François a nommé une commission de cinq membres chargée de l’informer rapidement sur les « faits » survenus à l’Ordre de Malte.
Selon La Croix, le grand chancelier Albrecht von Boeselager a été « brutalement démis » de ses fonctions par le grand maître Fra'Matthew Festing parce qu’il serait un « catholique libéral », alors qu’il « jouit d’une excellente réputation »…
Face à la campagne montée contre lui, le grand maître Fra'Matthew Festing a mis les choses au point dans un texte publié sur le site de l’Ordre.
Il évoque « de graves problèmes ayant eu lieu pendant le mandat de Boeselager en tant que Grand Hospitalier de l’Ordre de Malte » et « l’occultation consécutive de ces problèmes au Grand Magistère, comme démontré dans un rapport commandité par le Grand Maître l’an dernier ».
Il a donc convoqué une réunion où se trouvait également le Grand Commandeur Fra’ Ludwig Hoffmann von Rumerstein et le « Cardinal Raymond Leo Burke, représentant du Saint Père auprès de l’Ordre de Malte », et il lui a été demandé de démissionner. Refus de l’intéressé. « Le Grand Maître, en présence du Grand Commandeur et du Cardinal Patronus [le cardinal Burke], n’a eu d’autre choix que de lui ordonner de démissionner, en vertu de la promesse d’obédience. Boeselager a de nouveau refusé. Ainsi, le Grand Commandeur, avec l’appui du Grand Maître, du Souverain Conseil et de la plupart des membres de l’Ordre à travers le monde, a lancé une procédure disciplinaire par laquelle l’appartenance d’un membre à l’Ordre, et ainsi toutes ses charges à l’intérieur de l’Ordre, peuvent être suspendues. »
Le grand maître ajoute que pour tout membre de l’Ordre, refuser un ordre du Grand Maître est « déshonorant », et que « pour un membre en Obédience, refuser un ordre trahit un manque de respect pour la spiritualité et les lois de l’Ordre, pour son supérieur religieux et souverain, et pour le représentant du Saint Père auprès de l’Ordre qui a soutenu le Grand Maître dans sa décision » : le cardinal Raymond Leo Burke…
Je n’en sais pas plus et je peux me tromper mais je suis enclin à formuler une hypothèse qui pourrait se résumer ainsi : le pape nomme une commission pour désavouer le grand maître de l’Ordre de Malte qui a viré un gentil moderniste sous l’influence du démoniaque intégriste cardinal Burke (1), et donc pour exclure le cardinal même du placard où il l’avait remisé.
(1) « Démoniaque » fait référence à ce passage du discours de François aux cardinaux :
Dans ce parcours, il est normal, et même salutaire, de rencontrer des difficultés qui, dans le cas de la réforme, pourraient se présenter sous diverses typologies de résistances : les résistances ouvertes qui naissent souvent de la bonne volonté et du dialogue sincère ; les résistances cachées qui naissent des cœurs effrayés ou pétrifiés qui s’alimentent des paroles vides du “gattopardisme spirituel”de celui qui en paroles se dit prêt au changement, mais veut que tout reste comme avant ; il y a aussi les résistances malveillantes, qui germent dans des esprits déformés et apparaissent quand le démon inspire des intentions mauvaises (souvent “déguisées en agneaux”). Ce dernier type de résistances se cache derrière les paroles de justification, et souvent accusatoires, en se réfugiant dans les traditions, dans les apparences, dans la formalité, dans le connu, ou bien dans le vouloir de tout porter sur le personnel, sans distinguer entre l’acte, l’acteur et l’action.
Addendum
Roberto de Mattei explique, dans un article traduit par Benoît et moi :
Après la sortie au grand jour du fait que von Boeselager, pendant la période où il était le Grand Hospitalier de l'Ordre, avait abusé de son pouvoir, promouvant la distribution de dizaines de milliers de préservatifs et de contraceptifs, y compris abortifs (comme l'indiquent les rapports relatifs au programme des Nations Unies contre le VIH en Birmanie), le Grand Maître Matthew Festing est intervenu pour mettre fin au scandale et a demandé à Boeselager de démissionner, faisant appel au vœu d'obéissance qu'il avait prêté. Le Grand Chancelier, fort de son amitié avec le secrétaire d'Etat Pietro Parolin et de la récente nomination de son frère Georg dans le conseil d'administration de l'IOR, a rejeté la demande avec arrogance, revendiquant son comportement de catholique «libéral». La création par la Secrétairerie d'Etat d'un groupe d'enquête de cinq membres, tous plus ou moins liés à Boeselager, constitue un cas grave d'ingérence dans l'administration de l'Ordre.
D’autant que la personne qui doit juger de ce qui se passe pour le Saint-Siège est le… cardinal Burke, qui est le représentant du pape...