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  • "Daech, nous et les clercs"

    Voici la traduction d’un texte qui a manifestement été rédigé... en français, puisqu’il est d’un étudiant algérien résidant en France, Kamel Abderrahmani, mais qui ne se trouve pour l’heure qu’en anglais et en italien sur Asianews. Ce texte a l’intérêt de souligner que non seulement l’Etat islamique n’est pas étranger à l’islam, mais qu’il applique la loi de l’islam. Il a comme défaut le fait de laisser entendre que la charia serait une invention, alors qu’hélas elle s’enracine dans le Coran.

    Aujourd’hui j’ai décidé de prendre position pour défendre l’Etat islamique face à tous ceux qui disent que ce qu’ils pratiquent n’est pas la charia. Daech n’est pas hypocrite, il est franc, direct et vrai.

    Comment osons-nous dire que Daech ne représente pas la charia ? Une charia inventée par nos oulémas, prêchée dans nos mosquées et enseignée dans nos écoles ? Aujourd’hui, cette même charia est mise en œuvre sur le terrain par l’Etat islamique.

    C’est le résultat de nos idées et de notre jurisprudence, fondée il y a plus de dix siècles. Regardons comment l’institution cléricale a enchaîné et rouillé notre cerveau et celui de nos enfants. Regardons comment elle a excommunié des lumières comme Averroes, Ibn Sina [Avicenne], Arkoun… la liste est très longue.

    Nous voulons un califat similaire à celui du prophète tel que décrit dans nos livres et prêché par nos imams dans leurs sermons. C’est une utopie enseignée depuis des siècles !

    Arrêtons de dénoncer cet Etat et arrêtons de l’outrager. Il n’est pas facile de se débarrasser de lui, parce qu’il est l’enfant légitime de notre jurisprudence. Et enfin, si nous avons vraiment cette intention, débarrassons-nous de notre jurisprudence et de notre charia qui lui ont donné la vie. Cette charia ne vient pas de Dieu, mais du diable ! Arrêtons de lui donner un caractère sacré !

    Et surtout, n’essayez pas d’accuser le Mossad, la CIA, et autres « mécréants » ! Il y a dix siècles ils n’existaient pas. Aucune main étrangère n’a promulgué des lois diaboliques telles que l’amputation des mains pour les voleurs ! Ne soyons pas injustes : ce n’est pas le Mossad qui a fait passer la lapidation des adultères pour une loi divine ! Ce n’est pas la CIA qui inventé l’exécution de l’apostat… mais nos chouyouks et leur jurisprudence de quatre sous.

    Si aujourd’hui les Etats-Unis nous aident à réaliser notre « rêve » (l’Etat « du mal ») pour leurs intérêts, nous devons les remercier, parce que c’est aussi le but de notre jurisprudence. Nous devons aussi applaudir les membres courageux de Daech. Ils ne sont pas hypocrites comme nous. Ils appliquent littéralement les recommandations de nos savants coraniques.

    Notre position est vraiment contradictoire, confuse, malhonnête, hypocrite. Nous partageons la même charia avec Daech, mais malheureusement nous ne l’assumons pas et nous continuons à dire que Daech ne nous représente pas ! C’est vraiment étrange !

    Nous ne voulons pas l’instauration d’un califat ?

    Nous ne voulons pas instaurer la charia ?

    Nous avons seulement deux choix. Soit nous rejoignons Daech et nous lui faisons allégeance, et nous arrêtons de jouer la comédie, soit nous réformons notre vision de l’islam et nous liquidons le vieux bazar, à savoir la charia et la jurisprudence inventée par les oulémas ! Nous devons décider avant qu’il ne soit trop tard.

  • Le cardinal Sarah prône la révolution...

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    Dans son discours à la troisième conférence internationale Sacra Liturgia, hier, le cardinal Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin, a évoqué une éventuelle « réforme de la réforme » liturgique, a déclaré que « la célébration pleine et riche de la forme ancienne du rite romain, l’usus antiquior, devrait être une part importante de la formation liturgique du clergé », et a lancé un appel pressant pour que la messe soit célébrée ad orientem. Voici l’extrait de son discours sur ce dernier sujet, qui a été salué par des applaudissements.

    Je veux lancer un appel à tous les prêtres. Peut-être avez-vous lu mon article dans L’Osservatore Romano il y a un an, ou mon entretien donné au journal Famille chrétienne au mois de mai de cette année. A chaque fois, j’ai dit qu’il est de première importance de retourner aussi vite que possible à une orientation commune des prêtres et des fidèles, tournés ensemble dans la même direction – vers l’est ou du moins vers l’abside – vers le Seigneur qui vient, dans toutes les parties du rite où l’on s’adresse au Seigneur. Cette pratique est permise par les règles liturgiques actuelles. Cela est parfaitement légitime dans le nouveau rite. En effet, je pense qu’une étape cruciale est de faire en sorte que le Seigneur soit au centre des célébrations.

    Aussi, chers frères dans le sacerdoce, je vous demande de mettre en œuvre cette pratique partout où cela sera possible, avec la prudence et la pédagogie nécessaire, mais aussi avec la confiance, en tant que prêtres, que c’est une bonne chose pour l’Eglise et pour les fidèles. Votre appréciation pastorale déterminera comment et quand cela sera possible, mais pourquoi ne pas commencer le premier dimanche de l’Avent de cette année, quand nous attendons le « Seigneur [qui] va venir sans tarder » (cf l’introït du mercredi de la première semaine de l’Avent) ? Chers frères dans le sacerdoce, prêtons l’oreille aux lamentations de Dieu proclamées par le prophète Jérémie : « Car ils m’ont tourné le dos » (Jr 2,27). Tournons-nous à nouveau vers le Seigneur !

    Je voudrais aussi lancer un appel à mes frères évêques : conduisez vos prêtres et vos fidèles vers le Seigneur de cette façon, particulièrement lors des grandes célébrations de votre diocèse et dans votre cathédrale. Formez vos séminaristes à cette réalité : nous ne sommes pas appelés à la prêtrise pour être au centre du culte nous-mêmes, mais pour conduire les fidèles au Christ comme de fidèles compagnons. Encouragez cette simple, mais profonde réforme dans vos diocèses, vos cathédrales, vos paroisses et vos séminaires. En tant qu’évêques, nous avons une grande responsabilité, et un jour nous devrons en rendre compte au Seigneur.

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    Ce à quoi Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a aussitôt répondu :

    C’est avec une grande joie que nous avons appris aujourd’hui que le Saint-Père vous a demandé d’initier une étude de la « réforme » de la réforme liturgique qui suivit le Concile, et d’étudier les possibilités d’un enrichissement mutuel entre l’ancienne et la nouvelle forme du rit romain, ce que le pape Benoît XVI avait évoqué le premier.

    Eminence, votre appel à ce que nous « retournions dès que possible à une orientation commune » dans nos célébrations liturgiques « vers l’Orient ou au moins vers l’abside, là où vient le Seigneur », est une invitation à redécouvrir radicalement quelque chose qui est à la racine même de la liturgie chrétienne. Cela exige de nous de réaliser une fois encore, dans toutes nos célébrations, que la liturgie chrétienne est essentiellement orientée vers le Christ dont nous attendons la venue avec une espérance joyeuse.

    Monsieur le Cardinal, je suis seulement un évêque et ne représente qu’un diocèse du sud de la France. Mais afin de répondre à votre appel, je souhaite dire dès à présent que j’aurai l’occasion de célébrer la sainte messe ad orientem, vers le Seigneur qui vient, dans la cathédrale de Toulon lors du dernier dimanche de l’Avent, et chaque fois que l’occasion opportune se présentera. Avant l’Avent, j’adresserai un message à mes prêtres et aux fidèles à ce sujet pour expliquer ma décision. Je les encouragerai à suivre cet exemple. En tant que chef et pasteur de mon diocèse, je leur demanderai de recevoir mon témoignage personnel, dans l’idée de faire leur faire redécouvrir, par la pratique de la messe orientée, la primauté de la grâce au cours des célébrations. J’expliquerai que ce changement est utile pour se rappeler la nature essentiel du culte chrétien : tout doit être toujours tourné vers le Seigneur.

    On lira ci-après l’intégralité du discours du cardinal Sarah (du moins tel qu’on le trouve en petits morceaux sur la page Facebook de Sacra Liturgia).

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  • Audi Domine

    ℟. Audi, Domine, hymnum, et orationem, quam servus tuus orat coram te hodie: ut sint oculi tui aperti, et aures tuae intentae, * Super domum istam die ac nocte.
    ℣. Respice, Domine, de sanctuario tuo, et de excelso caelorum habitaculo.
    ℟. Super domum istam die ac nocte.

    Ecoute Seigneur l’hymne et la prière que ton serviteur prie devant toi aujourd’hui, afin que tes yeux soient ouverts, et tes oreilles attentives, sur cette maison jour et nuit. Regarde, Seigneur, de ton sanctuaire, et de ton habitation du haut des cieux.

    Ce répons des matines vient des prières de Salomon lors de la dédicace du Temple de Jérusalem, selon le texte de I Rois 8,28-29, auquel on a ajouté l’expression « et aures tuae intentae » qui vient de la prière telle qu’elle est rapportée dans II Chroniques 6,40. Quant au verset, il vient de Deutéronome 26,15.

    Il va de soi que chacun peut reprendre cette prière à son compte, pour lui-même et pour sa maison (domum istam).

    La voici par le Chœur grégorien de Paris (« Office cistercien de la dédicace », troisième nocturne des matines)
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  • D’une sourate l’autre

    Le ministère marocain de l’Education nationale (celui de Rabat, pas celui de Najat) annonce qu’il va supprimer, à la prochaine rentrée, la sourate Al Fath du programme de la troisième année de collège. Au motif que cette sourate incite trop au jihad.

    Fort bien. Et nos négationnistes du padamalgam, s’ils n’étaient pas autistes, pourraient découvrir ainsi, ô surprise, que le Coran incite au jihad. Mais en faisant ainsi, le gouvernement se met à dos tous les islamistes marocains, qui sont nombreux et influents. Et pour un résultat pour le moins mitigé. Car la sourate Al Fath (la conquête) va être remplacée par la sourate Al Hachr (l’exode). Or cette sourate commence par une violente diatribe contre les juifs que Mahomet a obligés à fuir de Médine (d’où le titre). Encore ne les a-t-il pas massacrés, assurément. Mais hors contexte historique la diatribe s’applique aussi bien aux chrétiens (les méchants bannis sont seulement désignés comme « gens du Livre »), et la sourate se termine par une double condamnation des chrétiens selon une formule proche de la chahada : « C’est Lui Allah. Nulle divinité autre que Lui. »

  • Baisodrome écoresponsable

    Les autorités brésiliennes annoncent qu’elles vont distribuer gratuitement quelque 9 millions de préservatifs au cours des Jeux olympiques. Dont 450.000 aux athlètes et à leurs équipes techniques. Sic.

    Ils sont produits par la société amazonienne Natex, qui se dit écoresponsable. C’est le latex du développement durable…

    Dans les distributeurs on trouvera aussi 100.000 préservatifs féminins, et 175.000 sachets de lubrifiant.

    Panem et circenses, et concubitum… On n’arrête pas le progrès de la décadence.

  • Bonne question

    Viktor Orban avait annoncé un référendum sur la relocalisation des « réfugiés ». Ce sera le 2 octobre, annonce le président Janos Ader. Et la question sera :

    Voulez-vous que l'Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l'approbation du Parlement hongrois ?

    Voilà qui met le doigt sur la violation des souverainetés nationales par l’UE, et qui est une déclaration de guerre aux instances communautaires.

    La Commission européenne rappelle que le programme a été décidé lors « d'un processus de décision sur lequel se sont accordés tous les Etats membres », et que ce plan est juridiquement contraignant.

    Tous les Etats, c’est faux. Une fois de plus, la Commission ment. Le plan a été rejeté par la Slovaquie, la Roumanie, la Hongrie et la Tchéquie (et la Finlande s’est abstenue).

    En effet, il est juridiquement contraignant. Mais la Hongrie et la Slovaquie ont porté plainte devant la Cour de Justice de l’UE. Et le référendum, dont le résultat est connu d’avance, est lui aussi juridiquement contraignant pour le gouvernement hongrois…

    On attend la suite avec intérêt…

  • Saint Antoine-Marie Zaccaria

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    (Préface au livre d'Angelo Montonati "Un feu dans la ville")

  • Padamalgam

    Des terroristes ont pénétré dans un restaurant du quartier diplomatique de Dacca, au Bangladesh, et ont pris les clients en otage. Après l’assaut de la police, on a trouvé 26 morts : 20 clients, tous occidentaux, et les 6 terroristes.

    L’attaque a été revendiquée par l’Etat islamique.

    Un des clients survivants a témoigné :

    Les assaillants ne se sont pas comportés brutalement avec les Bangladais, ils leur ont donné à manger. Ils testaient la religion de chacun en leur demandant de réciter un extrait du Coran. Ceux qui pouvaient citer un verset ou deux étaient épargnés. Les autres étaient torturés.

    Mais bien sûr ça-n’a-rien-à-voir-avec-l’islam…

    Selon le ministre de l’Intérieur, les terroristes étaient membres du Jamiat ul moujahidine du Bangladesh, mouvement islamiste (mais pas musulman, bien sûr) interdit depuis dix ans.

    Le ministre a souligné que ces hommes venaient de milieux aisés et avaient fait leurs études dans des établissements privés et à l’université.

    Voilà qui répond aussi aux larmoiements de ceux qui prétendent que c’est l’exclusion, la ghettoïsation, la pauvreté, le chômage, etc. qui font « basculer » dans le terrorisme.

    Mgr Gervas Rozario, évêque de Rajshahi et président de la commission Justice et Paix, a déclaré à AsiaNews :

    Le nom de Dieu ne peut pas et ne doit pas être mêlé à de tels actes. Maintenant les croyants musulmans doivent se dresser et intervenir pour sauver leur religion.

    Mais personne ne se lève…

  • "La traduction française de l’Ancien Testament"

    Le texte suivant est de Paul Claudel, et je suis bien aise de le découvrir. Il s’agit d’une des annexes de son livre sur le Cantique des cantiques. Cela date de 1947. A l’époque la seule Bible « catholique » grand public en français était celle de Crampon. Depuis lors la situation s’est détériorée, avec Osty, Jérusalem, et la TOB (sans parler de l’ineffable « Bible de la liturgie© »).

    La traduction française de la Bible d’après les textes originaux, la seule qui soit actuellement d’une manière courante à la disposition du public, est celle de M. l’abbé Crampon, chanoine d’Amiens.

    Pour l’Ancien Testament, le texte original, nous l’avons vu, est celui du Codex massorétique dont l’édition date du Xe siècle après Jésus-Christ.

    Il en résulte que la majorité des lecteurs de notre pays n’a accès aujourd’hui aux sources antiques où s’alimente notre foi que d’après un texte dont les Pères, pas plus que la théologie et la liturgie catholiques n’ont jamais fait usage.

    L’Eglise catholique en effet n’a jamais accordé sa recommandation solennelle qu’à deux versions : celle des Septante et celle de la Vulgate, les seules dont elle se soit servie.

    Aujourd’hui où, grâce à Dieu, le grand public prend goût de plus en plus à la lecture des Livres Saints, il se trouve donc n’avoir à sa disposition qu’un contenu notablement différent de notre monument canonique traditionnel, et où il ne retrouve plus dans la pureté et l’intégrité de leur rédaction autorisée les bases sur lesquelles s’appuient sa foi et l’espérance de son salut.

    Le lecteur français s’habitue ainsi à l’idée que le texte hébreu massorétique est le seul authentique et indiscutable, et c’est d’un œil distrait, sinon méprisant, qu’il effleure les notes au bas de la page qui mentionnent les variantes des Septante et de la Vulgate, souvent de la plus haute importance.

    Il ne s’agit pas uniquement de question de style, quoiqu’un écrivain puisse déplorer le parti pris apparent de platitude, de prosaïsme, de préférence donné au sens le plus misérablement trivial et terre à terre, par le document qui lui est remis entre les mains. Mais quel dommage à la dévotion ! Que de passages, où le cœur des Saints avait vibré, douloureusement défigurés ou complètement anéantis ! On se promène parmi des ruines. Que de questions essentielles, à lui adressées sous le voile de l’énigme, étouffées !

    Ce qui est plus grave encore, beaucoup de passages auxquels l’Eglise a toujours attribué un sens messianique sont affaiblis, exténués, parfois jusqu’à une disparition presque totale.

    Or l’autorité du texte hébreu actuel n’est aucunement supérieure, comme l’indique l’auteur protestant cité plus haut, à celle des Septante (et de la Vulgate). Bien au contraire ! En tenant uniquement compte du point de vue scientifique, cette dernière est beaucoup plus grande, puisque leur version, confirmée par l’usage de plusieurs siècles, remonte à deux siècles avant Jésus-Christ. Tandis que l’édition massorétique (avec la grave addition des accents et des voyelles) est du dixième siècle après Jésus-Christ.

    On aurait grandement besoin actuellement d’une traduction française sérieuse basée sur les versions des Septante et de la Vulgate, dont elle serrerait le texte de plus près dans le langage d’aujourd’hui, et où les variantes hébraïques seraient simplement mentionnées en note.

    Voici le texte de « l’auteur protestant » qu’évoque Claudel. Il s’agit d’un extrait de l’Encyclopaedia Britannica, par John Frederick Stenning, « lecteur d’araméen à l’Université d’Oxford, lecteur de théologie et d’Hébreu au Wadham College ».

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  • Eucharistie

    Antonio Socci a mis le doigt sur quelque chose de très important. Si Benoît XVI, explique-t-il, a évoqué l’eucharistie et la transsubstantiation dans son allocution lors de la réception pour son 65e anniversaire de sacerdoce, c’est pour répondre aux propos de François sur Luther, et à ce qu’il se prépare à faire en célébrant les 500 ans de la « Réforme ».

    François a dit :

    Aujourd'hui, luthériens et catholiques, avec tous les protestants, nous sommes d'accord sur la doctrine de la justification: sur ce point si important il ne s'était pas trompé.

    Il : Luther… il ne s’était pas trompé. C’est donc l’Eglise catholique qui s’était trompée, et qui l’a enfin reconnu. Oui, c’est le pape qui ose suggérer cela…

    François fait ainsi allusion à la Déclaration commune sur la doctrine de la justification, entre le Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens et la Fédération luthérienne mondiale (qui est très loin de représenter « tous les protestants »), de 1998. Mais :

    1- Cette Déclaration exprimait, elle le soulignait elle-même, « un consensus sur des vérités » partielles, pas sur l’ensemble de la doctrine de la justification enseignée par les catholiques et les protestants.

    2 – Le texte catholique officiel n’est pas cette Déclaration, mais la « Réponse de l’Eglise catholique à la Déclaration commune ». Réponse rédigée par le cardinal Ratzinger, qui pointait des « difficultés », dont la première est qu’une de ses formulations tombe sous les anathèmes du concile de Trente… (D’où une « annexe » ajoutée ensuite à la Déclaration, donnant une précision qui permettait d’échapper aux anathèmes…) Puis il y eut le propos (en français ici, avec les autres documents sauf l'annexe) de Jean-Paul II, pourtant si œcuméniste, minimisant clairement la portée du document.

    3 – L’année suivante, en juin 1999, le cardinal Ratzinger souligna que la Déclaration avait « clarifié » des formules et des « controverses classiques », mais que « le problème devient plus réel si l'on tient compte de la présence de l'Eglise dans le processus de justification, la nécessité du sacrement de pénitence. Ici se révèlent les vraies différences. » Du point de vue catholique on ne peut pas parler de la justification sans parler des sacrements. Et là on retrouve de façon impressionnante le Benoît XVI du 28 juin 2016 :

    Il est important de noter que Dieu agit réellement dans l'homme. Il le transforme, il crée quelque chose de nouveau dans l'homme, il ne donne pas seulement un jugement presque juridique, extérieur à l'homme. Cela a une portée beaucoup plus générale. Il y a une transformation du cosmos et du monde. Pensons par exemple à l'Eucharistie. Nous catholiques, disons qu'il ya une transsubstantiation, que la matière devient le Christ. Luther parle au contraire de coexistence: la matière reste telle, et coexiste avec le Christ. Nous catholiques, nous croyons que la grâce est une véritable transformation de l'homme et une transformation initiale du monde, et elle n'est pas, comme vous le dites bien, seulement une couverture ajoutée qui ne rentre pas vraiment au cœur de la réalité humaine.

    Ce propos est la preuve évidente que Benoît XVI, ce 28 juin, a voulu répondre au propos de François sur Luther. Et il répond aussi à ceux qui voient François, à la faveur du 500e anniversaire, permettre la communion sacramentelle aux protestants, en application d’un de ses innombrables propos ambigus.

    Benoît XVI a tenu à garder l’habit et le titre de pape et ses armoiries, et à continuer de vivre au Vatican. Comme témoin vivant de la foi. Voire comme le katekhon.