Chantal Sébire, bien entendue prise en charge par l’ADMD, a saisi la justice d’une « demande exceptionnelle » d’euthanasie. Selon « son » avocat Me Gilles Antonowicz (militant de l’euthanasie et responsable de la commission juridique de l’ADMD), elle ne demande que l’application de la loi Léonetti. Ce qui est évidemment faux, même si la loi est par ailleurs ambiguë.
Le procureur a requis aujourd’hui « l’irrecevabilité de la requête en l’état actuel de la loi ». Le jugement a été mis en délibéré au 17 mars (lundi prochain).
On notera la réaction de Rachida Dati :
« Cette dame demande à la justice de pouvoir exonérer de la responsabilité pénale le médecin pour lui administrer une substance létale, pour l'aider à mourir. Ce n'est pas notre droit. Nous avons fondé notre droit, et aussi bien la Convention européenne des droits de l'homme, sur le droit à la vie. (...) A titre personnel, je considère que la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales. »
On prend acte du rappel du droit, et du droit à la vie. En faisant remarquer qu’il ne s’applique pas aux enfants à naître. Il est tout de même curieux (ou plutôt abominable) d’avoir un droit « fondé sur le droit à la vie » et qui ne le reconnaît pas aux plus petits.
On retiendra aussi l’étrange précision « à titre personnel ». La personne de Rachida Dati n’a rien à voir dans cette affaire. La médecine n'est pas là pour administrer des substances létales. C’est une donnée objective. Et c’est le serment que prêtent tous les médecins : « Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. »
« A titre personnel », cela veut dire qu’on peut en discuter. Et que le droit fondé sur le droit à la vie est évolutif. Hélas c’est en effet ce qu’on a vu avec l’avortement.
A noter aussi la réaction de Roselyne Bachelot, plutôt surprenante, par sa netteté, par rapport à ses déclarations précédentes :
« La loi Léonetti réaffirme clairement pour le corps médical l'obligation de soulager les patients mais l'intervention des médecins ne peut avoir pour effet dans notre droit et dans notre philosophie de la vie de mettre fin à la vie des patients. La mort peut être une conséquence de la démarche de soulagement de la souffrance, mais la mort ne peut en aucun cas procéder d'un projet auquel le corps médical est associé. C'est l'éthique de notre pays, et une démarche éthique ne s'adapte pas à des cas particuliers. Je le redis, le monde médical, les pouvoirs publics ne peuvent promouvoir l'euthanasie active quelle que soit la gravité de la maladie. »
En revanche, mais là sans surprise, François Fillon est au-dessous de tout :
« C'est une demande qui provoque chez beaucoup de Français beaucoup d'émotion comme en avait provoqué beaucoup la demande de Marie Humbert, il y a quelques années. Il y a un texte qui a été voté par les parlementaires il y a deux ans, la loi Léonetti. La demande est faite au juge d'interpréter ce texte. On va voir ce que le juge va dire. La difficulté dans cette affaire c'est qu'on est là aux limites de ce que la société peut dire, de ce que la loi peut faire (...) On est là aux limites de l'intime. Il faut avoir la modestie de reconnaître que la société ne peut pas répondre à toutes ces questions... » Et bla-bla-bla... Et il demande que le « débat » se poursuive... car « Il faut que la société tout entière prenne en charge cette question et mûrisse ». On comprend dans quel sens.
En attendant, comme François Fillon est très intelligent, il a trouvé la solution : la mise de Chantal Sebire dans le coma, où on la laissera mourir de soif. Génial.
Sauf que Chantal Sebire a refusé. Son combat est celui de l’ADMD : la légalisation de l’euthanasie...
(On pourra relire les lumineuses citations de Jean-Paul II que rappelle e-deo.)