Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 44

  • De la férie

    Le martyrologe romain, ce jour, commence par commémorer Moïse :

    In monte Nebo, terræ Moab, sancti Móysis, legislatóris et Prophétæ.

    Sur le Mont Nébo, dans la terre de Moab, saint Moïse, législateur et prophète.

    Mais, à de rares exceptions près, la liturgie latine ne célèbre pas les saints de l’Ancien Testament. Moïse est commémoré également ce jour dans la liturgie byzantine, mais liturgiquement, conjointement avec l’évêque martyr d’Antioche saint Babylas. Moïse y est présenté comme qui-vit-Dieu, en un seul mot, théoptos :

    Τοῦ Ἁγίου καὶ θεόπτου Μωϋσέως τοῦ Προφήτου.

    Le saint et qui-vit-Dieu Moïse le Prophète.

    C’est ce que souligne le premier stichère des vêpres concernant Moïse :

    Dans l'ouragan tu contemplas, autant qu'il te fut possible, l’Incorporel, dans la nuée, Moïse, tu as vu l’Immatériel ; la gloire suprême te rendit semblable à Dieu, au charnel Israël tu servis de législateur ; car ce n’est pas un esprit terrestre qui aurait pu pénétrer les mystères divins, mais la grâce est donnée à ceux qui voient les choses d'en-haut.

    Le théotokion de la première ode des matines ramasse en une seule phrase la vision de Dieu, celle du buisson ardent comme symbole de l’enfantement virginal du Christ Dieu, et la vision du Christ par-delà les siècles :

    Moïse fut stupéfait de contempler en premier lieu l'étonnante vision, la flamme et le buisson par leur étrange union préfigurant le Dieu né de la Vierge Mère, sans corruption, celui que, franchissant les siècles, il vit aussi dans la chair.

  • 14e dimanche après la Pentecôte

    Quelques impies en sont venus à ce degré de démence que d’oser trouver à redire dans ces paroles du Sauveur. Il ne devait pas, disent-ils, proposer aux hommes l’exemple des oiseaux, puisqu’il voulait porter les hommes à agir librement et volontairement, au lieu que les oiseaux n’agissent que par l’instinct et le mouvement de la nature. Que répondre à cela sinon que nous pouvons acquérir par la volonté ce que la nature a donné aux oiseaux ? Aussi Jésus-Christ, ne dit pas : Considérez que les oiseaux du ciel volent, parce que nous ne pouvons pas les imiter en cela, mais qu’ils n’ont point de soin de leur nourriture, ce que nous pouvons faire aisément si nous le voulons.

    L’exemple des saints qui ont vécu selon ce précepte en est une preuve. Admirable sagesse du divin Législateur qui pouvant nous proposer l’exemple de tant d’excellents hommes, comme de Moïse, d’Elie, de saint Jean, et de tant d’autres, qui ne se sont mis nullement en peine de trouver de quoi se nourrir, aime mieux se servir de celui des oiseaux, comme plus capable de frapper l’esprit de ses auditeurs et de ses disciples. Car s’il leur eût donné ces hommes de Dieu pour modèle, ils lui eussent peut-être répondu qu’ils n’étaient pas encore arrivés comme ces saints, au comble de la vertu. Mais en ne leur proposant que l’exemple des oiseaux, ils ne pouvaient pas s’excuser, et ils devaient plutôt rougir de ne pouvoir pas les imiter.

    Il imite encore en ce point l’ancienne loi, qui renvoie quelquefois les hommes à l’exemple de l’abeille, de la fourmi, de la tourterelle, et de l’hirondelle. Et ce n’est pas une petite preuve de la gloire, et de la grandeur de l’homme, de pouvoir imiter par le choix libre de sa volonté ce que ces animaux font par la nécessité de l’instinct de la nature. Si donc Dieu prend tant de soin des choses qu’il a créées pour nous, combien en prendra-t-il plus de nous-mêmes ? S’il veille tant sur les serviteurs, combien veillera-t-il plus sur le maître ? C’est pourquoi après avoir dit : "Regardez les oiseaux du ciel" il n’ajoute point : que ces oiseaux ne s’occupent point à des commerces et à des trafics injustes, parce qu’il semblerait n’avoir eu en vue que les hommes les plus méchants et les plus avares ; mais seulement "qu’ils ne sèment et qu’ils ne moissonnent point".

    Quoi donc ! me direz-vous, voulez-vous nous empêcher de semer ? Jésus-Christ ne défend point de semer ; mais il défend d’avoir trop de soin de ce qui est même le plus nécessaire. Il ne défend point de travailler, mais il ne veut pas qu’on travaille avec défiance, et avec inquiétude. Il vous promet donc, et il vous commande même de vous nourrir ; mais il ne veut pas que ce soin vous tourmente, et vous embarrasse l’esprit. David avait longtemps auparavant marqué cette vérité obscurément : "Vous ouvrez votre main, et vous remplissez de bénédiction tout ce qui a vie." (Psaume 144.) Et ailleurs : "Dieu donne aux animaux et aux petits des corbeaux la nourriture qu’ils lui demandent." (Ps. 146.)

    Vous me direz, peut-être, quel est l’homme qui puisse s’exempter de ces soins ? Ne vous souvenez-vous point de tant de justes que je viens de vous nommer ? Ne savez-vous pas encore que le patriarche Jacob sortit nu de son pays et qu’il dit : "Si le Seigneur me donne du pain pour manger et des habits pour me couvrir", etc. (Gen. 28.) Ce qui marque assez qu’il n’attendait point sa nourriture de ses soins, mais de Dieu seul. C’est ce que les apôtres ont fait depuis en quittant tout et ne s’inquiétant de rien. On a vu ces cinq mille personnes ensuite, et ces trois mille autres pratiquer la même chose. Si après toutes ces raisons et tous ces exemples vous ne pouvez vous résoudre à vous décharger de ces soins qui sont comme des chaînes qui vous accablent, reconnaissez au moins combien ils vous sont inutiles, et que cette inutilité vous porte à vous en dégager. "Car qui est celui d’entre vous qui puisse avec tous ses soins ajouter à sa taille naturelle la hauteur d’une coudée ?" Il se sert de la comparaison d’une chose claire, pour en faire comprendre une qui est obscure et cachée. Comme avec tous vos soins, dit-il, vous ne pouvez faire croître votre corps, vous ne pouvez de même avec toutes vos inquiétudes, quelque nécessaire que vous les croyiez, vous assurer votre nourriture. Ceci nous fait donc voir que ce ne sont point nos soins particuliers, mais la seule providence de Dieu qui fait tout dans les choses mêmes où nous paraissons avoir plus de part : que si Dieu nous abandonnait, rien ne nous pourrait soutenir, et que nous péririons avec tous nos soins, toutes nos inquiétudes, et tous nos travaux.

    Saint Jean Chrysostome, homélie 21 sur saint Matthieu.

  • Saint Etienne

    Début de la « Loi fondamentale » (constitution) hongroise (les premiers mots sont aussi ceux de l’hymne national) :

    Que Dieu bénisse les Hongrois !

    Profession de foi nationale

    Nous, membres de la Nation hongroise, au début du nouveau millénaire, déclarons avec le sens des responsabilités pour tous les Hongrois ce qui suit :

    Nous sommes fiers que notre Roi, saint Étienne, il y a 1 000 ans, ait bâti l'État hongrois sur des fondations solides et ait fait de notre patrie une partie de l'Europe chrétienne ;

    ...

    La couronne de saint Etienne se trouve au centre du hall du Parlement de Budapest.

    Capture d’écran 2023-09-01 à 15.15.53.jpg

    Capture d’écran 2023-09-01 à 15.16.35.jpg

    Capture d’écran 2023-09-01 à 15.14.18.jpg

    Capture d’écran 2023-09-01 à 15.15.15.jpg

    Capture d’écran 2023-09-01 à 15.16.16.jpg

    Des détails de la « Sainte Couronne ».

    La fête nationale de saint Etienne.

  • Saint Gilles

    Saint Gilles a vécu au début du VIe siècle: c’est la période où saint Césaire était évêque d’Arles et où les Wisigoths étaient solidement implantés dans le Languedoc, en particulier dans la région de Nîmes et dans le duché de Narbonne (Septimanie). Il venait de Grèce, comme beaucoup d’autres saints de la même époque. Le nom de Gilles résulte de la francisation du latin Ægidius, lui-même dérivé du grec Αἰγίδιοι, formé sur αἰγίδιον (aigidion), qui veut dire « chevrette ». L’hésitation entre le delta et le lambda se note dans le nom d’une île du rivage toscan, le « Giglio » (litt. le « Lys», mais en latin Agilium, l’île « aux chèvres », comme sa voisine « Capraia » ou comme pourrait s’appeler, dans le même archipel, Montecristo, îlot peuplé uniquement de chèvres sauvages). La racine est le mot aijvx, qui signifie à la fois vague, tourbillon et toison de chèvre (comme on parle de « blancs moutons » quand la mer est agitée). L’égide, c’est aussi le bouclier d’Athéna, fait d’une peau de chèvre. Ægidius pourrait ainsi être synonyme de Caprais, nom du co-fondateur de Lérins, qui était passé, lui aussi, par une île toscane. Et de la chevrette, nous arrivons tout naturellement à l’histoire de la petite biche. Le miracle de Gilles apaisant la mer a donné une autre étymologie, en forme de rébus: A (privatif) γῆ (terre) Δῖος (de Zeus) = non terrestre, mais divin.

    crypte_-_b.trouillet_3_-f3d03.jpg

    Les reliques du Saint se trouvent dans la crypte de l’abbatiale de Saint-Gilles, entre Arles et Nîmes. Au Moyen-Âge, le monastère de Saint-Gilles était une étape obligée sur la route des grands pèlerinages, à la croisée des chemins allant de Belgique, des pays germaniques, de Hongrie et de Pologne vers Saint-Jacques de Compostelle ou bien de la Bretagne, Grande et Petite, et des îles celtiques vers la tombe des Apôtres à Rome.

    Notice de l’archimandrite Denis Guillaume pour le supplément au ménée de septembre, dont la deuxième édition vient de paraître aux éditions Apostolia.

  • Saint Raymond Nonnat

    Ceci est le monastère authentique de saint Raymond Nonnat (1204-1240). Du moins à l’origine, car il a été considérablement agrandi autour de 1600.

    Il y a à Barcelone une église qui lui est dédiée. De loin on pourrait croire à une basilique romane. Mais elle a été construite dans les années 1930, sur le lieu où il y avait eu une église « de la Merci », donc de l’ordre de saint Raymond pour la rédemption des captifs.

    Església_de_Sant_Ramon_Nonat_(Barcelona)_5.jpg

    Església_de_Sant_Ramon_Nonat_(Barcelona)_3.jpg

    Les deux portails sont une belle imitation du style roman, mais les mosaïques ne sont pas du même niveau…

    La première montre le baptême de saint Raymond. On voit à gauche sa mère qui est morte avant de le mettre au monde (d’où le surnom de Nonnat : non-né).

    La deuxième le montre au milieu des captifs des barbaresques en Algérie.

    Església_de_Sant_Ramon_Nonat_(Barcelona)_6.jpg

    Església_de_Sant_Ramon_Nonat_(Barcelona)_7.jpg

  • Sainte Rose de Lima

    En 1727, la fête de sainte Rose de Lima a supplanté, du moins dans le calendrier romain (pas dans le calendrier monastique) celle des martyrs Felix et Adauctus. Le nom de ce dernier a été bêtement francisé en « Adaucte », alors qu’il s’agit du participe passé du verbe adaugeo, et que cela veut dire « ajouté », comme l’explique le martyrologe :

    Romæ, via Ostiénsi, pássio beáti Felícis Presbyteri, sub Diocletiáno et Maximiáno Imperatóribus. Hic, post equúlei vexatiónem, data senténtia, cum ducerétur ad decollándum, óbvius ei fuit quidam Christiánus, qui, dum se Christiánum esse sponte profiterétur, mox cum eódem páriter decollátus est; cujus nomen ignorántes, Christiáni Adáuctum eum appellavérunt, eo quod sancto Felíci auctus sit ad corónam.

    A Rome, sur la voie d'Ostie, la passion du bienheureux prêtre Félix, sous les empereurs Dioclétien et Maximien. Tourmenté d'abord sur le chevalet, il fut ensuite condamné à mort ; comme on le menait au lieu où il devait être décapité, un chrétien venant au-devant de lui déclara ouvertement qu'il était lui-même chrétien, et eut pareillement la tête tranchée. Les fidèles, qui ignoraient son nom l'appelèrent "Ajouté" parce qu'il avait été ajouté à saint Félix pour recevoir la couronne.

    2300861843.jpg

    L’explication de cette peinture est ici.

    Sainte Rose de Lima : 1, 2, 3, 4, 5, les images de Cuzco, et la procession de la fête nationale du Pérou.

  • Décollation de saint Jean Baptiste

    Память праведнаго с похвалами, тебе же довлеет свидетельство Господне, Предтече: показал бо ся еси воистинну и пророков честнейший, яко и в струях крестити сподобился еси Проповеданнаго. Темже за истину пострадав радуяся, благовестил еси и сущим во аде Бога явльшагося плотию, вземлющаго грех мира и подающаго нам велию милость.

    La mémoire du Juste s'accompagne d'éloges, mais à toi, Précurseur, suffit le témoignage du Seigneur ; vraiment tu t'es montré en effet le plus grand de tous les Prophètes ; aussi tu fus digne de baptiser dans les eaux celui qu'ils avaient annoncé ; ayant lutté sur terre pour le vrai, tu annonças jusqu'aux enfers, plein de joie, le Dieu manifesté dans la chair, qui enlève le péché du monde et nous fait grande miséricorde.

    Le tropaire, en slavon, trouvé sur la chaîne YouTube de l’église Saint-Elie de Slavoutytch. Cette ville a été construite après la catastrophe de Tchernobyl pour remplacer Pripiat (qui elle-même avait été fondée en 1970 pour les employés de l’usine atomique).

    Il semble que cette église, jolie et originale, n’ait pas encore été volée par les pillards de l’Eglise du pouvoir à ceux qui l’ont construite.

  • A Potchaïev

    Un écho de la divine liturgie de la Dormition à Potchaïev ce matin. Avant le Trisagion :

    Capture d’écran 2023-08-28 à 18.21.14.png

    Seigneur, sauve ceux qui sont pieux. Et écoute nous.

  • Saint Augustin

    champaigne_frontispice.jpg

    Quand, du fond le plus intérieur, ma pensée eut retiré et amassé toute ma misère devant les yeux de mon cœur, il s’y éleva un affreux orage, chargé d’une pluie de larmes.

    Et pour les répandre avec tous mes soupirs, je me levai, je m’éloignai d’Alypius. La solitude allait me donner la liberté de mes pleurs. Et je me retirai assez loin pour n’être pas importuné, même d’une si chère présence.

    Tel était mon état, et il s’en aperçut, car je ne sais quelle parole m’était échappée où vibrait un son de voix gros de larmes. Et je m’étais levé. Il demeura à la place où nous nous étions assis, dans une profonde stupeur. Et moi j’allai m’étendre, je ne sais comment, sous un figuier, et je lâchai les rênes à mes larmes, et les sources de mes yeux ruisselèrent, comme le sang d’un sacrifice agréable. Et je vous parlai, non pas en ces termes, mais en ce sens: « Eh! jusques à quand, Seigneur ( Ps. VI, 4)? jusques à quand, Seigneur, serez-vous irrité? Ne gardez pas souvenir de mes iniquités passées (Ps. LXXXIII, 5, 8). » Car je sentais qu’elles me retenaient encore. Et je m’écriais en sanglots : Jusques à quand? jusques à quand? Demain ?… demain?... Pourquoi pas à l’instant; pourquoi pas sur l’heure en finir avec ma honte?

    Je disais et je pleurais dans toute l’amertume d’un cœur brisé. Et tout à coup j’entends sortir d’une maison voisine comme une voix d’enfant ou de jeune fille qui chantait et répétait souvent: « PRENDS, LIS! PRENDS, LIS! » Et aussitôt, changeant de visage, je cherchai sérieusement à me rappeler si c’était un refrain en usage dans quelque jeu d’enfant; et rien de tel ne me revint à la mémoire. Je réprimai l’essor de mes larmes, et je me levai, et ne vis plus là qu’un ordre divin d’ouvrir le livre de l’Apôtre, et de lire le premier chapitre venu. Je savais qu’Antoine, survenant, un jour, à la lecture de l’Evangile, avait saisi, comme adressées à lui-même, ces paroles: « Va, vends -ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel; viens, suis-moi (Matth. XIX, 21); » et qu’un tel oracle l’avait aussitôt converti à vous.

    Je revins vite à la place où Alypius était assis; car, en me levant, j’y avais laissé le livre de l’Apôtre. Je le pris, l’ouvris, et lus en silence le premier chapitre où se jetèrent mes yeux: « Ne vivez pas dans les festins, dans les débauches, ni dans les voluptés impudiques, ni en conteste, ni en jalousie; mais revêtez-vous de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et ne cherchez pas à flatter votre chair dans ses désirs. » Je ne voulus pas, je n’eus pas besoin d’en lire davantage. Ces lignes à peine achevées; il se répandit dans mon cœur comme une lumière de sécurité qui dissipa les ténèbres de mon incertitude.

    Alors, ayant laissé dans le livre la trace de mon doigt ou je ne sais quelle autre marque, je le fermai, et, d’un visage tranquille, je déclarai tout à Alypius. Et lui me révèle à son tour ce qui à mon insu se passait en lui. Il demande à voir ce que j’avais lu; je le lui montre, et lisant plus loin que moi, il recueille les paroles suivantes que je n’avais pas remarquées: « Assistez le faible dans la foi (Rom. XIV, 1). » Il prend cela pour lui, et me l’avoue. Fortifié par cet avertissement dans une résolution bonne et sainte, et en harmonie avec cette pureté de mœurs dont j’étais loin depuis longtemps, il se joint à moi sans hésitation et sans trouble.

    A l’instant, nous allons trouver ma mère, nous lui contons ce qui arrive, elle se réjouit; comment cela est arrivé, elle tressaille de joie, elle triomphe. Et elle vous bénissait, « ô vous qui êtes puissant à exaucer au-delà de nos demandes, au-delà de nos pensées Ephés. III, 20), » car vous lui aviez bien plus accordé en moi que ne vous avaient demandé ses plaintes et ses larmes touchantes. J’étais tellement converti à vous que je ne cherchais plus de femme, que j’abdiquais toute espérance dans le siècle, élevé désormais sur cette règle de foi, où votre révélation m’avait jadis montré debout à ma mère. Et son deuil était changé (Ps. XXIV, 12) en une joie bien plus abondante qu’elle n’avait espéré, bien plus douce et plus chaste que celle qu’elle attendait des enfants de ma chair.

    Confessions, VIII, 12 (28-30).

  • 13e dimanche après la Pentecôte

    Omnípotens sempitérne Deus, da nobis fídei, spei et caritátis augméntum : et, ut mereámur asséqui quod promíttis, fac nos amáre quod prǽcipis.

    Dieu tout-puissant et éternel, augmentez en nous la foi, l’espérance et la charité ; et pour que nous méritions d’obtenir ce que vous promettez, faites-nous aimer ce que vous commandez.

    Dans la prière de ce jour, nous demandons un accroissement des trois vertus théologales, foi, espérance et charité, lesquelles sont le vrai fondement de la perfection chrétienne. On les appelle théologales, parce qu’elles ont Dieu pour auteur et pour objet. La foi est la lumière intérieure qui nous montre la fin dernière surnaturelle, et qui éclaire le chemin y conduisant. L’espérance alimente dans l’âme le désir d’obtenir cette fin tandis que Dieu lui garantit son secours puissant. Quant à l’amour, il est l’impulsion irrésistible de l’âme qui court vers Dieu, anxieuse de se jeter entre ses bras pour le posséder comme son bien propre et qui ne lui manquera jamais dans l’éternité.

    Toute la perfection chrétienne repose sur ce triple fondement des vertus théologales, en sorte que les maîtres de la vie spirituelle insistent beaucoup sur les avantages qui découlent pour l’âme de l’émission répétée de ces actes de foi, d’espérance et de charité, lesquels finiront ainsi par orienter habituellement notre vie intérieure tout entière. Ici également, l’entraînement aide beaucoup, et est un puissant instrument d’héroïque perfection.

    La seconde partie de la collecte explique encore mieux le contenu de la première. Dieu promet une magnifique récompense c’est-à-dire Lui-même. Cette récompense est toutefois subordonnée à notre fidélité dans l’observation de sa loi, laquelle, dans l’état présent d’affaiblissement de notre nature corrompue, est difficile et dure. Comment surmonter l’obstacle ? D’autre part, est-il convenable pour Dieu que ses fidèles le cherchent en pleurant et à grand’peine, presque par contrainte, comme des esclaves condamnés aux travaux forcés ? Non pas. « Faites, Seigneur, — ajoute donc la collecte, — que nous aimions tout ce que vous nous commandez. » Voici l’effet de la grâce divine. Elle fortifie le cœur du fidèle et mêle tant de douceur au service du Seigneur, qu’on le sert non point comme le prisonnier qui sent l’aiguillon du geôlier l’excitant au travail, mais avec l’amour du fils à qui rien n’est plus doux que d’accomplir la volonté du Père. Quae placita sunt Ei facio semper.

    Bienheureux cardinal Schuster