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Liturgie - Page 31

  • 6e jour dans l’octave de la Nativité

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    Duccio, 1308.

    Considérons, dans ce sixième jour de la Naissance de notre Emmanuel, le divin Enfant étendu dans la crèche d’une étable, et réchauffé par l’haleine de deux animaux. Isaïe l’avait annoncé : Le bœuf, avait-il dit, connaîtra son maître, et l’âne la crèche de son seigneur ; Israël ne me connaîtra pas. (I, 3.) Telle est l’entrée en ce monde du grand Dieu qui a fait ce monde. L’habitation des hommes lui est fermée par leur dureté et leur mépris : une étable lui offre seule un abri hospitalier, et il vient au jour dans la compagnie des êtres dépourvus de raison. Mais ces animaux sont son ouvrage. Il les avait assujettis à l’homme innocent. Cette création inférieure devait être vivifiée et ennoblie par l’homme ; et le péché est venu briser cette harmonie. Toutefois, comme nous l’enseigne l’Apôtre, elle n’est point restée insensible à la dégradation forcée que le pécheur lui fait subir. Elle ne se soumet à lui qu’avec résistance ; elle le châtie souvent avec justice ; et au jour du jugement, elle s’unira à Dieu pour tirer vengeance de l’iniquité à laquelle trop longtemps elle est demeurée asservie.

    Aujourd’hui, le Fils de Dieu visite cette partie de son œuvre ; les hommes ne l’ayant pas reçu, il se confie à ces êtres sans raison ; c’est de leur demeure qu’il partira pour commencer sa course ; et les premiers hommes qu’il appelle à le reconnaître et à l’adorer, sont des pasteurs de troupeaux, des cœurs simples qui ne se sont point souillés à respirer l’air des cités.

    Le bœuf, symbole prophétique qui figure auprès du trône de Dieu dans le ciel, comme nous l’apprennent à la fois Ézéchiel et saint Jean, est ici l’emblème des sacrifices de la Loi. Sur l’autel du Temple, le sang des taureaux a coulé par torrents ; hostie incomplète et grossière, que le monde offrait dans l’attente de la vraie victime. Dans la crèche, Jésus s’adresse à son Père et dit : Les holocaustes des taureaux et des agneaux ne vous ont point apaisé ; me voici.

    Un autre Prophète annonçant le triomphe pacifique du Roi plein de douceur, le montrait faisant son entrée dans Sion sur l’âne et le fils de l’ânesse. Un jour cet oracle s’accomplira comme les autres ; en attendant, le Père céleste place son Fils entre l’instrument de son pacifique triomphe et le symbole de son sacrifice sanglant.

    Telle a donc été, ô Jésus ! Créateur du ciel et de la terre, votre entrée dans ce monde que vous avez formé. La création tout entière, qui eût dû venir à votre rencontre, ne s’est pas ébranlée ; aucune porte ne vous a été ouverte ; les hommes ont pris leur sommeil avec indifférence, et lorsque Marie vous eut déposé dans une crèche, vos premiers regards y rencontrèrent les animaux, esclaves de l’homme. Toutefois, cette vue ne blessa point votre cœur ; vous ne méprisez point l’ouvrage de vos mains ; mais ce qui afflige ce cœur, c’est la présence du péché dans nos âmes, c’est la vue de votre ennemi qui tant de fois est venu y troubler votre repos. Nous serons fidèles, ô Emmanuel, à suivre l’exemple de ces êtres insensibles que nous recommande votre Prophète : nous voulons toujours vous reconnaître comme notre Maître et notre Seigneur. C’est à nous qu’il appartient de donner une voix à toute la nature, de l’animer, de la sanctifier, de la diriger vers vous ; nous ne laisserons plus le concert de vos créatures monter vers vous, sans y joindre désormais l’hommage de nos adorations et de nos actions de grâces.

    Dom Guéranger

  • 5e jour de l’Octave de la Nativité

    L’hymne des laudes, par les moines de Silos vers 1959 (les deux premières strophes et la doxologie).


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    A solis ortus cárdine
    Ad usque terræ límitem,
    Christum canámus Príncipem,
    Natum María Vírgine.

    Du point où le soleil se lève
    jusqu’aux limites de la terre,
    chantons le Christ Roi,
    né de la Vierge Marie.

    Beátus Auctor sǽculi
    Servíle corpus índuit:
    Ut carne carnem líberans,
    Ne pérderet quos cóndidit.

    Le bienheureux Auteur du monde
    revêt un corps d’esclave,
    afin que, délivrant la chair par la chair,
    il sauve de leur perte, ceux qu’il a créés.

    Castæ Paréntis víscera
    Cæléstis intrat grátia:
    Venter Puéllæ bájulat
    Secréta, quæ non nóverat.

    Au sein d’une chaste Mère
    descend la grâce céleste,
    les flancs d’une Vierge portent un mystère
    qu’elle ne connaissait pas.

    Domus pudíci péctoris
    Templum repénte fit Dei:
    Intácta nésciens virum,
    Verbo concépit Fílium.

    La demeure d’un sein pudique
    devient soudain le temple de Dieu ;
    la Vierge, intacte et toujours pure,
    conçoit un Fils dans ses entrailles.

    Eníxa est puérpera,
    Quem Gábriel prædíxerat,
    Quem matris alvo géstiens,
    Clausus Joánnes sénserat.

    Cette jeune mère enfante
    celui qu’annonça Gabriel ;
    celui dont Jean, captif encore au sein maternel,
    reconnut la présence.

    Fœno jacére pértulit:
    Præsépe non abhórruit:
    Parvóque lacte pastus est,
    Per quem nec ales ésurit.

    Il a souffert de reposer sur du foin ;
    il n’a pas eu horreur de la crèche ;
    il s’est nourri d’un peu de lait,
    lui qui rassasie jusqu’au petit oiseau.

    Gaudet chorus cæléstium,
    Et Angeli canunt Deo;
    Palámque fit pastóribus
    Pastor, Creátor ómnium.

    Le chœur des Esprits célestes se réjouit,
    et les Anges chantent à Dieu ;
    il se manifeste aux bergers,
    le Pasteur, le Créateur de tous.

    Glória tibi Dómine,
    Qui natus es de Vírgine,
    Cum Patre, et Sancto Spíritu,
    In sempitérna sǽcula.
    Amen.

    Gloire soit à vous, ô Jésus !
    Qui êtes né de la Vierge :
    gloire au Père et à l’Esprit-Saint,
    dans les siècles éternels.
    Ainsi soit-il.

  • Les Saints Innocents

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    Duccio, Sienne, 1311.

    Hymnum canentes martyrum
    Dicamus Innocentium,
    Quos terra flentes perdidit,
    Gaudens sed æthra suscipit.
    Quorum tuentur angeli
    Vultum patris per sæcula,
    Ejusque laudant gratiam,
    Hymnum canentes martyrum.

    Chantons l’hymne des Martyrs ; célébrons les Innocents, que la terre, avec tristesse, a vus périr, que le ciel joyeux a reçus. Leurs Anges contemplent à jamais la face du Père céleste ; ils célèbrent le miracle de sa grâce, chantant l’hymne des Martyrs.

    Quos rex peremit impius,
    Pius sed auctor colligit,
    Secum beatos collocans,
    In luce regni perpetis.
    Qui mansiones singulis
    Largitus in domo patris,
    Donat supernis sedibus,
    Quos rex peremit impius.

    Un roi impie les a moissonnés ; leur Créateur les a recueillis dans sa bonté ; il les a placés avec lui dans la félicité, dans la lumière du royaume éternel. Celui qui donne à ses élus chacun leur demeure dans la maison de son Père, leur a assigné un rang sublime : un roi impie les a moissonnés.

    Bimos et infra parvulos
    Herodis ira perculit,
    Finesque Bethlemiticos
    Sancto respersit sanguine.
    Præclara Christo splenduit
    Mors innocens fidelium,
    Cælis ferebant angeli
    Bimos et infra parvulos.

    Enfants de deux ans et au-dessous, la fureur d’Hérode les a immolés ; d’un sang pur elle a inondé toute la contrée de Bethléhem. La mort innocente de ces fidèles a resplendi autour du Christ ; les Anges les emportaient aux cieux, enfants de deux ans et au-dessous.

    Vox in Rama percrebuit,
    Lamenta luctus maximi,
    Rachel suos cum Lacrymis
    Perfusa flevit filios.
    Gaudent triumpho perpeti,
    Tormenta quique vicerant,
    Quorum gemens ob verbera
    Vox in Rama percrebuit.

    Une voix retentit dans Rama, des lamentations, un deuil immense : Rachel, baignée dans ses larmes, a pleuré ses fils. Ils jouissent d’un triomphe éternel, eux qui ont vaincu les tourments, et sur leurs douleurs gémissante, une voix retentit dans Rama.

    Ne, grex pusille, formides
    Dentes leonis perfidos,
    Pastor bonus nam pascua
    Vobis dabit cælestia.
    Agnum Dei qui candidum
    Mundo sequeris tramite,
    Manus latronis impias
    Ne, grex pusille, formides.

    Ne crains rien, petit troupeau, des dents perfides du lion : le bon Pasteur te donnera les pâturages célestes. Tu suivras, d’un pas pudique, le candide Agneau de Dieu ; des mains impies du larron, ne crains rien, petit troupeau.

    Absterget omnem lacrymam
    Vestris Pater de vultibus.
    Mors vobis ultra non nocet
    Vitæ receptis mœnibus.
    Qui seminant in lacrymis,
    Longo mettent in gaudio,
    Genis lugentum Conditor
    Absterget omnem lacrymam.

    Il essuiera toutes les larmes, le Père, de vos visages ; la mort ne vous nuira plus, vous êtes entrés dans les murs de la Cité de la vie. Ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans une joie immense ; le Créateur les consolera, et, sur les joues de ceux qui pleurent, il essuiera toutes les larmes.

    O quam beata civitas,
    In qua Redemptor nascitur,
    Natoque primæ martyrum
    In qua dicantur hostiæ !
    Nunquam vocaris parvula
    In civitatum millibus,
    Ex qua novus dux ortus est,
    O quam beata civitas !

    O heureuse cité ! au sein de laquelle naît le Rédempteur : dans laquelle sont offertes au divin Enfant ces prémices des Martyrs ! Tu ne seras plus appelée petite parmi les mille cités de Juda, depuis que le Chef est né en toi, ô heureuse cité !

    Astant nitentes fulgidis
    Ejus throno nunc vestibus,
    Stolas suas qui laverant
    Agni rubentes sanguine.
    Qui perpetis pro patriæ
    Regno gementes fleverant,
    Læti Deo cum laudibus
    Astant nitentes fulgidis.

    Sous des vêtements brillants de gloire, ils assistent maintenant autour du trône, les Innocents qui ont lavé leur tunique dans le sang vermeil de l’Agneau. Ils gémirent, ils pleurèrent pour le royaume de l’éternelle patrie ; maintenant, pleins d’allégresse, ils louent Dieu, sous des vêtements brillants de gloire.

    Saint Bède le Vénérable

    (Traduction de l’Année liturgique)

  • Saint Jean

    Apolytikion de saint Jean le Théologien, par Kostas Kostogiannopoulos, professeur de musique byzazntine.

    Ἀπόστολε Χριστῷ τῷ Θεῷ ἠγαπηπημένε, ἐπιτάχυνον, ῥῦσαι λαὸν ἀναπολόγητον, δέχεταί σε προσπίπτοντα, ὁ ἐπιπεσόντα τῷ στήθει καταδεξάμενος· ὃν ἱκέτευε, Θεολόγε, καὶ ἐπίμονον νέφος ἐθνῶν διασκεδάσαι, αἰτούμενος ἡμῖν εἰρήνην, καὶ τὸ μέγα ἔλεος.

    Apôtre bien-aimé du Christ notre Dieu, hâte-toi de délivrer un peuple sans défense. Celui qui t’a permis de te reposer sur sa poitrine t’accueillera tombant à ses pieds afin d’intercéder pour nous. Prie-le, ô Théologien, de dissiper les nuages persistants du paganisme ; et demande-lui, pour nous, la paix et la grande miséricorde.

  • Saint Etienne

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    Ménologe de Basile II (XIe siècle), bibliothèque vaticane.

    Hier nous avons célébré la naissance temporelle de notre Roi éternel, aujourd’hui nous célébrons la passion triomphante d’un soldat. Hier en effet, notre Roi, revêtu de notre chair, sortant du palais d’un sein virginal, a daigné visiter le monde : aujourd’hui le soldat, quittant la tente de son corps, monte en triomphateur dans le Ciel. Celui-là, conservant toute la majesté de la nature divine et éternelle et prenant l’humble vêtement de la chair, est entré dans le camp de ce siècle pour y combattre ; celui-ci, dépouillé du vêtement corruptible de son corps, est monté dans le palais du Ciel pour y régner éternellement. L’un est descendu couvert du voile de la chair ; l’autre est monté couronné de lauriers, conquis par l’effusion de son sang.

    Celui-ci est monté après avoir été lapidé par les Juifs, parce que celui-là est descendu à la joie des Anges. Hier, les saints Anges chantaient avec jubilation : Gloire à Dieu dans le ciel ; et aujourd’hui, ils ont reçu avec allégresse Étienne dans leur compagnie. Hier, le Seigneur est sorti du sein d’une vierge ; Aujourd’hui, le soldat est sorti de la prison de la chair. Hier, le Christ a été pour nous enveloppé de langes ; aujourd’hui, Étienne est revêtu par lui de la robe de l’immortalité. Hier, l’étroite crèche a porté le Christ enfant ; aujourd’hui, l’immensité du Ciel a reçu Étienne triomphant. Le Seigneur est descendu seul, pour en élever un grand nombre ; notre Roi s’est humilié, afin d’exalter ses soldats.

    Mais il nous est nécessaire, mes frères, de savoir de quelles armes Étienne était muni, pour pouvoir surmonter ainsi la cruauté des Juifs, et pour mériter un si glorieux triomphe. Étienne donc, pour mériter de recevoir la couronne que signifie son nom, avait pour armes la charité, et par elle, il était partout victorieux. Par charité envers Dieu, il ne céda point à la fureur des Juifs ; et par charité envers son prochain, il intercéda pour ceux qui le lapidaient. Par charité, il reprenait ceux qui erraient, pour les faire rentrer dans la bonne voie ; il priait, par charité, pour ceux qui le lapidaient, afin qu’ils ne fussent point punis. Armé de cette force de la charité il vainquit Saul, qui sévissait alors cruellement contre l’Église, et mérita d’avoir pour compagnon dans le Ciel, celui qu’il avait eu pour persécuteur sur la terre.

    Saint Fulgence (leçon des matines).

  • La Vierge aujourd’hui...

    Kondakion de la fête de la Nativité, de saint Romanos le Mélode, par le P. Georges Stamos, archiprêtre de la métropole de Thessalie, et son frère Aris, protopsalte de l’église Saint-Athanase de Thessalonique.

    Ἡ Παρθένος σήμερον, τὸν ὑπερούσιον τίκτει, καὶ ἡ γῆ τὸ Σπήλαιον, τῷ ἀπροσίτῳ προσάγει. Ἄγγελοι μετὰ Ποιμένων δοξολογοῦσι. Μάγοι δὲ μετὰ ἀστέρος ὁδοιποροῦσι· δι' ἡμᾶς γὰρ ἐγεννήθη, Παιδίον νέον, ὁ πρὸ αἰώνων Θεός.

    La Vierge aujourd’hui met au monde le suprasubstantiel, et la terre offre une grotte à l’inaccessible ; les anges et les bergers chantent sa gloire, et les mages avec l’étoile s’avancent, car c’est pour nous qu’est né, petit enfant, le Dieu d’avant les siècles.

  • Noël

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    XVIe siècle, Musée Russe de Saint-Pétersbourg.

    L’image de la Nativité du Christ est contenue mystérieusement dans le songe qu’a vu Nabuchodonosor et qui a été prophétiquement expliqué par le prophète Daniel (Daniel, ch. 2). La pierre qui s’est détachée de la montagne, sans que la main l’eût touchée, et qui a anéanti la grande idole est l’image de la Nativité du Christ. Et habituellement sur l’icône de la Nativité du Christ le Sauveur a, pourrait-on dire, une ressemblance imagée avec la pierre qui a vaincu et anéanti le terrible orgueil humain sous la forme de cette idole. L’Enfant est représenté habituellement au centre même de l’icône emmailloté, sa taille est extrêmement petite. Souvent, par ses dimensions, la représentation du Sauveur est plus petite que toutes les autres représentations sur cette icône et dans le même temps c’est l’icône du Seigneur – l’icône du Christ ; la position du Sauveur sur l’icône occupe la place royale du Seigneur. Quant à la représentation de la Mère de Dieu, elle est habituellement plus grande que toutes les représentations de cette icône et en cela s’est reflétée la prophétie qui avait été donnée dans le songe de Nabuchodonosor et interprétée par Daniel. L’image de la montagne et de la pierre qui s’était détachée de la montagne sans que main l’eût touchée est l’image prophétique de la virginité de toute éternité de la Mère de Dieu. C’est dans cette petitesse du Sauveur qui a accepté l’humilité des langes et de la crèche des animaux qu’est le mystère par lequel le genre humain a été guéri du poison de l’orgueil, déversé par Satan dans « l’ouïe d’Eve ». Toute la superbe humaine, née de l’enorgueillissement de Satan déchu, a perdu dans la Nativité du Christ son attirance, a perdu sa gloire apparente. L’accomplissement de la prophétie contenue dans le cantique de la Mère de Dieu s’est réalisé : « Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles » (Luc 1, v. 52). L’icône de la Nativité du Christ, c’est l’image de la gloire qui ne passe pas, de l’amoindrissement volontaire du Christ ; tous les contours principaux de l’icône, toute sa construction, parlent de cela. L’icône, qui constitue dans ses contours une sorte de sceau exprimant la fête dans son sens fondamental, exprime la gloire du Christ qui s’est fait volontairement homme, la gloire de son amoindrissement. (…)

    Sur l'icône de la Nativité la caverne est habituellement représentée sans aucune complexité, sans essai de représenter les particularités, sans essai de donner un éclairage quelconque, mais elle est représentée comme un creux entièrement noir, comme l’ouverture de la bouche de la terre, et cette noirceur n’est adoucie par rien. Et cette noirceur est opposée avec force à la lumière du Sauveur, à la couronne qui entoure sa tête et à la blancheur de ses langes dont L’a emmailloté la Mère de Dieu.

    La terre, sur l’icône de la Nativité, n’est pas représentée lisse ou unie, non, elle est pleine de mouvements, elle est pleine de saillies, de sommets, de creux. Son mouvement rappelle le mouvement des vagues de la mer. Et ce caractère montueux, accidenté, de la surface terrestre n’est pas seulement un témoignage sur la localité accidentée et montagneuse qui se trouvait près de Bethléem, mais a un autre sens secret plus général. La terre a connu le jour de sa visitation. Elle a répondu au Christ en renaissant tout entière, en se mettant tout entière en mouvement ; comme une pâte, elle a commencé à fermenter parce qu'elle avait senti en elle le levain de la vie éternelle. Et ces plis ondulés et en saillie de la terre qui entourent la caverne, ne sont pas déserts, mais pleins d’un mouvement plein d’appréhension et joyeux. (…)

    Dans la partie supérieure de l’icône, juste au-dessus de la caverne est représentée !’étoile qui conduisit les rois pour qu’ils adorent le Christ et elle est représentée d'une manière peu habituelle, elle est comme envoyée pour s’arrêter au-dessus de la caverne, elle n’est pas représ-l1200.jpegsentée à part, mais sort des sphères célestes qui sont représentées au sommet même de I’icône ; le symbole de l’étoile de Bethléem est conservé non seulement sur les icônes de la Nativité, mais même dans le service divin. Lorsque s’accomplit la proskomidie on pose sur le diskos (la patène) « l’astérisque » au-dessus de l’agneau ôté du pain béni (prosphore) et posé sur le diskos. Cet astérisque signifie l’étoile qui s’est arrêtée au-dessus de l’Enfant-Dieu couché dans la crèche. (…)

    Habituellement sur l’icône de la Nativité on représente Joseph, Celui qui fut fiancé à la Vierge, ployé dans l’affliction, torturé par les doutes, par le fait qu'il n’est pas en état d’assumer le mystère de la Naissance donnée par une Vierge. Devant lui se tient le démon sous les traits d’un vieux berger et il tente de troubler Joseph. Il est caractéristique pour plusieurs icônes de la Nativité que la Mère de Dieu a la face tournée non vers le Sauveur, mais vers Joseph et le visage de la Mère de Dieu exprime une appréhension et une tristesse profondes. La Mère de Dieu semble vouloir aider de toutes ses forces Joseph et dans ce souci est défini déjà le ministère de la Mère de Dieu, comme Reine des cieux, comme médiatrice du genre humain, celle qui porte les afflictions du genre humain.

    Moine Grégoire Krug, Carnets d’un peintre d’icônes.

  • Tropaire de l’avant-fête

    Alors que Marie allait se faire inscrire à Bethléem avec le vénérable Joseph, car elle était de la semence de David, elle portait dans son sein un fruit qui n’y avait pas été semé. Le temps de son enfantement était arrivé et il n’y avait pas de place dans l’hôtellerie, mais la grotte s’avéra pour la Reine un agréable palais. Le Christ naît pour relever Son image qui naguère fut déchue.

    (Chœur de la Trinité-Saint-Serge, 1999.)

  • Vigile de la Nativité

    Allelúia, allelúia. Crástina die delébitur iníquitas terræ : et regnábit super nos Salvátor mundi. Allelúia.

    Demain sera détruit le péché du monde et sur nous régnera le Sauveur de l’Univers.

    Cette année la quatrième semaine de l’Avent se limite aux premières vêpres du quatrième dimanche, puisque la vigile de la Nativité prime le dimanche. Et puisque la vigile de la Nativité est célébrée un dimanche, on a l’Alléluia à la messe. La mélodie est aussi celle des fêtes de la Sainte Trinité et des saints apôtres Philippe et Jacques.

    Le texte est manifestement inspiré d’un verset du 4e livre (apocryphe) d’Esdras (16,53) :

    adhuc pusillum et tolletur iniquitas a terra et justitia regnabit in nos.

    En Daniel 9,24 on voit « et deleatur iniquitas », en Michée 4,7 « et regnabit Dominus super eos ». En Isaïe 33,24 on lit : « populus qui habitat in ea, auferetur ab eo iniquitas », et surtout deux versets plus haut il y a : « Dominus enim judex noster, Dominus legifer noster, Dominus rex noster, ipse salvabit nos. »

    Ce texte est aussi celui du verset après l’hymne des matines et des laudes, et d’une antienne des laudes et de sexte, et il se trouve dans un répons des matines. Le mot « crastina », demain, se trouve 16 fois dans l’office, et encore un fois aux vêpres, qui sont les premières vêpres de Noël.

    Le premier répons des matines commencera par « Hodie », aujourd’hui, et le deuxième répons le chantera quatre fois.

    ℟. Hódie nobis de cælo pax vera descéndit:
    * Hódie per totum mundum mellíflui facti sunt cæli.
    .  Hódie illúxit nobis dies redemptiónis novæ, reparatiónis antíquæ, felicitátis ætérnæ.
    ℟. Hódie per totum mundum mellíflui facti sunt cæli.

    Aujourd’hui la paix véritable est descendue du Ciel sur nous :
    Aujourd’hui, par tout l’univers, les cieux ont distillé le miel.
    Aujourd’hui a brillé pour nous le jour de la rédemption nouvelle, de l’antique réparation, de l’éternelle félicité.
    Aujourd’hui, par tout l’univers, les cieux ont distillé le miel.

  • O Emmanuel

    O Emmánuel, * Rex et légifer noster, exspectátio Géntium, et Salvátor eárum : veni ad salvándum nos, Dómine, Deus noster.

    O Emmanuel, * notre Roi et notre Législateur, Attente des Nations et leur Sauveur : venez nous sauver, Seigneur notre Dieu.