« Et personne ne pouvait rien lui répondre, et, depuis ce jour, nul n’osa plus lui poser des questions. »
Cette phrase, qui est la fin de l’évangile de ce dimanche, est celle qui conclut le chapitre 22 de l’évangile de saint Matthieu, à savoir une longue controverse (commencée au chapitre 21), à l’aube de la Semaine Sainte, entre Jésus et les grands prêtres, puis les pharisiens, puis les sadducéens, puis de nouveau les pharisiens. Or Jésus décide d’en rester là, et pour leur clouer définitivement le bec, il utilise le premier verset du psaume 109.
Le Seigneur a dit à mon seigneur : Siège à ma droite, jusqu’à ce je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds.
Jésus cite le psaume dans le texte exact de la Septante.
Il va de soi que le premier Seigneur du psaume, c’est Dieu. Dieu qui parle à David. Et les pharisiens savent que le premier mot de ce psaume en hébreu est IHWH, le Nom ineffable, qu’on prononce « Adonaï » : le Seigneur, ho kyrios.
« Le Seigneur a dit à mon seigneur. » Cet autre seigneur, c’est, selon la tradition juive interprétant ce psaume considéré comme messianique depuis toujours, le Messie qui doit venir. Or le Messie est le "fils de David", comme répondent les pharisiens à Jésus. Mais alors, reprend celui-ci, comment se fait-il que David, parlant de son fils, l’appelle son seigneur ?
Et personne ne pouvait rien lui répondre.
Car David était le roi d’Israël, il n’y avait personne au-dessus de lui. Personne sauf Dieu. Les pharisiens ne peuvent pas répondre à la question parce qu’il n’y a qu’une seule réponse possible et qu’ils ne peuvent pas l’admettre : si David dit que le Messie son fils est son Seigneur, c’est que le Messie est Dieu.
Et personne ne peut donner cette interprétation, et la donner avec une telle autorité, s’il n’est lui-même le Messie. Ce qui implique non seulement de reconnaître que Jésus est le Messie, mais qu’il est Dieu.
Et, depuis ce jour, nul n’osa plus lui poser des questions…