Hier, le Parlement égyptien a désigné les 100 membres de la commission qui sera chargée de rédiger la nouvelle Constitution. Une commission avait déjà été nommée, mais elle avait été dissoute par la justice comme non représentative (c’est-à-dire comme trop exclusivement islamiste). La nouvelle commission comporte 39 parlementaires, 7 femmes de la "révolution", 4 chrétiens, 13 syndicalistes, 21 hommes d’affaire et 19 juristes.
Mais la grande question du moment était de savoir si Ahmad Chafiq, l’un des deux candidats du second tour de la présidentielle, qui doit avoir lieu samedi et dimanche, allait pouvoir ou non se présenter. Car l’Assemblée avait voté une loi interdisant aux dignitaires de l’ancien régime de se présenter aux élections. Or Chafiq est un ancien Premier ministre de Moubarak.
Aujourd’hui, la Haute Cour constitutionnelle a invalidé la loi qui visait (notamment) Ahmad Chafiq, mais elle est allée beaucoup plus loin, en jugeant « illégales » les conditions de l’élection des députés, et donc « illégitime » la composition de l’Asemblée…
Le conseil suprême des Forces armées est en réunion extraordinaire…
Commentaires
Pour résumer, l'Egypte a connu depuis janvier 2011 à la fois 1789 (la révolution libérale = "le printemps arabe", l'illusion lyrique de la gentille jeunesse progressiste renversant le méchant pouvoir réactionnaire pour faire triompher la liberté, l'égalité et le progrès) et 1793 (les éléments les plus extrémistes de la révolution qui en prennent le contrôle et écrasent les éléments modérés = les islamistes remportant toutes les élections et se préparant à l'extermination de tous les ennemis de l'islam).
Et maintenant l'Egypte semble déjà connaître son Thermidor (l'impopularité des éléments les plus extrémistes de la révolution au pouvoir devant leurs excès délirants et leurs échecs, conduisant à un complot d'une partie de la classe dirigeante qui renverse ces extrémistes, tandis qu'une grande partie du peuple souhaite le retour à l'Ancien Régime = les déceptions face aux échecs des islamistes au pouvoir, la qualification d'un candidat pro-ancien régime au 2ème tour de la présidentielle et maintenant cette décision de la Cour constitutionnelle invalidant les législatives).
A ce rythme échevelé, l'Egypte devrait connaître dans les prochains mois sa Constitution de l'an III, son Directoire et, enfin, son 18 brumaire (le coup d'état militaire mettant un terme à la révolution). Merveilleux "printemps arabe"...
@ thibaud : pas mal vu ! :)