peu insistant avec cette architecture byzantine, qui a fait son temps. Monreale, mouais, d'accord, si vous voulez.
    Alors que près de chez vous, hein, vous avez ça. C'est autre chose, et on n'est pas emmerdé avec les fenêtres, les croisées, les vitraux ou chais pas quoi :
    https://rennes.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/11/2017/08/170822-Anastasis_1.jpg

  • Comme il y a de la place sur ces grands murs en béton, on pourrait demander à l'UCCGTAT (Union conceptuelle des créateurs géniaux du train et de l'arrière-train) de les décorer avec un truc comme ça :
    https://i.etsystatic.com/6956086/r/il/00b2f6/1215057460/il_fullxfull.1215057460_b3vv.jpg

  • C'est le coeur de Caïn qui devait être mauvais. Il fricotait avec Lucifer et c'est le culte rendu à Lucifer par l'humanité corrompue quelques générations après Adam qui explique le Déluge. Ce culte à Lucifer survécut avec Cham, fils de Noë et père de Canaan. C'est curieux, Noë maudit son petit-fils Canaan et pas son fils Cham.

  • "Race de Caïn, au ciel monte
    Et sur la terre jette Dieu !"
    J'aime par-dessus tout Rimbaud, qui a dû faire son salut. Quant à Baudelaire, je n'en jurerais pas.

  • D'ailleurs ces vers sont mauvais.

  • « C'est curieux, Noë maudit son petit-fils Canaan et pas son fils Cham. »

    Une explication judaïque parmi d'autres :
    https://en.wikipedia.org/wiki/Curse_of_Ham
    « According to Rashi, Ham castrated Noah and prevented him from having a fourth son; therefore, Noah cursed Ham's own fourth son, Canaan. »

    Suite à l'ivresse de Noé, Cham (Ham en anglais) aurait "vu la nudité" signifiant : il aurait castré son père, l'empêchant d'avoir un quatrième fils. Noé ne maudit pas Cham (c'est son fils), mais le quatrième fils de son fils. Genre : « Comme moi, ta descendance (bénie et féconde) sera limitée à trois fils, le quatrième sera maudit. »

    On a le droit d'avoir une opinion différente...

  • Ce n'est pas lui, c'est Loth, qui a engendré les Ammonites ? Eratosthène (-276 à -194), qui en avait trouvé, fossilisées, disait que les montagnes avaient dû être, autrefois, sous les océans. Il avait aussi estimé le méridien terrestre à 20 000 km environ (en stades). Voltaire, pour sa part, pensait que les pèlerins de Saint-Jacques laissaient tomber leurs coquillages un peu n'importe où...
    Qu'en penserait Enthoven ? Je sais (il l'a dit) qu'il aime Merleau-Ponty parce que c'est un nom de cépage (le merlot). Moi, j'aime bien Enthoven parce que quand je pète ça fait du vent :
    https://assets1.fossilera.com/sp/5809/great-britain/dactylioceras.jpg

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