Deus, qui beáto Vincéntio divína quotídie celebránti mystéria tribuísti quod tractábat imitári : eius nobis précibus indúlge ; ut immaculátam hóstiam offeréntes, ipsi quoque in holocáustum tibi accéptum transeámus.
O Dieu qui avez accordé au bienheureux Vincent d’imiter ce qu’il accomplissait en célébrant chaque jour les divins mystères, daignez, par ses prières, nous accorder, à nous qui vous offrons cette hostie immaculée, de devenir aussi un holocauste agréable à vos yeux.
Dans cette secrète de la messe propre de saint Vincent de Paul pour la Congrégation de la Mission, étendue à la France, puis incluse dans le supplément du Missel Romain en 1962, le prêtre demande littéralement que nous passions en holocauste, que nous soyons transformés, changés en holocauste.
Comme tout le reste, cette messe a subi le rouleau compresseur de la « réforme liturgique ». Et c’est un exemple type de l’aplatissement qui en a résulté :
Deus, qui beato Vincentio divina celebranti mysteria tribuisti quod tractabit imitari, concede, ut, huius sacrificii virtute, ipse quoque in oblationem tibi acceptabilem transeamus.
On constate que :
- le « quotidie » a disparu. Comme on doit supposer qu’il ne s’agit pas de nier que saint Vincent de Paul dît la messe chaque jour, on doit comprendre que ce « quotidie » sonnait comme un reproche pour les prêtres d’aujourd’hui qui ne disent plus la messe chaque jour. Ou, pire encore, c’est un désaveu de la pratique heureusement révolue de la messe quotidienne (en contradiction avec le texte même de Vatican II) ;
- « daignez, par ses prières, nous accorder, à nous qui vous offrons cette hostie immaculée » est devenu : « accordez, par la puissance du sacrifice ». Cette transformation est rendue nécessaire par la négation du sens de l’offertoire dans la messe de Paul VI. En passant, on nie aussi l’intercession du saint (ou plus exactement on la passe sous silence, ce qui revient au même) ;
- surtout, nous ne sommes plus transformés en holocauste, mais en « oblation » : l’oraison demande seulement que nous devenions une offrande (au sens restreint que la nouvelle liturgie donne à ce mot), et non plus un holocauste, qui est le don total de soi-même comme victime entièrement consumée dans le feu de l’amour divin. (Et le fait, en outre, d’employer le mot holocauste donne la signification prophétique du mot dans l’Ancien Testament, ce qui est donc également gommé par la nouvelle « liturgie ».)
Une recherche sur Google me fait constater que cette formule finale de la secrète de la messe de saint Vincent de Paul se retrouve dans la secrète de la messe votive (1957, 1963) en l’honneur de la Sainte Face de Manoppello…