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Religion - Page 19

  • Béthanie au-delà du Jourdain

    Le site du Baptême de Jésus a été officiellement déclaré Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée mardi soir à Paris.

    La délégation jordanienne comprenait le ministre du Tourisme, Nayef H Al-Fayez, et Mgr Maroun Lahham, vicaire patriarcal pour la Jordanie du Patriarcat latin de Jérusalem.

    Dans son intervention, Mgr Lahham a qualifié le site du Baptême de « lieu où résonne encore la voix du Christ » dans un pays, la Jordanie, « tranquille et sûr, au milieu d’un Proche-Orient en flammes » (encore qu’il soit aujourd’hui au bord de la catastrophe à cause du trop-plein de réfugiés, comme avertit Asia News).

    Il a poursuivi :

    « L’Evangile l’avait déclaré voici deux mille ans, la dévotion populaire l’a toujours confirmé, les recherches archéologiques l’ont mis en évidence, quatre papes l’ont visité et, aujourd’hui, la communauté internationale le déclare officiellement. A partir de ce soir nous pouvons déclarer à haute voix que la Jordanie est Terre Sainte. La Terre Sainte comprend également et surtout Jérusalem, Bethléem et Nazareth mais la Jordanie n’en est pas pour cela moins sainte. »

    On entend bien ce qui est sous-entendu dans le propos de Mgr Lahham, qui est un cri de victoire arabo-palestinien : l’UNESCO vient d’infliger un camouflet à Israël qui a tout fait pour faire croire que le lieu du baptême était sur la rive israélienne et y envoie les touristes et pèlerins en masse alors qu’on sait depuis toujours que le véritable site est du côté jordanien, comme le dit explicitement l’évangile de saint Jean.

  • “La Croix” adopte la “sexualité ludique”

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    J’avoue que je n’avais pas constaté que le quotidien La Croix était passé du bleu à l’orange, le 21 janvier semble-t-il. D’ailleurs je ne vois pas comment j’aurais pu le constater. Je le découvre ce jour parce que le Forum catholique attire l’attention sur la signification de ce changement de couleur. Elle est expliquée par Alain Rémond dans une billet intitulé L’orange ça pulse, ça bouge, ça chauffe, ça klaxonne…

    Personnellement je trouve ce nouveau dessin terne et lourd, mais Alain Rémond écrit :

    La Croix vient donc de faire sa révolution orange, comme l’Ukraine en 2004. Passer ainsi du bleu à l’orange n’a rien d’anodin. Le bleu, c’est le ciel, c’est la mer, c’est l’innocence, c’est la pureté. Alors que l’orange, pardon, ça déménage. Traditionnellement associé au soleil, donc à l’énergie, à la chaleur, c’est la couleur de l’optimisme, du dynamisme, du mouvement.

    Il est vu comme un antidépresseur, un excitant, lié aux plaisirs de la table et du corps, à la stimulation sensorielle, à la sensualité et même à la sexualité ludique. C’est la couleur du deuxième chakra, qui exprime notre rapport au plaisir et au désir (rappelons que les chakras, qui sont au nombre de sept, sont des « centres spirituels » ou des « points de jonction de canaux d’énergie » dans la philosophie hindouiste).

    Autant dire que ça va chauffer dans La Croix nouvelle formule.

    Une révolution orange, ça implique aussi de se mettre sous le parapluie américain d’où tombent des dollars à gogo. Mais je ne suis pas sûr que les Américains aient envie de subventionner La Croix

  • Un miracle de saint Charbel

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    Du 15 au 17 janvier a été exposée une relique de saint Charbel en l’église maronite de Phoenix, Arizona, à l’occasion du 50e anniversaire de la béatification du moine libanais. Ce qui a donné lieu à pas moins de 13 célébrations eucharistiques (dont trois par l’évêque maronite de Los Angeles, une par l’évêque de l’Eglise byzantine catholique – dont la cathédrale est à Phoenix, deux dans le rite latin dont une par l’évêque du lieu, une melkite par le curé de l’église melkite de Phoenix, et même une syriaque orthodoxe), entre force adorations eucharistiques, méditations, chapelets, et naturellement séances de vénération des reliques, avec une affluence considérable de fidèles.

    A Phoenix vit une femme, Dafné Gutierrez, mère de trois enfants, qui a complètement perdu l’usage d’un œil à l’automne 2014, puis de l’autre en novembre dernier. Un rapport médical constate que sa cécité est totale et irréversible. Le 16 janvier, ses proches la persuadent d’aller prier devant la relique de saint Charbel. On l’amène à l’église. Le Père Wissam raconte : « J’ai posé ma main sur sa tête, puis sur ses deux yeux, et j’ai demandé à Dieu de la guérir, par l’intercession de saint Charbel. »

    Le 18, à 5h du matin, elle se réveille avec une forte douleur dans les yeux, ainsi qu’une sensation de forte pression sur son crâne et ses orbites. Elle réveille son mari, qui sent quant à lui une « odeur de brûlé » et allume aussitôt la lumière… et l’éteint immédiatement parce que Dafné crie que ça lui fait mal. C’est alors, dans la pénombre, qu’elle comprend qu’elle voit. « Je te vois, je te vois avec mes yeux », dit-elle à son mari, tout en ressentant toujours la forte pression sur son crâne, « comme après une opération ».

    « Je ne pouvais pas le croire, dit-elle. Je ne voulais pas fermer les yeux. Et mes enfants criaient : Maman voit, Dieu l’a guérie ! »

    Trois jours plus tard elle va chez son ophtalmologiste, qui va appeler quatre autres médecins pour constater l’inexplicable guérison. « Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible », répétait le Dr Jimmy Saade, regardant alternativement Dafné et le rapport médical sur sa cécité. Les examens ont montré une totale absence de l’œdème papillaire responsable de la cécité. D’autres examens sont en cours pour déterminer s’il reste des séquelles du syndrome d’Arnold-Chiari (malformation congénitale du cervelet) diagnostiqué alors qu’elle avait 13 ans et qui a abouti à la cécité.

    Il ne serait pas étonnant qu’on constate la disparition du syndrome d’Arnold-Chiari. Car les douleurs que Dafné a ressenties, « comme après une opération », ressemblent précisément aux douleurs de ceux qui disent avoir vu en songe saint Charbel les « opérer ». Quant à l’odeur de « brûlé », il s’agit sans doute de l’odeur d’encens que saint Charbel laisse éventuellement derrière lui.

    Bref, le thaumaturge libanais, auquel on attribue des milliers de miracles, a encore frappé.

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  • Profanation et sacrilège

    L’église Saint-Didier de Bruyères-le-Châtel (Essonne) a été vandalisée dans la nuit de samedi à dimanche. « C’est un vrai saccage. Un vitrail a été cassé. Le tabernacle a été retourné, le ciboire dérobé, la sacristie retournée », dit l’évêque, Mgr Dubost.

    Le ciboire a été volé avec ses hosties consacrées.

    Un précieux ostensoir n’a pas été volé.

    Selon Mgr Dubost, « c’est une vraie attaque contre l’Église catholique. C’est le symbole du sacré qui est touché. Il y a une volonté de nuire ».

    Ce n’est pas seulement le symbole qui est touché, quand on croit à l’eucharistie. Comme par exemple les auteurs de messes noires, qui sont tranquilles puisque personne n’en parle.

  • Wisigothique

    Sur le toujours très intéressant blog New Liturgical Movement, Matthew Alderman nous fait découvrir une église wisigothique d’Espagne qu’il a visitée près de Burgos, Santa Maria de Lara, à Quintallina de las Viñas, ou du moins ce qu’il en reste, à savoir le chevet et le transept.

    Ce que je trouve stupéfiant est ce qu’il dit des sculptures figuratives que l’on y voit, dont « ce qui pourrait être l’image la plus ancienne du Christ dans l’art espagnol, un morceau de sculpture bizarre, troublant, et presque méconnaissable ». Et c’est pourquoi, dit-il, il a voulu le partager sur le blog : « Quelque chose paraissait complètement autre dans ces images froides et d’un autre monde, et même troublantes. Effrayant, non, étrange, oui. » Et il continue ainsi, disant que c’est un sentiment qu’il n’a que rarement ressenti et qu’il ne peut expliquer, dû peut-être aux « goûts barbares » des Wisigoths… dont il se dit pourtant un lointain descendant…

    Donc voici l’image du Christ en question :

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    Or, quant à moi, je suis complètement chez moi quand je vois cela. D’autant plus chez moi que ça ressemble à des dessins celtiques, aux gravures et enluminures irlandaises, et aux églises romanes irlandaises… dont les porches paraissent parfois hispaniques.

    Le plus étonnant est que, comme l’a établi Ludovic Grondijs, les frises et les personnages viennent tout droit… d’Arménie. Certes, on sait qu’au moyen âge circulaient des modèles de décoration d’un peu partout, et qu’à la cathédrale du Puy on peut voir des motifs tunisiens et égyptiens, avec même des inscriptions coraniques devenues illisibles parce que l’artiste n’y voyait que des… arabesques. Mais ici nous sommes au VIIe siècle, et les églises arméniennes en question sont du… VIIe siècle. Ludovic Grondijs nous apprend qu’un prince arménien s’était réfugié chez le roi wisigoth, dans les années 640, qui lui avait donné sa fille ou sa nièce en mariage, et que le fils de ce couple avait ensuite renversé le roi pour prendre sa place…

    Frise arménienne du VIIe siècle:

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    Frise de la chapelle wisigothique:

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    Et comparer les vêtements du bas relief du Christ et des anges avec ceux de ce bas relief arménien :

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    En revanche, je suis beaucoup plus dubitatif sur la thèse principale de Grondijs, qui est que la chapelle de Quintanilla serait un sanctuaire manichéen déguisé en église, sous prétexte que de chaque côté de l’arc il y a une représentation de la lune et du soleil.

    On trouvera de nombreuses photos de cette église et de ses sculptures sur le site Chapiteaux.

  • Le point sur la date de Pâques

    A l’issue d’une réunion des primats anglicans (celle où l’on s’est gravement écharpé sur l’ordination des homosexuels), Justin Welby a déclaré qu’il était en pourparlers avec les catholiques et les autres confessions chrétiennes pour l’établissement d’une date unique de la fête de Pâques, et que cela devrait se faire d’ici dix ans.

    Le propos n’a guère été répercuté, hors d’Angleterre, que par les coptes, qui sont des militants acharnés de la date unique de Pâques depuis qu’ils ont un nouveau patriarche. Celui-ci avait écrit au pape sur le sujet en mai 2014, puis il en avait reparlé en mai 2015, et le pape avait alors publiquement manifesté son accord de principe (mais pas sur la date proposée…).

    En fait il y a deux questions distinctes. Il y a celle d’une date fixe pour la fête de Pâques, qui est celle dont parlent les anglicans, les coptes et le pape. Et il y a la question de la date mobile de Pâques selon les calendriers julien et grégorien, qui fait que la date mobile de Pâques a lieu à deux dates différentes.

    Cette dernière question devait être débattue lors du concile panorthodoxe qui va se réunir, en Crète, en juin prochain. Mais, à l’issue de la réunion des patriarches orthodoxes qui s’est tenue à Chambésy du 21 au 28 janvier (et qui a décidé de la date et du lieu du concile), le patriarche de Moscou a annoncé que la question du calendrier avait été retirée de l’ordre du jour. Parce que l’Eglise orthodoxe russe tient au calendrier julien, mais ne veut pas entrer en conflit avec les Eglises orthodoxes qui suivent le calendrier grégorien (le pire schisme orthodoxe ayant eu lieu pour une affaire de calendrier).

    Ainsi, on sait désormais que le concile panorthodoxe en restera au statu quo.

    A plus forte raison il ne sera pas question d’une date fixe pour la date de Pâques.

    En juin 2015, après les déclarations du patriarche copte et du pape, le vice-président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, Nikolaï Balashov, avait déclaré que si Rome décidait de célébrer Pâques selon le calendrier julien, cette intention serait bienvenue (sic), mais que s’il s’agit d’avoir une date fixe c’est « totalement inacceptable pour l’Eglise orthodoxe », puisque ce serait contraire aux prescriptions du concile de Nicée.

    Cela devrait être tout aussi inacceptable pour l’Eglise catholique, nonobstant la note irresponsable de Vatican II sur le sujet.

    Quoi qu’il en soit des fantasmes de Justin Welby et des désirs des coptes, il ne se passera donc rien. Et heureusement. En l’occurrence ce sont les orthodoxes russes qui sont les garants de la tradition, même si, par… traditionalisme, ils se trompent quant au calendrier…

  • Des luthériens communient à Saint-Pierre de Rome

    A la suite de la rencontre au Vatican entre François et une délégation œcuménique finlandaise, les membres de la délégation ont assisté à une messe en la basilique Saint-Pierre. Au moment de la communion, les non-catholiques se sont avancés en mettant la main droite sur l’épaule gauche pour signifier qu’ils ne communiaient pas. Mais le prêtre a insisté pour qu’ils communient, ce qu’ils ont fait.

    C’est l’« évêque » luthérien d’Oulun, Samuel Salmi, qui a raconté cela à Kotimaa24. « Ce n’était pas un hasard », dit-il, de même que ce n’était pas un hasard quand le pape a paru accepter l’idée qu’une femme luthérienne puisse communier avec son mari catholique… Et de préciser :

    « A la racine de cela il y a, sans aucun doute, l’attitude œcuménique d’un Vatican nouveau. Le pape n’était pas là à la messe, mais son intention stratégique est de mener à bien une mission d’amour et d’unité. Il y a aussi des adversaires théologiques au Vatican, c’est pourquoi il est difficile d’évaluer jusqu’où il peut aller dans ses propos, mais il peut permettre des gestes pratiques. »

  • Tout sur don Marco

    Le prêtre "catholique" de la vidéo du pape sur le dialogue interreligieux n’est pas n’importe qui, et cela ajoute encore à la dimension déjà si détestable du pénible document.

  • La musique du Pater

    Pater imon o èn dis ouranis
            hayiasthito to onoma sou
            elthéto i vassilia sou
            yénithito to thélima sou
    os èn ourano kai épi tis yis

    ton arton imon ton épioussion
                 dhos imin siméron

    kai aphès imin ta ophilimata imon
                 os kai imis aphiémèn tis ophilétais imon
    kai mi issénènguis imas is pirasmon
    alla rhissai imas apo tou ponirou.

    Ci-dessus, le Pater, en grec, dans sa prononciation liturgique, en transcription phonétique (donc toutes les lettres se prononcent, et comme il n’y a pas de voyelles nasales « on » se prononce « o-ne », et « in » se prononce « i-ne »).

    « Notre Père, qui es dans les cieux (« le dans les cieux », dit le grec) / que soit sanctifié ton nom (« le nom de toi », dit le grec) / que vienne ton royaume / que soit faite ta volonté comme dans le ciel aussi sur la terre /Notre pain supersubstantiel (« le pain de nous le supersubstantiel ») donne-nous aujourd’hui / et remets-nous nos dettes comme aussi nous remettons les dettes à nos débiteurs / et ne nous introduis pas dans la tentation / mais délivre-nous du mal. »

    Le Pater est composé de sept demandes. Trois concernent Dieu, quatre concernent l’homme, conformément au symbolisme des nombres : trois, c’est la Trinité, quatre c’est l’homme aux quatre membres qui vit dans un monde qui a quatre points cardinaux et quatre saisons. Et sept est donc le nombre total (créateur et création).

    Mais on constate aussi que si les trois premières demandes sont très liées, les trois dernières demandes le sont également : on demande à être libéré du péché et de la tentation. Alors nous avons trois demandes vers Dieu et trois demandes pour l’homme, avec au milieu une demande centrale : celle du pain de chaque jour, et du pain supersubstantiel : la nourriture corporelle nécessaire à notre vie biologique, et la nourriture divine nécessaire à notre vie spirituelle. Le pain de la vie éternelle : le Christ, qui est au centre du Pater, pain descendu du ciel, qui est à la fois Dieu (les trois premières demandes) et homme – ayant revêtu la chair du péché (les trois dernières).

    La « musique » du Pater en grec souligne tout cela.

    Les trois premières demandes sont caractérisées par leur finale en « a-sou », et elles sont encadrées par deux propositions se terminant par « is (…) is ». (Ce qui répond à la question de savoir si « sur la terre comme au ciel » concerne la troisième demande, ou les trois : on voit clairement que ce sont les trois.)

    Il y a ensuite la demande centrale du Pain, qui est une suite d’assonances en « on ». Elle a été discrètement annoncée par le Père dès le début de la prière, et elle va se retrouver en écho dans les deux demandes suivantes, car nous avons besoin de ce Pain pour pardonner et pour résister à la tentation. Les trois dernières demandes sont étroitement liées à la quatrième par le jeu des « imon, imin, imas ». Mais la dernière demande finit dans une sonorité étrangère au reste de la prière, qui donne l’impression de tomber à plat, sur un « ponirou » déconcertant : c’est le monde où nous vivons, le monde du mal, le monde de la dissonance, par contraste avec le monde divin des premières demandes, auquel renvoie néanmoins, faiblement, le son « ou ».

    On dit que pour mieux comprendre le Pater on peut le lire et le méditer en commençant par la fin. C’est-à-dire par le pire de la condition humaine, pour arriver au Père. Les sonorités du Pater en grec soulignent aussi cette lecture : nous sommes dans le mal, la tentation, le péché, pour en sortir nous devons prendre le Pain, et par le Pain (le Christ) nous avons accès au Royaume. Et le « ou » mourant de « ponirou » est absorbé par le ferme triple « sou » de l’appartenance au Père. Lu ainsi, le Pater précise que nous devons pardonner à nos frères avant de participer au Saint Sacrifice, comme Jésus l’enseigne dans l’Evangile. S’étant incorporé au Christ, on peut alors dépasser « le ciel et la terre », la création sur laquelle on demandait que règne le Père, pour atteindre « les cieux » incréés qui sont le trône de la Trinité.

  • Liturgie républicaine

    C’était déjà le cas à chaque catastrophe naturelle ou important accident faisant des victimes, c’est devenu obsédant - et impressionnant - depuis les premiers attentats musulmans : les autorités convient à des cérémonies qui ont pris des allures de rites liturgiques. La population y est tellement sensible qu’elle anticipe les cérémonies républicaines par ses propres rites, dépôt de fleurs et de cierges, copié des rites catholiques vidés de leur signification. Les autorités républicaines contreviennent allègrement à la loi de 1905 en organisant leurs cérémonies religieuses dans la rue, qui chaque fois est coupée à la circulation parce que le président, des ministres, d’autres élus, sont au milieu, droits comme des piquets, l’air sombre, devant une plaque.

    Cette semaine, qui fut celle de la Vigile de l’Epiphanie, de l’Epiphanie et de l’octave de l’Epiphanie, a été particulièrement riche en liturgies républicaines de rue. Et le sommet ce sera demain, place de la… République, de la Très Sainte République, à l’heure de la grand messe (11h), avec dévoilement de plaque par les grands prêtres Hollande et Hidalgo, antienne du jour par le chantre Johnny Hallyday, deuxième antienne par le Chœur de l’Armée française, épître de Victor Hugo, troisième antienne (Le temps des cerises !) par le Chœur de l’Armée française, offrande de fleurs, temps de méditation silencieuse, chant de sortie (Marseillaise) par le Chœur de l’Armée française.

    Aux vêpres (17h30), illumination (« Joyeuse lumière », chantent les vêpres byzantines) du saint Chêne (de 12 mètres planté le jour de l’Epiphanie), de la statue de la Très Sainte République et de la fresque « Fluctuat nec mergitur » (mais oui il y a même du latin !). On précise que les fidèles sont invités à amener (sic) une bougie pour les illuminations.

    Difficile de singer davantage le culte catholique.

    D’où il ressort qu’il est impossible de se passer de rites. Les laïcistes avaient cru supprimer (presque) tout ce qui y ressemble dans la République. Mais on voit le grand retour en force d’un rituel républicain, comme pendant la Révolution française, selon une religiosité de substitution qui n’a jamais disparu, comme on le voyait chez Jaurès, et comme on le voit chez Peillon.

    On constate ici à quel point la Sainte Ecriture avait raison quand dans l’Ancien Testament les prophètes qualifient sans cesse les idoles des nations de « néants » et leurs fidèles d’adorateurs du vide.