L’assemblée générale quadriennale de la Caritas Internationalis se tient à Rome du 12 au 17 mai. La séance inaugurale a été présidée par le cardinal Maradiaga, président sortant et grand ami de François, flanqué de Gustavo Guttierez, le père de la soi-disant « théologie de la libération ». Inutile de dire que le dominicain Guttierez, 86 ans, était la vedette du spectacle. « Il y a eu un dialogue, très critique, c'est vrai, parfois difficile », avec le Vatican, reconnaît-il. C’est-à-dire avec le cardinal Ratzinger, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Mais « je crois que maintenant, avec le témoignage du pape François, c'est plus clair : (…) François a expliqué que l'option préférentielle pour les pauvres est une question théologique. Vous pouvez ouvrir la Bible et le thème des pauvres est là, dans le premier testament, dans le second testament (sic). On trouve les pauvres, pas les théologiens. » Sic.
Il n’est pas inintéressant de constater que Guttierez reconnaît que Mgr Romero n’est pas un martyr de la foi, comme je l’avais remarqué. Mais bien sûr, au lieu de déplorer l’incongruité de cette béatification pour « martyre », il s’en félicite : « Le sens du martyre a changé », les nouveaux martyrs sont ceux qui « ont témoigné de la justice, de la dignité humaine ».
Bref il n’y a plus rien de religieux, de spirituel. On est dans l’horizontalité (marxiste) de la lutte sociale.
Face à la dérive de la Caritas, Benoît XVI avait dû taper du poing sur la table. En 2011, il avait interdit à Lesley-Ann Knight de se représenter au poste de secrétaire général, il avait interdit au dominicain Timothy Radcliffe de prononcer son discours, il avait envoyé trois cardinaux remettre les pendules à l’heure, au premier chef le cardinal Sarah, président du conseil pontifical Cor Unum, dont dépend la Caritas, et il avait lui-même prononcé un discours sans complaisance.
Tout cela est aujourd’hui, seulement quatre ans après, bien oublié. François a nommé le cardinal Sarah préfet de la congrégation pour le culte divin, non pas pour combattre les dérives liturgiques, dont il se moque éperdument, mais pour que le cardinal (qui sait, lui, ce qu’est la pauvreté) arrête de mettre des bâtons dans les roues d’une Caritas transformée en ONG gauchiste. Et il s’est bien gardé de nommer un nouveau président de Cor Unum, afin que le cardinal Maradiaga ait les coudées franches.
Mais celui-ci était en fin de mandat, il a fallu lui trouver un successeur. Lequel devait être le cardinal Tagle, poulain de François. Et bien entendu le cardinal Tagle s’est présenté comme l’avocat des pauvres voulant aller dans les périphéries…
Un autre candidat a osé se présenter : l’archevêque maronite Joseph Soueif, proposant un programme basé sur les nouveaux statuts de la Caritas issus du motu proprio de Benoît XVI…
Le cardinal Tagle a obtenu 91 voix sur 133, refermant ainsi la parenthèse que Benoît XVI n’avait en fait pas réussi à ouvrir.
Le cardinal Tagle qui n’était même pas là, car il était à Chicago pour recevoir un doctorat honoraire de l’Union théologique catholique, un des instituts américains les plus « libéraux »...
Sources: Benoît et moi et Rorate Caeli.
On lira d’autre part le commentaire tonique de Riccardo Cascioli sur les propos débiles du cardinal Maradiaga à propos du réchauffement climatique.