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  • Le président du Liberland arrêté

    Le président du Liberland, Vit Jedlicka, a été arrêté samedi alors qu’il entrait dans son pays… pour la première fois depuis la proclamation de l’indépendance.

    Vit Jedlicka et son interprète avaient d’abord été repérés par une patrouille de la police dans un village situé à 3 km de la frontière. Ils ont expliqué qu’ils avaient l’intention de franchir la frontière de façon légale (puisque c’est le président et qu’il a un document prouvant sa citoyenneté liberlandaise…).

    Les policiers les ont laissé partir, mais les ont arrêté au moment où ils allaient franchir la frontière. A pied.

    Parce que c’est la frontière de l’UE et de l’espace Schengen (l’enclave est théoriquement serbe) et qu’ils n’avaient pas les papiers qui le leur permettent.

    Vit Jedlicka a souligné l’ironie du fait : se faire arrêter quand on passe la frontière dans ce sens-là alors que si nombreux sont ceux qui passent les frontières de l’UE dans l’autre sens sans se faire arrêter…

    Vit Jedlicka a été transféré à la prison de Beli Manastir, et il a été présenté à un juge, auquel il a expliqué la situation, et il a voulu discuter avec lui du fonctionnement futur du Liberland et de la protection de sa frontière du côté croate. Mais le juge s’est déclaré incompétent. Et comme en réalité Vit Jedlicka n’avait pas franchi la frontière, il a été libéré.

    L’incident a permis de constater qu’il y a désormais des patrouilles de police près de la frontière pour empêcher les Liberlandais d’entrer dans leur pays, et même des patrouilles fluviales sur le Danube, conjointement avec les Serbes, pour empêcher les Liberlandais d’arriver par le fleuve…

  • La messe LGBT de Londres

    Le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster, a été hier le premier cardinal à « présider » la « messe LGBT » de Londres.

    Cette messe existe depuis 1999. En 2013 elle a été transférée de l’église de l’Assomption et Saint-Grégoire à l’église de l’Immaculée Conception. Et théoriquement intégrée à la liturgie paroissiale comme une messe ordinaire.

    Mais le lobby lui a conservé sa spécificité, d’autant que l’église de l’Immaculée Conception est devenue aussi le siège du « conseil pastoral des catholiques LGBT de Westminster ». Lequel a annoncé que « le cardinal Vincent Nichols présidera la messe accueillant les catholiques LGBT, leurs parents et leurs familles ».

    Les services de l’archevêché ont mollement démenti qu’il s’agisse d’un messe LGBT, en disant que ce n’était pas une messe pour les « homosexuels catholiques », mais que le cardinal Nichols allait « célébrer la messe habituelle de la paroisse, à laquelle seront présents les paroissiens (messe qui a aussi le souci pastoral des gens qui ont une attirance pour le même sexe) ». Sic.

  • Saint Philippe et saint Jacques

    Saint Jacques est présent dans la liturgie de ce jour par le début de son épître, qu’on lit de nouveau aux matines (comme au 4e dimanche). Saint Philippe est présent dans l’évangile, et par les antiennes des heures, qui en sont tirées. La première antienne est la demande de Philippe à Jésus de lui montrer le Père. Les autres sont la réponse de Jésus, sauf la quatrième qui est la réponse préalable à Thomas, entraînant la question de Philippe.

    Domine, ostende nobis Patrem, et sufficit nobis, alleluia.

    Seigneur, montre-nous le Père, et il nous suffit, alléluia.

    Philippe, qui videt me, videt et Patrem meum, alleluia.

    Philippe, qui me voit, voit aussi mon Père, alléluia.

    Tanto tempore vobiscum sum, et non cognovistis me? Philippe, qui videt me, videt et Patrem meum, alleluia.

    Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, qui me voit, voit, aussi mon Père, alléluia.

    Si cognovissetis me, et Patrem meum utique cognovissetis, et amodo cognoscetis eum, et vidistis eum, alleluia, alleluia, alleluia.

    Si vous m’eussiez connu, vous auriez donc connu mon Père ; mais bientôt vous le connaîtrez, et vous l’avez déjà vu, alléluia, alléluia, alléluia.

    Si diligitis me, mandata mea servate, alleluia, alleluia, alleluia.

    Si vous m’aimez, gardez mes commandements, alléluia, alléluia, alléluia.

    Ce lundi est aussi le premier jour des Rogations. On constate que la liturgie des deux apôtres, qui prime, n’est pas étrangère aux Rogations, puisque ce qui est central dans l’évangile est une demande de Philippe, et qu’à la fin de l’évangile Jésus dit à ses apôtres :

    Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.

    En outre, l’antienne du Magnificat, prise d’un autre chapitre de saint Jean, du discours sur la vigne, est sur le même thème :

    Si manseritis in me et verba mea in vobis manserint, quodcumque petieritis, fiet vobis, alleluia, alleluia, alleluia.

    Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, tout ce que vous demanderez il vous sera fait, alléluia, alléluia, alléluia.

  • 5e dimanche après Pâques

    Allelúia. Exívi a Patre, et veni in mundum : íterum relínquo mundum, et vado ad Patrem. Allelúia.

    Allelúia. Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde, et je vais auprès du Père. Alléluia.

    (…) Notre Seigneur parlait de lui-même en disant qu’il était venu du Père et qu’il retournait au Père mais il ne le disait pas sans penser à ses membres qui ne font qu’un avec lui. Eux aussi viennent de Dieu en ce sens qu’ils ont été de toute éternité portés dans la pensée divine et prédestinés à vivre la vie du Christ à telle époque, dans telle contrée ; et, leur vie achevée, ils quittent le monde et vont vers le Père pour leur éternelle béatitude. Nous pouvons donc, tout en les mettant sur les lèvres du Christ, faire nôtres ces paroles et chanter sur elles le cycle de notre vie errante.

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    La mélodie est faite d’un seul motif qui va du ré au sol et du sol au ré, presque toujours par degrés conjoints. Ce motif revêt deux formes.

    A travers ces montées et ces descentes, légères, fluides, toujours les mêmes et sans cesse répétées (15 fois dans l’ensemble de l’Alléluia et du verset) la voix du Christ nous vient comme de très haut, planant au-dessus du temps, au-dessus des événements, au-dessus de ses disciples, au-dessus de la peine qu’ils ont de le voir partir, au-dessus de nos désirs trop humains à nous aussi, qui voudrions tant qu’il fût là avec son corps de chair. Et elle chante la seule chose qui importe : le mouvement dans lequel tout être doit avoir son mouvement s’il veut atteindre sa fin : venir du Père, aller au Père. Et pour la chanter, elle a l’expression de ce qui dure : de la joie qui a sa plénitude. C’est une voix de contemplation, la voix de quelqu’un qui est fixé sur son objet, sur son bien ; la voix du Christ ressuscité qui juge tout dans sa sagesse infinie, du Christ heureux dans la volonté du Père qui l’a envoyé et qui le rappelle.

    Dom Ludovic Baron

    (Chant par les moniales de Jouques)

  • Quelques petites choses chez Osty

    Continuant à lire la Bible Osty au rythme que suggère la liturgie (les deux dernières semaines l’Apocalypse, cette semaine l’épître de saint Jacques), non sans avoir devant moi le texte grec et latin, je découvre quelque chose d’ahurissant. Il ne s’agit plus de tordre le sens des mots, ou de leur inventer une signification fantaisiste, mais carrément de changer le mot parce qu’on ne comprend pas celui de la Sainte Ecriture…

    C’est dans l’épître de saint Jacques, 4,2 :

    « Vous tuez », qui est le texte de tous les manuscrits, a paru hors de situation et a été « amendé » par une correction célèbre d’Erasme, qui a proposé de lire : « vous enviez » (phtoneïté au lieu de phoneuété).

    Je ne sais pas si la « correction » d’Erasme est « célèbre » chez les exégètes, mais je n’en trouve aucune trace sur internet, sauf dans les œuvres d’Erasme lui-même, qui corrige en effet sans vergogne, et se permet de dire :

    Je ne vois pas comment ce mot, vous tuez, peut faire sens. Peut-être fut-il écrit phtoneïté, c’est-à-dire « vous enviez », et qu’un scribe sommeillant aurait écrit phoneuété à la place de phtoneïté, surtout que vient ensuite [trois versets plus loin] : « l’esprit convoite jusqu’à l’envie ».

    Il y a une autre Bible qui « corrige » ainsi : la Pirot-Clamer, et c’est donc là que le chanoine a trouvé la « correction ».

    Laquelle est absolument illégitime, car comme le dit Osty lui-même, TOUS les manuscrits grecs ont phoneuété, et TOUS les manuscrits latins ont occiditis : vous tuez. Tous sans exception.

    Certes, la phrase est difficile. Mais ce n’est pas la seule de saint Jacques :

    Vous convoitez et vous n'obtenez pas; vous tuez, et vous êtes envieux, et vous ne pouvez pas obtenir; vous avez des querelles et vous faites la guerre, et vous n'obtenez pas, parce que vous ne demandez pas. (Traduction Fillion)

    On peut remarquer qu’il s’agit de la façon sémitique de parler, où les comparatifs sont remplacés par des oppositions exacerbées. Comme lorsque Jésus dit : « Si quelqu’un vient à moi et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme », etc. Dans la Bible, tuer, répandre le sang, se dit d’actions mauvaises qui ne sont pas des meurtres.

    D’autre part, la Bible de Jérusalem (la première, ou parmi d’autres, je ne sais pas) a astucieusement résolu la difficulté en modifiant la ponctuation habituelle (il n’y a pas de ponctuation dans les manuscrits) :

    Vous convoitez et ne possédez pas? Alors vous tuez. Vous êtes jaloux et ne pouvez obtenir? Alors vous bataillez et vous faites la guerre. Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas.

    Quoi qu’il en soit, la solution se trouve dans les mots de la Sainte Ecriture, et non dans une « correction » de la parole de Dieu…

    (Addendum. C'était pour moi une découverte. J'ai constaté ensuite qu'Osty, comme d'ailleurs ses confrères, "corrige" souvent le texte hébreu de l'Ancien Testament, ou même l'invente - il "conjecture"...)

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    Dans l’Apocalypse, 13,8, Osty, comme beaucoup d’autres, rejette la traduction « l’agneau immolé depuis l’origine du monde », « malgré la beauté du sens ainsi obtenu », dit-il. Sous prétexte que dans le chapitre 17 il est question aussi de ceux dont le nom « n’est pas inscrit dans le livre de vie » et que l’expression « depuis la fondation du monde » vient juste après. Donc il faudrait comprendre aussi au chapitre 13 « ceux dont le nom ne se trouve pas écrit, depuis la fondation du monde, dans le livre de vie de l’Agneau égorgé ».

    On remarquera que pour imposer ce sens il faut modifier l’ordre des expressions. Parce que l’ordre authentique du texte appelle l’interprétation traditionnelle : « ceux dont le nom n’est pas écrit dans le livre de vie de l’Agneau qui est immolé depuis l’origine du monde ». En grec la suite de génitifs rend la chose encore plus nette.

    Il paraît qu’on trouve ici ou là, notamment chez saint Ambroise (mais où ?), l’interprétation moderne. Mais ce qui est certain est que l’interprétation de très loin la plus courante chez les pères est l’interprétation, ou plutôt, la lecture traditionnelle, qui ouvre une perspective théologique magnifique. Que l’on trouve à quelques chapitres de distance les mêmes deux expressions, différemment agencées, ne suffit pas à établir qu’elles doivent être comprises de la même manière.

    Je suis toujours sidéré de voir les nains d’aujourd’hui se dresser devant l’armée des géants d’autrefois et leur dire qu’ils sont nuls.

    *

    En avance sur la semaine prochaine, pour préparer la lecture de la première épître de saint Pierre, cette affirmation péremptoire :

    La bonne qualité de la langue et du style interdit d’attribuer la rédaction de la dite épître à un enfant de la Galilée.

    Et hop, trop bouseux le Simon-Pierre – même s’il prêchait évidemment en grec à Antioche puis à Rome, et avec une « bonne qualité de langue et de style », sinon personne ne l’aurait écouté. Et, n’en déplaise aux misérabilistes, saint Pierre n’était pas un « pauvre » des « périphéries ». Il avait avec son frère une entreprise de pêche et il habitait en ville, à Capharnaüm, où les transactions commerciales se faisaient en grec. Rappelons que dès le siècle précédent TOUTES les inscriptions funéraires juives que l’on a retrouvées sont en grec : deux tiers seulement en grec, un tiers en grec et dans une langue sémitique.

    (Le chanoine considère toutefois que la substance de l’épître est bien de saint Pierre, mais que le texte a été écrit en grec par Silvain – puisqu’il dit : « C’est par Silvain que je vous écris ces quelques mots »…)

  • Le soi-disant "art" bobo au service de l’islam

    Il y a un « artiste » qui s’appelle Christoph Büchel, spécialisé dans la reconstitution de poubelles et de débarras. Il est islando-suisse, parce que la double nationalité c’est intéressant.

    Christoph Büchel représente l’Islande à la biennale de Venise. Pour changer des décharges publiques qu’il affectionne, il a inventé une autre « installation » : faire d’une église (désaffectée) de Venise une mosquée. Et de l’appeler « La Mosquée », en anglais bien sûr : « The Mosque ».

    Donc il a mis en tapis en direction de La Mecque et a recouvert les murs de panneaux avec des versets du Coran. Sur l’autel le crucifix a été remplacé par un mirhab. Pour entrer les hommes doivent se déchausser et les femmes se voiler. L’imam de Venise viendra y faire la prière vendredi prochain… Et les musulmans rêvent de voir l’église Notre-Dame de la Miséricorde devenir une mosquée permanente : la première mosquée de Venise…

  • Trop c’est trop

    Je ne voulais pas commenter le coup de fil de François à Emma Bonino pour qu’elle « tienne bon » (dans sa « lutte contre le cancer »), parce que c’est fastidieux et déprimant de suivre au jour le jour les obscénités du souverain pontife. Je ne vois pas d’autre mot en effet, quand il s’agit de cette propension à téléphoner aux plus pourris des pourris pour les réconforter… et les conforter dans leur pourriture et leur permettre de s’offrir un nouveau tour de piste : « Le pape m’a téléphoné. »

    Mais trop c’est trop. Non seulement le pape a téléphoné à Emma Bonino, mais j’apprends qu’il l’a invitée à « assister au Vatican à la rencontre du Pape avec des milliers d'enfants - organisé par la "Fabrique de la Paix" - afin d'"œuvrer avec lui à la réalisation d'un grand rêve : édifier un monde de paix, tolérance et accueil ».

    C’est lundi prochain, 11 mai, que Emma Bonino sera donc au Vatican, et montrée aux enfants comme une de ces personnalités qui œuvrent avec le pape pour un monde de paix et d’accueil.

    Vous l’entendez, le fou rire du diable ? Il s’en étrangle, il s’en étouffe, mais il n’en meurt pas. Il se demande ce qu’il va pouvoir inventer d’encore plus diabolique à inspirer à François.

    Quand j’ai découvert Emma Bonino, elle était commissaire européen à la Pêche. Et elle mettait en application de façon implacable la politique d’éradication de la pêche artisanale, sans la moindre considération des drames humains, avec un mépris glacial et pleinement assumé des pêcheurs et de leurs familles. Je ne savais pas alors qu’elle était en Italie le symbole même de la culture de mort et de toutes les subversions, militante acharnée du divorce, de la contraception, de l’avortement, de l’euthanasie, puis des droits LGBT, de l’idéologie du genre…

    Emma Bonino avait créé le CISA, centre d’information sur la stérilisation et l’avortement, qui militait pour le droit à l’avortement et pratiquait l’avortement en toute illégalité. En 1974, elle s’était vantée d’avoir pratiqué 10141 avortements clandestins, avec sa célèbre pompe à vélo :

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    « Les avortements sont effectués avec une pompe à vélo, un dilatateur en plastique et un pot dans lequel on fait le vide et où finit le contenu de l'utérus. J'utilise un bocal d'un kilo qui avait contenu de la confiture. Les femmes ne se soucient pas de ce que je n'utilise pas un récipient acheté dans un magasin de sanitaires, c'est l'occasion d'une bonne rigolade » : è un buon motivo per farsi quattro risate.

    Non seulement elle n’a jamais regretté cela, mais elle a continué dans la même voie, pour la pilule abortive, etc. Il n’y a semble-t-il que sur l’euthanasie qu’elle ait aujourd’hui quelques réticences, en ce qui la concerne personnellement.

  • Saint Grégoire de Nazianze

    Je crois à cette parole de nos sages, que toute âme pure et pieuse, lorsqu’elle a rompu pour s’éloigner d’ici les liens qui la retiennent au corps, mise aussitôt en possession et en présence du bien qui lui est réservé, soit qu’elle se purifie ou qu’elle se dégage des ténèbres qui l’aveuglaient, ou quelque soit enfin cette délivrance, est inondée d’une ineffable allégresse, s’avance fière et joyeuse vers son Seigneur, et, s’échappant de cette vie terrestre comme d’une prison odieuse, secouant les entraves qui enchaînaient ses ailes, goûte cette pure félicité que son imagination seule avait connue. Bientôt elle reprend cette chair sa compagne, avec laquelle elle méditait jadis sur les choses d’en haut (comment se fera cette réunion, c’est ce que sait le Dieu qui a fait et rompu leur première alliance) ; elle associe à la gloire céleste ce corps que la terre lui avait donné et dont elle avait confié le dépôt à la terre : de même que pendant leur première union elle a participé aux souffrances de la chair, elle fait participer la chair à son bonheur, elle se l’assimile tout entière, elle ne fait qu’un avec elle, esprit, intelligence, Dieu même, parce que la vie absorbe la substance mortelle et périssable. Écoutez donc ce que nous dit le divin Ézéchiel sur la réunion des os et des nerfs, ce que dit après lui le divin Paul sur cette maison de terre et sur cette habitation qui n’est point faite de main d’homme, l’une qui doit se dissoudre, l’autre qui est réservée dans les cieux ; il affirme que l’âme qui s’éloigne du corps entreprend un voyage vers le Seigneur, il déplore cette vie commune avec le corps comme un exil, et il aspire avec ardeur au moment de la séparation. Mais pourquoi m’arrêter à ces vaines espérances ? Pourquoi m’attacher au temps ? J’attends la voix de l’archange, la trompette dernière, la transformation du ciel, la métamorphose de la terre, l’affranchissement des éléments, le renouvellement du monde entier. Alors je verrai Césaire lui-même, non plus exilé de sa patrie, ni porté dans ce cercueil, au milieu des regrets et des larmes, mais rayonnant, glorieux, assis au haut des cieux, tel que tu t’es présenté souvent à moi dans mes songes, ô le plus aimé et le plus tendre des frères, soit que je te visse réellement ou qu’un vif désir de te revoir m’apportât cette illusion.

    Mais, laissant de côté les regrets, je tournerai mes regards sur moi-même ; je chercherai si, sans le savoir, je ne porte rien en moi qui mérite mes larmes. Fils des hommes, car c’est à vous que j’arrive, « jusqu’à quand aurez-vous le cœur appesanti et l’intelligence épaisse ? Pourquoi aimez-vous la vanité et recherchez-vous le mensonge ? » pourquoi vous figurez-vous que cette vie terrestre a du prix, que ces jours si courts ont de la durée, et vous détournez-vous de cette séparation si douce et si désirable comme d’un objet plein d’épouvante et d’horreur ? Ne saurons-nous pas nous connaître ? Ne rejetterons-nous pas ce qui paraît à nos sens ? ne regarderons-nous pas ce qui brille à notre intelligence ? Et, s’il faut nous affliger, ne pleurerons-nous pas sur cet exil qui se prolonge (comme le divin David, qui appelle ce monde une maison de ténèbres, un lieu de douleur, une vase épaisse et l’ombre de la mort), sur cet exil durant lequel nous restons enfermés dans ces tombeaux que nous portons avec nous, et nous mourons de la mort du péché, nous qui sommes formés d’une substance divine ? Voilà la crainte qui m’épouvante, qui m’assiège le jour et la nuit ; la pensée de la gloire future et du tribunal céleste ne me permet pas de respirer ; je désire l’une au point de pouvoir m’écrier aussi : « Mon âme est tombée en défaillance dans l’attente de ton secours salutaire ; » l’autre me fait frissonner et me remplit de terreur. Je ne crains pas que ce corps, tombant en dissolution et en poussière, soit entièrement anéanti, mais que la glorieuse créature de Dieu (glorieuse quand elle suit le droit chemin, infâme quand elle s’égare), dans laquelle résident la raison, la loi, l’espérance, soit condamnée à la même ignominie que les bêtes, au même néant après le trépas ; et puisse cette punition être celle des méchants dignes du feu de l’enfer !

    Ah ! puissé-je mortifier les membres de l’homme terrestre ! Puissé-je absorber tout en l’esprit, et marcher dans cette voie étroite où peu s’engagent, et non dans la voie large et facile ! car les récompenses sont glorieuses et grandes, et l’espérance est au-dessus de notre mérite. Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? Quel est ce nouveau mystère en moi ? Je suis petit et grand, humble et élevé, mortel et immortel, terrestre et céleste à la fois. De ces attributs, les uns me sont communs avec ce bas monde, les autres avec Dieu ; les uns avec la chair, les autres avec l’esprit. Il faut que je sois enseveli avec le Christ, que je ressuscite avec le Christ, que je sois héritier avec le Christ, que je devienne fils de Dieu, Dieu même. Voyez jusqu’où dans sa marche nous a élevés ce discours. Peu s’en faut que je ne rende grâce au malheur qui m’a inspiré ces réflexions et qui m’a fait désirer plus ardemment de quitter cette terre. C’est là ce que nous apprend ce grand mystère ; c’est là ce que nous enseigne un Dieu qui s’est fait homme et pauvre pour nous, afin de relever la chair ; de sauver son image, de renouveler l’homme, pour que nous ne soyons tous qu’un en Jésus-Christ, qui a été tout en nous avec la perfection qu’il possède, pour qu’il n’y ait plus parmi nous ni homme, ni femme, ni barbare, ni scythe, ni esclave, ni libre, car ce sont là les distinctions de la chair, mais que nous portions seul en nous le caractère divin par qui et pour qui nous sommes nés, et que sa forme et son empreinte suffisent pour nous faire reconnaître.

    Extrait de l’éloge funèbre de Césaire, traduction Edouard Sommer

  • Triste Japon

    Asianews publie une note envoyée par Mgr Tarcisio Isao Kikuchi, évêque de Niigata dans le nord du Japon. Celui-ci commente les dernières statistiques gouvernementales qui indiquent que le taux de population des moins de 15 ans a baissé pour la 41e année consécutive, tombant à 12,7%.

    Le Japon est une société vieillissante avec toujours moins d’enfants, constate l’évêque, mais cela est encore plus sensible dans les zones rurales. Non seulement les Japonais ne font plus d’enfants (comme en Chine, mais sans y être contraints…), mais les rares enfants s’en vont en ville dès qu’ils deviennent grands… des rapports officiels indiquent que vers l’an 2040 quelque 890 communes auront disparu, notamment dans le diocèse de Mgr Kikuchi, où 80% des communes seront mortes.

    Et cette situation sera désastreuse aussi pour l’Eglise catholique. Car les catholiques ne font pas davantage d’enfants que les autres, et dans les églises on voit désormais couramment des vieux faire les servants d’autel à la messe puisqu’il n’y a plus de jeunes. Les paroisses vont donc s’éteindre.

    De même il n’y a pas de vocations sacerdotales, car « il est naturel que les parents soient réticents à envoyer leur fils unique au séminaire »…

    En outre, « la majorité des mariages est entre catholiques et non-catholiques, et il est difficile pour la partie catholique d’engager le partenaire non catholique à suivre l’enseignement de l’Eglise ». Sous-entendu à propos de la morale sexuelle et familiale, sans doute, puisqu’il faut évidemment pratiquer la contraception et l’avortement pour ne pas avoir d’enfants. Ce qui ne paraît pas émouvoir l’évêque outre mesure. Au contraire, il ajoute : « Ce serait irresponsable (sic) pour l’Eglise catholique d’imposer une politique nataliste alors que beaucoup de familles souffrent de difficultés financières pour élever leurs enfants sans beaucoup de soutien du gouvernement et du grand public »…

  • L’Ukip multiplie son score par 4

    Je suis étonné de l’étonnement des observateurs devant le résultat des législatives au Royaume Uni. Je ne croyais pas du tout que les travaillistes puissent gagner. Donc ce sont les conservateurs qui allaient gagner, et ils allaient forcément avoir une très large majorité d’élus en raison de la poussée de l’Ukip. C’est arithmétique. L’Ukip étant devenu le troisième parti, il empêche le deuxième d’avoir autant de députés qu’il devrait avoir avec un système électoral différent. Avec le système britannique, quand il y a deux grands partis dans l’opposition, le parti majoritaire est assuré de remporter une éclatante victoire.

    Une telle configuration montre l’inconvénient majeur du système électoral à un tour, qui a pourtant sa logique : le PNE, avec deux fois moins de voix que l’Ukip, a 56 fois plus de députés…

    Le PNE, c’est le parti national écossais, qui ne présentait de candidats que dans les circonscriptions écossaises. Sa réussite est encore plus spectaculaire que celle des conservateurs, puisqu’il remporte 56 des 59 circonscriptions écossaises, alors qu’il n’avait que 6 sortants.

    Quant à l’Ukip, avec 3,36 millions de voix, soit 12,6% des suffrages, il multiplie son score de 2010 par 4,2. Mais il n’a qu’un élu : Douglas Carswell, le premier député conservateur qui était passé à l’Ukip et s’était fait réélire sous étiquette Ukip. Le deuxième quant à lui n’a pas été réélu, et Nigel Farage n’a pas réussi à se faire élire chez lui dans le Kent. Les prophètes ne sont pas honorés chez eux…