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Liturgie - Page 33

  • De la férie

    Verbum supérnum pródiens
    A Patre olim éxiens,
    Qui natus orbi súbvenis
    Cursu declívi témporis,

    Verbe du Tout-Puissant né dans le sein du Père,
    Éternel et Dieu comme lui,
    Qui, pour tirer enfin l'homme de sa misère
    Viens naître homme aujourd'hui,

    Illúmina nunc péctora
    Tuóque amóre cóncrema;
    Audíto ut praecónio
    Sint pulsa tandem lúbrica.

    Fais que ta vérité dans nos armes rayonne,
    Et que ton feu brûlant nos cœurs,
    La voix de ton héraut qui dans les déserts tonne
    Guérisse nos langueurs.

    Judéxque cum post áderis
    Rimári facta péctoris,
    Reddens vicem pro ábditis
    Justísque regnum pro bonis.

    Et, lorsque découvrant les vertus ou le vice
    Jusqu'au fond du cœur des humains,
    Tu rendras en vrai juge aux méchants le supplice
    Et la couronne aux saints.

    Non demum arctémur malis
    pro qualitáte críminis,
    sed cum béatis cómpotes
    simus perénnes cǽlibes.

    Ne lance pas sur nous l'effroyable anathème,
    Mais joins-nous à lui par ta bonté
    À ceux dont l'œil doit voir de ton palais suprême
    L'immortelle beauté.

    Laus, honor, virtus, gloria,
    Deo Patri et Fílio
    Sancto simul Paráclito,
    In sæculórum sǽcula. Amen.

    Gloire au Père éternel, au Fils, notre espérance,
    À l'Esprit, notre heureuse paix.
    Qu'ils règnent en ce jour qui jamais ne commence
    Et ne finit jamais.

    Hymne des matines au temps de l'Avent, traduction de Louis-Isaac Lemaistre de Sacy (Heures de Port-Royal), chantée par James J. Richardson (ServiamScores).

  • La Tradition meurt…

    Le cardinal Wilton Gregory, archevêque de Washington, faisait une conférence à l’Université catholique d’Amérique, le 6 décembre, sur le thème « Célébrer la diversité ». Il parlait d’inclusion, de synodalité, etc. Naturellement, la « diversité » ne s’étend pas à l’accueil de la liturgie traditionnelle de l’Eglise catholique. Sur les huit lieux de culte où elle était célébrée dans le diocèse, le cardinal n’a gardé que trois chapelles.

    Un étudiant lui a demandé pourquoi il n’y avait plus de messe traditionnelle sur le campus, alors même qu’un certain nombre d’étudiants sont venus à la foi par cette messe.

    Le cardinal a répondu que lorsque Paul VI avait institué la nouvelle messe celle-ci devait être obligatoire. Il avait fait une exception pour les vieux prêtres, mais une fois cette génération disparue il ne devait plus y avoir que la nouvelle messe, et François cherche à terminer ce que Paul VI avait commencé.

    Et d’ajouter :

    "La Tradition meurt d’une mort lente, parfois d’une mort sanglante."

    "Tradition dies a slow death, sometimes a bloody death."

    Le cardinal Gregory avoue donc que c’est la Tradition de l’Eglise qui meurt avec la messe (or s’il n’y plus de Tradition il n’y a plus d’Eglise), et il reconnaît que c’est une véritable cruauté envers les fidèles que de supprimer la messe, de massacrer la Tradition.

    Pour finir en beauté, le cardinal a terminé par un gros mensonge. Il a osé dire aux étudiants que ce ne sont pas des fidèles qui demandent la messe traditionnelle, mais des prêtres qui « créent un besoin ». Mais ce sont bien les étudiants qui voulaient la messe à cette université et qui s’occupaient de tout, service d’autel, chorale, de même que c’étaient les fidèles qui tenaient à leur messe à Saint-Antoine de Padoue. C’est ce que disent les étudiants. On peut ajouter l’église Old St. Mary, qui était bondée, et qui est désormais déserte, même quand c’est le cardinal qui vient y célébrer du Paul VI…

  • Sainte Lucie

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    Codex 338 de Saint-Gall, milieu du XIe siècle.

    Allelúia, allelúia. Diffúsa est grátia in labiis tuis : proptérea benedíxit te Deus in ætérnum. Allelúia.

    Alléluia, alléluia. La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a bénie à jamais. Alléluia.

    L’alléluia de la fête de sainte Lucie se retrouvait au moyen âge dans les messes d’autres saintes martyres, puis dans des communs des vierges, et on le choisit ensuite pour la fête de sainte Anne. Les autres martyres n’ayant plus de fête dans le missel de saint Pie V, et les communs ayant choisi d’autres pièces, cet alléluia n’existe plus donc que pour sainte Lucie et sainte Anne, mais aussi pour sainte Marie-Madeleine. La mélodie est courante, on la trouve dès le premier dimanche de l’Avent.

    Par les étudiants de l’école estivale Saint-Pie X de musique liturgique à l’université Manhattanville du Sacré-Cœur, Purchase, Etat de New York, sous la direction de… dom Gajard, en 1960.


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  • De la férie

    Mardi de la deuxième semaine de l’Avent.

    Voici le célèbre chant paraliturgique de l’Avent, qui fut composé à l’Oratoire de Paris au début du XVIIe siècle. Le texte est un agencement poétique de diverses citations d’Isaïe, mais aussi des Lamentations, et de l’Exode : « Mitte quem missurus es » vient du dialogue du Buisson ardent. Moïse ne veut pas retourner en Egypte parce qu’il ne sait pas parler. Et il dit alors à Dieu : « Envoie celui que tu dois envoyer ». Une petite phrase qui passe presque inaperçue, mais qui est une claire prophétie messianique. Le chant du refrain est très figuratif, avec cette brusque montée sur le ciel, et la lente descente jusqu’à l’octave inférieure, la descente sur notre terre du « Juste » qui vient nous sauver.

    Par les moines de Tyniec, près de Cracovie.

    ℟.  Roráte caéli désuper, et núbes plúant jústum. (bis)

    Ô cieux, envoyez votre rosée sur la terre ; et que le Juste descende d’en-haut, comme une pluie longtemps attendue, et ardemment désirée.

    Ne irascáris Dómine, ne ultra memíneris iniquitátis : ecce cívitas Sáncti fácta est desérta : Síon desérta fácta est : Jerúsalem desoláta est : dómus sanctificatiónis túæ et glóriæ túæ, ubi laudavérunt te pátres nóstri.

    Seigneur, ne faites pas davantage éclater votre colère contre votre peuple : ne vous souvenez plus de nos iniquités. Vous voyez comme la ville où est votre sanctuaire est devenue déserte : Sion est changée en une solitude, Jérusalem est dans une entière désolation. Ce lieu où vous avez fait paraître votre sainteté et votre gloire, et où nos pères ont loué votre nom, est profané.

    Peccávimus, et fácti súmus tamquam immúndus nos, et cecídimus quasi fólium univérsi : et iniquitátes nóstræ quasi véntus abstulérunt nos : abscondísti faciem túam a nóbis, et allisísti nos in mánu iniquitátis nóstræ.

    Nous avons péché, et nous sommes devenus semblables à un lépreux : nous sommes tombés comme la feuille, et nos péchés, comme un vent impétueux, nous ont enlevés et dispersés sur la terre. Vous nous avez caché votre visage, et vous nous avez brisés, en nous abandonnant à notre propre iniquité.

    Víde Dómine afflictiónem pópuli túi, et mítte quem missúrus es : emítte Agnum dominatórem térræ, de Pétra desérti ad móntem fíliæ Síon : ut áuferat ípse júgum captivitátis nóstræ.

    Jetez les yeux, Seigneur, sur la misère de votre peuple, et envoyez à son secours celui que vous devez envoyer. Faites sortir de la pierre du désert et paraître sur la montagne de la fille de Sion, l'Agneau qui doit être le maître du monde, afin qu'il nous délivre lui-même du joug de la servitude dont nous sommes accablés.

    Consolámini, consolámini, pópule méus : cito véniet sálus túa: quare mæróre consúmeris, quia innovávit te dólor ? Salvábo te, nóli timére, égo enim sum Dóminus Déus túus, Sánctus Israël, Redémptor túus.

    Consolez-vous, consolez-vous, mon peuple : celui qui doit opérer votre salut viendra bientôt. Pourquoi vous laissez-vous consumer par la tristesse ? et comment la douleur vous a-t-elle ainsi défiguré ? Je vous sauverai, ne craignez point ; car je suis le Seigneur votre Dieu, le Saint d'Israël et le Rédempteur qui vous a été promis.

  • Saint Damase

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    In Mélanges littéraires extraits des Pères latins, de l’abbé J.-M.-S. Gorini, 1864.

  • Ijé Khérouvimi

    L’hymne des chérubins, extrait de la divine liturgie que j’avais publiée le 6 décembre, dans la sublime version des moniales de Iekaterinbourg.

    Transcription approximative :

    Ijé Khérouvimi taïno obrazouiouchtché, i jivotvoriachtchèi Troïtsié trissiviatouiou piesn pripièvaiouchtché, vsiakoè niniè jitéiskoè otlojim popétchénié…

    Après l’entrée des prêtres :

    iako da tsaria vsièkh podimém, anguelskimi niévidimo dorinossima tchinmi, Alliluia.

    Nous qui, dans ce mystère, représentons les chérubins et chantons l’hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité, déposons maintenant tous les soucis de cette vie...

    pour accueillir le Roi de toutes choses, invisiblement escorté par les ordres des anges. Alléluia, alléluia, alléluia.

  • Deuxième dimanche de l’Avent

    Pópulus Sion, ecce, Dóminus véniet ad salvándas gentes : et audítam fáciet Dóminus glóriam vocis suæ in lætítia cordis vestri.
    Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Joseph.

    Peuple de Sion, voici que le Seigneur vient pour sauver les nations. Il va faire retentir sa voix majestueuse, et vous aurez le cœur en joie.
    Ecoutez-moi, Pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau.

    L’introït de la messe de ce dimanche, par les moines de Ligugé en 1956 :


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    L'effet de la quarte ascendante de l'introït d'aujourd'hui est si différent de celui de la quarte descendante de l'introït de dimanche dernier ! Il semble que l'on entende un héraut proclamer au peuple de Sion la nouvelle la plus importante jamais annoncée, la nouvelle que l'humanité attendait depuis des siècles. Le messager mandaté par le Seigneur lui-même fait pénétrer dans tous les cœurs ce message de joie : « Le Seigneur viendra sauver les nations. » Et toi, tu pourras écouter attentivement la voix du Seigneur. Car il parlera comme quelqu'un qui a le pouvoir ; il parlera de sa grâce, de sa vérité transcendante et de sa gloire. Sa voix fera déborder le cœur de joie.

    Lorsque de si grandes choses sont promises, la demande du verset de psaume vient spontanément à l'esprit : « Prête l'oreille, toi qui gouvernes Israël. » Aide-nous à vivre ce temps de grâce. Car c'est avec beaucoup d'amour que tu as conduit Joseph de la prison au trône royal.

    Les paroles de l'antienne se sont vérifiées lorsque le Seigneur est venu. La joie a rempli le cœur des bergers lorsque le Seigneur, par l'intermédiaire de ses anges, leur a annoncé le message de paix. Et bien que l'Enfant de Bethléem n'ait pas pu parler à ce moment-là, il a souvent conversé secrètement avec nos âmes in laetitia cordis. Un jour viendra où sa voix résonnera majestueusement sur les millions d'hommes qui ont jamais habité la terre, annonçant la joie éternelle à ceux qui l'auront écoutée de leur vivant.

    Trois phrases sont perceptibles dans la mélodie, toutes commençant par le même motif, ou du moins par un motif similaire : Populus et et auditam et in laetitia. Plus évidente encore eest la concordance des motifs finaux : gentes et vestri et suae une quinte plus haut. La vraie dominante des première et troisième phrases est do ; celle de la deuxième, ré.

    Comme Populus, Dominus insiste sur le do. Mais avant cela, la quinte sur ecce fixe l'attention. Et c'est alors comme si le Seigneur lui-même se présentait lentement et solennellement. Jusqu'à présent, il avait envoyé les prophètes ; maintenant, il apparaît lui-même. Il ne vient pas pour juger, mais pour racheter ; il vient pour apporter la rédemption à toutes les nations. Cette pensée est traitée plus en détail dans l'épître ; et dans l'évangile, le Seigneur parle de son activité : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l'évangile est annoncé aux pauvres. » Il vient racheter les Gentils. Devant cette gracieuse manifestation de la faveur divine, la mélodie s'incline en signe de gratitude.

    Dom Dominic Johner

    D'où vient cette antienne ?

    La postcommunion, et les oraisons de l'Avent en général.

  • De la férie

    Samedi de la première semaine de l'Avent.

    L’hymne des laudes au temps de l’Avent, traduction Pierre Corneille, par les moines du Barroux.

    Vox clara ecce íntonat,
    obscúra quæque íncrepat:
    pellántur éminus sómnia;
    ab æthre Christus prómicat.

    Un saint éclat de voix à nos oreilles tonne,
    Il dissipe la nuit qui nous couvrait les yeux,
    Va, sommeil, et nous abandonne,
    Jésus prêt à partir brille du haut des cieux.

    Mens jam resúrgat tórpida
    quæ sorde exstat sáucia;
    sidus refúlget jam novum,
    ut tollat omne nóxium.

    Apprends, âme endormie, apprends à te soustraire
    Aux fantômes impurs dont tu te sens blesser :
    Le nouvel astre qui t'éclaire
    Ne lance aucun rayon que pour les terrasser.

    E sursum Agnus míttitur
    laxáre gratis débitum;
    omnes pro indulgéntia
    vocem demus cum lácrimis.

    L'incomparable agneau que du ciel on envoie
    Vient payer de son sang ce que chacun lui doit :
    Que les pleurs et les cris de joie
    S'efforcent de répondre aux biens qu'on en reçoit,

    Secúndo ut cum fúlserit
    mundúmque horror cínxerit,
    non pro reátu púniat,
    sed nos pius tunc prótegat.

    Afin que, quand son bras choisira ses victimes,
    Qu'on verra l'univers environné d'horreur,
    Loin de nous punir de nos crimes,
    Ce même bras nous cache à sa juste fureur.

    Summo Parénti glória
    Natóque sit victória,
    et Flámini laus débita
    per sæculórum sæcula. Amen.

    Gloire soit à jamais au Père inconcevable !
    Gloire au Verbe incarné ! gloire à l'Esprit divin !
    Gloire à leur essence ineffable,
    Qui règne dans les cieux et sans borne et sans fin !

  • Immaculée Conception

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    Icône de Novosilky, district de Touria, Volhynie, milieu du XVIIIe siècle. (C’était alors la Pologne, puis ce fut la Russie, aujourd’hui c’est l’Ukraine.)

    Le canon de saint André de Crète, aux matines byzantines de la fête de la Conception de sainte Anne mère de la Théotokos, le 9 décembre.

    Anne, en ce jour nous célébrons ta Conception, car, délivrée des liens de la stérilité, tu as conçu la Vierge, offrant un abri à celui que nul espace ne contient.
    Exauçant la prière de tes justes aïeux, Seigneur, tu accomplis ce que te demandaient tes saints ancêtres et leur as accordé comme fruit de leurs entrailles ta Mère immaculée.
    Anne dans sa gloire maintenant conçoit puis enfantera la Vierge pure qui, à son tour, en la chair doit concevoir et enfanter le Seigneur incorporel, le Christ, suprême bonté.
    La montagne sainte que d'avance en l'Esprit le Prophète a vue et dont s'est détachée une pierre pour briser les temples des faux-dieux par divine puissance, c'est toi, ô Vierge immaculée.

    Si tu m'accordes le fruit du sein, disait sainte Anne au Seigneur, je m'en trouverai magnifiée et te le consacrerai. C'est ainsi qu'elle conçoit la pure Mère de Dieu.
    Comme tu priais dans le jardin, le Très-Haut perçut ta voix, sainte Anne, et t'accorda comme fruit de ton sein la Pleine-de-grâce qui ouvrit la porte du Paradis.
    Accomplissant les préceptes de la Loi et servant sans faille le Seigneur, tu conçois en tes entrailles la Mère du véritable législateur, sainte Anne, et c'est pourquoi nous, les fidèles, te disons bienheureuse.
    De mon cœur privé de fruits chasse la stérilité, pour que mon âme, elle aussi, devienne féconde en vertus, sainte Mère de Dieu, toi qui viens en aide aux croyants.

    Lorsque l'Ange lui est envoyé, Anne, émerveillée, proclame à haute voix : Message divin, langage merveilleux, moi aussi, je concevrai ! Dieu qui fais des merveilles, gloire à toi.
    Anne s'écrie au comble de la joie : Toutes les tribus d'Israël, réjouissez-vous avec moi, car j'ai conçu le nouveau Ciel d'où se lèvera bientôt l'astre du salut, la source de lumière, Jésus.
    La prière d'Anne fut ouïe par Dieu, le Seigneur fit cas de ses gémissements ; dissipant la brume de la stérilité, il fit resplendir l'éclat de la fécondité : elle conçut alors la seule Immaculée.
    Vierge pure, tabernacle sans défaut, sous les flots très-purs de ton amour lave-moi de la souillure du péché et tends vers moi ta main secourable, afin que je te crie : gloire à toi, Ô Vierge glorifiée par le Seigneur.

    Issue de la racine de David et de Jessé, Anne commence à faire croître maintenant le divin rameau qui fera fleurir la fleur mystique, le Créateur de l'univers.
    Anne s'écrie : Les peuples me verront devenir mère et s'émerveilleront ; voici que je conçois, selon le bon plaisir de celui qui rompt les liens de ma stérilité.
    Anne, au comble de la joie, s'écrie devant ses proches : L'enfant que j'ai conçue, c'est la Porte infranchissable, la Montagne non-taillée que les voix prophétiques ont jadis annoncée.

    Comment loge dans le sein celle qui logera son Dieu, comment vient au monde celle qui enfantera le Christ et comment est allaitée celle qui de son lait nourrira le Créateur ?
    Exauçant votre supplication, Dieu vous donne donc, Joachim et Anne, en ce jour le plus fécond de tous les fruits.
    Anne, concevant dans son sein la colombe immaculée, fut remplie d'une joie spirituelle, adressant à Dieu des chants d'action de grâce.
    La houle des pensées, l'assaut de mes passions et l'océan de mes péchés tourmentent ma pauvre âme naufragée : Dame toute-sainte, accorde-moi ton secours.

    Anne priait le Maître universel d'éloigner l'infamante stérilité ; compatissant, il écouta sa voix et lui donna selon son bon plaisir pour fruit du sein sa propre Mère.
    La royale pourpre, dans ton sein, Anne, tu commences à la tisser : c'est elle que portera le Dieu et Roi de tous lorsqu'il se révélera aux mortels pour abattre l'ennemi du genre humain.
    Anne, tu as conçu dans ton sein la myrrhe de suave odeur qui recevra merveilleusement le Parfum de notre vie, le Maître qui embaume nos esprits par le souffle de la grâce.
    Ô Christ, nous te glorifions comme l'Un de la Trinité, qui as pris chair de la Vierge sans changement et sans quitter le sein paternel t'es uni à notre destinée humaine.

    La Reine qu'annonçait David, voici que dans mon sein je la reçois, disait sainte Anne, et je vais enfanter la protection de tout croyant, celle qui doit à son tour enfanter le Christ notre Roi.
    La terre que le Créateur du monde habitera, le sceptre de sa royauté, l'arche nouvelle de sa sainteté, le ciboire où la manne est conservée commence à prendre forme dans le sein de la mère qui l'enfantera.
    Le buisson non consumé, le chandelier tout doré, le lit nuptial du Seigneur Dieu, le bâton fleuri d'Aaron commence à prendre forme dans le sein de la mère qui l'enfantera.
    Relève-moi qui suis au fond de l'abîme du malheur, combats les ennemis qui se jettent contre moi, Vierge pure, ne méprise pas mon âme vulnérée par l'égarement de mes passions, mais fais-moi grâce et sauve-moi.

    Concevant la source de la Vie, tu accueilles en même temps, sainte Anne, notre joie ; en tes entrailles recevant le Temple saint et rayonnante de sainteté, magnifie le Créateur.
    Le couple saint et bienheureux, Joachim et Anne, soit l'objet de nos chants ! Comme aïeux du Fils avant les siècles engendré et gardiens fidèles de la Loi ils ont eu pour enfant les prémices de la joie.
    Daniel l'a vue comme montagne élevée, Joël comme terre sainte l'a contemplée, les autres prophètes comme la porte du Seigneur, la fontaine scellée ou la divine toison : c'est la Vierge Mère que nous chantons.
    La pourpre qui teignit le tissu du Verbe en son ineffable incarnation, l'encensoir tout doré, la table sainte où reposa le Christ, vrai pain du ciel, c'est la Vierge Mère que nous glorifions.

  • Saint Ambroise

    Dans la liturgie ambroisienne, le chant de communion est appelé Transitorium (déplacement des fidèles qui vont communier). Voici le Transitorium de Noël, par la Chapelle de la cathédrale de Milan (non daté).

    Gaude et lætáre, exsultátio angelórum.
    Gaude, Dómini virgo, prophetárum gáudium.
    Gáudeas, benedícta, Dóminus tecum est.
    Gaude, quæ per ángelum gáudium mundi suscepísti.
    Gaude, quæ genuísti factórem et Dóminum.
    Gáudeas, quia digna es esse mater Christi.

    Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, exultation des anges,
    Réjouis-toi, Vierge du Seigneur, joie des prophètes,
    Réjouis-toi, bénie, le Seigneur est avec toi.
    Réjouis-toi, qui as reçu par l’ange la joie du monde.
    Réjouis-toi, qui as engendré le créateur et Seigneur.
    Réjouis-toi, parce que tu es digne d’être la mère du Christ.