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Saint Félix de Valois

« Longtemps vénéré comme saint par l'Église catholique, il est aujourd'hui considéré comme fictif par la plupart des historiens », affirme Wikipedia. Et Paul VI n’avait pas attendu Wikipedia pour débarrasser le calendrier liturgique de ce faux saint, sur la foi de ses experts qui prime toute piété.

Mais saint Félix de Valois ne veut pas disparaître. Il s’incruste. C’en est même étonnant.

Félix de Valois et Jean de Matha avaient créé l’ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs (qui libéra des millions de chrétiens captifs des musulmans) à la toute fin du XIIe siècle. Félix était ermite à Cerfroid, qui était alors semble-t-il dans le diocèse de Meaux et qui est aujourd’hui dans le diocèse de Soisson. Puis il avait créé à Cerfroid un couvent de trinitaires. Lequel couvent (et l’ordre lui-même, en France) fut supprimé à la Révolution.

En 1944, des religieuses trinitaires viennent s’installer à Cerfroid.

En 1973, trois ans après la suppression de Félix de Valois par le pape, des trinitaires canadiens viennent fonder une nouvelle maison de l’ordre à Paris. En 1986, des religieux trinitaires s’installent à Cerfroid. Sur leur site, ils expliquent : « L'Ordre de la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs fut créé en 1198 par Jean de MATHA et Félix de VALOIS afin de racheter les chrétiens qui y étaient maintenus en esclavage en Pays musulmans. »

Plus étonnant encore, en 1997 a été fondée une paroisse Saint Félix de Valois ! Une paroisse qui englobe 28 villages, dont Brumetz où se trouve Cerfroid.

Parce que, figurez-vous, saint Félix de Valois n’a jamais existé, mais il y a peut-être eu à Cerfroid un ermite qui s’appelait Félix et qui était de Valois et qui aurait fondé avec Jean de Matha l’ordre trinitaire. (C’est comme les pièces de Shakespeare qui n’ont pas été écrites par Shakespeare mais par un autre écrivain qui peut-être s’appelait Shakespeare. Quand on n’a rien à faire il faut bien s’occuper…)

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Commentaires

  • « Et Paul VI n’avait pas attendu Wikipedia pour débarrasser le calendrier liturgique de ce faux saint, sur la foi de ses experts qui prime toute piété. »

    Si ce fait était avéré, il pourrait prouver que les canonisations ne sont pas des actes revêtus de l'infaillibilité pontificale (d'ailleurs, il faudrait d'abord se mettre d'accord sur ce que signifie l'infaillibilité dans ce cas).

    Quant à l'histoire de Paul VI, elle montre que ce pape, dès lors qu'il s'agissait de catholiques, n'avait pas le respect des droits de l'homme: Aucun respect de la liberté religieuse, aucun respect du droit à la culture. Ce pape nous a fait énormément souffrir.

    Cela me rappelle l'histoire de mon saint patron, saint Denis dont on enseigne qu'il n'était pas l'aréopagite et qu'il n'a pas écrit ses célèbres livres mystiques, contrairement à ce que les orthodoxes continuent à affirmer et avec lesquels je suis d'accord. Je pense aussi à saint Martial de Limoges dont on enseigne qu'il n'était pas l'enfant que Jésus pris sur ces genoux pour enseigner "si vous ne devenez pas semblable aux petits enfants (Mt 18,2)...", à saint Amadour de Rocamadour, époux de sainte Véronique, qui est le Zacchée de l'évangile (Luc 19)... et de tant d'autres dont nos Diafoirus historiens réécrivent l'histoire ou simplement la nient.

  • L'infaillibilité pontificale en matière de canonisations est une opinion commune des théologiens. Elle n'est pas un dogme de foi. Elle ne figure pas dans le Catéchisme de l'Eglise catholique.

  • Merci de ces précisions, monsieur. Je serais tout à fait d'accord pour dire que les saints canonisés sont au ciel. Mais s'agissant d'un fait historique, il ne s'agit ni de mœurs ni de foi donc pas d'infaillibilité. Ce qui en revanche semblerait revêtu de l'infaillibilité serait de l'autorisation de culte. J'ai lu que sainte Clotilde s'était livrée à un acte de vengeance contre son oncle, assassin de ses parents en incitant ses fils à combattre leur grand-oncle (et à tuer si mes souvenirs sont bons) qui vivait encore lorsque les fils de sainte Clotilde furent en âge de combattre. Le même texte disait que c'est en considération des mœurs très rudes de l'époque. Peut-être aussi, étant reine, donc en charge du bien commun, jugea-t-elle qu'elle agissait au nom de la justice vindicative, de la justice pénale contre l'oncle qui l'avait privée de ses parents ?

  • La béatification est une autorisation de culte public pour une Eglise particulière. La canonisation est une autorisation de culte public, promulguée par le magistère suprême pour l'Eglise universelle. Ce ne sont pas à proprement parler des déclarations que l'âme de quelqu'un (béatifié ou saint) fût au ciel.

    Bien sûr on peut considérer que de telles autorisations fussent moralement infaillibles. On accepterait difficilement que la Providence, qui assiste l'Eglise, laissât vénérer d'un culte public, universel ou même particulier, l'âme de quelqu'un qui ne fît pas partie des bienheureux déjà glorifiés.

    Cependant, et j'ai exposé plusieurs fois cette position sur le Forum catholique, il ne s'agit pas d'un dogme de foi, ou de morale, défini selon les normes du concile Vatican I. Les faits concernés, en effet, doctrines et vertus, sont postérieurs à la Révélation, close à la mort du dernier apôtre. En ce sens, au sens de la Constitution Aeterni Patris du concile Vatican I, ils ne peuvent faire l'objet d'une définition dogmatique et infaillible.

    Autrement dit, les béatifications et canonisations ne sont pas des dogmes, pas plus que ne le serait par exemple la reconnaissance officielle par Rome d'un miracle (par exemple les stigmates de saint François d'Assise) ou d'une apparition privée (par exemple Lourdes).

    Pour illustrer mon propos, je vais vous citer succinctement un exemple curieux. Je suis en train de lire les mémoires (Les Commentaires) remarquables sur le plan littéraire d'un pape de la Renaissance, Pie II.

    Au livre V (page 246 de la traduction d'Ivan Cloulas), il déclare à la fois vouloir canoniser Catherine de Sienne, Rose de Viterbe et Françoise Romaine "et les proclamer admises dans la cité céleste" et d'autre part vouloir excommunier Sigismondo Malatesta : "C'est de son vivant qu'il sera condamné à Orcus [l'enfer], et peut-être est-ce tout vif qu'il sera jeté dans le feu."

    Il me semble que, pas plus dans un cas comme dans l'autre, il ne faille prendre ces expressions à la lettre : ce ne sont pas des dénitions infaillibles.

    C'est d'autant plus vrai que Sigismondo Malatesta, après avoir été brûlé en effigie sur les marches de Saint-Pierre, finira par se réconcilier avec l'Eglise !

  • "Mt 18,2. Jésus ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d'eux,"

    http://magnificat.ca/textes/nt01_mt.rtf

    Je vois en consultant Fillion, que certains autres prétendent qu'il s'agit d'Ignace d'Antioche, martyr.

  • Moi j'aime bien lire qu'un saint chante l'Office avec les anges et la Mère de Dieu : http://www.introibo.fr/20-11-St-Felix-de-Valois
    Grande grâce. Mais ça...les historiens peuvent-ils le comprendre ?

  • Bonjour,

    Sur quoi s'appuie-t-on pour dire qu'il n'a jamais existé ?

  • Sur des préjugés inconsistants. C'est une façon de nier que la tradition orale, puis écrite, puisse avoir une valeur historique. D'ailleurs les protestants ont toujours excellé dans la négation de l'historicité de beaucoup de saint. Paul VI est celui qui a protestantisé l'Eglise.
    La liste est longue des saints éjectés du calendrier.

  • Je crois que pour les historiens c'était une invention conjointe des trinitaires et de la monarchie française : les premiers avaient un saint membre de la famille royale comme cofondateur, et la monarchie avait la gloire d'avoir un de ses membres comme cofondateur d'un ordre religieux... Le doute étant né du fait qu'on ne trouve pas la bulle de canonisation... mais je ne suis pas allé voir de plus près.

  • Merci, Yves.

    Si cette personne existe, elle doit avoir une tombe quelque part j'imagine. A moins qu'il n'y en ait pas...

  • St Félix, tombeau à Cerfroid.
    Les mêmes historiens disaient que St Lazare, St Maximin, Ste Marthe, Ste Marie-Madeleine et al. n'avaient jamais mis les pieds en Provence. Des preuves, ils n'en avaient pas, juste leurs préjugés présomptueux, complaisamment colportés par des ignorants. Heureusement les Dominicains actuels de la Ste Beaume, ont refait toutes les recherches qui ont réduit à néant les prétentions de ces "négationnistes" des années 1960/1970. Le doute n'est plus permis, les amis de Jésus ont sanctifié notre douce France

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