La lecture biblique des mois de juin et juillet, selon le bréviaire, ce sont les livres des Rois. Ce dimanche, Samuel oint la tête de Saul, signifiant qu’il sera et qu’il est déjà le roi d’Israël, même si cette première onction est privée. Voici le commentaire de saint Grégoire le Grand, tel qu’on le lissait au deuxième nocturne des matines avant 1929.
Samuel prit un petit vase d’huile et le répandit sur la tête de Saül. Cette effusion marquait, sans aucun doute, ce qui se pratique encore aujourd’hui dans la sainte Église, où celui qu’on élève au plus haut degré des ordres, reçoit l’onction sacramentelle. Et comme cette onction est un signe, le sujet promu ne reçoit avec profit l’onction extérieure, que s’il est fortifié intérieurement par la vertu de ce signe sacré. Examinons d’abord avec attention les propriétés de l’huile. L’huile monte à la surface des autres liquides, l’huile excite la flamme, l’huile sert communément de remède pour les blessures. Prenant le dessus des autres liquides, elle signifie l’excellence de la miséricorde, car il est écrit du Seigneur : « Ses commisérations s’étendent sur toutes ses œuvres ». Excitant le feu, elle désigne le bon effet de la prédication, qui répand la lumière dans l’âme des élus.
Guérissant les blessures, elle nous invite à porter remède aux plaies de nos péchés. Que la tête du roi soit donc ointe, en signe de la grâce spirituelle qui doit remplir l’âme du docteur. Que ce docteur reçoive dans son onction l’huile d’une abondante miséricorde, et que toujours il la mette au-dessus des autres vertus. Qu’il ait de l’huile pour alimenter en lui-même l’ardente flamme de l’Esprit-Saint, et porter chez autrui une vive lumière au moyen de la parole. Qu’il ait aussi l’huile médicinale, avec le talent d’apprécier en quelle mesure elle assainira les fétides plaies du péché et rendra la santé aux âmes qui sont malades.
Cependant l’onction de Saul faite avec le contenu d’une petite coupe, ne figure pas sa doctrine, mais son avenir. Cette coupe était de petite dimension. Or, pourquoi Saül n’est-il oint qu’avec un petit vase d’huile, sinon pour signifier qu’à la fin il sera réprouvé ? Et en effet, devenu dans la suite infidèle à Dieu, il entendit cette sentence de la bouche de Samuel : « Parce que vous avez rejeté la parole du Seigneur, le Seigneur vous a rejeté, afin que vous ne soyez plus roi ». Ainsi, comme ce petit vase contenait peu d’huile, Saül a peu reçu, recevant la grâce spirituelle pour la rejeter dans la suite. Et ceci ne s’applique pas moins justement aux prélats de la sainte Église ; car il s’en trouve qui reçoivent la perfection du sacerdoce, et qui sont loin d’être parfaits en amour de Dieu et du prochain.