Pour le 65e anniversaire de l’ordination sacerdotale de Benoît XVI, une réception a été organisée au Vatican. Le pape émérite a prononcé une brève allocution, qui n’était a priori qu’un simple remerciement, mais dont il a fait, naturellement, une grande et profonde leçon spirituelle. On en trouvera la vidéo, le texte italien, et la traduction française, chez Benoît et moi. Extrait :
Il y a 65 ans, un confrère ordonné avec moi a décidé d'écrire sur l'image souvenir de sa première Messe, en plus de son nom et de la date, un mot en grec: "Eucharistoumen", convaincu qu'avec ce mot, dans ses multiples dimensions, est déjà dit tout ce que l'on peut dire à ce moment.
"Eucharistoumen" dit un merci humain, merci à tous.
Alors Benoît XVI remercie François, le cardinal Sodano et le cardinal Müller. Il poursuit :
"Eucharistoumen": à ce moment-là l'ami Berger a voulu faire allusion non seulement à la dimension du merci humain, mais naturellement à la parole plus profonde qui se cache, qui apparaît dans la Liturgie, dans l'Écriture, dans les mots « gratias agens benedixit, fregit deditque ».
"Eucharistoumen" nous renvoie à cette réalité de l'action de grâce, à cette nouvelle dimension que le Christ a donnée. Il a transformé en action de grâce, et ainsi en bénédiction, la croix, la souffrance, tout le mal du monde. Et ainsi fondamentalement, il a transsubstantié la vie et le monde et nous a donné et nous donne chaque jour le pain de la vraie vie, qui dépasse le monde grâce à la force de son amour.
Enfin, nous voulons nous insérer dans ce "merci" du Seigneur, et ainsi recevoir réellement la nouveauté de la vie et aider à la transsubstantiation du monde: que ce soit un monde non de mort, mais de vie; un monde dans lequel l'amour a vaincu la mort.
Commentaires
Magnifique dans sa concision.
"Nous rendons grâce". C'est : Eucharistoumen ; mais sans doute les transcripteurs du Vatican ne savent plus le grec. Tant qu'ils savent encore le latin, ne nous plaignons pas...
En effet, j'ai recopié sans y faire attention. Et c'est trois fois chez saint Paul (et une fois dans l'Apocalypse).
"Eucharistomen" nous renvoie à cette réalité de l'action de grâce, à cette nouvelle dimension que le Christ a donnée. Il a transformé en action de grâce, et ainsi en bénédiction, la croix, la souffrance, tout le mal du monde. Et ainsi fondamentalement, il transsubstantié la vie et le monde et nous a donné et nous donne chaque jour le pain de la vraie vie, qui dépasse le monde grâce à la force de son amour.
Je ne comprends pas le texte du pape Benoît XVI. L’eucharistie et la croix sont deux choses totalement différente, pour moi. L’eucharistie a été instituée de manière définitive le jeudi Saint par le Fils de Dieu non encore ressusciter, le sacrement est ainsi constitué définitivement pour sa propre finalité. Comment peut il transformer en « Action de grâce et en bénédiction » une action qui n’a pas encore été accomplie à savoir le sacrifice de « la Croix », car il dit « il a transformé » (donc de manière préemptive) comme si l’eucharistie est le « conditionneur » de « tout » et éventuellement aussi du sacrifice de la Croix. Par cette affirmation c’est l’eucharistie qui a « transsubstantié » l’action de la croix en grâce, en bénédiction, de même la vie et le monde. Alors pourquoi le Fils de Dieu est-il mort, puisque « l’eucharistie » réalise la totalité, même sans la croix ? Le mort de Jésus Christ est sans raison, sans objet dans cette logique. Par ailleurs il est clair selon ce raisonnement que le « péché originel » n’est pas vaincu par la mort et la résurrection de Jésus-Christ, donc qu’il n’existe pas, car seul l’eucharistie est efficace. Car c’est bien l’eucharistie qui est le moteur absolu et qui n’a besoin de rien à ses côtés.
Ainsi la miséricorde de Dieu se fait par l’eucharistie pour les hommes et le monde et l’action de Jésus-Christ ne se comprend plus bien dans cette logique, il devient un artefact de situation, de même le sacrement de pénitence. Donc l’accès à l’éternité est possible sans le sacrifice du Christ, il ne fallait que « l’eucharistie ». Ainsi le Christ est venu seulement pour instituer l’eucharistie, alors pourquoi est-il mort ?
Mais j’ai sûrement très mal compris ce texte !
""Eucharistomen": en ce moment l'ami Berger a voulu faire allusion non seulement à la dimension du merci humain, mais naturellemnt à la parole plus profonde qui se cache, qui apparaît dans la Liturgie, dans l'Écriture, dans les mots «gratias agens benedixit Fregit deditque» ([il prit du pain], rendit grâce, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples). "
quelle finesse, quelle classe, quelle élégance, Benoît XVI...
Le contraste est terrible
effectivement, quel contraste avec la vulgarité, la confusion et l'approximation des discours improvisés de François Premier (pas ceux que des âmes charitables lui préparent et qu'il lit mot à mot).
Sur la video de KTO TV https://www.youtube.com/watch?v=VQFQmr03zoM Benoît XVI dit au Pape François qu'il se sent protégé par sa "bonté" (est-ce une supplique ?) et qui' "espère que Sa Sainteté "pourra avancer avec nous tous sur cette voie de la miséricorde divine". Ensuite il parle du Christ qui a "transformé en remerciement, et ainsi en bénédiction, la croix, la souffrance, tout le mal du monde." Contrairement aux commentaires des médias, je trouve qu'il se tient fort à distance du Pape François. Celui-ci fait une curieuse allusion à la culture du déchet qui touche les personnes âgées, évoquant la situation de Benoît XVI dans sa retraite.
J'espère qu'on ne va pas profiter de la visible grande vulnérabilité de Benoît XVI pour lui faire jouer un rôle de figurant-alibi dans la grande farce bergogliernne... Jeu trouble de ce Mgr Ganswein...
Longue vie à Benoit XVI !
La haute science de Benoit XVI se lit particulièrement dans ses nombreuses catéchèses à propos des Apôtres, des Pères de l'Église latine et orientale, des saints et saintes qui ont marqué l'histoire de l'Église - à chaque fois on entend une parole claire, concise, d'esprit élevé, fraternelle, ample et nourrissante.
Exemple : http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080827.html