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"La traduction française de l’Ancien Testament"

Le texte suivant est de Paul Claudel, et je suis bien aise de le découvrir. Il s’agit d’une des annexes de son livre sur le Cantique des cantiques. Cela date de 1947. A l’époque la seule Bible « catholique » grand public en français était celle de Crampon. Depuis lors la situation s’est détériorée, avec Osty, Jérusalem, et la TOB (sans parler de l’ineffable « Bible de la liturgie© »).

La traduction française de la Bible d’après les textes originaux, la seule qui soit actuellement d’une manière courante à la disposition du public, est celle de M. l’abbé Crampon, chanoine d’Amiens.

Pour l’Ancien Testament, le texte original, nous l’avons vu, est celui du Codex massorétique dont l’édition date du Xe siècle après Jésus-Christ.

Il en résulte que la majorité des lecteurs de notre pays n’a accès aujourd’hui aux sources antiques où s’alimente notre foi que d’après un texte dont les Pères, pas plus que la théologie et la liturgie catholiques n’ont jamais fait usage.

L’Eglise catholique en effet n’a jamais accordé sa recommandation solennelle qu’à deux versions : celle des Septante et celle de la Vulgate, les seules dont elle se soit servie.

Aujourd’hui où, grâce à Dieu, le grand public prend goût de plus en plus à la lecture des Livres Saints, il se trouve donc n’avoir à sa disposition qu’un contenu notablement différent de notre monument canonique traditionnel, et où il ne retrouve plus dans la pureté et l’intégrité de leur rédaction autorisée les bases sur lesquelles s’appuient sa foi et l’espérance de son salut.

Le lecteur français s’habitue ainsi à l’idée que le texte hébreu massorétique est le seul authentique et indiscutable, et c’est d’un œil distrait, sinon méprisant, qu’il effleure les notes au bas de la page qui mentionnent les variantes des Septante et de la Vulgate, souvent de la plus haute importance.

Il ne s’agit pas uniquement de question de style, quoiqu’un écrivain puisse déplorer le parti pris apparent de platitude, de prosaïsme, de préférence donné au sens le plus misérablement trivial et terre à terre, par le document qui lui est remis entre les mains. Mais quel dommage à la dévotion ! Que de passages, où le cœur des Saints avait vibré, douloureusement défigurés ou complètement anéantis ! On se promène parmi des ruines. Que de questions essentielles, à lui adressées sous le voile de l’énigme, étouffées !

Ce qui est plus grave encore, beaucoup de passages auxquels l’Eglise a toujours attribué un sens messianique sont affaiblis, exténués, parfois jusqu’à une disparition presque totale.

Or l’autorité du texte hébreu actuel n’est aucunement supérieure, comme l’indique l’auteur protestant cité plus haut, à celle des Septante (et de la Vulgate). Bien au contraire ! En tenant uniquement compte du point de vue scientifique, cette dernière est beaucoup plus grande, puisque leur version, confirmée par l’usage de plusieurs siècles, remonte à deux siècles avant Jésus-Christ. Tandis que l’édition massorétique (avec la grave addition des accents et des voyelles) est du dixième siècle après Jésus-Christ.

On aurait grandement besoin actuellement d’une traduction française sérieuse basée sur les versions des Septante et de la Vulgate, dont elle serrerait le texte de plus près dans le langage d’aujourd’hui, et où les variantes hébraïques seraient simplement mentionnées en note.

Voici le texte de « l’auteur protestant » qu’évoque Claudel. Il s’agit d’un extrait de l’Encyclopaedia Britannica, par John Frederick Stenning, « lecteur d’araméen à l’Université d’Oxford, lecteur de théologie et d’Hébreu au Wadham College ».

Deux faits doivent être mis en évidence. Le premier est que le plus ancien manuscrit daté de l’A.T. hébreu, le Codex Babylonicus Petropolitanus, ne remonte qu’à l’an 916 après J.-C.... Le second est que tous nos manuscrits représentent un seul et même texte, le massorétique, établi par une équipe spéciale de savants qualifiés, dont le but était non seulement de préserver et de transmettre le texte purement consonantique qui leur avait été livré, mais encore d’en assurer la prononciation correcte. A cet effet, ils imaginèrent tout un système de points-voyelles et d’accents.

…Il est certain qu’avant le second siècle après Jésus-Christ les différents manuscrits de l’A.T. différaient très sensiblement l’un de l’autre ; preuve suffisante nous en est fournie par le Pentateuque Samaritain et les traductions, plus spécialement celle des Septante. Les indications ne manquent pas dans le texte hébreu Iui-même que, dans les temps anciens, le texte fut traité avec une grande liberté.

…Les anciennes traductions, particulièrement celle des Septante, montrent fréquemment des variantes par rapport à l’hébreu qui non seulement sont intrinsèquement plus probables, mais souvent expliquent les difficultés présentées par le texte massorétique. Notre estime de la valeur de ces variantes est considérablement relevée si nous considérons que les manuscrits sur lesquels ces traductions sont basées sont plus vieux de plusieurs siècles que ceux d’où le texte massorétique a été tiré : le texte qu’elles présupposent a donc un titre non médiocre à se voir considérer comme un témoin important de l’hébreu original.

Commentaires

  • Comment a-t-il pu omettre la Peshitta ?!
    (C'est pour vous titiller :-)

  • Il est justement fort intéressant qu'un spécialiste de l'araméen ne parle pas de la Peshitta.

    Du reste, pourquoi toujours la Peshitta ? Les éditions critiques du Nouveau Testament donnent les variantes de 4 ou 5 versions syriaques, dont la Peshitta.

  • Parce que selon certaines personnes, le N.T. de la Peshitta serait à peu de choses près l'original araméen issu de la tradition orale des Apôtres.

    D'ailleurs, avez-vous déjà vu quelque part que la Peshitta aurait été canonisée par le Concile de Trente pour l'orient au même titre que la Vulgate pour l'occident ? Je l'ai lu de ces mêmes personnes sans en voir aucune trace nulle part.

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