C’est une terrible révélation de Sandro Magister. La congrégation pour les religieux a pris un décret, daté du 11 juillet, explicitement approuvé par le pape, instituant un « commissaire apostolique » à la tête des Franciscains de l’Immaculée, et leur interdisant de célébrer la messe de saint Pie V :
« Le Saint Père François a décidé que tous les religieux de la congrégation des Frères Franciscains de l'Immaculée sont tenus de célébrer la liturgie selon le rite ordinaire et que, éventuellement, l'usage de la forme extraordinaire (Vetus Ordo) devra être explicitement autorisé par les autorités compétentes, pour tous les religieux et/ou communautés qui en feront la demande. »
Les Franciscains de l’Immaculée, qui se réclament de saint Maximilien Kolbe et ont un quatrième vœu marial, sont une magnifique communauté contemplative et missionnaire, créée en 1970 et reconnue par Jean-Paul II en 1998 comme institut de vie consacrée de droit pontifical. Ils sont aujourd’hui près d’un millier, en divers couvents de religieux et religieuses à travers le monde. A partir du motu proprio Summorum Pontificum la messe de saint Pie V s’est rapidement répandue dans les couvents, jusqu’à devenir la messe « normale ».
Mais certains ont contesté cette évolution. Rome a envoyé un visiteur apostolique. Et les Franciscains de l’Immaculée sont donc mis sous tutelle pour déviationnisme liturgique, avec obligation de dire la messe de Paul VI à partir du 11 août.
Il s’agit donc bien de la messe de Paul VI : la messe que ce pape avait rendue obligatoire en 1969, avec toute la cruauté dont il était capable, fidèlement relayée par un épiscopat qui se moquait totalement de la liturgie. François cite Paul VI à tout bout de champ. Il l’imite donc aussi dans sa méchanceté.
Cette décision est naturellement illégale (comme l’était celle de Paul VI). Car elle contredit frontalement le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI, qui est une loi de l’Eglise.
Certes, le pape peut faire et défaire à sa guise. Mais, même quand on est pape, on édicte une loi qui annule la précédente, on ne procède pas par la bande, pour persécuter des religieux, en attendant une suite qui fait désormais craindre le pire…
Il y a un autre point que Sandro Magister n’évoque pas : ces dernières années, de nombreux Franciscains de l’Immaculée ont été ordonnés prêtres avec la messe de saint Pie V et pour la messe de saint Pie V. Pour ceux-là le diktat du pape est encore plus injuste et cruel. Et c’est un camouflet notamment pour le cardinal Raymond Burke, qui en a ordonné plusieurs. Or le cardinal Burke est préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique. En théorie, les Franciscains de l’Immaculée pourraient faire appel devant lui du décret du 11 juillet. Et comme le décret est illégal ils obtiendraient son annulation. Sauf qu’on ne fait pas appel d’un décret explicitement approuvé par le pape…
Ceci est – était - la messe de saint Pie V à l’église de la paroisse de Rome Sainte-Marie de Nazareth, qui a été confiée par Benoît XVI aux Franciscains de l’Immaculée pour la forme extraordinaire.
Addendum
Le blog Messa in latino publie le décret. On y trouve exactement ce que dit Sandro Magister.