Le 11 février est la fête de l’apparition de la Sainte Vierge à Lourdes, qui n’est qu’une mémoire cette année en raison du carême. Le 11 février est la date de la première apparition, et cette année c’est le 150e anniversaire. Depuis le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, l’Eglise fête cette année jubilaire, et le pape viendra à Lourdes sans doute à l’automne.
Pendant le carême, l’Eglise byzantine célèbre une autre apparition de la Mère de Dieu. La nuit du 7 août 626.
Byzance était assiégée par les Perses. L’empereur était parti chercher d’éventuels renforts. Ce jour-là les Perses décident d’attaquer. Le patriarche Sergius fait monter sur les remparts l’armée et le peuple. Tous se mettent à chanter des strophes de louanges à la Mère de Dieu. L’ennemi se met en mouvement. Mais voici qu’apparaît dans le ciel une femme d’une sublime beauté, qui lève la main, et cette main levée fait fuir l’ennemi dans le plus grand désordre.
Au matin, le peuple reprend l’hymne qu’il chantait sur les remparts. Le patriarche déclare la Vierge « invincible chef d’armée » et reine de la ville, et ordonne de célébrer la mémoire de ce jour chaque 5e vendredi de carême.
Chaque 5e vendredi de carême sont donc chantées les 24 strophes de l’hymne acathiste à la Mère de Dieu, précédées des 9 odes ajoutées par la suite. Acathiste veut dire simplement qu’on ne s’asseoit pas pendant tout le temps de l’office (par opposition aux cathismes qui se chantent assis), parce que les habitants de Byzance avaient chanté l’hymne debout sur les remparts.
Les quatre vendredis précédents, on chante l’acathiste par morceaux : 6 strophes chaque fois, précédées des 9 odes.
Il s’agit d’un incomparable joyau de la liturgie byzantine. Pour le faire découvrir à ceux qui ne le connaîtraient pas, et pour célébrer Marie en cette année particulière, je vais donner chaque jour un petit morceau de cet hymne. Je souligne que je donne la traduction utilisée dans l’Eglise melkite grecque-catholique, qui n’est pas polluée par l’air du temps.
Pour commencer, voici le chant final des odes. Il s’agit du chant de libération de Byzance. C’est le kondakion qui est chanté dans la Divine Liturgie les dimanches de carême, et le jour de l’Annonciation (sur une musique d’une impressionnante solennité) :
Invincible chef d’armée,
A vous les accents de victoire !
Libérée du danger,
Votre ville, ô Mère de Dieu,
Vous offre des hymnes de reconnaissance.
Vous dont la puissance est irrésistible,
De tout péril délivrez-moi,
Pour que je puisse vous acclamer :
Salut à vous, Epouse sans époux !