Le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet a évoqué devant l’Association de la presse diplomatique française le « comité de sages » dont l’idée avait été lancée par Nicolas Sarkozy le 27 août devant la conférence des ambassadeurs. Révélation majeure : il ne s’agit plus du tout de la Turquie !
Le président de la République avait explicitement fait de la création de ce comité une condition à la poursuite des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Tout le monde avait vu là le virage pris par Nicolas Sarkozy : « La France ne s’opposera pas » à la poursuite des négociations si un « comité de sages » est constitué pour réfléchir à l ‘avenir et aux frontières de l’Union.
Certes, le champ de réflexion dépasse a priori la question turque. Il n’empêche que la « réflexion » sur l’avenir et les frontières de l’Union ne peut que concerner au premier chef la Turquie , et c’est bien à cause du problème turc que Nicolas Sarkozy a lancé cette idée.
Mais les partenaires de la France, tout en approuvant l’idée d’un « comité de sages », ne veulent pas que celui-ci se transforme en instance chargée de se prononcer sur l’adhésion de la Turquie.
C’est pourquoi Jean-Pierre Jouyet explique que le comité devra réfléchir « au type de relations que l’Europe doit avoir avec un certain nombre de voisins, à l’est mais aussi au sud » en termes généraux, et, poursuit-il : « Nous n’avons pas mentionné la Turquie , parce que ce n’est pas le but de ce groupe de sages. »
On va donc parler des relations entre l’UE et « l’est » de l’UE sans parler de la Turquie.. .
Mais puisque le comité existera, on pourra continuer les négociations avec la Turquie.
Quelle hypocrisie.
En outre, le groupe devra être limité à une douzaine de membres, afin de ne pas donner le sentiment d’une « relance du débat institutionnel » ou d’une « nouvelle phase de négociations » entre les 27 Etats membres. Rien à redire ici, dans la mesure où effectivement il n’y a besoin d’aucune réforme institutionnelle pour dire que la Turquie , n’étant pas européenne, ne peut pas faire partie de l’Union européenne. Mais Jean-Pierre Jouyet ajoute que le comité devra être « le plus varié possible », représenter « toutes les sensibilités » (vraiment ?) avec des personnalités de la société civile, de l’université, des médias, du monde syndical, et aussi il devra refléter les vues des plus petits pays de l’UE, des pays d’Europe centrale et des pays Baltes...
Comment 12 personnes peuvent-elles représenter à la fois 27 Etats et « toutes les sensibilités » de la société de chacun de ces 27 Etats ?
On nous prend vraiment pour des imbéciles.