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Turquie

  • Le torchon brûle entre la Turquie et l’Egypte

    Le gouvernement égyptien a expulsé samedi l’ambassadeur de Turquie, et la Turquie a fait de même avec l’ambassadeur d’Egypte.

    « Je ne respecterai jamais ceux qui accèdent au pouvoir grâce à un coup d'Etat militaire », a répété Erdogan, l’islamiste qui a réussi à mettre au pas la puissante armée turque…

    Ce rappel d’ambassadeurs avait déjà eu lieu après le démantèlement sanglant, le 14 août, des campements dressés au Caire par les partisans de Mohamed Morsi.

    Il est bien loin, déjà (ou pour le moment…), le temps où Erdogan faisait une tournée triomphale en Egypte, en Libye et en Tunisie, dans une ambiance de grand retour de l’empire ottoman…

  • Un nouveau chapitre turc

    La présidence lituanienne de l'Union européenne a annoncé ce matin l'ouverture d'un nouveau chapitre dans les négociations d'adhésion avec la Turquie.

    Les ministres des Affaires européennes des 27, obéissant à la « recommandation » de la Commission européenne, ont « décidé » d’ouvrir, le 5 novembre, le chapitre de la politique régionale. Ce sera le 14e sur 35. (Un seul a été conclu.)

    Il y avait trois ans que les négociations étaient au point mort. Rappelons que la Turquie ne reconnaît pas la République de Chypre, l’un des Etats membres de l’UE, ce qui devrait suffire à empêcher toute négociation d’adhésion, outre le fait que la Turquie n’est pas un pays européen.

    Ces dernières années, le gouvernement turc paraissait se tourner plutôt vers l’Orient et la côte nord de l’Afrique. Mais l’évolution des « révolutions arabes » fait que le rêve néo-ottoman d’Erdogan a du plomb dans l’aile…

  • L’UE grotesque (comme d’habitude)

    Les 27 ont décidé, comme prévu, d’ouvrir un nouveau chapitre de négociation avec la Turquie, mais pas ce 26 juin, contrairement à ce qui était programmé : il sera ouvert seulement à l’automne, à cause de la répression des manifestations…

    Na. Et les Turcs sont très embêtés. Euh, non. Ils sont très contents de voir que « le train Turquie-UE » va pouvoir « avancer à toute vitesse »…

  • A propos de la Turquie

    Les commentaires de la grosse presse sur ce qui se passe en Turquie sont d’une puérilité qui dépasse tout ce qu’on avait vu de la sorte jusqu’ici.

    On s’enthousiasme des contestataires de la place Taksim et l’on s’étonne que le gouvernement puisse résister, au mépris de la démocratie.

    Parce que sans doute n’a-t-on jamais vu un gouvernement « démocratique » résister, non pas à quelques milliers de contestataires, mais à des millions.

    Puis l’on s’indigne de la répression, de l’usage de gaz lacrymogènes pour déloger les manifestants, signe d’une terrifiante dictature. (Fin de notre lune de miel avec les « islamistes modérés »...)

    Parce que sans doute on n’a jamais vu de gouvernement « démocratique » utiliser des lacrymogènes pour déloger des manifestants.

    Ou simplement reprendre légitimement le contrôle d’un lieu public.

    Ce que l’on voit en Turquie est simplement l’illustration d’une réalité qui, forcément, fait et fera des étincelles. C’est qu’il y a deux Turquies, sur le plan humain comme sur le plan géographique : une Turquie européenne, c’est-à-dire européanisée, la Turquie urbaine qui vit globalement comme on vit à Paris, et une Turquie profondément orientale, islamique et de plus en plus islamique, vivant selon les traditions ancestrales du « crime d’honneur » et de la charia pour tous.

    Tant qu’il en sera ainsi, le gouvernement de l’AKP ne craindra rien. Car, sur le plan humain comme sur le plan géographique, la Turquie occidentale est toute petite, et la Turquie orientale est ultra majoritaire : la « démocratie » dont se réclament les contestataires est donc le moyen le plus efficace pour garder au pouvoir les islamistes…

  • Des chaldéens retournent en Turquie

    Après des négociations conduites en France et en Belgique, 27 familles chaldéennes originaires de Turquie s’apprêtent à retourner dans les zones qu’elles avaient quitté dans les années 1990 notamment pour fuir les affrontements entre l’armée turque et les guérilleros kurdes du PKK. Le programme de contre-exode, appuyé par les autorités turques, vise à repeupler un certain nombre de villages dans le district de Silopi, dans la province de Şırnak. C’est de là en effet que plus de 4.000 chrétiens chaldéens et syriaques avaient fui pour trouver refuge dans différents pays européens. Petrus Karatay, un chaldéen responsable du Comité de coordination de l’opération retour, a déclaré à l’agence Fides que l’initiative pourrait impliquer un nombre croissant de chrétiens si ceux qui reviennent se voient garantir des conditions de vie décentes et stables. « Nous considérons positives les invitations au retour qui sont adressées par les autorités aux citoyens non musulmans qui vivent à l’étranger », souligne-t-il.

    Paradoxalement, cette politique est directement en lien avec le néo-ottomanisme du gouvernement AKP. Les dirigeants turcs se souviennent que l’empire ottoman avait de fortes minorités chrétiennes…

    Sans doute est-ce aussi une pique à Bagdad et à Damas – les autres capitales du califat : pendant que vos chrétiens fuient, nous faisons revenir les nôtres… Le bon calife est celui qui protège les minorités…

    Cela dit, on remarquera que l’appel s’adresse aux citoyens turcs. Or la grande majorité des chaldéens de France d’origine turque, qui sont chez nous depuis bien plus longtemps que les années 90 (souvent depuis le « génocide arménien » qui fut aussi un génocide assyro-chaldéen), sont français depuis plusieurs générations. Il en est de même, évidemment, des arméniens disséminés dans le monde depuis le génocide que les Turcs ne reconnaissent toujours pas.

  • Erdogan écrit l’histoire

    Le 29 mai est chaque année jour de fête et de célébrations nationales en Turquie : c’est l’anniversaire de la prise de Constantinople et du massacre de sa population chrétienne par les Ottomans, le 29 mai 1453.

    Parmi les événements du 29 mai 2013, la pose de la première pierre (ou plutôt la première coulée de ciment) d’un troisième pont à Istanbul pour une nouvelle autoroute traversant le Bosphore.

    Avec la conquête de Constantinople, les musulmans ottomans avaient ouvert la voie à un « âge des lumières » (sic), et « aujourd’hui encore nous écrivons l’histoire », a déclaré le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

    Tandis que le président Abdullah Güll indiquait que le pont porterait le nom de Sélim Ier Yavuz, le premier Ottoman à porter le titre de calife, et qui fit donc d’Istanbul le centre du califat.

    « Selim Yavuz meurt le 20 septembre 1520 d'un cancer à cinquante ans alors qu'il prépare une expédition contre l'île de Rhodes. Il laisse à son fils Süleyman, futur Soliman le Magnifique, un empire en pleine expansion qui s'étend sur l'Europe, l'Asie et l'Afrique. » (Wikipedia)

  • Van Rompuy et la Turquie

    En visite à Ankara, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a déclaré qu’il voulait « revigorer » le processus d’adhésion de la Turquie, et qu’« après un moment d’arrêt » il allait y avoir « un nouvel élan qui se traduira bientôt par un pas en avant concret » : « Nous verrons bientôt l’ouverture d’un nouveau chapitre de négociation. »

    Il a dit encore : « J’ai confiance qu’une signature rapide par la Turquie de ce que l’on appelle l’accord de réadmission avec l’UE nous permettra d’avancer rapidement dans la voie conduisant à la suppression des visas pour les citoyens turcs. Le progrès peut être rapide. Les voyages sans visa donneraient à notre relation un nouvel élan. »

    Curieusement, il me semble qu’on ne voit pas ces propos dans la presse française…

  • Le retour de l’empire ottoman : les Turcs insistent

    Le ministre des Affaires étrangères de Turquie, Ahmet Davutoglu, est revenu sur le rêve néo-ottoman que les Turcs sont en train de commencer à réaliser. Soulignant que la Turquie est de nouveau très présente dans les Balkans, il a déclaré qu’il était temps de reconstituer l’empire ottoman :

    « Sans aller jusqu'à la guerre, nous pourrons de nouveau lier Sarajevo à Damas, Benghazi à Erzurum et à Batoumi. Le siècle dernier n’a été qu'une parenthèse pour nous. Nous allons clore cette parenthèse. Nous allons le faire sans aller à la guerre, ou nommer des ennemis, sans manquer de respect aux frontières, nous allons à nouveau relier Sarajevo à Damas, Benghazi à Erzurum à Batoumi. C'est le cœur de notre pouvoir. Ils vous semblent des pays différents à vos yeux, mais le Yémen et Skopje faisaient partie d'un même pays il y a 110 ans, ou Erzurum et Benghazi. Quand nous disons cela, ils l'appellent "le nouveau ottomanisme". Ceux qui unissent l'ensemble de l'Europe ne deviennent pas des nouveaux Romains, mais ceux qui unissent la géographie du Proche Orient sont appelés des nouveaux Ottomans. C'est un honneur d'être de nouveau appelés Ottomans. »

  • L’UE rend fou

    Le commissaire européen à l’Energie, Günther Oettinger, a déclaré : « Je suis prêt à parier que, dans la prochaine décennie, un chancelier allemand ou une chancelière, avec son homologue français, ramperont sur leurs genoux à Ankara pour demander aux Turcs : Amis, venez avec nous. »

    Le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, s’est empressé de répondre : « Je ne sais pas s’ils viendront en rampant ou s’ils tomberont à genoux, mais il y a une chose que je sais de façon certaine, c’est qu’ils céderont. »

    José Manuel Barroso a cru nécessaire de préciser que la sortie de Günther Oettinger était « son opinion personnelle et non celle de la Commission européenne »…

    Günther Oettinger, pourtant ancien ministre-président du Bade-Wurtemberg, pourrait déjà apprendre que le chancelier allemand n’a pas d’« homologue » français.

  • UE-Turquie : ça repart, grâce à Hollande…

    Laurent Fabius a déclaré hier que le gouvernement français était « favorable » à l’ouverture d’un nouveau chapitre de négociations entre l’UE et la Turquie, le chapitre 22 sur la politique régionale. Ce qui pourrait se faire dès cette semaine si aucun pays n’y met de veto. Or le seul veto aurait été français. Car, malgré la très hypocrite égalité des pays de l’UE dans les institution européennes, Chypre n’a évidemment pas les moyens d’opposer un veto toute seule (comme on l’a déjà vu à plusieurs reprises). En outre Chypre est aujourd’hui plongée dans une terrible crise. En outre il y aura dimanche prochain une élection présidentielle. Le moment n’a pas été choisi au hasard…

    Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, a souligné que la France souhaitait « apporter un nouvel élan aux relations entre l'Union européenne et la Turquie », comme en écho à la réaction immédiate du commissaire européen à l’élargissement, Stefan Fuele, qui a twitté : « Le signal que la France est prête pour que l’UE reprenne les discussions sur la politique régionale avec la Turquie ajoute à l’élan qui doit faire de 2013 un tournant dans nos relations. »

    On rappellera qu’il y a toujours 35.000 soldats turcs dans la partie occupée de Chypre, et que la Turquie interdit toujours l’accès à ses ports et aéroports aux bateaux et avions chypriotes. Ce qui fait que, quand même, la Commission européenne elle-même a mis son veto à un certain nombre de chapitres.