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Liturgie - Page 35

  • De la férie

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    Monastère de Dečani, Serbie (Kosovo).

    Dans le martyrologe romain de ce jour, on peut lire notamment :

    A Constantinople, les saints martyrs Étienne le Jeune, Basile, Pierre, André et trois cent trente-neuf moines, leurs compagnons. Sous Constantin Copronyme, ils furent cruellement tourmentés par divers supplices pour le culte des saintes images, et confirmèrent par l'effusion de leur sang la vérité de la foi catholique.

    La liturgie byzantine fait aujourd’hui mémoire de saint Etienne le Jeune. Voici la notice du Liturgicon de l’Eglise grecque melkite catholique :

    Saint Etienne naquit à Constantinople au mois de septembre 715, et fut baptisé par le patriarche St Germain de Cyzique. Il embrassa en 731 la vie monastique sur la célèbre colline de Saint-Auxence, en face de Byzance, sous la direction du Vénérable Jean. Quand ce dernier mourut en 743 ou 746, le saint hérita de sa cellule. Mais Constantin Copronyme, qui avait succédé en 741 a son père Léon dans le gouvernement de l’Empire, convoqua en 754 un synode contre les saintes icônes et persécuta les pieux moines par des supplices variés et par l’exil. Entre autres il exila saint Etienne. En 764, il réunit au prétoire de Constantinople, en même temps que notre saint, environ 300 autres confesseurs venus de divers côtés de l’empire. Les uns avaient le nez coupé, d’autres avaient perdu les oreilles, les yeux, la main ou la barbe. Onze mois après sa sentence de condamnation, le Saint fut sorti de prison, jeté par terre, traîné sur la place publique, les pieds liés, lapidé comme le Protomartyr Etienne - ce qui le fit appeler « le Nouvel Etienne », et battu à coups de bâton. Traîné par un certain comte Philomattios, désireux de gagner les faveurs de |’Empereur, il fut frappé sur la tête avec une énorme poutre qui lui brisa le crâne et répandit le cerveau. Il mourut le 28 novembre 764.

  • De la férie

    Dans le martyrologe de ce jour on lit notamment :

    En Perse, saint Jacques l'Intercis, martyr illustre. Au temps de Théodose le Jeune, il avait renié le Christ pour plaire au roi Isdegerde, et, à cause de ce crime, sa mère et sa femme s'étaient éloignées de lui ; rentrant alors en lui-même, il alla trouver Vararane, fils et successeur d'Isdegerde, et en sa présence déclara courageusement qu'il était Chrétien. Le roi irrité prononça contre lui une sentence de mort, commanda qu'on lui coupât les membres par morceaux et qu'on lui tranchât la tête. Dans le même temps, d'autres martyrs en nombre incalculable souffrirent la mort en ce pays.

    Celui que la tradition latine appelle Jacques l’Intercis, parce qu’on lui coupa les doigts puis les orteils puis les mains puis les pieds puis les bras puis les jambes, et enfin la tête, est sobrement Jacques le Persan dans le calendrier byzantin qui le fête également en ce jour.

    Au lucernaire (traduction du P. Denis Guillaume) :

    Délaissant les charmes d'ici-bas, ton illustre naissance, les richesses, la beauté, renonçant jusqu'à ton corps taillé en morceaux, en imitant sa Passion tu as suivi le Christ avec joie, saint Jacques, et pour avoir communié à ses souffrances, tu partages en vérité sa gloire et son royaume désormais.

    Supportant l'intolérable douleur des supplices fauchant les membres de ton corps, admirable Témoin du Christ, et foulant vaillamment aux pieds la cruauté des tyrans, tu as reçu en vainqueur la couronne de grand prix que tu portes maintenant, bienheureux Jacques, avec les autres Martyrs devant le trône de ton Maître et Seigneur.

    Grâce au crédit que tu possèdes auprès du Christ, illustre Martyr, sois le fervent protecteur des fidèles célébrant ta vénérable festivité, les sauvant de tout danger, les éloignant des passions, les délivrant de toute adversité; accorde aussi le salut à leurs âmes par ta divine intercession, afin que nous puissions glorifier tes splendides combats.

    Gloire au Père...

    Faisant preuve d'endurance au combat, tu livras, saint Jacques, ton corps pour le Christ notre Dieu ; on te coupa les doigts, les mains et les pieds, les jambes et les bras et, pour finir la tête ; alors tu es monté vers les cieux pour régner avec le Roi de l'univers ; aussi, puissant Martyr, ne cesse pas d'intercéder pour que nos âmes soient sauvées de tout mal que l'ennemi peut nous causer.

    Le théotokion des vêpres est particulièrement beau (c’est aussi un stichère des petites vêpres du cinquième ton). Dans la traduction de Chèvetogne :

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  • 26e et dernier dimanche après la Pentecôte

    Liberásti nos, Dómine, ex affligéntibus nos : et eos, qui nos odérunt, confudísti. ℣. In Deo laudábimur tota die, et in nómine tuo confitébimur in sǽcula.

    Vous nous avez délivrés, Seigneur, de ceux qui nous affligeaient et vous avez confondu ceux qui nous haïssaient. En Dieu nous nous glorifierons tout le jour et nous célébrerons à jamais votre nom.

    Le graduel, comme les autres chants de cette messe, est celui du 23e dimanche. Mais il convient tout particulièrement au dernier dimanche, à la suite de l’épître : « … rendant grâces à Dieu le Père, qui nous a rendus dignes d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres, et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang, et la rémission des péchés ». Contrepoint de confiance lumineuse à l’évangile de la fin du monde.

    Par les moines cisterciens de l’abbaye Saint-Joseph de Spencer, dans le Massachusetts, sous la direction de… dom Gajard (en 1960).


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  • Sainte Catherine

    Le tropaire de sainte Catherine d’Alexandrie, par la Chapelle d’enfants Octoèque de l’archidiocèse de Iékaterinbourg.

    Доброде́тельми, я́ко луча́ми со́лнечными,/ просвети́ла еси́ неве́рныя мудрецы́,/ и, я́коже пресве́тлая луна́ ходя́щим в нощи́,/ неве́рия тьму отгна́ла еси́,/ и цари́цу уве́рила еси́,/ вку́пе же и мучи́теля обличи́ла еси́,/ богозва́нная неве́сто, блаже́нная Екатери́но./Жела́нием востекла́ еси́ в Небе́сный Черто́г/ к Прекра́сному Жениху́ Христу́,/ и от Него́ ца́рским венце́м венча́лася еси́./ Ему́же со а́нгелы предстоя́щи,/ за ны моли́ся,/ творя́щия пречестну́ю па́мять твою́.

    Par les vertus, tels des rayons de soleil, tu as illuminé les philosophes incroyants, et telle la lune très lumineuse pour ceux qui cheminent dans les ténèbres, tu as chassé les ténèbres de l’incroyance, tu as affermi l’impératrice et aussi dénoncé le tyran, vierge appelée par Dieu, bienheureuse Catherine, tu t’es envolée vers les demeures célestes auprès du magnifique Fiancé, le Christ, Duquel tu as reçu la couronne impériale ; prie-Le, alors que tu te tiens avec les anges, pour nous qui célébrons ta très vénérable mémoire.

    Le dernier kondak de l’Acathiste à sainte Catherine, dans la très belle version de Mère Julienne (Irina Denisova), chef de deux des chœurs du monastère Sainte-Elisabeth de Minsk. Diplômée du conservatoire de Leningrad en 1980, Irina Denisova a enseigné au conservatoire de Minsk pendant 27 ans puis est devenue moniale. Elle est l’auteur de quelque 200 chants liturgiques.

    Avec la partition :

    Avec des icônes :

    О свята́я великому́ченице Екатери́но! Приими́ сие́ похва́льное пе́ние и изба́ви на́с от вра́г ви́димых и неви́димых и от ве́чнаго муче́ния твои́м благоприя́тным хода́тайством сохрани́, да с тобо́ю при́сно пое́м Бо́гу: Аллилу́иа.

    Ô Sainte Grande Martyre Catherine ! Accepte ce chant de louange et délivre-nous des ennemis visibles et invisibles et préserve-nous des tourments éternels par ton intercession favorable, afin qu'avec toi nous puissions toujours chanter à Dieu : Alléluia.

  • Saint Jean de la Croix

    La foi, disent les théologiens, est une habitude de l'âme, certaine et obscure en même temps. Elle est obscure parce qu'elle nous fait croire des vérités révélées par Dieu même, qui sont au-dessus de toute lumière naturelle et excèdent incomparablement la portée de tout entendement humain. De là vient que cette lumière de la foi est pour l'âme comme une obscurité profonde, parce que le plus absorbe le moins et lui est supérieur. La lumière du soleil éclipse toutes les autres lumières, celles-ci ne paraissent plus quand celle-là brille et s'impose à notre puissance visuelle; aussi son éclat, au lieu de favoriser la vue, éblouit plutôt parce qu'il est excessif et trop disproportionné avec la puissance visuelle. Ainsi en est-il de la foi: sa lumière, par son excès, opprime et éblouit la lumière de notre entendement; de lui même il ne s'étend qu'à la science purement naturelle, bien qu'il ait une aptitude pour l'acte surnaturel quand il plaira à Notre-Seigneur de l'y élever. Il ne peut donc rien savoir de lui-même, si ce n'est par la voie naturelle: c'est là la seule connaissance qu'il obtient par les seuls sens; mais pour cela il lui faut les images et figures des objets présents par eux-mêmes ou leur ressemblance; sans cela il n'aurait aucune connaissance, car, disent les philosophes: « Ab objecto et potentia paritur notitia: De l'objet présent et de la faculté naît la connaissance. » Voilà pourquoi si on racontait à quelqu'un des choses dont il n'aurait jamais entendu parler, et dont il n'aurait jamais vu la ressemblance, il n'en aura pas plus d'idée que si on ne lui avait jamais rien dit. Si par exemple on racontait à quelqu'un qu'il y a, dans une certaine île, un animal qu'il n'a jamais vu, et si on ne lui signale pas quelque trait de ressemblance de cet animal avec d'autres animaux qu'il a vus, il n'en aurait pas plus de connaissance ni d'idée qu'auparavant, malgré tout ce qu'on pourrait lui en dire. Voici encore un autre exemple qui fera mieux comprendre ma pensée. Si vous vous adressez à un aveugle-né, qui par conséquent n'a jamais vu de couleurs, et si vous lui dites comment est la couleur blanche et la couleur jaune, vous aurez beau lui donner des explications, il ne vous comprendra nullement, parce qu'il n'a jamais vu ces couleurs ni quelque chose de semblable qui lui permette d'en juger. Tout ce qu'il retiendra, ce sera le nom de ces couleurs, parce qu'il peut le percevoir par l'ouïe; quant à leur forme ou leur figure, il lui sera impossible de s'en former une idée, parce qu'il ne l'a jamais vue.

     Ces comparaisons nous représentent, quoique d'une manière imparfaite, ce que la foi est pour l'âme. Elle nous dit des choses que nous n'avons jamais vues ni comprises, soit en elles-mêmes, soit dans des objets qui leur ressembleraient, puisqu'il n'y en a pas. Nous ne pouvons donc en avoir aucune lumière par notre science naturelle, car ce qu'elle nous dit n'a aucun rapport avec nos sens. Nous les connaissons par l'ouïe; nous croyons ce qu'on nous enseigne et nous y soumettons aveuglément notre lumière naturelle. Car, comme le dit saint Paul, « la foi vient de l'audition, et l'audition de la parole du Christ (Rom. X, 17) ». C'est comme s'il disait: La foi n'est pas une science qui s'acquiert par un sens quelconque; elle n'est que l'acquiescement de l'âme à ce qui lui vient par l'ouïe.

     Il y a plus: la foi dépasse de beaucoup ce que les exemples précédents nous ont donné à comprendre. Non seulement elle ne produit ni l'évidence ni la science, mais, je le répète, elle excède et dépasse toutes les connaissances et toutes les sciences, afin qu'on puisse bien juger d'elle dans la contemplation parfaite. Les autres sciences s'acquièrent avec la lumière de l'entendement, celle de la foi s'acquiert sans cette lumière; il faut même faire le sacrifice de cette lumière particulière pour ne point perdre celle de la foi. Isaïe a dit en effet: Si non credideritis, non intelligetis: « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. (Is. VI, 3) »

     Il est donc clair que la foi est une nuit obscure pour l'âme, et c'est ainsi qu'elle l'éclaire, et plus elle la plonge dans les ténèbres, plus elle lui donne sa lumière. C'est en l'aveuglant au point de vue naturel qu'elle lui donne sa lumière, selon la parole d'Isaïe: Si vous ne croyez pas, c'est-à-dire, si vous n'êtes pas dans les ténèbres, vous ne comprendrez pas; cela veut dire: vous n'aurez pas la lumière ni la connaissance élevée et surnaturelle de la vérité.

     C'est ainsi que nous voyons une figure de la foi dans cette nuée qui séparait les enfants d'Isarël des Égyptiens au moment d'entrer dans la mer Rouge et dont la sainte Écriture nous dit: « C'était une nuée ténébreuse, mais elle éclairait cependant la nuit (Ex. XIV, 20). » Phénomène admirable! Tout en étant ténébreuse, elle éclairait la nuit! Cela nous signifie la foi qui est une nuée obscure et ténébreuse pour l'âme (qui est elle-même nuit, puisque en présence de la foi elle est privée de sa lumière naturelle et aveuglée); mais la foi éclaire avec ses ténèbres les ténèbres de l'âme; il convenait que le maître qui est la foi fût en rapport avec le disciple qui est l'âme. Car l'homme qui est dans les ténèbres ne pouvait être convenablement éclairé que par d'autres ténèbres, comme nous l'enseigne le Psalmiste en ces termes: « Le jour annonce la parole au jour, et la nuit transmet la science à la nuit (Ps. XVIII, 3). » Pour parler plus clairement, cela veut dire que le jour c'est Dieu lui-même dans la bienheureuse patrie où il est comme un jour pour les anges et les saints, qui à leur tour deviennent jours aussi dans le reflet de la divine lumière. Il leur dit et communique la divine parole, qui est sont Fils, afin qu'ils le connaissent et en jouissent. La nuit, c'est la foi dans l'Église militante où il fait encore nuit. Elle communique la science à l'Église, et par suite à chaque âme qui est nuit elle aussi, puisqu'elle ne jouit pas de la vision béatifique de l'éternelle sagesse, et qu'en présence de la foi, elle est privée de sa lumière naturelle.

     De là il faut déduire que la foi qui est une nuit obscure éclaire l'âme qui est dans l'obscurité, et c'est ainsi que se vérifie ce que David dit à ce propos: Et nox illuminatio mea in déliciis meis: « La nuit sera ma lumière au milieu de mes délices (Ps. CXXXVIII, 11) », ce qui équivaut à dire: Dans les délices de ma pure contemplation et de mon union avec Dieu, la nuit de la foi sera mon guide. Cela nous fait comprendre clairement que l'âme doit être dans les ténèbres (au point de vue naturel) pour avoir la lumière qui la guidera dans cette voie de l'union avec Dieu.

    La montée du Carmel, II, 2.

  • Saint Clément

    L’épître de saint Clément Ier aux Corinthiens, écrite vers 95, est l’un des tout premiers textes chrétiens authentiques après ceux du Nouveau Testament. Elle fait même partie intégrante du Nouveau Testament dans l’un des plus prestigieux manuscrits bibliques, l’Alexandrinus.

    Saint Clément intervient pour exhorter les Corinthiens à mettre fin à leur fronde contre leurs « presbytres ». L’épître est le premier texte qui affirme la succession apostolique. Et c’est aussi le premier où l’on trouve le mot « laïque ». Voici le passage en question (traduction Genoude) :

    Chez les Juifs, le souverain pontife a des fonctions particulières, le prêtre un rang qui lui est propre, les lévites un ministère déterminé, le laïque des observances qui lui conviennent.

    C’est ainsi, mes frères, que chacun de vous doit, dans la place où il se trouve, rendre grâce à Dieu, vivre avec une conscience pure, sans jamais sortir des règles de son ministère, ni des bornes de la modestie.

    Chez les Juifs encore, on n’offre point partout le sacrifice perpétuel, ni le sacrifice pour les vœux, ni le sacrifice pour les péchés et les fautes légères, mais à Jérusalem seulement ; et là même, on ne l’offre pas dans tous les endroits de la ville indistinctement, mais devant le temple, à l’autel, quand la victime a été trouvée bonne par le souverain pontife et les autres prêtres dont nous avons parlé. Si quelqu’un enfreint les règles que Dieu même a fixées, il est puni de mort.

    Vous le comprenez, mes frères : plus les lumières dont nous avons été honorés au sujet du sacrifice l’emportent sur celles des Juifs, plus il nous faut craindre d’en abuser.

    Les apôtres nous ont prêché l’Évangile de la part de notre Seigneur Jésus-Christ, et Jésus-Christ de la part de Dieu. Dieu a envoyé Jésus-Christ, et Jésus-Christ les apôtres ; tout ici s’est passé régulièrement d’après la volonté du Seigneur. La mission donnée, les apôtres déjà persuadés par le miracle de la résurrection de Jésus-Christ, affermis depuis dans la foi par le Verbe lui-même, pleins des dons de l’Esprit saint, et par là au-dessus de toute crainte, sortirent du Cénacle annonçant l’approche du royaume de Dieu.

    Lorsqu’ils annoncèrent la vérité dans les villes et les provinces, ils éprouvèrent les premiers convertis, à la faveur des lumières du Saint-Esprit, et les établirent évêques ou diacres sur ceux qui devaient croire. Et ce n’était pas une innovation, car depuis longtemps l’Écriture avait parlé d’évêques et de diacres, puisqu’il est dit quelque part : « J’affermirai leurs évêques dans la justice et leurs diacres dans la foi. »

    Faut-il s’étonner si les apôtres, à qui le pouvoir de Jésus-Christ fut confié par le Seigneur lui-même, ont établi ceux dont nous venons de parler, puisque Moïse, ce saint et fidèle serviteur, fut ainsi placé sur toute la maison du Seigneur, et qu’il a consigné dans les livres saints tout ce qui lui fut prescrit ; et il eut en cela pour imitateurs les autres prophètes, qui s’accordent tous à rendre hommage à la sagesse de ses ordonnances.

    Dans la rivalité du sacerdoce, à l’époque de la division des tribus qui se disputaient ce glorieux privilège, Moïse ordonna aux douze chefs de lui présenter des verges sur lesquelles chacun d’eux avait écrit le nom de sa tribu. Moïse les prit, les lia, les marqua du sceau des chefs, et les déposa immédiatement après dans l’arche d’alliance, sur l’autel du Seigneur ; et, les portes fermées, il mit un sceau sur les clés, ainsi qu’il l’avait mis sur les verges, et il dit aux chefs : « Mes frères, la tribu dont la verge aura fleuri sera celle que Dieu choisit pour lui offrir des sacrifices et l’attacher à ce ministère. » Or, le lendemain, au lever du jour, Moïse assemble tout Israël, et, à la vue de six cent mille hommes qui se trouvaient réunis, il montre les sceaux des clés aux chefs des tribus, ouvre le tabernacle d’alliance et tire les verges : et c’est alors qu’on vit que celle d’Aaron n’avait pas seulement des fleurs, mais encore des fruits. Que pensez-vous de ce prodige ? Moïse ne l’avait-il pas prévu ? Oui, sans doute, et il s’en servit pour arrêter la sédition dans le camp d’Israël, et faire glorifier le nom du seul et vrai Dieu. Gloire soit rendue à ce Dieu dans tous les siècles !

    Les apôtres, éclairés par Jésus-Christ, ont connu qu’un jour des disputes s’élèveraient dans son Église, au sujet de l’épiscopat ; et voilà pourquoi, d’après cette connaissance certaine qu’ils avaient reçue d’avance, ils ont établi ceux dont nous avons parlé plus haut, et ont déterminé un ordre de succession ; ils ont voulu qu’après leur mort le ministère et les fonctions qu’ils exerçaient passassent à des hommes éprouvés.

    Les prêtres établis par les apôtres et ceux qui furent choisis depuis par des hommes recommandables avec l’assentiment et l’approbation de toute l’Église, et qui gouvernèrent le troupeau de Jésus-Christ avec une humilité, une modération, une noblesse qui leur a concilié l’estime générale, ces hommes, tel est mon sentiment, ne peuvent sans injustice être exclus de leurs fonctions.

    Nous-mêmes nous ne pourrions, sans nous rendre très-coupables devant Dieu, déposer de l’épiscopat des hommes dont la conduite fut sainte et irréprochable dans l’exercice de leur ministère. Heureux les prêtres qui, parvenus au terme de la carrière, trouvent dans une sainte mort la récompense d’une sainte vie ! ils ne craignent plus de se voir enlever la place qui leur était destinée.

    Et vous, vous arrachez des ministres du Seigneur d’une vie exemplaire aux fonctions qu’ils exerçaient, non-seulement sans reproche, mais avec honneur !

    Vous êtes d’un esprit contentieux, jaloux pour des choses qui ne mènent point au salut. Méditez les Écritures, ces vrais oracles de l’Esprit saint ; lisez-les avec attention, voyez si elles favorisent l’injustice et l’iniquité. Vous n’y verrez pas que les justes aient été chassés par les saints. Ils ont souffert des persécutions, mais de la part des méchants ; ils ont été jetés dans des prisons, mais par des impies ; ils ont été lapidés, mais par des hommes iniques ; ils ont été mis à mort, mais par des scélérats qu’animait une détestable jalousie. Et toutes ces souffrances, ils les ont supportées avec le plus noble courage.

    *

    Cette épître a été présentée comme le premier témoin historique justifiant la primauté juridictionnelle universelle du pape. Mais ce n’est pas seulement anachronique, c’est faux. D’abord, si la paternité de saint Clément ne fait aucun doute, la lettre est adressée non par Clément mais par « l’Eglise qui séjourne à Rome à l’Eglise qui séjourne à Corinthe ». Clément ne se nomme pas, et ne commande rien en son nom. Son but n’est d’ailleurs pas de faire acte d’autorité, mais de calmer une dissension en faisant appel à la charité. Le fait qu’un Romain s’adresse à des Corinthiens n’indique pas non plus que l’évêque de Rome ait autorité sur une Eglise orientale. Corinthe avait été détruite par les Romains en 146 avant Jésus-Christ, reconstruite par César comme « colonie [romaine] de Corinthe en l'honneur de Jules », puis détruite par un tremblement de terre en 77 (une vingtaine d’années après les épîtres de saint Paul), puis reconstruite par Vespasien comme « colonie [romaine] Julia Flavia Augusta de Corinthe ». Au temps de saint Clément, elle est peuplée davantage de latins que de grecs (et de juifs), et comme son nom l’indique c’est une colonie romaine, qui est donc, du point de vue ecclésial, sous la juridiction de l’évêque de Rome. C’est seulement en 395, lors de la scission de l’empire, qu’elle passera sous domination byzantine.

  • La dictature

    François a nommé à Toulon un « évêque coadjuteur » « avec les pouvoirs spéciaux du gouvernement diocésain dans les domaines de l’administration, de la gestion du clergé, de la formation des séminaristes et des prêtres, de l’accompagnement des instituts de vie consacrée, des sociétés de vie apostolique et des associations de fidèles ».

    En bref Mgr Rey reste nominalement évêque, mais le véritable évêque est Mgr François Touvet.

    Autrement dit l’évêque qui est en charge du diocèse devient une potiche, tandis que ses pouvoirs sont dévolus à un autre évêque nommé dans le même diocèse. Bravo l’ecclésiologie…

    Bien sûr François ajoute la cruauté à l’humiliation. La nouvelle a été annoncée hier, le lendemain du communiqué de Mgr Rey démentant la rumeur selon laquelle Mgr Touvet était désigné pour le mettre au placard…

    Et bien entendu Mgr Rey « se réjouit » d’être piétiné par le pape, tant les évêques ont pris l’habitude d’être des valets de Rome. François, c’est en quelque sorte le triomphe de Vatican I : l’Eglise est une société gouvernée par un pape infaillible qui a tous les pouvoirs et qui a une armée de larbins dont il fait ce qu’il veut et qu’on appelle toujours évêques par habitude.

    Au fait, pour savoir qui est Mgr Touvet, il suffit de rappeler qu’il était jusqu’à hier évêque de Châlons-en-Champagne, et que ce diocèse a comme particularité de n’avoir aucune messe traditionnelle…

  • Sainte Cécile

    Le graduel de la messe de sainte Cécile a été repris pour la nouvelle messe de l’Assomption en 1950, mais un autre texte pour le verset, selon l’horrible version qu’avait voulue Pie XII (texturae aureae…). Déjà dans le corps du graduel le "quia" qui commence tranquillement la troisième phrase a été remplacé par un "et" abrupt qui supprime la première note.

    Voici donc la version authentique, celle de la messe de sainte Cécile.

    Audi, fília, et vide, et inclína aurem tuam : quia concupívit Rex spéciem tuam. ℣. Spécie tua et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde et regna.

    Écoute, ma fille, vois et prête l’oreille, car le roi s’est épris de ta beauté. En ta beauté et ta splendeur avance, marche avec bonheur et règne.

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    A l’attention notamment de ceux qui persistent à parler de « liturgie tridentine », voici ce graduel dans le plus ancien manuscrit noté que nous ayons, le graduel dit des séquences de Nokter, exactement 600 ans avant le missel de saint Pie V. En bas de la première page il est indiqué en rouge et en abrégé : In nativitate sanctae Ceciliae. Puis il y a l’introït Loquebar de test(imoniis), sans autre indication parce qu’il est du commun des vierges, suivi du graduel (RG : répons graduel).

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  • Présentation de la Sainte Vierge

    Dans la liturgie byzantine, cette fête est celle de l’Entrée au Temple de Notre Dame la très sainte Mère de Dieu. Voici le tropaire et le mégalynaire par les moines de Valaam, dépositaires de la tradition du chant znamenny.

    Днесь благоволения Божия предображение/ и человеков спасения проповедание:/ в храме Божии ясно Дева является/ и Христа всем предвозвещает./ Той и мы велегласно возопиим:/ радуйся, смотрения// Зиждителева исполнение.

    Aujourd'hui c'est le prélude de la bienveillance de Dieu et déjà s'annonce le salut du genre humain. Dans le Temple de Dieu la Vierge est présentée pour annoncer à tous les hommes la venue du Christ. En son honneur, nous aussi, à pleine voix chantons-lui: Salut, ô Vierge en qui se réalise le plan du Créateur.

    Величаем Тя,/ Пресвятая Дево,/ Богоизбранная Отроковице,/ и чтим еже в храм Господень// вхождение Твое.

    Nous te magnifions, Vierge toute-sainte, dès l'enfance l'objet du choix divin, et nous vénérons ton Entrée dans le Temple du Seigneur.

    *

    Sur l’histoire de l’arrivée de cette fête en Occident à la fin du XIVe siècle, voir ici. Puis elle fut supprimée par saint Pie V, puis rétablie par Sixte V mais en la dépouillant de tout ce qui venait de l'Orient, hors la collecte et la leçon de saint Jean Damascène.

    *

    Le martyrologe du jour finit ainsi:

    Au monastère de Bobbio, la mise au tombeau de saint Colomban abbé, fondateur de plusieurs monastères et père d'un grand nombre de moines ; célèbre par ses nombreuses vertus, il mourut dans une heureuse vieillesse.

    Et je pense au Colomban que je connais qui avec sa femme vit une terrible épreuve.

  • Saint Félix de Valois

    Sur saint Félix de Valois, voir notamment

    Le saint qui n’a pas existé mais qui s’incruste.

    ut peccatorum nostrorum captivitate liberati.

    Saint Félix de Valois en Bohême.

    Saint Félix de Valois à Prague.

    Saint Félix de Valois au Portugal.

    Parmi les autres saints du jour, le martyrologe romain cite aussi :

    A Constantinople, saint Grégoire le Décapolite, qui souffrit beaucoup pour le culte des saintes images.

    En fait il souffrit surtout de ne pas pouvoir aller à Constantinople avant d’être vieux et malade, mais il n’eut pas à souffrir directement de la persécution iconoclaste. Il eut une vie très tourmentée, mais c’est parce qu’il faisait tant de miracles qu’il attirait les foules et qu’il partait ailleurs… Il commença par vivre 14 ans dans un monastère, puis il devint ermite et vainquit tous les démons, acquérant une parfaite chasteté et la vision du paradis. Son abbé l’envoya dans le monde pour que ses vertus brillent aux yeux des hommes. Il voulut aller à Constantinople mais c’était impossible. Il alla à Thessalonique, puis à Rome où il comptait vivre incognito. Mais il chassa un démon et devint célèbre, alors il partit pour Syracuse, où il vécut dans une vieille tour, mais là encore il accomplit des miracles éclatants et dut fuir les foules. Il retourna à Thessalonique où il se lia avec un jeune moine qui n’était autre que saint Joseph l’Hymnographe, qui allait être l’auteur de nombre des canons des matines de la liturgie byzantine. A la fin de sa vie il vécut quelque temps au mont Olympe de Bithynie, haut lieu des moines défenseurs des icônes, et il eut le bonheur d’aller à Constantinople et de vivre ses dernières années dans l’église Saint-Antipas, repaire d’iconodules, avec saint Joseph l’Hymnographe et saint Jean l’Isaurien. Il mourut huit mois avant le rétablissement du culte des images.

    Saint Joseph l’Hymnographe composa le canon des matines de sa fête :

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