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Saint Thomas de Villeneuve

Extrait de son premier sermon sur le 17e dimanche après la Pentecôte

Mais ce n'est pas dans votre intérêt, c'est dans le mien, que vous voulez mon cœur; vous m'aimez, et voilà pourquoi vous voulez que je vous aime, car vous savez que ma vie et mon salut sont tout entiers dans votre amour. Si donc vous demandez mon amour, ce n'est que pour me donner la vie. « Or la vie éternelle c'est de vous connaître et en vous connaissant, de vous aimer, vous et Jésus-Christ que vous avez envoyé ». Et, afin que personne ne fût exclu de cette vie, vous la faites consister dans votre amour, parce qu'il est au pouvoir de tous de vous aimer.

Et qui pourra bien expliquer toute la tendresse, toute la miséricorde que cela seul nous révèle ? Si notre salut dépendait de toute autre œuvre, quelques-uns seraient exclus ; un grand nombre pourraient alléguer que cette œuvre ne leur est ni possible ni facile. Par exemple, si vous aviez voulu faire dépendre notre salut de l'abondance des aumônes, les pauvres se trouveraient exclus; si c'était de jeûnes rigoureux, les malades seraient exclus; si c'était d'un travail pénible, les hommes faibles seraient exclus; si c'était de la science, les hommes sans intelligence seraient exclus; si c'était de la contemplation, les travailleurs seraient exclus ; si c'était de la virginité, les gens mariés seraient exclus; si c'était de la pauvreté, les riches seraient exclus; et ainsi de suite. Mais qui est exclu de l'amour? qui peut prétexter de ne pouvoir aimer? L'amour est possible aux savants et aux ignorants, aux riches et aux pauvres, aux enfants et aux vieillards; tout état, tout sexe, tout âge peuvent aimer. Personne n'est trop vieux ou trop pauvre pour avoir de l'amour. Qui ne sait pas aimer ? qui ne le peut pas? En tous lieux, en tous temps, l'amour est en votre pouvoir; soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous marchiez, soit que vous vous asseyez, soit que vous travailliez, soit que vous vous reposiez ; en quelque lieu que vous soyez, en quelque lieu que vous alliez, si cela vous plaît, vous pouvez aimer ; rien ne peut vous en empêcher. L'amour est tellement en votre pouvoir, que rien ne peut malgré vous l'arracher de votre cœur. Voyez les martyrs, témoins et exemples de cette vérité ; on pouvait bien leur arracher la vie; mais l'amour, jamais. La vie, ils la donnaient volontiers pour conserver l'amour, car l'amour est plus précieux que la vie.

Dans son ineffable tendresse, le Seigneur, souverain maître et juste modérateur de cet univers, a créé les hommes pour la vie éternelle et il désire leur salut avec tant d'ardeur qu'il ne refuse à personne les moyens de l'obtenir. Sans doute il a créé les hommes dans une grande inégalité de ces biens vils, abjects et méprisables qui passent avec le temps, sans doute il n'exauce pas les désirs et les supplications de tout homme qui demande ces biens; mais quant aux biens véritables et légitimes, dans lesquels consistent la vie et le salut éternel, il n'a point créé de pauvres ; à tous il a donné le même pouvoir, une liberté entière de s'en enrichir; on n'a qu'à le vouloir; chacun, suivant sa volonté, s'élève à une grandeur proportionnée aux dispositions qu'il apporte à la grâce.

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