Durant dix ans, Rose ne cessa de prédire avec les plus minutieux détails la fondation d'un monastère de Dominicaines à Lima. Cette ville n'était pas encore très étendue : elle possédait déjà bon nombre de couvents et il n'était guère probable que le gouvernement en autorisât un nouveau. L'eût-il permis, où trouver les ressources nécessitées par une entreprise de cette nature ? N'importe, Rose ne varia jamais dans son affirmation. « Quand vous y verriez plus de difficultés encore, mon Père, disait-elle à son confesseur, quand vous supposeriez l'opposition de l'Espagne et de l'Amérique entière, soyez certain que la fondation se fera dans le lieu que je vous désigne : le monastère sera florissant, peuplé de saintes âmes : vous le verrez de vos yeux. »
Un jour qu'elle revenait sur ce sujet, elle se mit à dire que si l'autorisation, que l'on sollicitait alors, arrivait de son vivant, elle se chargerait seule, s'il le fallait, des frais de construction. Sa mère, en l'entendant, n'y tient plus. « Tu es folle, lui dit-elle ; où prendrais-tu cet argent ? Tu ferais mieux de te taire que de nous conter pareilles inepties. » Rose, pourtant si docile, ne se tut point. « Patience, bonne mère, répliqua-t-elle, patience : le temps viendra où vous reconnaîtrez la vérité de mes paroles, car vous serez la première à prendre le voile dans cette maison ; vous y ferez profession et persévérerez dans l'état religieux jusqu'à la mort. » C'était par trop fort vraiment, et la colère de Marie de Flores ne connut plus de bornes. « Moi, religieuse! moi, qui ne sais ni chanter, ni psalmodier; moi, qui ne puis tenir en place, aller me renfermer dans une clôture ! Va chanter à d'autres tes absurdités : les Grecs auront des calendes avant que je prenne le voile dominicain. »
Le commencement de l'année 1629 ne vit pas les calendes grecques, mais il vit Marie de Flores, veuve et sexagénaire, prendre le voile au nouveau monastère de Sainte-Catherine. L'année suivante, elle y faisait profession, et elle y mourut longtemps après en bonne et fervente Dominicaine.
Commentaires
Cher yves Daoudal, jai oublié plus haut de vous remercier tant et encore pour vos publications de vies de saints, qui pour beaucoup sont passés de mode.....Je ne m'en lasse jamais, quel moment de pure joie, soyez bénisAl'instant je lis la vie, brève, de Ste Rose deLima, un enchantement!Nous aurions besoin de nombreuses Stes Rose nous prédisent la fondation de nombreux monastères.Ne soyons pas ingrats lorsque nous avons vu sortir de terre LeBarroux, moines et moniales et ce moment celui de La GArde en ce Lot-et Garonne tant déchristianisé j'ai encore en mémoire ces vies de Saints écrites par le P. Omer Engelbert. Un régal!