Le Dr Anna Smajdor est professeur au département de philosophie, de lettres classiques, d'histoire de l'art et des idées de l’Université d'Oslo, Norvège. Joona Räsänen est chercheur principal à l'Institut d'études avancées de Turku et au département de philosophie, d'histoire contemporaine et de sciences politiques de l'université de Turku, Finlande, membre du comité éditorial de Bioethics et de BMC Medical Ethics, et rédacteur de la section "Éthique biomédicale" de la troisième édition de l'Encyclopédie d'éthique appliquée.
Tous deux ont pondu dans le Journal of Medical Ethics, la revue anglophone d’éthique médicale, un article intitulé : « La grossesse est-elle une maladie ? Une approche normative ».
Dont voici le résumé officiel :
Dans cet article, nous identifions certaines caractéristiques clés de ce qui fait de quelque chose une maladie, et nous nous demandons si elles s'appliquent à la grossesse. Nous soutenons qu'il existe des raisons impérieuses de considérer la grossesse comme une maladie. Comme une maladie, la grossesse affecte la santé de la personne enceinte, provoquant une série de symptômes allant de l'inconfort à la mort. Comme une maladie, la grossesse peut être traitée médicalement. Comme une maladie, la grossesse est causée par un agent pathogène, un organisme extérieur qui envahit le corps de l'hôte. Comme une maladie, le risque de tomber enceinte peut être réduit par des mesures prophylactiques. Nous nous demandons si la "normalité" de la grossesse, sa nécessité actuelle pour la survie de l'homme ou la valeur qui lui est souvent attribuée sont des raisons de rejeter l'idée que la grossesse est une maladie. Nous soulignons que l'application des théories de la maladie au cas de la grossesse peut, dans de nombreux cas, mettre en lumière des incohérences et des problèmes au sein de ces théories. Enfin, nous montrons qu'il est difficile de trouver une théorie de la maladie qui englobe tous les cas paradigmatiques de maladies, tout en excluant de manière convaincante la grossesse. Nous concluons qu'il existe des raisons normatives et pragmatiques de considérer la grossesse comme une maladie.
Il nous avait échappé qu’il y a un an le Dr Anna Smajdor avait publié dans la même revue d’éthique un article expliquant qu’il serait parfaitement éthique d’utiliser une femme en état de mort cérébrale comme mère porteuse. On comprend désormais que ce serait d’autant plus justifié que la mère porteuse ne souffrirait pas de la maladie de la grossesse puisqu’elle est déjà morte…