Qu’un esprit réussisse à être pur de tout attachement terrestre, à quitter toute la création intelligible, et tel un poisson à remonter de l’abîme pour apparaître à la surface, ayant recouvré la pureté de la création, il verra l’Esprit Saint là où est le Fils et où est le Père, ayant tout, lui aussi, de manière coessentielle selon la nature, la bonté, la droiture, la sainteté, la vie. Le Psalmiste dit en effet : « ton bon esprit » ; et encore : « Esprit droit » ; et encore : « l’Esprit saint ». Et l’Apôtre : « La loi de l’Esprit de vie ». Aucune de ces qualités ne lui a été ajoutée, ni ne lui est attachée parce qu’advenue par la suite, mais comme la chaleur est inséparable du feu, et l’éclat de la lumière de ce qui éclaire, ainsi ne peut-on séparer de l’Esprit le fait de sanctifier, de vivifier, la bonté, la droiture. Là donc est l’Esprit, là, dans la bienheureuse nature, n’étant pas compté avec plusieurs, mais étant contemplé dans la Trinité ; étant annoncé individuellement, n’étant pas inclus dans une composition. Car comme le Père est un et un le Fils, le Saint Esprit aussi est un, tandis que les esprits liturgiques, selon chaque ordre, nous apparaissent une multitude innombrable. Il ne faut donc pas chercher dans la création ce qui dépasse la création ni assimiler celui qui sanctifie à ceux qui sont sanctifiés.
L’Esprit Saint emplit les anges, il emplit les archanges, il sanctifie les puissances, il vivifie tout. Tout en partageant avec toute créature, et en étant participé diversement par des personnes diverses, il n’est diminué en rien par ceux qui participent. Il dispense à tous sa grâce et il ne s’épuise pas dans les participants, mais ceux qui reçoivent sont emplis et lui n’est pas déficient. Et comme le soleil éclairant les corps et se partage sur eux de manière variable n’est pas diminué du fait de ce partage, ainsi aussi l’Esprit lorsqu’il offre à tous sa grâce, demeure sans amoindrissement ni division.
Il illumine tous les hommes pour les amener à la connaissance de Dieu, il inspire les prophètes, rend sages les législateurs, consacre les prêtres, fortifie les rois, confirme les justes, honore les sages, active les charismes de guérison, vivifie les morts, délie les enchaînés, adopte ceux qui étaient étrangers. Il opère cela par la naissance d’en-haut. Saisit-il un publicain croyant, il le fait évangéliste ; rencontre-t-il un pêcheur, il en fait un théologien. Trouve-t-il un persécuteur repentant, il le transforme en apôtre des Nations, en héraut de la foi, en vase d’élection. Par lui les faibles sont fortifiés, les pauvres enrichis, les simples d’esprit plus sages que les sages.
Paul était faible, mais par la présence de l’Esprit les linges qui couvraient son corps rendaient la santé à ceux qui le recevaient. Pierre aussi avait son corps affaibli par la maladie, mais à cause de l’inhabitation de la grâce de l’Esprit, la survenue de l’ombre de son corps chassait les maladies des souffrants. Pauvres, Pierre et Jean l’étaient ; de fait ils n’avaient ni argent ni or. Ils offraient cependant la santé qui est plus précieuse que tout l’or du monde. De fait, quoique le paralytique ait reçu de l’argent de nombreuses personnes, il était encore mendiant ; mais quand il eut reçu la grâce de Pierre, il cessa de mendier, sautant comme une biche et louant Dieu. Jean ne connaissait pas la sagesse du monde, mais, par la puissance de l’Esprit, il a dit des paroles qu’aucune sagesse ne peut atteindre.
Cet Esprit est à la fois au ciel, et remplit la terre. Il est partout présent, et n’est limité par rien. Il habite tout entier en chacun, il est aussi tout entier avec Dieu. Il ne dispense pas ses dons à la manière d’un [esprit] serviteur, mais il distribue ses charismes avec autorité. Il est dit en effet : « il distribue à chacun en particulier comme il le juge bon ». Il est envoyé comme un intendant, mais il agit de sa propre autorité. Prions pour qu’il reste présent en nos âmes et qu’il ne nous abandonne jamais, dans la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ à qui sont la gloire et le pouvoir pour les siècles des siècles. Amen.
Homélie 15