Dans son Guide de l’Année liturgique, paru en 1923, dom Pius Parsch écrivait :
La fête de l’Ascension ayant une Octave de troisième ordre (un peu comme Noël), cette Octave doit céder la place à toute fête double. On doit alors prendre la messe et l’office de cette fête. Cela est d’autant plus regrettable que l’office de l’Octave est très beau. Il est peu de fêtes qui contiennent d’aussi belles lectures des Pères. Les lecteurs qui ne sont pas tenus à l’Ordo peuvent, pendant toute l’Octave, réciter l’office de l’Ascension.
Dom Pius Parsch est mort en 1954. L’année suivante, Pie XII supprimait l’octave de l’Ascension, et les jours qui vont de l’Ascension à la vigile de la Pentecôte devenaient « des féries du temps pascal ».
Mais il restait encore en ces jours la messe de l’Ascension, et divers éléments de l’office de l’Ascension, quand on disait la férie, mais on célébrait le plus souvent une fête de saint (cette année dans le calendrier de 1960 il y en a une chaque jour de l’ancienne octave). Depuis la révolution liturgique, tous ces jours sont des féries, sans lien avec l’Ascension, et cette année sans la moindre fête de saint, puisque de toute façon la plupart ont disparu.
Et certains n’hésitent pas à faire de Dom Pius Parsch un prophète de la révolution liturgique d’après Vatican II. Sur Wikipedia il est même carrément « un grand artisan de la réforme liturgique du concile Vatican II ». Lui qui n’imaginait même pas qu’on pût supprimer l’octave de l’Ascension et qui regrettait si fort que saint Pie X l’ait déclassée…
Bref, je suis d’autant plus enclin à suivre le conseil de dom Parsch adressé à ceux qui ne sont pas tenus à l’Ordo que mon bréviaire date d’avant la suppression de l’octave et que c’est donc plus facile…
Et puis je n’arrive pas à passer ainsi brutalement d’une des plus grandes fêtes de l’année à une « férie », et saint Jean Baptiste de la Salle, dont c’est la fête aujourd’hui, passe pour moi au second plan.
Il y a en effet les lectures du bréviaire, dont parle dom Pius Parsch, qu’on pourra trouver chaque jour, en latin et en français, sur Introibo. Et il y a aussi (sur les mêmes pages) les abondants commentaires quotidiens du même dom Pius Parsch, et de dom Guéranger, ainsi que les aperçus que donne ce dernier sur les autres liturgies.
Ainsi aujourd’hui cette hymne de la liturgie arménienne :
Les Puissances du ciel ont été émues en vous voyant monter, ô Christ ! Elles se disaient l’une à l’autre dans leur tremblement : « Quel est ce Roi de gloire ? »
— C’est le Dieu Verbe incarné, qui a anéanti le péché sur la croix, et qui, s’étant envolé avec gloire, vient au ciel, Seigneur qu’il est, dans sa force et sa vertu.
— C’est celui qui s’est levé du sépulcre et a détruit la mort ; aujourd’hui il monte avec gloire, et vient au Père : il est le Seigneur puissant dans les combats.
— C’est lui qui, par un pouvoir divin, est monté aujourd’hui sur le char de son Père, servi par les chœurs des Anges, qui chantaient et s’écriaient : « Princes, ouvrez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »
Les Puissances célestes étaient dans l’étonnement, et se demandaient d’une voix tremblante : « Quel est ce Roi de gloire qui vient dans la chair et revêtu d’un si merveilleux pouvoir ? Princes, ouvrez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »
Les Hiérarchies supérieures faisaient entendre un concert harmonieux ; elles chantaient un cantique nouveau, et disaient : « C’est le Roi de gloire, le sauveur du monde et le libérateur du genre humain. Princes, ouvrez vos portes, et le Roi de gloire entrera. »
Et nous, qui avons été entés sur toi par la ressemblance de ta mort, ô Fils de Dieu, rends-nous dignes d’obtenir aussi cette autre ressemblance, ô Roi de gloire ! Toutes les Églises des saints célèbrent ton triomphe par des cantiques spirituels.
Tu as crucifié avec toi le vieil homme, tu as brisé l’aiguillon du péché, tu nous as délivrés par ce bois vivifiant auquel tu fus attaché, et les gouttes de ton sang ont enivré le monde : toutes les Églises des saints célèbrent ton triomphe par des cantiques spirituels.
Dans ta compassion pour nous, ta nature divine a daigné s’incarner, et tu nous as fait participer à ton corps et à ton sang dans le Sacrifice d’agréable odeur que tu as offert à ton Père, en lui immolant ton corps, emprunté à notre nature. Ensuite tu es monté sur un nuage éclatant, à la vue des Puissances et des Principautés qui, dans leur admiration, se demandaient : « Quel est celui qui arrive d’Édom d’un pas si rapide ? » Et les membres de ton Église ont appris à connaître les ressources de ton infinie sagesse. Que toutes les Églises des saints célèbrent ton triomphe par des cantiques spirituels.