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Liturgie - Page 55

  • Saint Norbert

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    Fresque (XIVe siècle) de l’abbaye San Severo d’Orvieto, confiée aux prémontrés français en 1226 après l’expulsion des bénédictins rebelles…

    La messe est du Commun des Confesseurs Pontifes ; seule la première collecte est propre : « Seigneur qui avez rempli d’éloquence votre bienheureux pontife Norbert pour qu’il fût le héraut zélé de votre parole, et qui lui avez aussi accordé de fonder dans l’Église un nouvel Ordre ; par ses mérites donnez-nous d’accomplir ce qu’il nous enseigna par ses actes non moins que par ses paroles ».

    La caractéristique de la mission de Norbert fut la prédication enflammée de la parole de Dieu. C’est là une mission toute apostolique, qui, trop souvent, n’est pas appréciée à sa valeur. La prédication du verbe évangélique est si nécessaire en effet, qu’elle doit précéder l’administration même des Sacrements, puisque personne ne peut croire à la parole de Dieu et se sauver, si aucun apôtre ne prêche.

    Mais les âmes ne se régénèrent que dans l’Esprit Saint, et c’est pourquoi le prédicateur doit parler, non selon son esprit propre, mais avec celui de Dieu. Les saints Apôtres agirent ainsi ; ayant confié aux diacres le ministère extérieur, ils se réservèrent la prière et l’incessante prédication de la parole du Seigneur. Nos autem orationi et prædicationi verbi instantes erimus. Ils firent donc de la prédication l’un des devoirs les plus essentiels de la vie épiscopale, et saint Luc nous indique les dispositions dans lesquelles ils se trouvaient pour accomplir un si grand ministère : Repleti sunt omnes Spiritu Sancto, et cœperunt loqui.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Saint Boniface

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    Le tombeau de saint Boniface dans la crypte de la cathédrale de Fulda.

    Boniface, nommé d’abord Winfrid, naquit en Angleterre, à la fin du VIIe siècle. Dès son enfance, il n’eut que de l’éloignement pour le monde, et tourna ses vœux vers la vie monastique. Son père ayant tenté vainement de changer sa résolution en faisant valoir à ses yeux les attraits du siècle, il entra dans un monastère, et, sous la direction du bienheureux Wolfard, se forma à toute espèce de vertus et de sciences.

    A l’âge de trente ans il reçut le caractère sacerdotal. Prédicateur assidu de la parole divine, il n’était animé, dans cette fonction, que du désir de gagner des âmes. Ayant à cœur de voir s’étendre le règne de Jésus-Christ, il ne cessait de pleurer en pensant à la multitude de barbares qui, plongés dans l’ignorance, étaient asservis au démon. Comme ce zèle des âmes s’accroissait de jour en jour avec une ardeur inextinguible, il consulta la volonté divine par des prières accompagnées de larmes, et obtint du supérieur du monastère la permission de partir pour les rivages de la Germanie.

    Quittant l’Angleterre en bateau avec deux compagnons, il vint à la ville de Doreste en Frise ; mais comme une guerre très violente s’était déclarée entre Radbod, roi des Frisons, et Charles Martel, il prêcha l’Évangile sans résultat ; il revint donc en Angleterre, et retourna dans son monastère, au gouvernement duquel on l’éleva malgré lui. Deux ans après, il abdiqua sa charge du consentement de l’Évêque de Winchester, et partit pour Rome, afin que l’autorité apostolique le déléguât à la conversion des Gentils.

    Arrivé à Rome, Grégoire II le reçut avec bonté et changea son nom de Winfrid en celui de Boniface. Envoyé en Germanie, il annonça le Christ aux peuples de la Thuringe et de la Saxe ; et comme pendant ce temps-là le roi des Frisons, Radbod, ennemi acharné du nom chrétien, était mort, Boniface se dirigea de nouveau vers la Frise, où, en compagnie de saint Willibrod, il prêcha durant trois ans l’Évangile avec tant de fruit, que, les statues des idoles ayant été détruites, d’innombrables églises furent élevées au vrai Dieu.

    Sollicité par saint Willibrod pour qu’il acceptât la dignité épiscopale, il s’y refusa afin de travailler plus librement et plus activement au salut des infidèles. S’étant avancé en Germanie, il détourna plusieurs milliers de Hessois du culte du démon.

    Appelé à Rome par le Pape Grégoire, il fut sacré Évêque, après avoir fait une admirable profession de foi. De là, il retourna vers les peuples germains et délivra presque entièrement la Hesse et la Thuringe des restes de l’idolâtrie. De si grand mérites valurent à Boniface d’être élevé par Grégoire III à la dignité archiépiscopale. S’étant rendu à Rome pour la troisième fois, il fut nommé par le souverain Pontife légat du Siège apostolique. Revêtu de cette autorité, il fonda quatre évêchés et réunit plusieurs synodes, parmi lesquels le mémorable concile de Leptines, dans le diocèse de Cambrai, en Belgique, et contribua alors puissamment à augmenter la foi parmi les Belges.

    Créé Archevêque de Mayence par le Pape Zacharie, il sacra par l’ordre du même Pontife, Pépin, roi des Francs. Après la mort de saint Willibrod, l’Église d’Utrecht lui fut confiée et il la gouverna d’abord par l’intermédiaire d’Eoban, ensuite par lui-même, lorsque, déchargé de l’Église de Mayence, il vint se fixer à Utrecht.

    Les Frisons étant retombés dans l’idolâtrie, il entreprit de nouveau de leur prêcher l’Évangile. Comme il était occupé de ce devoir pastoral, des hommes barbares et impies l’attaquèrent aux bords de la Burda. Enveloppé dans un sanglant massacre avec Eoban, associé à son épiscopat, et beaucoup d’autres, il eut comme eux les honneurs de la palme du martyre. Le corps de saint Boniface fut transporté à Mayence, puis enseveli, comme il l’avait demandé de son vivant, dans le monastère de Fulda, fondé par lui et devenu illustre par les nombreux miracles de ce Saint. Le souverain Pontife Pie IX a étendu son Office et sa Messe à l’Église universelle.

    Bréviaire

  • La Sainte Trinité

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι. Καὶ νῦν καὶ ἀεὶ καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.

    Δεῦτε λαοί, τὴν τρισυπόστατον Θεότητα προσκυνήσωμεν, Υἱὸν ἐν τῷ Πατρί, σὺν ἁγίῳ Πνεύματι· Πατὴρ γὰρ ἀχρόνως ἐγέννησεν Υἱόν, συναΐδιον καὶ σύνθρονον, καὶ Πνεῦμα ἅγιον ἦν ἐν τῷ Πατρί, σὺν Υἱῷ δοξαζόμενον, μία δύναμις, μία οὐσία, μία Θεότης, ἣν προσκυνοῦντες πάντες λέγομεν· Ἅγιος ὁ Θεός, ὁ τὰ πάντα δημιουργήσας δι' Υἱοῦ, συνεργίᾳ τοῦ Ἁγίου Πνεύματος, Ἅγιος ἰσχυρός, δι' οὗ τὸν Πατέρα ἐγνώκαμεν, καὶ τὸ Πνεῦμα τὸ Ἅγιον ἐπεδήμησεν ἐν κόσμῳ, Ἅγιος ἀθάνατος, τὸ Παράκλητον Πνεῦμα, τὸ ἐκ Πατρὸς ἐκπορευόμενον, καὶ ἐν Υἱῷ ἀναπαυόμενον, Τριὰς ἁγία, δόξα σοι.

    Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

    Venez, tous les peuples, adorons en trois personnes l'unique Dieu: le Fils dans le Père avec le saint Esprit; car le Père engendre le Fils hors du temps, partageant même trône et même éternité, et l'Esprit saint est dans le Père, glorifié avec le Fils: une seule puissance, une seule divinité, un seul être devant qui nous tous, les fidèles, nous prosternons en disant: Saint Dieu qui as tout créé par le Fils avec le concours du saint Esprit, Saint fort par qui le Père nous fut révélé et par qui le Saint-Esprit en ce monde est venu; Saint immortel, Esprit consolateur qui procèdes du Père et reposes dans le Fils, Trinité sainte, gloire à toi.

    Le doxastikon du Lucernaire des vêpres de la Pentecôte, chanté par Papàs Giorgio Caruso, le curé de la « paroisse grecque » de Mezzojuso (Eglise grecque-catholique italo-albanaise) le 31 mai 2020.

    (Dans la liturgie byzantine la fête de la Pentecôte est la célébration de la Sainte Trinité, parce que c’est par la descente du Saint-Esprit sur les apôtres qu’est accomplie la révélation de la Trinité. C’est pourquoi l’icône russe de la Pentecôte est celle de la Trinité, dans sa seule représentation, ou plutôt évocation, possible : l’apparition des trois anges à Abraham.)

    Ce matin à la cathédrale du Christ Sauveur de Moscou:

  • Samedi des quatre temps de Pentecôte

    Les collectes de la messe « plus longue » (messe d’ordination, ancienne vigile de toute la nuit) sont un exemple frappant de l’accord entre la liturgie latine et la liturgie byzantine. Et comme ces antiques et belles oraisons ont évidemment été supprimées dans la néo-liturgie, c’est un exemple frappant du fossé qui s’élargit entre l’Eglise latine officielle et les Eglises orthodoxes alors qu’on prétend faire de l’œcuménisme une priorité.

    Méntibus nostris, quǽsumus, Dómine, Spíritum Sanctum benígnus infúnde : cujus et sapiéntia cónditi sumus, et providéntia gubernámur. Per Dóminum...

    Nous vous en supplions, Seigneur, répandez avec bonté, dans nos âmes, l’Esprit-Saint : dont la Sagesse nous a créés et dont la providence nous gouverne. Par Notre Seigneur…

    Illo nos igne, quǽsumus, Dómine, Spíritus Sanctus inflámmet : quem Dóminus noster Jesus Christus misit in terram, et vóluit veheménter accéndi.

    Faites, s’il vous plaît, Seigneur, que l’Esprit-Saint nous embrase de ce feu que Notre-Seigneur Jésus-Christ a apporté sur la terre et qu’il a ardemment désiré voir étendre ses flammes.

    Deus, qui, ad animárum medélam, jejúnii devotióne castigári córpora præcepísti : concéde nobis propítius ; et mente et córpore tibi semper esse devótos.

    Ô Dieu, qui pour la guérison des âmes avez ordonné de châtier les corps par le dévot exercice du jeûne, accordez-nous, dans votre bonté, de vous être toujours dévoués d’esprit et de corps.

    Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, salutáribus jejúniis erudíti, ab ómnibus etiam vítiis abstinéntes, propitiatiónem tuam facílius impetrémus.

    Faites, nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, qu’instruits par ces jeûnes salutaires et nous abstenant aussi de tous les vices, nous obtenions plus facilement votre faveur.

    Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : sic nos ab épulis carnálibus abstinére ; ut a vítiis irruéntibus páriter jejunémus.

    Faites, nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, que nous nous abstenions de telle sorte de l’usage des viandes, que nous puissions également nous garder exempts des vices qui tendent à nous envahir.

    Deus, qui tribus púeris mitigásti flammas ígnium : concéde propítius ; ut nos fámulos tuos non exúrat flamma vitiórum.

    O Dieu, qui pour trois enfants, avez calmé l’ardeur d’une fournaise, accordez dans votre bonté que la flamme des vices ne nous brûle pas, nous qui sommes vos serviteurs.

    Secrète

    Ut accépta tibi sint, Dómine, nostra jejúnia : præsta nobis, quǽsumus ; hujus múnere sacraménti purificátum tibi pectus offérre.

    Afin que nos jeûnes vous soient agréables, ô Seigneur, accordez-nous, s’il vous plaît, de vous offrir un cœur purifié au moyen du bienfait de ce sacrement.

    Postcommunion

    Prǽbeant nobis, Dómine, divínum tua sancta fervórem : quo eórum páriter et actu delectémur et fructu.

    Que vos saints mystères, Seigneur, nous inspirent une ferveur divine, et que, grâce à cette ferveur, nous goûtions leur célébration et ses fruits.

  • La suppression de la pénitence

    Dans l’évangile il y a 25 fois le mot « pénitence ». Dans l’évangile de la néo-liturgie ce mot n’existe pas. Tout au plus, trois fois sur les 25, est utilisé le verbe « se repentir ». Jamais « faire pénitence ».

    La pénitence a donc disparu, alors que c’est un thème essentiel de l’évangile, et de la vie chrétienne. Pourtant « il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui fait pénitence… »

    Les nouveaux livres sont « l’unique expression de la lex orandi du rite romain », a décrété François. L’évangile des nouveaux livres n’est pas l’expression de la lex credendi de l’Eglise catholique.

    On remarquera que François rend obligatoire, dans les rares messes traditionnelles qu’il tolère provisoirement, la lecture de l’épître et de l’évangile selon les nouveaux livres. Ainsi s’insinue même dans la messe traditionnelle le poison de la néo-liturgie qui a supprimé le mot même de pénitence.

    La première des pénitences c’est le jeûne, et le mot de jeûne, qui est omniprésent dans la liturgie traditionnelle du carême (puisque « carême » veut dire quarante jours de jeûne), a été supprimé des oraisons de ce qu’on appelle encore le carême.

    Et dans tout le néo-missel il n’y a aucune oraison où l’on reconnaisse être affligé par le péché ou s’affliger par la pénitence.

    On a supprimé la pénitence, et même le sacrement de pénitence a changé de nom (et de langage). On a logiquement supprimé le jeûne, puisque s’il n’y a plus de pénitence il n’y a pas de raison de garder la pratique qui en était l’emblème.

    Pourtant le Seigneur a dit : « Si vous ne faites pas pénitence vous périrez tous ». Et « cette sorte de démon ne se chasse que par la prière et le jeûne », et : « Quand l’époux leur aura été enlevé ils jeûneront. »

    Cela n’est qu’un aspect de la subversion complète de la liturgie opérée dans les livres de 1970. Les psaumes ont été soigneusement expurgés de ce qui ne correspondait pas à la « mentalité moderne » (de ce qui attaquait le démon de façon « trop » vigoureuse). Les collectes de l’Avent « ne contiennent aucune référence au péché ni à ses dangers ; aux ténèbres ou à l'impureté de l'esprit ; à la faiblesse humaine ou au besoin de miséricorde, de pardon, de protection, de délivrance, de purification » (Pristas). C’est une constante de la néo-liturgie, de même qu’a été gommée la nécessité de se détacher des choses du monde (qui sont au contraire valorisées), etc.

    On rappellera le propos de l’un des artisans des nouveaux livres : « C’est destiné, à long terme mais inévitablement, à changer la mentalité théologique et la spiritualité même du peuple catholique. » Et le cardinal Roche, préfet du dicastère du Culte divin, affirme lui-même que « la théologie a changé ».

    C’est ce que ne comprennent pas ceux qui disent avoir « de bons prêtres » qui permettent d’avoir une liturgie « correcte ». La nouvelle lex orandi n’est pas catholique. C’est la lex orandi d’une nouvelle « religion ». Elle peut être célébrée par des prêtres encore catholiques. Mais elle forme la lex credendi du clergé et du peuple, qui inexorablement, à terme, ne sera plus catholique.

    • Voir La “réforme” liturgique, Il y a 50 ans (cliquer sur le titre en haut de la colonne de droite).
  • Vendredi des quatre temps de Pentecôte

    Les vendredis des Quatre-Temps ont toujours, dans la liturgie de la messe, un certain caractère de pénitence. Nous sommes en esprit dans l’église des douze Apôtres ; cette église inspirait aux anciens l’idée de pénitence. L’Évangile nous donne une belle image de pénitence. Quand nous songeons aux « péchés, aux offenses et aux négligences » du trimestre écoulé, alors que nous avons reçu tant de grâces et de lumières, nous nous mettons à la place de ce paralytique : mais, dans notre confiance, nous voulons ressembler aux porteurs qui découvrent le toit. Maintenant, au Saint-Sacrifice, nous recevons l’absolution du Seigneur lui-même : « Tes péchés te sont remis ! » — Que le vendredi des Quatre-Temps soit donc pour nous un jour de pénitence ! (...)

    Il est certainement dans l’intention de l’Église que nous cherchions les relations entre les pensées de pénitence et le Saint-Esprit. La postcommunion de la Pentecôte nous donne une indication à ce sujet : le Saint-Esprit est la rémission de tous les péchés. C’est là un des aspects de l’action du Saint-Esprit : il veut bannir l’esprit du monde, l’esprit du péché, bref, le mauvais esprit de notre âme dont il veut faire son temple. « Fais que ton Église, unie dans le Saint-Esprit, ne soit troublée par aucune attaque ennemie. »

    Dom Pius Parsch

    Mirabilia.

    La secrète. 2.

    L'introït. 2.

    La communion.

     

  • Jeudi de Pentecôte

    Toute cette semaine, la liturgie byzantine chante le tropaire de la Pentecôte. Le voici tel qu’il a été enregistré en 2005 en tête d’un album intitulé « Hymnes de l’Eglise orthodoxe russe », par les chœurs de la Laure de la Trinité Saint-Serge et de l’Académie de théologie de Moscou, sous la direction de l’archimandrite Matthieu Mormyl, personnage central du chant liturgique, à partir de 1961, de ce qu’on appelait « les moines de Zagorsk » pendant l’ère communiste, jusqu’à sa mort en 2009. L’arrangement est de Serguei Zoubatchevski (1881-1969), qui fut notamment le chef de la chorale de la seule église de « Zagorsk » (Serguiev Possad) qui n’avait pas été fermée.

    Благословен еси, Христе Боже наш, иже премудры ловцы явлей, ниспослав им Духа Святаго, и теми уловлей вселенную, Человеколюбче слава Тебе.

    Tu es béni ô Christ notre Dieu, toi qui as rendu maîtres en sagesse de simples pêcheurs en leur envoyant l’Esprit Saint, et par eux prenant aux filets l’univers entier, Seigneur, ami des hommes, gloire à toi.

  • Mercredi des quatre temps de Pentecôte

    ℟. Disciplínam et sapiéntiam dócuit eos Dóminus, allelúia : firmávit in illis grátiam Spíritus sui, * Et intelléctu implévit corda eórum, allelúia.
    . Repentíno namque sónitu Spíritus Sanctus super eos venit.
    * Et intelléctu implévit corda eórum, allelúia.

    ℟. Le Seigneur leur a enseigné la discipline et la sagesse, alléluia : il a fortifié en eux la grâce de son Esprit,
    Et il a rempli leurs cœurs d’intelligence, alléluia.

    . Car le Saint-Esprit est descendu sur eux avec un bruit soudain.
    Et il a rempli leurs cœurs d’intelligence, alléluia.

    Ce répons des matines vient nous dit-on du livre de l’Ecclésiastique, chapitre 17 verset 5. Il s’inspire en effet de ce verset (et du suivant, d’ailleurs), mais ce n’est pas une citation, même modifiée pour un usage liturgique.

    Il est intéressant de constater que la liturgie s’est servie, pour chanter la descente du Saint-Esprit sur et dans les apôtres, d’un poème qui détaille la création de l’homme. La Pentecôte est donc une re-création, par le Saint-Esprit envoyé par le Père, comme au sixième jour, mais sur un plan supérieur. Le livre de l’Ecclésiastique prophétisait cette nouvelle création, par l’Esprit, sur un plan proprement spirituel. Voici les six premiers versets de ce chapitre, avec la traduction de Lemaître de Sacy :

    1 Deus creavit de terra hominem,
    et secundum imaginem suam fecit illum :
    2 et iterum convertit illum in ipsam,
    et secundum se vestivit illum virtute.
    3 Numerum dierum et tempus dedit illi,
    et dedit illi potestatem eorum quæ sunt super terram.
    4 Posuit timorem illius super omnem carnem,
    et dominatus est bestiarum et volatilium.
    5 Creavit ex ipso adjutorium simile sibi :
    consilium, et linguam, et oculos, et aures,
    et cor dedit illis excogitandi,
    et disciplina intellectus replevit illos.
    6 Creavit illis scientiam spiritus,
    sensu implevit cor illorum,
    et mala et bona ostendit illis.

    1. Dieu a créé l’homme de la terre, et l’a formé à son image.
    2. Il l’a fait rentrer ensuite dans la terre d’où il l’avait pris, et l’a revêtu de force selon sa nature.
    3. Il lui a marqué le temps et le nombre de ses jours, et lui a donné pouvoir sur tout ce qui est sur la terre.
    4. Il l’a fait craindre de toute chair, et lui a donné l’empire sur les bêtes et sur les oiseaux.
    5. Il lui a créé de sa substance un aide semblable à lui ; il leur a donné le discernement, une langue, des yeux, des oreilles, un esprit pour penser, et les a remplis de la lumière de l’intelligence.
    6. Il a créé dans eux la science de l’esprit, il a rempli leur cœur de sens, et leur a fait voir les biens et les maux.

    Peter Philips (qui signait Pierre Philippe ou Pietro Filippi) était un musicien britannique qui quitta l’Angleterre en 1582 parce qu’il était catholique. Après avoir passé quelque temps à Rome il s’installe à Anvers. Il devient prêtre et compose de très nombreux motets sur les textes liturgiques. Dont Disciplinam et sapientiam, chanté ici par le Sarum Consort qui se donne le ridicule de chanter les u comme des i (je connaissais plusieurs modes ridicules de chanter le latin, mais pas celle-là).

  • Mardi de Pentecôte

    L’introït de la messe de ce jour a comme particularité d’être pris dans le quatrième livre d’Esdras (au chapitre 2). C’est un livre apocryphe, mais comme il était beaucoup lu dans l’antiquité chrétienne et qu’il est cité par plusieurs pères (notamment saint Ambroise), et qu’on le trouve dans la liturgie (ce jour, ainsi que dans la messe des morts et de façon plus allusive au premier dimanche après l’Epiphanie), il a toujours été imprimé en annexe de la Vulgate (en caractères plus petits). Seule la Bible latine a les deux premiers chapitres, qui n’ont pas de rapport direct avec le corps du livre, à savoir les 7 visions du texte syriaque ou éthiopien.

    Accípite jucunditátem glóriæ vestræ, allelúia : grátias agéntes Deo, allelúia : qui vos ad cæléstia regna vocávit, allelúia, allelúia, allelúia.
    Atténdite, pópule meus, legem meam : inclináte aurem vestram in verba oris mei.

    Recevez l'agrément de votre gloire, alléluia, en rendant grâce à Dieu, alléluia, qui vous a appelés aux Royaumes célestes, alléluia, alléluia, alléluia.
    Mon peuple, écoutez ma loi ; prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche (Psaume 77,1.)

    Par la schola Sainte-Cécile (à 10'28):

    Voici le texte de l’introït dans son – beau - contexte (IV Esdras 2, 33-41), et la traduction (prise de la TOB) :

    Ego Esdras præceptum accepi a Domino in monte Oreb, ut irem ad Israël : ad quos cum venirem, reprobaverunt me, et respuerunt mandatum Domini : 34 Ideoque vobis dico gentes, quæ auditis, et intelligitis, Expectate pastorem vestrum, requiem æternitatis dabit vobis : quoniam in proximo est ille, qui in fine sæculi adveniet. 35 Parati estote ad præmia regni, quia lux perpetua lucebit vobis per æternitatem temporis. 36 Fugite umbram sæculi hujus : accipite jucunditatem gloriæ vestræ. Ego testor palam salvatorem meum. 37 Commendatum donum accipite et jucundamini, gratias agentes ei qui vos ad cælestia regna vocavit. 38 Surgite et state et videte numerum signatorum in convivio Domini. 39 Qui se de umbra sæculi transtulerunt, splendidas tunicas a Domino acceperunt. 40 Recipe Sion numerum tuum, et conclude candidatos tuos qui legem Domini compleverunt. 41 Filiorum tuorum, quos optabas, plenus est numerus. Roga imperium Domini ut sanctificetur populus tuus, qui vocatus est ab initio.

    Moi, Esdras, j'ai reçu du Seigneur, au mont Horeb, l'ordre d'aller vers Israël. Comme je venais à eux, ils m'ont repoussé et ils ont rejeté le commandement du Seigneur. C'est pourquoi je vous dis, nations qui écoutez et comprenez : Attendez votre berger ; il vous donnera le repos éternel car il est tout proche, celui qui adviendra à la fin du monde. Soyez prêts pour les récompenses du Royaume, car pour vous une lumière perpétuelle brillera pour l'éternité du temps. Fuyez l'ombre de ce monde-ci, recevez l'agrément de votre gloire. Moi je prends publiquement mon sauveur à témoin. Recevez le dépôt du Seigneur et réjouissez-vous en rendant grâce à celui qui vous a appelés aux Royaumes célestes. Levez-vous, tenez-vous debout et voyez le nombre des inscrits au festin du Seigneur. Ceux qui se sont dégagés de l'ombre du monde ont reçu du Seigneur des tuniques splendides. Reçois, Sion, les tiens au complet et rassemble ceux des tiens qui sont vêtus de blanc et qui ont accompli la loi du Seigneur. Le nombre des fils que tu souhaitais est complet; fais appel au pouvoir du Seigneur, pour que soit sanctifié ton peuple qui a été appelé dès le commencement.

  • Lundi de Pentecôte

    La solennité de ce jour nous rappelle à la fois la grandeur du Seigneur notre Dieu et la grandeur de la grâce qui a été répandue sur nous. Nous célébrons en effet à Dieu la solennité afin que ce qui a eu lieu une fois ne soit pas effacé de la mémoire. Le mot solennité tire son étymologie de ce qui se répète chaque année, de même qu’on dit d’un fleuve qui ne se dessèche point pendant l’été, mais dont le cours est sans interruption, qu’il est pérenne (per annum), on appelle aussi « solennel » ce qu’on a coutume (solet) de célébrer chaque année (soleo-annum).

    Nous célébrons donc aujourd’hui la descente du Saint-Esprit. Notre-Seigneur a envoyé du haut du ciel celui qu’il avait promis étant sur la terre. Et comme, en promettant de l’envoyer du haut du ciel, il avait dit à ses disciples : « Cet Esprit ne peut venir si je ne m’en vais, mais lorsque je m’en serai allé, je vous l’enverrai », il a souffert, il est mort, il est ressuscité, il est monté au ciel : il lui restait donc à accomplir sa promesse.

    Dans cette attente, ses disciples, au nombre de cent vingt, est-il écrit, c’est-à-dire dix fois le nombre des apôtres, car Jésus les choisit au nombre de douze et le Saint-Esprit descendit sur cent vingt disciples - dans l’attente de cette promesse, ses disciples étaient réunis dans une même demeure et priaient tous ensemble, car c’était la foi qui leur inspirait cette prière, ces désirs spirituels ; c’étaient de nouvelles outres qui attendaient le vin nouveau du ciel, et ce vin descendit car la grappe de raisin mystérieuse avait été déjà foulée et glorifiée. Nous lisons, en effet, dans l’Evangile : « L’Esprit-Saint n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié. »

    Vous savez comment le ciel répondit à leurs prières : par un grand prodige. Tous ceux qui étaient présents n’avaient appris qu’une seule langue. L’Esprit Saint descendit sur eux et remplit leur âme, et ils commencèrent à parler les langues de tous les peuples sans les connaître, sans les avoir apprises ; mais ils avaient pour maître Celui qui, étant descendu dans leur âme, les remplissait de sa divinité, et ouvrait cette source mystérieuse qui se répandait avec abondance. Le signe alors qu’on avait reçu l’Esprit Saint, c’est qu’aussitôt on parlait toutes les langues, ce qui ne fut point le privilège exclusif des cent vingt disciples.

    Saint Augustin, leçons du deuxième nocturne des matines dans le bréviaire monastique.