Exsúltat María, et matrem se læta mirátur, et de Spíritu Sancto se peperísse gaudet: nec quia péperit innúpta, terrétur: sed quia genúerit, cum exsultatióne mirátur. O fémina super féminas benedícta, quæ virum omníno non novit, et virum suo útero circúmdedit ! Circúmdat virum María Angelo fidem dando, quia Heva pérdidit virum serpénti consentiéndo. O felix obediéntia ! o insígnis grátia ! quæ dum fidem humíliter dedit, cæli in se opíficem corporávit. Hinc proméruit glóriam, quam ipsa póstmodum plausit. Ecce, ait, ex hoc beátam me dicent omnes generatiónes.
Marie exulte. Joyeuse, elle s’émerveille de sa maternité. Elle se réjouit d’avoir enfanté par l’œuvre de l’Esprit-Saint. Elle ne s’effraie point d’avoir enfanté sans noces, mais parce qu’elle a conçu, dans l’exultation, elle s’émerveille. O femme bénie entre les femmes qui ne connaît point d’homme et entoure un homme dans son sein* ! Marie entoure un homme en donnant sa foi à l’ange parce que Ève a perdu l’homme en donnant son consentement au serpent. O heureuse obéissance ! ô grâce insigne ! Par l’humble offrande de sa foi, Marie donne corps en elle au Créateur du ciel. Par là, elle mérite la gloire dont ensuite elle s’applaudit. « Voici, proclame-t-elle, que tous les âges me diront bienheureuse. »
D’un sermon attribué à saint Augustin (194e de l’appendice ou 18e des saints ou 2e pour l’Annonciation), non retenu dans l’actuelle édition critique.
* Allusion à Jérémie 31,22 : « Le Seigneur a créé du nouveau sur la terre : une femme entourera un homme », prophétie de l’Incarnation, parce que dès sa conception le Christ est Homme parfait. C’est un des textes que l’on trouve par exemple sur la première tenture de chœur de la Chaise-Dieu, sur l’Annonciation, en bas à droite.
Commentaires
Quand j'écoute le Magnificat et la Messe en si de Bach, avec ces deux Gloria à vous faire dresser les cheveux sur la tête, je me demande jusqu'à quel point ce compositeur luthérien était foncièrement catholique. Son génie semble procéder tout à la fois de l'exultation de tenir la vérité et de la nostalgie de l'avoir perdue. C'est cette nostalgie qui, épiçant d'un soupçon de tristesse la joie à son sommet inatteignable, rend ce compositeur supérieur à tout autre.