La solennité de ce jour nous rappelle à la fois la grandeur du Seigneur notre Dieu et la grandeur de la grâce qui a été répandue sur nous. Nous célébrons en effet à Dieu la solennité afin que ce qui a eu lieu une fois ne soit pas effacé de la mémoire. Le mot solennité tire son étymologie de ce qui se répète chaque année, de même qu’on dit d’un fleuve qui ne se dessèche point pendant l’été, mais dont le cours est sans interruption, qu’il est pérenne (per annum), on appelle aussi « solennel » ce qu’on a coutume (solet) de célébrer chaque année (soleo-annum).
Nous célébrons donc aujourd’hui la descente du Saint-Esprit. Notre-Seigneur a envoyé du haut du ciel celui qu’il avait promis étant sur la terre. Et comme, en promettant de l’envoyer du haut du ciel, il avait dit à ses disciples : « Cet Esprit ne peut venir si je ne m’en vais, mais lorsque je m’en serai allé, je vous l’enverrai », il a souffert, il est mort, il est ressuscité, il est monté au ciel : il lui restait donc à accomplir sa promesse.
Dans cette attente, ses disciples, au nombre de cent vingt, est-il écrit, c’est-à-dire dix fois le nombre des apôtres, car Jésus les choisit au nombre de douze et le Saint-Esprit descendit sur cent vingt disciples - dans l’attente de cette promesse, ses disciples étaient réunis dans une même demeure et priaient tous ensemble, car c’était la foi qui leur inspirait cette prière, ces désirs spirituels ; c’étaient de nouvelles outres qui attendaient le vin nouveau du ciel, et ce vin descendit car la grappe de raisin mystérieuse avait été déjà foulée et glorifiée. Nous lisons, en effet, dans l’Evangile : « L’Esprit-Saint n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié. »
Vous savez comment le ciel répondit à leurs prières : par un grand prodige. Tous ceux qui étaient présents n’avaient appris qu’une seule langue. L’Esprit Saint descendit sur eux et remplit leur âme, et ils commencèrent à parler les langues de tous les peuples sans les connaître, sans les avoir apprises ; mais ils avaient pour maître Celui qui, étant descendu dans leur âme, les remplissait de sa divinité, et ouvrait cette source mystérieuse qui se répandait avec abondance. Le signe alors qu’on avait reçu l’Esprit Saint, c’est qu’aussitôt on parlait toutes les langues, ce qui ne fut point le privilège exclusif des cent vingt disciples.
Saint Augustin, leçons du deuxième nocturne des matines dans le bréviaire monastique.
Commentaires
Merci !
Pouvez-vous nous dire d'où provient cette traduction, s'il vous plaît ? Serait-ce du Nocturnal du Barroux ? ("Nous célébrons à Dieu" ne me paraît pas très heureux...)
J'ai repris la traduction que vous aviez mise sur le Forum catholique, mais j'ai modifié le début parce qu'on ne voyait plus les "étymologies" de saint Augustin. Pour qu'elles demeurent, la traduction doit être littérale, d'où le "à Dieu" qui n'est pas très heureux mais je n'ai pas trouvé comment le dire autrement. Par ailleurs on ne dit pas en français courant qu'une rivière est "perenne", mais il faut le garder pour comprendre l'étymologie de saint Augustin.
Merci ! La traduction que j'avais publiée était très probablement celle que les Moines du Barroux donnaient dans le Supplément de leur Lectionnaire Bénédictin, traduction des leçons du Bréviaire Monastique de 1963 due à des moniales belges (1967). (Je dis "supplément" parce que pour les lundi et mardi de Pentecôte, le bréviaire monastique de 1963 ne donne plus que les leçons d'homélie, découpées en trois.) Je vais essayer de retrouver la traduction Peronne-Ecalle-Vincent ;)
La traduction que j'avais transcrite sur le Forum Catholique est bien celle de Peronne, Ecalle et Vincent. Cette édition donne en bas le texte latin et la seconde phrase commence par "Ideo enim solemnitas..." et non "Deo etc". Et le site augustinus.it fait de même ( http://www.augustinus.it/latino/discorsi/discorso_378_testo.htm ). Ceci explique cela...
Merci. "Deo" est donc manifestement une erreur du bréviaire, car le sens est bien meilleur avec "idéo".