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Religion - Page 17

  • Le pendu dépendu

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    L’énigme du chapiteau de Vézelay est peut-être résolue. Grâce au commentaire absurde et hétérodoxe de François, inspiré par le théologien hérétique Drewermann. Comme quoi le diable porte pierre…

    L’hypothèse d’une lectrice de Benoît et moi est en effet fort séduisante. Elle suggère qu’il s’agit de l’anecdote du « pendu dépendu », miracle de saint Jacques raconté dans le Codex calixtinus.

    On lira ci-après la traduction du récit de ce miracle. On aurait donc à gauche le méchant aubergiste, et à droite le pèlerin allemand portant son fils dépendu qui vient de lui parler alors qu’il est mort depuis un mois.

    « Du point de vue de l’histoire du pèlerinage, cela est passionnant. Un miracle de 1090 se trouve illustré vers 1135 (achèvement de la nef) : cela est extrêmement récent. L’emplacement du chapiteau n’est pas dû au hasard : premier pilier de la nef à droite en entrant par le grand portail pour accueillir les pèlerins. »

    S’il en est ainsi ce serait la première représentation de ce miracle, assez souvent illustré (voir la carte ici), mais pas avant le XIVe siècle semble-t-il. D’autre part le chapiteau aurait été sculpté un peu avant que le miracle soit collationné dans le Codex calixtinus (vers 1150).

    *

    Le pendu dépendu

    Il est bon de transmettre à la postérité le souvenir de certains Allemands qui, en l’an 1090 de l’incarnation de notre Seigneur, se rendant en pèlerins sur le tombeau de saint Jacques, arrivèrent dans la ville de Toulouse avec beaucoup de moyens et se logèrent chez un riche aubergiste. Ce méchant, qui simulait sous un extérieur avenant la douceur d’un agneau, les accueillit avec sollicitude et, sous couvert d’hospitalité, les incita traîtreusement à s’enivrer en leur servant diverses boissons. Ô, avarice aveugle, ô, mauvais esprit enclin au mal ! Tandis que les pèlerins dormaient d’un sommeil encore alourdi par l’ivresse, l’hôte malhonnête, poussé par l’esprit de cupidité, cacha en secret dans l’un des sacs des dormeurs une coupe d’argent, afin de les convaincre de vol et de s’approprier ensuite leur pécule. Le lendemain, lorsqu’ils furent partis après le chant du coq, cet hôte inique les poursuivit avec une troupe armée, vociférant : « Rendez-moi, rendez-moi l’argent que vous m’avez dérobé ! » Ceux-ci lui répondirent : « Si tu trouves quelque chose sur l’un d’entre nous, tu n’auras qu’à le faire condamner. »
    On les fouilla, trouva la coupe dans le sac de l’un et, confisquant injustement les biens du père et du fils, on les traduisit tous les deux en justice. Le juge cependant, avec une certaine indulgence, ordonna de libérer l’un et de conduire l’autre au supplice. Ô entrailles de miséricorde ! Le père, voulant libérer son fils, se rendit au supplice, tandis que le fils, au contraire, estimait injuste que son père perdît la vie pour son fils et que c’était au fils de subir la peine à la place de son père. Ô vénérable joute de bonté ! Finalement le fils est pendu à sa propre demande pour que son père soit libéré. Quant au père, il poursuit son chemin jusqu’à Saint-Jacques dans les pleurs et l’affliction. Après avoir été sur le vénérable tombeau de l’apôtre, le père prit le chemin du retour et, alors que trente-six jours s’étaient écoulés, fit un détour pour voir le corps de son fils encore pendu. Pleurant, gémissant et se plaignant à fendre le cœur, il disait : « Malheureux que je suis de t’avoir engendré ! Comment puis-je continuer à vivre en te voyant pendu ! » Comme tes œuvres sont magnifiques, Seigneur ! Le fils pendu console le père, lui disant : « Ne t’afflige pas, père très aimant, de mon châtiment, car ce n’en est pas un. Mais réjouis-toi plutôt, car ma vie est plus suave maintenant qu’elle ne l’a été dans toute mon existence passée. En effet, saint Jacques, me soutenant de ses mains, me réconforte avec plein de douceurs. » Entendant cela, le père se rendit en hâte à la ville et rassembla le peuple pour qu’il soit témoin d’un tel miracle de Dieu. Venant et voyant que le pendu vivait encore après un tel laps de temps, les assistants comprirent que l’insatiable cupidité de l’aubergiste était à l’origine de cette accusation et que sa victime devait son salut à la miséricorde divine. Cela a été fait totalement par le Seigneur et c’est admirable à nos yeux. Ils descendirent alors le pendu de son gibet en grand honneur. Quant à l’aubergiste, comme il avait démérité, un jugement unanime le condamna à mort et il fut pendu sur-le-champ. C’est pourquoi quiconque porte le nom de chrétien doit veiller très attentivement à ne pas tromper ses clients ni ses proches, de cette manière ni en quelque façon. Qu’il s’attache au contraire à témoigner aux pèlerins une bienveillance charitable et obligeante, afin de mériter la récompense de la gloire éternelle que Dieu leur donnera.

    Trad. B. Gicquel, La légende de Compostelle, Paris, Tallandier, 2003, p. 478

  • Le faux site du Baptême

    L’agence Fides a pondu une dépêche, intégralement reprise par Radio Vatican, indiquant que « le site du baptême de Jésus sera bientôt bonifié et accessible ».

    Il s’agit de « la zone de Qasr al-Yahud, qui s’étend autour de la rive occidentale du Jourdain, à la hauteur du lieu identifié par la tradition comme celui du baptême de Jésus Christ ».

    Une zone de 100 ha qui va être déminée, un demi-siècle après la guerre des Six jours.

    Mais ce que Fides appelle « le site du baptême de Jésus » est déjà accessible, comme l’agence le signale in fine – non seulement accessible mais on y envoie les pèlerins en masse.

    Le problème est qu’il ne peut pas s’agir du « site du baptême de Jésus », puisque saint Jean dit explicitement que le baptême eut lieu « au-delà du Jourdain », trans Jordanem. Et il le dit trois fois dans son évangile :

    « Cela s’est passé à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait » (Jean 1,28).

    « Rabbi, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, celui à qui tu as rendu témoignage, voici qu’il baptise, et tous vont à lui » (Jean 3,26).

    « Et il alla de nouveau au-delà du Jourdain, au lieu où Jean baptisait d’abord, et il y resta. » (Jean 10,40).

    Aucune « tradition » ne peut dire autrement. Le vrai site du baptême est en Jordanie. Là où les archéologues jordaniens ont découvert les ruines de neuf églises byzantines et de cinq bassins. D’où la récente décision de l’Unesco de classer officiellement ce site comme celui du baptême de Jésus.

    Et le 10 mai 2009 Benoît XVI a posé en cet endroit la première pierre d'une nouvelle église melkite et d'une église latine.

    C’est sans aucun doute une bonne nouvelle qu’Israël démine enfin la zone de Qasr al-Yahud. Mais ça n’a aucun rapport avec le baptême de Jésus. Il est regrettable qu’une agence catholique se laisse ainsi manipuler.

  • Le 1050e anniversaire de la Pologne

    Ci-après ma traduction du discours d’Andrzej Duda, président de la République de Pologne, le 15 avril dernier, à l’occasion du 1050e anniversaire du baptême de Mieszko Ier, le premier souverain polonais. Discours prononcé lors d’une session extraordinaire du Parlement, tenue à Poznan, devant les parlementaires, le Premier ministre et le gouvernement, un légat apostolique, le nonce apostolique, le primat et les évêques, de nombreux prêtres, des représentants de Parlements étrangers, des ambassadeurs… Un discours qui montre qu’il y a encore une Europe catholique.

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    Le baptême de Mieszko Ier est l'événement le plus important de toute l'histoire de l'Etat polonais et de la nation polonaise. Je ne dis pas : ce fut, je dis : c’est, car la décision prise par notre premier souverain historique a prédéterminé tout l'avenir de notre pays. Notre héritage chrétien continue de façonner les destinées de la Pologne et de chacun d'entre nous, nous le peuple polonais, jusqu'à ce jour. C’est ce que Saint-Père Jean-Paul II avait en tête quand il a observé : « Sans le Christ, on ne peut pas comprendre l'histoire de la Pologne. »

    La tradition veut que le baptême du chef des Polanes eut lieu le samedi saint 14 avril 966. Et c’est alors, à ce moment-là, que la Pologne est née. Elle a émergé des eaux baptismales pour une nouvelle vie chrétienne. Elle est née pour le monde, sortant de l'ère préhistorique pour entrer dans l'arène de l'histoire européenne. Elle est également née pour elle-même : en tant que communauté nationale et politique, puisque l'adoption du rite latin du baptême a défini notre identité polonaise. Depuis lors nous avons commencé à penser et à parler de nous-mêmes en tant que « Nous, les Polonais ».

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  • Le temps et l’espace

    J’ai été trop elliptique l’autre jour sur le temps et l’espace. Je vais essayer d’expliquer ou plutôt de suggérer, avec les mots infirmes du langage rationnel, ce que je comprends dans la phrase de Gurnemanz à Parsifal : « Ici le temps devient espace. »

    Il me semble que c’est une expérience mystique banale, qui correspond aussi à une expérience simplement esthétique, et aussi aux expériences dites de mort imminente.

    Dans une extase, ou devant une œuvre d’art particulièrement prenante, le temps paraît s’arrêter, alors que s’ouvre un espace nouveau, vaste, lumineux, heureux. Le temps compté et mesquin du quotidien est comme aboli au profit d’un espace illimité de pleine liberté. Un espace « intérieur », certes, comme on peut l’expérimenter dans la prière, dans la liturgie, mais qui peut se révéler comme un espace très réel quoique non soumis aux lois de ce monde (le « troisième ciel », par exemple).

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  • Le feu rouge et le policier

    Le meilleur commentaire de Amoris laetitia (et de l’idéologie de François en général... et au quotidien), c’est ici. Simple, bref, implacable.

  • Le rayon de la miséricorde

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    Le Père Dwight Longenecker, bien connu de la toile catholique anglophone (un site et deux blogs), a d’abord publié sur l’un de ses blogs des photos (c'est lui sur la troisième) de ce qui s’est passé lors d’un pèlerinage de la Divine Miséricorde qu’il organisait, le dimanche du même nom, à Greenville, en Caroline du Sud.

    Or plusieurs photos montrent un rayon de lumière qui vient du ciel frapper la représentation du Christ de la Divine miséricorde, et même, dans l’une d’elles, son cœur.

    Le ciel, dit le P. Longenecker, était parfaitement bleu. Il n’y avait aucun nuage qui pût expliquer le phénomène. Un photographe a expliqué que c’était un phénomène de réfraction dû à la lentille de l’appareil, mais un autre photographe lui a certifié que c’était impossible.

    Après avoir évoqué le phénomène sur son blog Patheos, le P. Longenecker a écrit, sur le même sujet, un bien joli billet dans Aleteia, auquel je renvoie ceux qui lisent l’anglais (courant).

  • En Norvège

    Le synode de l’« Eglise de Norvège » (qui n’est plus Eglise d’Etat depuis 2012) a décidé par 88 voix sur 115 de permettre le « mariage religieux » des homosexuels et de créer une liturgie ad hoc.

    La Norvège rejoint ainsi le Danemark et la Suède (où « l’évêque » de Stockholm est une femme « mariée » à une femme « prêtre »…).

    Ces « Eglises » sont devenues des coquilles vides, dont les rites n’ont qu’une signification sociale. On y croit ce qu’on veut, et le plus souvent on n’y croit plus en rien d’autre qu’au politiquement correct.

  • Ben non

    "La pédophilie est-elle un péché ?"

    Grosse polémique après les propos d’un évêque.

    Ben non, si l'on en reste à cette question ainsi formulée, la pédophilie n’est pas un péché.

    Les mots ont un sens.

    Ce qu’on appelle aujourd’hui « pédophilie » est l’attirance sexuelle d’un adulte pour les enfants.

    Ce qu’on appelle la « pédophilie » n’est pas davantage un péché que ne l’est, par exemple, l’homosexualité.

    La tendance homosexuelle n’est pas un péché. Ce peut être une grande souffrance, qui peut être rédemptrice.

    Ce qui est un péché, c’est l’acte homosexuel.

    La tendance « pédophile » n’est pas un péché. Ce peut être une grande souffrance, qui peut être rédemptrice.

    Ce qui est un péché, ce sont les actes dits « pédophiles » : les abus sexuels sur mineurs.

    Tout le reste est bavardage médiatique. Particulièrement mal venu de la part de ceux qui ne savent pas ce qu’est un péché et s’en fichent totalement…

  • Ah oui, en effet

    On parle de redonner un évêque catholique à la ville de Genève, qui n’en a plus depuis la dictature calviniste du XVIe siècle.

    Réaction du pasteur Fuchs, président du calvinisme genevois d’aujourd’hui :

    « Il faudra que nous discutions de l'impact que cela pourra avoir. Tout dépend si le nouvel évêque est une personne du cru, qui connaît l'histoire religieuse de Genève et saura s'inscrire dans sa longue tradition œcuménique. »

    Sans blague. Genève est la seule métropole du monde (hors Arabie saoudite) à ne pas avoir d’évêque catholique, en raison de l’opposition calviniste, depuis près de 500 ans. Ça, pour une longue tradition œcuménique, c’est une longue tradition œcuménique…

  • A propos de l’interview de Benoît XVI

    On parle beaucoup d’une « interview de Benoît XVI dans l’Avvenire », dans laquelle le pape émérite « soutient François » et se déclare « entièrement d’accord avec lui ».

    Cette façon de présenter les choses est un bel exemple de fabrication médiatique. Que les franciscolâtres répètent cela en boucle n’en fait pas une vérité.

    D’abord il ne s’agit pas d’une interview au sens où on l’entend habituellement, mais d’un entretien, non pas avec un journaliste mais avec un théologien, non pas pour un journal mais pour un colloque théologique qui a eu lieu en octobre 2015. Un entretien écrit, qui paraît aujourd’hui dans les actes du colloque, publiés en Italie. Enfin l’auteur est très clairement le théologien Joseph Ratzinger, et non le pape Benoît XVI – qui ne s’exprimerait assurément pas ainsi s’il s’adressait à des fidèles.

    Le texte (traduction intégrale chez Benoît et moi, évidemment) est d’abord une nouvelle réflexion sur la foi, le baptême et l’Eglise, un thème que n’a cessé de méditer le théologien Ratzinger. Cela se poursuit par une réflexion sur la possibilité de la foi dans un monde qui a perdu le sens de la justification (c’est le cœur du thème du colloque). Sur ce sujet, Ratzinger constate que l’idée de la miséricorde de Dieu peut être d’un grand secours. L’insistance sur la miséricorde est un signe des temps, dit-il, depuis sainte Faustine, « dont les visions, à bien des égards, reflètent profondément l'image de Dieu propre à l'homme d'aujourd'hui et son désir de la bonté divine » - sainte Faustine qui eut une grande influence sur Jean-Paul II.

    Vient alors la phrase partout répétée comme si elle était l’essentiel alors qu’elle n’est qu’une incidente (même l’Osservatore romano le fait remarquer) :

    Seulement là où est la miséricorde finit la cruauté, finissent le mal et la violence. Le Pape François est totalement en accord avec cette ligne. Sa pratique pastorale s'exprime justement dans le fait qu'il nous parle continuellement de la miséricorde de Dieu.

    Ce que l’on voit, c’est que Joseph Ratzinger a d’abord défini le sens de la miséricorde pour l’évangélisation aujourd’hui, et qu’il continue ensuite sa réflexion sur ce thème, une réflexion tout entière orientée sur la nécessité de l’évangélisation et de la foi qu’il faut faire naître – à chacun de voir si cela correspond vraiment toujours à ce que dit François… Il me semble qu’il s’agit plutôt d’un recadrage.

    Il est difficile de résumer ensuite ce que dit Joseph Ratzinger. Au-delà de sa réfutation des théologies hétérodoxes de notre époque sur la question du salut, je retiens son recours au thème iconographique, que je ne connaissais pas, de ce qu’on appelle en allemand « die Not Gottes », littéralement « la détresse de Dieu » - en fait sa com-Passion, parfois appelé en français « la Pitié de Notre Seigneur » ou « le Trône de grâce ». Mais la Pitié de Notre Seigneur montre aussi la Sainte Vierge, et le Trône de grâce est une Pietà où la Sainte Vierge est remplacée par Dieu le Père, tandis que dans « die Not Gottes » Dieu le Père est debout et affecté d’une très visible compassion.

    Enfin, la dernière phrase, sur le sacrement de pénitence, est vraiment très belle : « Il signifie que nous nous laissons toujours façonner et transformer par le Christ et que nous passons constamment du côté de ceux qui détruisent à celui qui sauve. »

    Dans tout cet entretien on sent la présence de saint Bonaventure, bien qu’il ne soit pas cité. Ce qui en ressort aussi est que le pape émérite n’a rien perdu de sa carrure intellectuelle… qui manque cruellement à la tête de l’Eglise.

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    Fresque de l’église paroissiale de Tainach (en slovène Tinje), en Carinthie, montrant côte à côte la Nativité et « die Not Gottes » (et un saint évêque).