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Liturgie - Page 51

  • 6e dimanche après la Pentecôte

    Dóminus fortitudo plebis suæ, et protéctor salutárium Christi sui est : salvum fac pópulum tuum, Dómine, et benedic hereditáti tuæ, et rege eos usque in sǽculum.
    Ad te, Dómine, clamábo, Deus meus, ne síleas a me : ne quando táceas a me, et assimilábor descendéntibus in lacum.

    Le Seigneur est la force de son peuple et le protecteur salutaire de son Messie : sauvez votre peuple, Seigneur, et bénissez votre héritage, régissez-les jusqu’aux siècles sans fin.
    Je crierai vers vous, Seigneur, mon Dieu, ne gardez pas le silence à mon égard : de peur que, si vous ne répondez pas, je ne sois semblable à ceux qui descende dans la fosse. (Psaume 27)

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    L'introït de ce dimanche, à l'Institut Saint Philippe Neri de Berlin, en 2010:

    Ici, plus encore qu'ailleurs, nous devons nous laisser guider par le texte, qui est des plus stimulants. Dans la première partie, David loue le Seigneur comme la "force de son peuple" et rappelle avec gratitude l'armure de la grâce divine qui lui a été accordée, à lui, l'oint du Seigneur. C'est aussi une prière d'action de grâces. La deuxième partie est une prière de demande. Mais la demande du roi n'est pas pour lui-même, elle est pour son peuple, ou plus exactement pour le peuple de Dieu. Il lui dit : « C'est ton peuple, ton héritage, que tu t'es acquis. » Il lui adresse ainsi la recommandation la plus forte qui soit. Ces paroles de la deuxième partie ont été reprises dans le Te Deum, sauf que in sæculum est remplacé par in æternum.

    Cet introït nous exhorte, nous qui sommes réunis pour le service divin, à ne pas penser uniquement à nous-mêmes et à nos besoins personnels, mais plutôt à l'ensemble du peuple de Dieu, à cet ensemble corporatif auquel nous avons le privilège d'appartenir. Les onctions solennelles du baptême et de la confirmation nous font comprendre que nous sommes les élus de Dieu, l'héritage qu'il a si chèrement acquis au prix de son propre sang. C'est avec ces sentiments que nous devons chanter salvum fac, benedic et rege.

    La demande formulée dans le psaume est merveilleusement exaucée dans l'Évangile. Il est impossible au Sauveur de rester muet ; il ne peut regarder en silence les souffrances de son peuple. C'est pourquoi il prononce la parole consolatrice : « J'ai compassion de la multitude. » Il ne veut pas que son peuple ressemble à ces brebis sans berger qui vont à la perdition. Il leur fournit toujours la nourriture nécessaire, de peur qu'ils ne s'évanouissent en chemin. La bénédiction qu'il prononce sur les sept pains et les quelques poissons se rapporte vraiment à son peuple. Il les conduit vers de riches pâturages, si riches que même après que les quatre mille ont été rassasiés, il reste encore une abondance. Tout ce qui a été accompli matériellement n'est qu'un symbole de son œuvre merveilleuse de compassion dans la Sainte Eucharistie.

    Dom Dominic Johner

  • Sainte Elisabeth de Portugal

    • La légende du bréviaire.

    • L’hymne des laudes.

    • L’hymne des matines et des vêpres.

    • Les antiennes de Benedictus et de Magnificat.

    Sainte Elisabeth et la paix.

    • Portaits 1, 2, 3.

    *

    Le martyrologe de ce jour a la particularité d’avoir deux papes :

    Spinæ Lambérti, in Æmília, sancti Hadriáni Papæ Tértii, stúdio conciliándi Románæ Ecclésias Orientáles insígnis, ac miráculis clari; cujus corpus in monastérium Nonantulénse fuit delátum, et in æde sancti Silvéstri honorífice cónditum.

    A Spilambert, en Emilie, le pape saint Adrien III. Il se distingua par son zèle à réconcilier les églises orientales avec Rome et fut célèbre par ses miracles. Son corps fut porté au monastère de Nonantola, et enseveli avec honneur dans l'église de saint Silvestre.

    Romæ beáti Eugénii Papæ Tértii, qui, postquam cœnóbium sanctórum Vincéntii et Anastásii ad Aquas Sálvias magna sanctimóniæ ac prudéntiæ laude rexísset, Ecclésiam univérsam, Póntifex Máximus renuntiátus, sanctíssime gubernávit. Cultum autem, ab immemorábili témpore ipsi exhíbitum, Pius Papa Nonus ratum hábuit et confirmávit.

    A Rome, le bienheureux pape Eugène III. Après avoir gouverné avec sainteté et prudence le monastère des saints Vincent et Anastase aux "Eaux Salviennes", il fut élevé au souverain Pontificat et gouverna très saintement l'église universelle. Le pape Pie IX a ratifié et confirmé le culte qu'on lui rendait de temps immémorial.

    La notice concernant le premier est curieuse, car on ne sait pas grand-chose de la sainteté d’Adrien III, qui régna 16 mois. Deux décrets lui sont attribués : un qui affirme la suprématie du pouvoir temporel de l’Eglise sur le pouvoir séculier, un autre qui établit que le successeur de l’empereur Charles III le Gros, qui n’a pas d’héritier, sera un prince Italien. Pour ce qui est des « Eglises orientales », on lit sur Wikipedia en italien : « Comme le note la biographie de l'Encyclopédie des papes, la brièveté du pontificat n'a pas permis de mettre en évidence l'orientation d'Hadrien à l'égard de Photius, le patriarche de Constantinople déjà excommunié par le pape Nicolas Ier puis par Jean VIII, bien qu'Ottorino Bertolini émette l'hypothèse que la tendance du nouveau pontife s'inscrive dans la ligne (initialement) conciliante du pape Jean VIII, plutôt que dans celle, sévère, de son prédécesseur immédiat, Marinus Ier. »

    Pour ce qui est d’Eugène III, il est bon de préciser qu’il fut un moine de Clairvaux, disciple de saint Bernard qui écrira pour lui le traité De consideratione sur ses devoirs de pape. Il rendit visite d’ailleurs à saint Bernard à Clairvaux l’année suivant son élection au souverain pontificat, et c’est lui qui consacra l’église Saint-Pierre de Montmartre et l’abbatiale de Fontenay.

  • Saints Cyrille et Méthode

    Tropaire

    Vous qui des Apôtres avez partagé le genre de vie et des pays slaves vous êtes montrés les docteurs, Cyrille & Méthode, sages-en-Dieu, priez le Maître universel d’affermir tous les peuples slaves dans la concorde et la vraie foi, de faire au monde le don de la paix et d’accorder à nos âmes le salut.

    Mégalinaire

    Nous vous magnifions, saints égaux aux apôtres Méthode et Cyrille, nous tous les peuples slaves, illuminés par vos enseignements et conduits au Christ.

    *

    Le 24 mai, jour de la fête des saints Cyrille et Méthode « égaux aux apôtres » et « illuminateurs des Slaves » dans la liturgie byzantine, est aussi dans les pays slaves d’écriture cyrillique la Journée de l’écriture cyrillique et de la culture slave. Le 24 mai 2015, à Saint-Pétersbourg, pour le 11e centenaire de la naissance de saint Méthode, quelque 3.000 choristes chantaient l’hymne aux saints Cyrille et Méthode composé par Tchaïkovski en 1885 pour le millénaire de la mort de saint Méthode, sur un air slave ancien et la traduction d'un texte tchèque.

    Обнимись со мной, славянский брат,
    Помянуть с тобой я вместе рад
    День, когда покинул мир земной
    Просветитель наш, Кирилл святой.
    К брату Мефодию у скалы Петровой
    Так вещал он, смерть принять готовый:
    «Брат Мефодий, сострадальник мой,
    Ты последний час мой упокой.
    Возвратись к славянским ты сынам,
    Возрасти Христову ниву там,
    Чтобы веры плод возрос, созрел,
    Чтоб славянский род свет правды зрел.
    Я ж в Небесах буду Господу молиться,
    Чтоб им в вере дал Он утвердиться.
    И Господь благословит наш труд,
    Все славяне ко Христу придут

    Embrassons-nous, mon frère Slave,
    et rappelons joyeusement ce jour
    quand celui qui nous a illuminés, saint Cyrille,
    a quitté ce monde terrestre.
    C'est ainsi qu'il parla à son frère Méthode au Rocher de Pierre,
    comme il se tenait debout, prêt à accepter la mort en martyr :
    « Ô frère Méthode, mon compagnon d'infortune,
    Réconforte-moi en ma dernière heure !
    Retourne vers nos enfants slaves !
    Sème parmi eux la semence du Christ,
    afin que le fruit de la foi puisse croître et prospérer,
    et qu'ils puissent voir la lumière de la Vérité !
    En attendant, je prierai au Ciel,
    pour que le Seigneur les fortifie dans la foi.
    Et le Seigneur bénira nos travaux :
    Tous les Slaves viendront au Christ !

  • Sainte Noyale

    Le pardon de sainte Noyale, à Noyal-Pontivy, a lieu le dernier dimanche de juin. Cette année il célébrait le 600e anniversaire de la construction de la chapelle.

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  • Saint Antoine Marie Zaccaria

    Sur ce saint voir ici, ou taper Zaccaria dans le cadre RECHERCHER en haut à gauche : on trouvera notamment des extraits de lettres.

    Avant que Léon XIII canonise le fondateur des barnabites, le martyrologe commençait par évoquer sainte Zoé. Voici ce qui la concerne dans les longs Actes de saint Sébastien :

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    (...)

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    (Eglise Notre Dame des Victoires au Sabon, Bruxelles, verrière de l'Assomption.)

  • De la férie

    Si l’Eglise latine fêtait les saints de l’Ancien Testament, ce serait aujourd’hui les saints Osée et Aggée.

    Le martyrologe évoque ensuite l’étrange destin de saint Laurian.

    « Il était originaire des bords du Danube et fut tout d'abord diacre à Milan. Les persécutions des hérétiques ariens le conduisirent à Séville dont il devint évêque. Mais toujours poursuivi par ces hérétiques, il se retira dans la solitude au cœur du Berry et c'est là qu'il fut assassiné par des émissaires du roi qui régnait alors sur l'Italie. »

    C’est à Vatan qu’il subit le martyre. Et l’église de Vatan lui est dédiée.

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  • Saint Irénée

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    Le Fils a uni l'homme à Dieu, et de cette façon l'homme a reçu la communion avec Dieu. Le Fils s'est fait homme, et le monde entier l'a vu. En effet, nous ne pouvions pas participer à la vie avec Dieu pour toujours, sauf si cette vie venait parmi nous.

    Comme la vie qui ne finit pas était invisible, elle n'était d'aucun secours pour nous. C'est pourquoi elle est devenue visible. Il le fallait pour que, à tous points de vue, nous participions à la vie avec Dieu. Dans le premier homme, Adam, nous avons tous été enchaînés à la mort à cause de la désobéissance. Il a donc fallu que, par l'obéissance de celui qui se ferait homme pour nous, nous soyons libérés de la mort pour toujours. La mort a régné sur les humains. Il fallait donc qu'elle soit détruite par un homme, et que les êtres humains soient ainsi libérés de son pouvoir.

    La Parole du Père s'est donc faite homme pour détruire, par sa vie d'homme, les mauvais désirs humains qui avaient dominé sur l'humanité. De cette façon, le péché n'a plus été en nous. Et c'est pourquoi le Seigneur a reçu un corps d'homme pour combattre pour ses ancêtres et vaincre en Adam celui qui nous avait vaincus en Adam.

    C'est quand la terre était encore vierge que Dieu a pris de la boue de la terre et qu'il a modelé l'homme. Et cet homme devait être le point de départ de l'humanité. Le Seigneur a voulu récapituler en lui-même cet homme. C'est pourquoi il a reçu un corps formé d'une manière semblable à celui d'Adam, en naissant d'une Vierge par la volonté et la sagesse de Dieu. Ainsi le Seigneur a montré qu'il avait un corps formé d'une manière semblable à celle d'Adam. Il a montré qu'il est cet homme même que les Livres saints décrivent ainsi : depuis le commencement, il est à l'image et à la ressemblance de Dieu.

    Par la désobéissance d'une vierge, Ève, l'homme a fait une faute et il est mort. Pareillement, par l'obéissance de la Vierge Marie à la parole de Dieu, l'homme a vraiment retrouvé la vie. Car le Seigneur est venu chercher le mouton qui était perdu, et ce mouton, c'est l'homme. C'est pourquoi il n'y a pas un nouvel homme modelé par Dieu. Mais parce que le Seigneur est né de Marie qui descend d'Adam, il descend du premier homme, Adam, qui a été modelé à la ressemblance de Dieu. En effet, il fallait qu'Adam soit récapitulé dans le Christ. Alors ce qui était mort pourrait être rendu vivant par ce qui ne meurt pas. Il fallait aussi qu'Ève soit récapitulée en Marie. Alors Marie, en défendant Ève, pourrait détruire la désobéissance d'une vierge par l'obéissance d'une Vierge.

    Et la faute qui a été commise par le moyen du bois a été détruite par l'obéissance qui s'est accomplie aussi par le moyen du bois. Cette obéissance, c'est l'obéissance du Fils de l'homme à Dieu quand il a été cloué sur le bois de la croix. De cette façon, le Fils a détruit ce qui conduit à faire le mal. Et il a offert ce qui conduit à faire le bien. Car le mal, c'est de désobéir à Dieu, de même que le bien, c'est de lui obéir.

    Le prophète Isaïe a fait connaître à l'avance les choses à venir. C'est, en effet, le rôle des prophètes de faire connaître les choses à venir. C'est pourquoi la Parole de Dieu dit par l'intermédiaire du prophète Isaïe : Je ne désobéis pas et je ne discute pas. J'ai présenté mon dos aux fouets et mes joues aux coups et je n'ai pas détourné mon visage quand ils ont craché dessus. Donc l'obéissance a conduit le Fils jusqu'à la mort, cloué sur le bois de la croix. Ainsi il a détruit la vieille désobéissance qui avait été commise par le moyen du bois.

    Et le Fils est la Parole du Père tout-puissant. Cette Parole, par laquelle le Père a créé le monde, s'étend aussi loin que la création tout entière. Elle la soutient dans sa longueur et sa largeur et dans sa hauteur et sa profondeur (voir Éphésiens 3, 18). En effet, c'est la Parole du Père qui domine sur l'univers. C'est à cause de cela que le Fils de Dieu a été cloué sur le bois de la croix selon ces quatre dimensions. En effet, il se trouvait déjà comme imprimé en forme de croix dans l'univers. Car il fallait que le Fils de Dieu, en devenant visible, se montre au grand jour comme imprimé en forme de croix dans l'univers. De cette façon, par sa place visible d'homme cloué sur une croix, il a révélé son action sur le monde invisible.

    Voici ce qu'on peut comprendre. C'est lui qui illumine les hauteurs, c'est-à-dire les choses qui sont dans les cieux. C'est lui qui soutient les profondeurs, c'est-à-dire les choses qui sont sous la terre. C'est lui aussi qui étend la longueur depuis le levant jusqu'au couchant. C'est encore lui qui dirige comme un pilote la longueur du pôle au midi. C'est lui enfin qui appelle de partout ceux qui se perdent, pour leur faire connaître le Père.

    Exposé de la prédication des apôtres, 31-34

  • 5e dimanche après la Pentecôte

    L'antienne de communion

    Unam pétii a Dómino, hanc requíram : ut inhábitem in domo Dómini ómnibus diébus vitæ meæ.

    Une chose j’ai demandée au Seigneur, et celle-là je la rechercherai : c’est d’habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie.

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    Si nous voulons chanter ce texte selon son sens, nous mettrons l'accent sur le tout premier mot Unam, et plus encore sur hanc. Ensuite, lorsque nous parlerons du but vers lequel tend toute notre aspiration, nous insisterons particulièrement sur inhábitem et domo Dómini. La mélodie se développe exactement selon ces idées. Il semble tout à fait naturel que la pièce commence sur la dominante. A l'entrée, l'âme suppliante s'écrie avec toute son ardeur : « Seigneur, accorde-moi une seule chose ! » Puis la paix l'enveloppe, reflétée par des secondes qui progressent à la manière d'une séquence selon la formule courante.

    La phrase suivante, commençant une quarte plus haut, introduit une nouvelle arsis basée sur la dominante. La thesis prend naissance avec ómnibus ; vitae meae forme une réponse reconnaissante à requíram. La mélodie sur Dómino est reprise note pour note dans l'introït du troisième dimanche de Carême sur le mot Dóminum. De même, la demi-phrase suivante dans les deux chants a le même mouvement ; dans notre sélection actuelle, cependant, la note la plus haute est particulièrement mise en valeur.

    Même si nous sommes obligés de quitter l'église après le Sacrifice aujourd'hui, nous restons néanmoins en union avec notre Seigneur et avec l'Église. En effet, le maître de maison s'est uni à nous dans la sainte communion. Et son seul désir est qu'il habite dans nos cœurs par sa grâce et qu'il y demeure tous les jours de notre vie, jusqu'à ce qu'il nous offre un logement dans sa demeure céleste, où nous ne manquerons plus de rien, où tous nos désirs seront parfaitement satisfaits dans la contemplation et la possession de lui-même.

    Dom Dominic Johner

  • Le Précieux Sang

    1. Trois images figuratives.
    - a) L’Église nous ramène au berceau de l’humanité. Caïn et Abel offrent chacun un sacrifice. Le sacrifice d’Abel est agréable à Dieu, mais pas celui de Caïn. Ce fut l’origine du péché de jalousie et finalement du fratricide. La terre altérée but le sang d’Abel. Mais le sang cria vengeance contre le meurtrier. C’est une figure du sang du Christ qui, sur le Calvaire, crie non pas vengeance mais rédemption.
    - b) Quelques millénaires plus tard. Le peuple d’Israël est opprimé par les Égyptiens. Dieu ordonne au peuple d’immoler un agneau pascal et d’enduire de son sang les montants des portes. L’ange de la mort passera devant ces maisons sans entrer. Mais, là où les portes ne seront pas marquées de sang, tous les premiers-nés masculins seront tués, depuis le premier-né du roi jusqu’à celui de la servante. Ce sang sur les montants des portes est une figure du sang du Christ. « Le sang d’un agneau peut-il sauver un homme ? Non ; mais il a de la puissance comme figure du sang rédempteur ». Quand le meurtrier voit le seuil de notre âme marqué du sang du Christ, il passe sans s’arrêter ; notre âme est sauvée.
    - c) Le Prophète Isaïe voit, dans sa vision, un homme qui écrase des raisins dans le pressoir (C’était la coutume en Orient de piétiner les raisins rouges dans le pressoir). Le Prophète interroge cet homme : « Pourquoi ton vêtement est-il si rouge ? » « J’ai dû fouler seul le pressoir, et parmi les peuples personne n’est avec moi ». Celui qui foule le pressoir est le Christ dont l’habit est rougi par le sang rédempteur.

    2. Images historiques. — L’Église nous montre les premières gouttes de sang qui brillèrent sur le couteau le jour de la circoncision de Jésus. Sur le mont des Oliviers, nous voyons, dans la nuit, au clair de lune, le visage divin couvert du sang de l’agonie. L’infortuné Judas, désespéré, jette dans le temple l’argent du sang ; « J’ai trahi le sang innocent ». L’Église nous conduit ensuite à la colonne de la flagellation et nous montre le Seigneur dans sa plus profonde humiliation. Sous les coups cruels, le sang divin jaillit de tous côtés sur le sol. Le Christ est conduit devant Pilate. Celui-ci montre à la foule le corps ensanglanté : Ecce homo. Nous marchons à travers les rues de Jérusalem et nous suivons les traces sanglantes qui nous conduisent jusqu’au Golgotha. Du bois de la Croix ruisselle le sang. Un soldat ouvre le côté du Seigneur, et il en coule du sang et de l’eau.

    3. Deux images symboliques.
    - a) Adam dort d’un sommeil extatique. Dieu ouvre son côté, prend une côte et en forme Ève, la mère des vivants. Nous considérons en esprit le second Adam, l’Adam divin, le Christ. Il dort du sommeil de la mort. De son côté ouvert coulent du sang et de l’eau. C’est le symbole du baptême et de l’Eucharistie, le symbole de la seconde Ève, la mère de tous les vivants. Par le sang et l’eau le Christ voulait sauver tous les nombreux enfants de Dieu et les mener à la fin éternelle.
    - b) Nous voyons une cérémonie du culte juif au jour de la Fête de l’Expiation. Le grand-prêtre pénètre une fois par an dans le Saint des Saints, et asperge l’arche d’alliance avec le sang des taureaux et des boucs en signe d’expiation pour les péchés du peuple. L’Église nous présente cette image en lui donnant une signification plus élevée : le grand-prêtre divin, le Christ, entre une fois pour toutes, le Vendredi Saint, dans le Saint des Saints du ciel, qui n’est pas fait de main d’homme ni aspergé avec le sang des taureaux et des boucs ; il procure au peuple avec son propre sang une éternelle rédemption. Cette image est mise sous nos yeux par l’Épître du jour

    Une image finale : L’Église nous conduit au dernier acte du sacrifice. Nous voyons un office célébré au ciel : au centre, sur l’autel, l’Agneau, immolé mais vivant, empourpré de son sang ; autour de lui, la foule innombrable des élus, en vêtements blancs, lavés dans le sang de l’Agneau. La foule des saints chante l’hymne de la Rédemption : « Vous nous avez rachetés par votre sang, nous qui venons de toute tribu, de tout peuple, de toute nation ! » — Maintenant, de la méditation passons aux actes. Nous sommes assez heureux pour posséder réellement parmi nous ce Divin Sang, pour l’offrir au Père céleste en faveur des âmes du monde entier ; oui, nous pouvons le faire fructifier.

    Dom Pius Parsch

  • Commémoraison de saint Paul

    Séquence d’un recueil de Maastricht du début du XVIe siècle (Bibliothèque royale de La Haye KB 71 A 4). Traduction de l’Année liturgique.

    Doctori gentium
    Gentes applaudite :
    Votaque mentium
    Voce depromite.

    Au Docteur des nations, nations, applaudissez, et, de la voix, publiez vos vœux.

    Pastori gregibus
    Curam impendere :
    Pastorem ovibus
    Incumbit colere.

    Au pasteur appartient de conduire le troupeau ; aux brebis d'honorer le pasteur.

    Electum vasculum,
    Honoris ferculum
    Tumoris vacuum,
    Jure percolitis,
    Qui veri quæritis
    Fontis irriguum.

    Vase d'élection, rempli d'honneur, sans vaine enflure, à bon droit recherché de quiconque se plaît au pâturage qu'arrosent les eaux de la vraie fontaine !

    Exempli gratiam,
    Laudis materiam
    In hoc exilio
    Confert et gaudium,
    Doctoris gentium
    Sacra conversio.

    Du Docteur des nations la conversion sainte donne la joie en cet exil : exemple à suivre, objet de louange.

    Rapax mane,
    Sero munificus :
    Non inane
    Benjamin typicus
    Tulit auspicium.

    Au matin, ravisseur ; sur le soir, magnifique : ce ne fut pas en vain que de Benjamin la figure nous fournit un présage.

    Parit mater
    Doloris filium :
    Vocat pater
    Dextræ suffragium,
    Doctus mysterium.

    La mère enfante un fils de douleur ; le père l'appelle l'élu de la droite, pénétrant le mystère.

    Quod Saulus rapuit,
    Paulus distribuit :
    Divisit spolia
    Legis in gratia.

    Ce que Saul a ravi, Paul en fait le partage ; il distribue les dépouilles de la loi sous la grâce.

    Quem Annas statuit
    Ducem malitiæ,
    Christus exhibuit
    Ministrum gratiæ.

    Celui qu'Anne établit chef de perversité, le Christ en fait un ministre de la grâce.

    Dum vacat cædibus,
    Cæcatus corruit :
    Lapsa de nubibus
    Vox eum arguit :

    Il ne rêve que carnage, et tombe aveuglé ; une voix le reprend, descendant des nues :

    Cur me persequeris,
    Saule, nec sequeris :
    Cur in aculeum
    Vertis calcaneum ?

    « Pourquoi persécuter celui que tu dois suivre ? pourquoi, Saul, regimber contre l'aiguillon ?

    Cum me persequeris,
    Præstare crederis
    Mihi obsequium :
    In meis fratribus
    Cruentis manibus
    Versando gladium.

    « Tu me poursuis, et l'on croit que tu me rends hommage ! et c'est contre mes frères que tes sanglantes mains tournent le glaive !

    Excessit littera,
    Cesserunt Vetera :
    Præconem gratiæ
    Te nunc constituo :
    Surge continuo,
    Locum do veniæ.

    « C'en est fait de la lettre ; les figures ont cessé : dès cette heure, je te fais le héraut de ma grâce ; lève-toi maintenant, je te pardonne. »

    O plena gratia,
    De cujus cumulo
    Arenti copia
    Redundat sæculo.

    O grâce vraiment pleine, dont l'abondance déborde à flots sur le monde desséché !

    Felix vocatio,
    Non propter meritum :
    Larga donatio,
    Sed præter debitum.

    Fortunée vocation, non provenue du mérite ; largesse immense, nullement due !

    Per aquæ medium,
    Per ignem Spiritus,
    Ad refrigerium
    Transit divinitus.

    Par le chemin de l'eau, par le feu de l'Esprit, il passe de ses ardeurs fiévreuses à la divine fraîcheur.

    Mutato nomine,
    Mutatur moribus :
    Secundus ordine,
    Primus laboribus.

    Son nom change, et ses mœurs ont changé : deuxième en dignité, premier pour le labeur.

    Par est apostolis
    Vocatis primitus :
    Præest epistolis,
    Vocatus cælitus.

    Egal aux Apôtres appelés d'abord, lui dont l'appel est venu des cieux prévaut par ses Epîtres.

    Ter virgis cæditur,
    Semel lapidibus :
    Ter mari mergitur,
    Nec perit  fluctibus.

    Trois fois il est battu de verges, une fois lapidé ; trois fois la mer l'engloutit, sans qu'il meure dans ses flots.

    Ad cælum tertium
    Raptus in spiritu,
    Dei mysterium
    Mentis intuitu
    Intuetur,
    Nec loquitur,
    Quia nec loqui sinitur.

    Au troisième ciel son esprit est ravi : du regard de l'âme il contemple le mystère de Dieu, mais, empêché de parler, ne sait le redire.

    O pastor inclyte,
    Pastorum gloria,
    Felici tramite
    Tua ovilia
    Deduc,
    Perduc,
    Constitue
    Perennis loco pascuæ.
    Amen.

    O Pasteur illustre, des Pasteurs la gloire, par un heureux sentier, tes troupeaux, amène, conduis, établis-les au lieu du pâturage éternel. Amen.