Je crois que je n’ai jamais entendu les dirigeants français verser à ce point dans le culte de la République, dans la sacralisation des « symboles de la République ». Chirac allait parfois dans ce sens, mais pas à ce point-là. D’autant que ces jours-ci les propos présidentiels sont répercutés et répétés par nombre de ministres, de députés, et de commentateurs à la botte du pouvoir.
Il y a très longtemps, à Rome, le 1er janvier, il y avait la messe de l’octave de la Nativité, et il y avait une deuxième messe, ad prohibendum ab idolis, pour l’extirpation de l’idolâtrie. Il faudrait peut-être la rétablir. Car ils font de la République une idole. Devra-t-on bientôt brûler de l’encens devant les bustes de Marianne pour abjurer le crime de « gilet jaune » ?
Le destin des idoles est d’être renversées, et le destin de l’idolâtrie d’être extirpée.
C’est dans cette logique idolâtrique que le misérable petit Griveaux appelle les Gilets jaunes des « agitateurs qui veulent l’insurrection ». Et il n’a que la monnaie de sa pièce quand des Gilets jaunes défoncent le portail du ministère qu’il occupe. Ce n’est pas une épouvantable atteinte aux symboles de la République. C’est la réponse du berger à la bergère.
Le petit Macron dénonce « une extrême violence venue attaquer la République ». Une extrême violence… Celle du boxeur qui boxe un bouclier de gendarme ? Celle de quelques feux de rue ? On appelle quelques bagarres une « extrême violence », alors qu’on vient de commémorer la guerre qui fit 10 millions de morts ?
Et ils oublient tout à coup que leur République a été imposée par une insurrection, autrement plus violente que la violence des plus excités des Gilets jaunes. Une insurrection contre un ordre vrai, et contre des symboles authentiques.
L’ineffable Castaner a arrêté son ridicule décompte des manifestants à l’unité près, mais il continue de nier l’évidence. Il y aurait eu 50.000 manifestants samedi dernier, et cela ne représente qu’un peu plus d’un manifestant par commune, donc ça ne représente pas du tout le peuple français. D’abord un rapide décompte des manifestations dans quelques villes selon les chiffres de la police montre qu’on était bien au-delà des 50.000 manifestants sur toute la France (correction en catastrophe du chiffre de 25.000 d’abord annoncé), et surtout le ministre fait toujours semblant de ne pas voir que ces manifestants sont les représentants de millions de Français qui mettent bien en évidence le gilet jaune sous leur pare-brise. On peut lui répondre que les 577 députés, à savoir la trentaine d’entre eux qui siègent réellement, représentent encore beaucoup moins les Français.
Et enfin, il est tout simplement insupportable d’entendre un gouvernement européiste parler d’atteinte à la démocratie après le déni de démocratie du référendum de 2005, et d’atteinte à la République quand leur République n’est plus qu’une coquille vide dans le contexte de l’Union européenne.
Sans cesse, la Bible rappelle que les idoles ont des yeux mais ne voient pas, un nez mais ne sentent pas, des oreilles mais n’entendent pas, des mains mais ne touchent pas, des pieds mais ne marchent pas, qu’elles sont totalement impuissantes, et que ceux qui mettent leur confiance en elles leur sont semblables.
Collecte de la messe ad prohibendum ab idolis dans le sacramentaire gélasien :
Omnipotens sempiterne Deus, da nobis voluntatem tuam et fideli mente retenere et pia conversatione depromere, ut Ecclesia tua a profanis vanitatibus expiata non aliud profiteatur verbis aliud exerceat actione: per Dominum.
Dieu tout-puissant et éternel, donne nous de garder ta volonté par un esprit fidèle et de la communiquer par un comportement conforme à la piété, afin que ton Eglise purifiée des vanités profanes ne professe pas une chose par la parole et pratique une autre dans son action.
Le sens de « vanitas », surtout quand il désigne les idoles, est : non-réalité trompeuse. Ce n’est pas seulement l’Eglise qui doit en être débarrassée.