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A propos de Ploërmel

Je n’avais pas l’intention d’évoquer le nouvel épisode de l’affaire de la statue de Jean-Paul II à Ploërmel, mais il circule tellement d’âneries sur internet que je me sens contraint de rappeler ce que j’ai déjà dit en d’autres circonstances.

Il est vain, et surtout erroné, de s’en prendre aux juges ou à la justice. Mais c’est beaucoup plus grave que cela. Ce qu’on lit un peu partout ne relève pas seulement d’une erreur juridique, c’est d’abord une méconnaissance de ce que sont les « valeurs de la République ». Or on ne peut pas critiquer de façon crédible l’idéologie des « valeurs de la république » si l’on ne sait pas ce qu’elles sont en matière de « laïcité ».

Les juges ne font qu’appliquer la loi :

Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions.

Ce ne sont donc pas les juges qui sont en cause, c’est la loi. C’est elle qu’il faut contester. Or cette loi est celle qui « fonde la laïcité », qui est l’une des principales « valeurs de la République ». La laïcité, cela consiste donc notamment à interdire d’ériger quoi que ce soit de religieux dans l’espace public. Où l’on voit clairement que la « laïcité » est un combat anti-religieux, et spécifiquement anti-catholique. C’est cela qu’il faut dire, et non en rester à la critique d’un jugement qui n’est pas critiquable au vu de la loi.

D’autre part, cela devient pénible de lire que s’il en est ainsi il faut démolir aussi les églises qui sont dans l’espace public, et les croix des carrefours, et celles des cimetières, et enlever les tableaux religieux des musées, etc. La loi dit explicitement que tout cela n’est pas en cause. Il s’agit uniquement d’interdire « à l’avenir », à partir de 1905, tout nouveau signe religieux dans l’espace public. L’article 28 de la loi de 1905 est un coup d’arrêt signifié à l’Eglise, en attendant qu’elle disparaisse par le jeu des autres dispositions de la loi.

Commentaires

  • Yves-Marie Adeline vient de publier aux éditions Via romana, en ce mois de mai 2015, un nouveau livre de philosophie politique intitulé « Philosophie de la royauté », succédant au « Pouvoir légitime », au « Royalisme en questions », à « La Droite où l’on n’arrive jamais », à « La Droite impossible », à l’ « Histoire mondiale des idées politiques », où il traite, p. 237 et 238, de la laïcité et du laïcisme, de leurs origines, de leurs différences et de l’incohérence qu’il y a, pour un chrétien, à adhérer au laïcisme révolutionnaire.

    LE LAÏCISME IMPOSSIBLE

    « La laïcité est une invention chrétienne, et même avant le christianisme : une invention judaïque, davidique, quand à l’époque de Samuel, Israël sort de la judicature et se donne un pouvoir royal civil indépendant de l’autorité religieuse (le roi Saül, puis David). Mais le laïcisme, lui, est révolutionnaire : il consiste en ce que le pouvoir politique refuse toute légitimité aux autorités religieuses et tout lien nécessaire entre ses lois et les lois morales.

    C’est ce qui oppose Antigone et Créon : la première entend désobéir à l’édit du chef légitime, elle s’autorise donc à enterrer le cadavre de son frère, en vertu d’une loi supérieure aux lois humaines : un homme, même un traître, a le droit d’être enterré après son supplice.

    C’est également ce qui rend le laïcisme théoriquement impossible dans le christianisme. Les chrétiens professent qu’il n’existe pas d’autre issue que de refuser l’indifférentisme religieux au nom duquel une cité n’aurait pas d’autre but que de vivre pour elle-même. Le laïcisme absolu, de type révolutionnaire, contribue à faire de la nation une chose-en-soi, désincarnée, déshumanisée, n’ayant pas d’autre projet que d’exister, comme une plante, une pierre, un atome, toutes ces choses qui sont utiles à la vie elle-même, mais seulement à la vie ; tandis que la nation est composée, selon la foi, de chairs renfermant des âmes, des êtres appelés au surnaturel, promis à l’Au-delà. En d’autres termes, le laïcisme (non plus seulement la laïcité) des États et l’indifférentisme des hommes de foi sont encore une forme de vitalisme, de naturalisme, c’est-à-dire d’abdication de l’esprit au profit de la bête. Ainsi, l’Écriture enseigne que Babel fut détruite par la main de Dieu, précisément parce que la référence commune de ses bâtisseurs était eux-mêmes, et non pas Dieu. Babel, œuvre commune, et signe magnifique du génie humain, devenait une idole, une transposition de l’homme à la pierre : un transport de l’homme non pas par la matière vers l’esprit, mais au contraire, par l’esprit, par la science, vers la matière. Le Grand Destructeur de Babel est le premier à nous avoir fait comprendre que science sans conscience n’est que ruine de l’âme. De même que l’homme n’est pas fait pour la science, il n’est pas fait non plus pour la cité : ce sont la cité, la science qui, inversement, doivent servir l’homme, en tant qu’être doué d’une âme orientée vers l’infini. »

  • "C’est également ce qui rend le laïcisme théoriquement impossible dans le christianisme"
    Personnellement, je pense que la distinction laïcisme/laïcité*" n'est pas fondée.
    *Laïcité d’un État. "Laïcité" ne devrait s'appliquer qu'au statut "laïc" d'une personne, par opposition à "clerc".

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