Au cours de ses vœux aux assemblées, François Hollande a évoqué le débat sur le port de la kippa en jugeant qu’il était insupportable que des citoyens français doivent se « cacher »…
Le blog d'Yves Daoudal - Page 1141
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La mauvaise blague de François Hollande
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Pologne : l’UE lance la procédure de surveillance…
La Commission européenne a décidé hier de lancer une « enquête préliminaire dans le cadre de la procédure de surveillance du respect de l’Etat de droit dans les Etats membres » adoptée en 2014. C’est donc une première. Après la surveillance de Berlin, puis la surveillance de Moscou, Varsovie passe sous la surveillance de Bruxelles…
« L'objectif du processus que nous avons lancé est de clarifier les faits de manière objective (sic), d'évaluer plus en profondeur la situation et d'entamer un dialogue (sic) avec les autorités polonaises sans préjuger des possibles étapes suivantes », a déclaré le vice-président Frans Timmermans, qui appelle la Pologne à avoir un « dialogue constructif » avec la Commission…
Les étapes suivantes sont : « avis » de la Commission suite à l’évaluation, « recommandation » et suivi de sa mise en œuvre, retrait du droit de vote au Conseil européen.
Le ministre de la Justice polonais, Zbigniew Ziobro, a pour sa part répondu à la lettre que lui avait envoyée Timmermans, en lui disant qu’il était « stupéfait » de voir son « manque de connaissance » dans l’affaire du Tribunal constitutionnel, et qu’il avait la possibilité d’avoir toutes les informations qu’il voulait en utilisant les canaux habituels, mais qu’il a préféré se renseigner dans les médias et lancer des « accusations injustifiées » et des « conclusions déloyales » : « Ce sont les raisons pour lesquelles je considère votre lettre comme une tentative d’exercer une pression sur un Parlement démocratiquement élu et sur le gouvernement de la République souveraine de Pologne ».
Suivent de longues explications des réformes engagées. Et Zbigniew Ziobro écrit en conclusion : « Puis-je vous demander d'observer à l'avenir une plus grande retenue dans les leçons à donner à un Parlement et à un gouvernement d'un Etat souverain et démocratique, malgré les différences idéologiques qui peuvent exister entre nous, avec vous qui êtes d’une tendance de gauche ? »
Response to @TimmermansEU pic.twitter.com/VBLsq35usg
— Zbigniew Ziobro | SP (@ZiobroPL) 12 Janvier 2016 -
Rome et le pétrole
Les cours du pétrole sont passés hier en dessous de 30$ le baril, pour la première fois depuis 2003.
Pour comprendre l’ampleur du phénomène, rappelons qu’en octobre 2013 on s’étonnait de voir que le cours du pétrole avait tellement baissé qu’il était tombé en dessous de… 90$ le baril.
On nous dit que c’est à cause de la « surabondance générale ».
Cela me rappelle qu’en 1968 le Club de Rome, constitué d’éminents scientifiques, avait pondu un rapport apocalyptique affirmant notamment que 30 ans plus tard il n’y aurait plus une goutte de pétrole.
Je croyais que le Club de Rome avait disparu sous la honte et le ridicule, quand j’ai appris, à la faveur de l’encyclique Laudato si’, qu’il existait toujours, puisque Hans Joachim Schellnhuber, dit "John", l’un des principaux inspirateurs et rédacteurs de l’encyclique (nommé par François membre de l’Académie pontificale des sciences la veille même de la publication de l’encyclique), est membre du Club de Rome.
La différence est qu’aujourd’hui le Club de Rome ne fait plus campagne sur la fin du pétrole mais sur le réchauffisme. Avec autant de conviction idéologique.
La différence est que la Rome catholique, en 1968, bien que ce fût Paul VI, ignorait le Club de Rome, alors qu’aujourd’hui c’est le Club de Rome qui écrit l’encyclique apocalyptique.
La différence est que pour le rapport de 1968 le Club de Rome doit assumer seul le ridicule d’avoir été démenti par les faits, tandis que pour l’encyclique de 2015 c’est l’Eglise catholique qui en fera les frais.
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Illustration franco-française de la grotesque hypocrisie réchauffiste : Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie et de l'Energie, a déclaré hier soir que toute nouvelle demande de permis de recherches d'hydrocarbures en France sera refusée, en accord avec la loi de transition énergétique qui prévoit une baisse de la consommation des énergies fossiles. On va évidemment continuer à consommer du pétrole, ne serait-ce que pour les déplacements de Mme Royal et de M. Hulot, mais il ne faut surtout pas le produire, il faut l’acheter. Vive Ubu.
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Le cardinal Burke et la nullité
Dans la grande interview du cardinal Raymond Burke publiée par le Wanderer, il y a une condamnation claire et ferme (sans que le mot soit employé, évidemment), de la réforme de la procédure des déclarations de nullité de mariage édictée par François. Or le cardinal Burke était le préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique, la plus haute autorité juridique du Saint-Siège, avant d’être viré par François.
Merci à Benoît et moi de nous en donner la traduction.
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Le pape et "Yahvé"
Jetant un œil sur l’« homélie » de François prononcée hier, je constate que le pape a dit au moins trois fois « Yahvé », en citant le texte sacré.
Il se moque donc de la lettre de la Congrégation pour le culte divin du 29 juin 2008, qui, par « directive du Saint-Père » (Benoît XVI) demandait qu’on n’utilise plus le mot « Yahvé » dans la liturgie en langue vulgaire, conformément à ce qui avait déjà été édicté dans l’instruction Sacram liturgiam.
Bien évidemment aucune liturgie authentique n’a jamais utilisé ce mot de « Yahvé », qui est une absurde invention du XIXe siècle à partir du tétragramme hébreu, alors que les massorètes avaient bien pris soin de rendre ce tétragramme imprononçable. (Sous la première lettre ils ont mis une voyelle brève, et rien sous la seconde, le H. Or quand il n’y a rien sous le H c’est pour souligner que la voyelle qui précède est longue…) Chacun sait que les juifs disent « Adonaï ». (Et au temps du Christ ils disaient… Kyrios, qui est l’appellation de la Septante.)
Si François ne fait aucun cas de la tradition liturgique, et s’il ne veut pas appliquer les consignes de son prédécesseur, il pourrait au moins penser à l’œcuménisme et au fameux « dialogue » interreligieux : ni les juifs, ni les protestants, ni les orthodoxes n’utilisent le mot « Yahvé »…
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Hilarant
Le pape vient du publier un livre : un recueil d’histoires drôles tellement marrantes qu’il en a confié la promotion à Roberto Benigni. Et de fait mieux vaut en rire…
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Commémoraison du baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ
L’office et la messe sont ceux de « l’ancienne » octave de l’Epiphanie, en dehors des oraisons et de l’évangile (et des lectures des matines). Le bréviaire romain n’avait pas gardé les antiennes spécifiques que l’on trouvait en de très nombreux lieux, et dans le bréviaire dominicain qui les a gardées. Ces antiennes ont clairement une saveur byzantine.
Les voici sur l’antiphonaire d’Hartker (Saint-Gall, fin du Xe siècle) :
Veterem hominem renovans Salvator venit ad baptismum, ut naturam quae corrupta est, per aquam recuperaret : incorruptibili veste circumamictans nos.
Le Sauveur, renouvelant le vieil homme, vient au baptême, afin de régénérer par l’eau la nature corrompue ; il nous revêt d’un vêtement incorruptible.
Te, qui in Spiritu et igne purificas humana contagia, Deum et Redemptorem omnes glorificamus.
Vous qui, dans l’Esprit et dans le feu, purifiez l’humaine contagion, nous vous glorifions, notre Dieu et Rédempteur !
Baptista contremuit, et non audet tangere sanctum Dei verticem; sed clamat cum tremore: Sanctifica me, Salvator.
Le Baptiste tremble et n’ose toucher la tête sacrée de Dieu. Dans sa frayeur, il s’écrie : Sanctifiez-moi, ô Sauveur !
Caput draconis Salvator contrivit in Jordane flumine, et ab ejus potestate omnes eripuit.
Le Sauveur a brisé, dans le fleuve Jourdain, la tête du dragon ; il nous a tous arrachés à sa puissance.
Magnum mysterium declaratur hodie, quia Creator omnium in Jordane expurgat nostra facinora.
Un grand mystère est déclaré aujourd’hui : le créateur de toutes choses lave nos crimes dans le Jourdain.
Après ces antiennes des psaumes des laudes, on voit sur le manuscrit l’antienne du Benedictus :
Præcursor Joannes exultat cum Jordane: baptizato Domino facta est orbis terrarum exultatio, facta est peccatorum nostrorum remissio. Sanctificans aquas, ipsi omnes clamemus: Miserere nobis.
Jean le Précurseur exulte avec le Jourdain ; le Seigneur ayant été baptisé, ce fut une exultation de toute la terre, ce fut la rémission de nos péchés. Sanctifiant les eaux, crions tous : Ayez pitié de nous.
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Il y avait aussi des antiennes pour le Magnificat.
Aux premières vêpres :
Baptizat miles Regem, servus Dominum suum, Joannes Salvatorem: aqua Jordanis stupuit, columba protestabatur : paterna vox audita est: Hic est Filius meus.
Le soldat baptise son Roi, l’esclave son maître, Jean son Sauveur ; l’eau du Jourdain s’est arrêtée d’étonnement, la Colombe a rendu témoignage, la voix du Père s’est fait entendre : Celui-ci est mon Fils.
Aux deuxièmes vêpres :
Fontes aquarum sanctificati sunt, Christo apparente in gloria: orbis terrarum, haurite aquas de fonte Salvatoris : sanctificavit enim tune omnem creaturam Christus Deus noster.
Les sources des eaux furent sanctifiées au moment où le Christ apparaissait dans sa gloire. Toute la terre, venez puiser les eaux dans la source du Sauveur ; car le Christ notre Dieu sanctifie aujourd’hui toute créature.
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Dans l’Egypte de Sissi
A Damiette, un imam avait émis une fatwa interdisant de souhaiter des vœux aux chrétiens à l’occasion de Noël.
Le ministère des Biens religieux (waqf) a ouvert une enquête…
La doctrine officielle avait été édictée à Pâques par divers prédicateurs… salafistes (du côté du manche) : rien dans l’islam n’interdit de congratuler les chrétiens, et donc toute fatwa en sens inverse est nulle et non avenue.
Au cours de l’année écoulée, le ministère des waqf a intensifié ses visites dans les librairies et les bibliothèques pour retirer de la circulation les livres « extrémistes ».
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La musique du Pater
Pater imon o èn dis ouranis
hayiasthito to onoma sou
elthéto i vassilia sou
yénithito to thélima sou
os èn ourano kai épi tis yiston arton imon ton épioussion
dhos imin siméronkai aphès imin ta ophilimata imon
os kai imis aphiémèn tis ophilétais imon
kai mi issénènguis imas is pirasmon
alla rhissai imas apo tou ponirou.Ci-dessus, le Pater, en grec, dans sa prononciation liturgique, en transcription phonétique (donc toutes les lettres se prononcent, et comme il n’y a pas de voyelles nasales « on » se prononce « o-ne », et « in » se prononce « i-ne »).
« Notre Père, qui es dans les cieux (« le dans les cieux », dit le grec) / que soit sanctifié ton nom (« le nom de toi », dit le grec) / que vienne ton royaume / que soit faite ta volonté comme dans le ciel aussi sur la terre /Notre pain supersubstantiel (« le pain de nous le supersubstantiel ») donne-nous aujourd’hui / et remets-nous nos dettes comme aussi nous remettons les dettes à nos débiteurs / et ne nous introduis pas dans la tentation / mais délivre-nous du mal. »
Le Pater est composé de sept demandes. Trois concernent Dieu, quatre concernent l’homme, conformément au symbolisme des nombres : trois, c’est la Trinité, quatre c’est l’homme aux quatre membres qui vit dans un monde qui a quatre points cardinaux et quatre saisons. Et sept est donc le nombre total (créateur et création).
Mais on constate aussi que si les trois premières demandes sont très liées, les trois dernières demandes le sont également : on demande à être libéré du péché et de la tentation. Alors nous avons trois demandes vers Dieu et trois demandes pour l’homme, avec au milieu une demande centrale : celle du pain de chaque jour, et du pain supersubstantiel : la nourriture corporelle nécessaire à notre vie biologique, et la nourriture divine nécessaire à notre vie spirituelle. Le pain de la vie éternelle : le Christ, qui est au centre du Pater, pain descendu du ciel, qui est à la fois Dieu (les trois premières demandes) et homme – ayant revêtu la chair du péché (les trois dernières).
La « musique » du Pater en grec souligne tout cela.
Les trois premières demandes sont caractérisées par leur finale en « a-sou », et elles sont encadrées par deux propositions se terminant par « is (…) is ». (Ce qui répond à la question de savoir si « sur la terre comme au ciel » concerne la troisième demande, ou les trois : on voit clairement que ce sont les trois.)
Il y a ensuite la demande centrale du Pain, qui est une suite d’assonances en « on ». Elle a été discrètement annoncée par le Père dès le début de la prière, et elle va se retrouver en écho dans les deux demandes suivantes, car nous avons besoin de ce Pain pour pardonner et pour résister à la tentation. Les trois dernières demandes sont étroitement liées à la quatrième par le jeu des « imon, imin, imas ». Mais la dernière demande finit dans une sonorité étrangère au reste de la prière, qui donne l’impression de tomber à plat, sur un « ponirou » déconcertant : c’est le monde où nous vivons, le monde du mal, le monde de la dissonance, par contraste avec le monde divin des premières demandes, auquel renvoie néanmoins, faiblement, le son « ou ».
On dit que pour mieux comprendre le Pater on peut le lire et le méditer en commençant par la fin. C’est-à-dire par le pire de la condition humaine, pour arriver au Père. Les sonorités du Pater en grec soulignent aussi cette lecture : nous sommes dans le mal, la tentation, le péché, pour en sortir nous devons prendre le Pain, et par le Pain (le Christ) nous avons accès au Royaume. Et le « ou » mourant de « ponirou » est absorbé par le ferme triple « sou » de l’appartenance au Père. Lu ainsi, le Pater précise que nous devons pardonner à nos frères avant de participer au Saint Sacrifice, comme Jésus l’enseigne dans l’Evangile. S’étant incorporé au Christ, on peut alors dépasser « le ciel et la terre », la création sur laquelle on demandait que règne le Père, pour atteindre « les cieux » incréés qui sont le trône de la Trinité.
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A 12 ans
« Et lorsqu'il eut atteint l'âge de douze ans. »
C'est à sa douzième année, comme nous le lisons, que l'enseignement du Seigneur prend son point de départ : car un même nombre de messagers était réservé à la prédication de la foi. Ce n'est pas non plus sans dessein qu'oubliant ses parents selon la chair — Lui qui, même en sa vie incarnée, était rempli de la sagesse de Dieu et de sa grâce — au bout de trois jours II est retrouvé au temple ; c'était le signe que, trois jours après sa triomphante Passion, II devait, ressuscité, se présenter à notre foi sur le trône du ciel et parmi les honneurs divins, Lui que l'on croyait mort.
« Qu'est-ce à dire ? vous me cherchiez ? ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? »
II y a dans le Christ deux filiations : l'une est de son Père, l'autre de sa Mère. La première, par son Père, est toute divine, tandis que par sa Mère II s'est abaissé à nos labeurs et à nos usages. Dès lors tout ce qui, dans ses actes, dépasse la nature, l'âge, la coutume, ne doit pas être attribué aux facultés humaines, mais rapporté aux énergies divines.
Ailleurs [aux Noces de Cana] sa Mère le pousse à un acte mystérieux ; ici cette Mère est reprise de réclamer encore qu'il agisse en homme. Mais, comme ici on le montre âgé de douze ans, comme là on nous apprend qu'il a des disciples, vous voyez que cette Mère a été renseignée sur son Fils au point de réclamer de sa maturité un mystère, elle que déconcertait chez l'enfant ce prodige.
Saint Ambroise, commentaire sur saint Luc, traduction de dom Gabriel Tissot (Sources chrétiennes)
Icône russe, vers 1800, influencée par l'art occidental (on ne voit pas Marie et Joseph dans les icônes traditionnelles de la mi-Pentecôte).