La ridicule arrogance et les raisonnements infantiles des grands spécialistes de l’exégèse historico-critique devraient être purement et simplement ignorés. Malheureusement leur travail de sape de la foi est repris comme… vérité d’évangile dans presque toute l’édition contemporaine des livres saints. C’est une des raisons pour lesquelles je ne m’intéresse guère aux Bibles en français. Or voici que je découvre par hasard une note de la Bible de Jérusalem, au début de l’évangile de saint Jean, qui est un sommet de la stupidité « historico-critique ».
Je passe sur la rengaine que l’Evangile de saint Jean n’est pas de saint Jean et que l’évangéliste qui signe saint Jean, pour le Prologue, a repris un texte antérieur… Je parle de la note sur les versets 6 à 8 du Prologue, ceux qui parlent de saint Jean Baptiste : « Il y eut un homme envoyé par Dieu, son nom était Jean… » La note de la Bible de Jérusalem affirme tout de go que ces versets ne sont pas à leur place, et que, « primitivement » (sic), ils se trouvaient après le Prologue, juste avant le verset 19, qui donne justement le témoignage de saint Jean Baptiste.
En effet au verset 7 on nous parle du témoignage de saint Jean Baptiste, mais c’est seulement au verset 19 qu’on a ce témoignage, DONC le verset 7 a été déplacé, sans doute par un scribe qui ne maîtrisait pas bien le copier-coller…
Ce qui est grave est que la plupart des lecteurs de la Bible de Jérusalem croient donc qu’en effet les versets 6-8 ont été déplacés par un abruti et qu’il convient de les remettre à leur place…
Les exégètes qui ont inventé cela sont à la fois myopes et insensibles. S’ils étaient un tant soit peu sensibles au mouvement du texte (avant de le décortiquer à la loupe déformante), ils constateraient que l’on part de Dieu pour descendre vers l’homme, puis qu’on remonte de l’homme vers Dieu. Et que dans la descente comme dans la remontée il y a une étape qui est saint Jean Baptiste. Car saint Jean Baptiste n’est pas seulement dans les versets 6-8, il est aussi au verset 15 (et là, la Bible de Jérusalem oublie de nous dire où il faut le mettre…).
Ces deux mentions de saint Jean Baptiste sont là pour souligner que ce Prologue est construit en inclusion. Un peu partout dans les évangiles il y a des inclusions, souvent étonnantes, que l’on peut découvrir quand un verset renvoie à l’évidence à un verset précédent. On remarque alors que les versets intermédiaires sont construits en miroir, autour d’un verset central qui est le plus important.
Ici nous voyons déjà qu’il y a sans doute inclusion, par le mouvement du texte qui part de Dieu pour arriver à l’homme et repart de l’homme pour arriver à Dieu. Les deux mentions de saint Jean Baptiste soulignent l’inclusion et permettent de la compléter (comme les chiffres indiqués dans la grille de sudoku).
Le noyau du Prologue se trouve donc entre les deux mentions de saint Jean Baptiste : les versets 9-14. Et l’on découvre alors que le centre de l’inclusion, donc le centre et sommet du Prologue, n’est pas « Et le Verbe s’est fait chair », puisque c’est le verset 14, mais le pouvoir que nous donne le Verbe fait chair « de devenir fils de Dieu », car tel est le but de l’incarnation (la descente de Dieu en l’homme pour remonter les hommes en Dieu) : c’est le verset 12. Alors on voit que le verset 13 répond au verset 11, le verset 14 aux versets 10 et 9…
Un autre aspect de l’inclusion est qu’on ne revient pas au point de départ tel qu’il était, mais enrichi, ou déplacé pour montrer un nouveau point de vue. Ici, le « Verbe » du premier verset est devenu le « Fils unique-engendré » ; il était « chez Dieu » et il « était Dieu », il est « dans le sein du Père » ; il était « au Principe », il nous l’a « dévoilé », manifesté, raconté.
Prétendre stupidement que les versets 6-8 ne sont pas à leur place, c’est empêcher de découvrir cette structure et cette richesse (dont il y aurait évidemment encore beaucoup, infiniment, à dire).