Allelúia, allelúia. Deus judex justus, fortis et pátiens, numquid iráscitur per síngulos dies ? Allelúia.
Alléluia, alléluia. Dieu est un juge juste, fort et patient, est-ce qu’il s’irritera tous les jours ? Alléluia.
Dom Gajard :
L’Alléluia Deux judex Justus, 8e mode, est splendide de sonorité chaude et de puissance, notamment dans la vocalise ; très ramassée sur elle-même, elle part du grave, et monte, ample, très enveloppée, mais irrésistible, atteignant successivement, dans son lumineux développement, le sol, le si, le do, le ré, le mi, pour condenser dans un dernier trait toute la poussée vigoureuse qui la soulevait et se poser enfin sur une des belles cadences du mode.
Par les moines de Solesmes sous la direction de dom Gajard, 1952 ou 1953 :
Dom Baron :
LE TEXTE
Dieu un juge fuste, fort et patient. Est-ce qu’il va s’irriter à longueur de jour? Ps. VII. 12.
L’interrogation qui termine ce verset est à prendre dans le sens négatif. Le psalmiste veut dire que le Seigneur a sa justice en main, qu’il l’appliquera à son heure et qu’il est assez patient pour supporter ce qu’on lui fait sans avoir à se mettre en colère à chaque instant.
Cette parole est encore pour la brebis égarée loin du bercail. L’Eglise la lui chante moins pour l’amener à la crainte que pour l’encourager au contraire à avoir confiance en la patience du Seigneur qui n’est en colère que contre celui qui s’obstine.
LA MÉLODIE
Deus judex justus est revêtu d’une solennité ferme et forte qui s’impose, avec une nuance de sévérité très marquée dans la descente si rythmée sol-re-mi-do et. plus encore. dans la remontée en quinte au sol et au si. Fortis a la même expression. Patiens, par contre, est très lié, avec quelque chose de doux et d’aimable ; l’insistance qu’y mettent le salicus et le quilisma et sa place au sommet de la mélodie montrent bien que l’Eglise a voulu le mettre en relief très marqué, d’autant que la phrase suivante se développe, elle aussi, dans celte atmosphère paisible. On pourrait même trouver, sans forcer l’expression, une fine pointe d’esprit sur cette interrogation quelque peu ironique.
La formule finale s’en dégage dans une splendide montée de joie; la joie de l’âme, heureuse de la patience dont Dieu l’a si généreusement gratifiée. Aussi bien, cette joie, qui est celle de l’Alleluia, enveloppe toute la pièce et en fait un autre beau chant de réconfort pour l’âme retenue loin de Dieu et un hommage de louange à la miséricorde du Bon Pasteur que nous allons voir à l’œuvre dans l’Evangile.