Dans le fatras des 316 « décisions » que comporte le rapport Attali (puisque ce sont des « décisions » et non des propositions…) on relève celle qui vise à « permettre aux parents de choisir librement le lieu de scolarisation de leurs enfants ». La plupart des commentateurs s’en tiennent au premier paragraphe, qui concerne un « libre choix total de l’établissement par les parents et les élèves », c’est-à-dire la suppression de la carte scolaire. « Dans un premier temps », précise le rapport. Qu’est-ce à dire ?
C’est que le rapport va beaucoup plus loin, car il s’agit ensuite d’attribuer à l’enfant des « droits à l’école » : « ce dispositif permettra d’établir une véritable liberté de choix, pour que chacun puisse bénéficier dans son voisinage d’écoles publiques ou privées conventionnées. En pratique, l’Etat affectera aux parents une somme d’argent par élève. Chaque parent pourra l’utiliser dans un établissement public ou privé de son choix ».
On retrouve ici une vieille revendication de la droite nationale, inscrite dans le programme du Front national.
Alléluia, est-on tenté de s’écrier. Voici le « chèque scolaire » : pour le coup une véritable révolution.
Mais attention. Il s’agit de permettre aux parents de choisir une école publique ou une école privée conventionnée. Et le rapport précise : « Le conventionnement des écoles privées devra être très strict sur la nature des enseignements et le respect des valeurs de la République. »
Et là on comprend que brusquement il n’y a plus de choix. L’école privée devra avoir le même enseignement que l’école publique, les mêmes méthodes, et respecter scrupuleusement les valeurs de la République, qui sont notamment la laïcité (eh oui), la non-discrimination universelle, la promotion de l’homosexualité et de l’avortement, etc.
Et là, le chèque scolaire, le « droit à l’école », comme dit le rapport, devient une inexorable contrainte. On vous donne de l’argent pour scolariser votre enfant, vous êtes obligé de le dépenser dans une école publique ou une école privée identique à l’école publique.
Si cette mesure est appliquée, elle ne pourra que s’accompagner d’une interdiction de l’école à la maison, de la fin des écoles hors contrat, et de la fin de toute école catholique pour ce qu’elle aurait de catholique.
Les parents ne pourront même plus « payer deux fois », comme ils le font aujourd’hui, en finançant l’école publique par leurs impôts et l’école de leurs enfants par leurs deniers : ils auront une somme qu’ils devront apporter à une école « conventionnée », et leur enfant sera évidemment obligé de fréquenter cette école.
La liberté qu’apporte la suppression de la carte scolaire est assortie d’une contrainte sans précédent depuis un siècle, et d’une persécution des enfants et des parents non conformes. On en revient à Jules Ferry, Emile Combes et René Viviani.