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Liturgie - Page 57

  • Saint Yves

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    Eglise Saint-Yves de La Roche-Maurice.

    En Bretagne, c’est la fête de saint Yves. Voici les antiennes de l’office du jour.

    Liberavi pauperem vociferantem, et pupillum cui non esset adjutor, alleluia. (Job 29,12)

    J’ai libéré le pauvre qui criait, et l’orphelin qui n’avait pas de soutien, alléluia.

    Benedictio perituri super me veniebat, et cor viduae consolatus sum, alleluia. (Job 29,13)

    La bénédiction de celui qui allait périr venait sur moi, et j’ai consolé le cœur de la veuve, alléluia.

    Justitia indutus sum, et vestivi me, sicut vestimento et diademate, judicio meo, alleluia. (Job 29,14)

    Je me suis revêtu de la justice, et je me suis habillé, comme d'un manteau et d'un diadème, de mon jugement, alléluia.

    Ab infantia mea crevit mecum miseratio, et de utero matris meæ egressa est mecum, alleluia. (Job 31,18)

    La compassion a grandi avec moi dès mon enfance, et elle est sortie avec moi du sein de ma mère, alléluia.

    Oculus fui cæco, et pes claudo, pater eram pauperum, alleluia. (Job 29,15-16a)

    J'ai été l'œil de l'aveugle, et le pied du boiteux, j'étais le père des pauvres, alléluia.

    On note une curieuse particularité. Si l’on suit le rite monastique, qui a quatre psaumes aux vêpres, et non cinq, les antiennes suivent exactement le livre de Job, chapitre 29, versets 12-13-14-15-16a (avec l’alléluia pascal). Et aux laudes, on ajoute Job 31, 18 au cantique, antienne qui est donc la quatrième, entre les versets 14 et 15 de Job 29 (en italiques ci-dessus). Il est pourtant plus qu’improbable que l’office de saint Yves soit d’origine monastique. Lorsque Yves Hélory fut solennellement canonisé (en Avignon par Clément VI) il fut précisé que son office était le commun des confesseurs non pontifes (comme c’était la règle romaine). Au début du XIXe siècle il y eut un office propre, approuvé par Mgr Caffarelli, évêque de Saint-Brieuc (Rome permettra en 1852 que l’évêque se dise « de Saint-Brieuc et Tréguier »). Est-ce celui qui figure dans les propres actuels des diocèses bretons ?

    On remarque que cette quatrième antienne (qui est en outre une incise, entre parenthèses, dans le chapitre 31 de Job), est également le début de l’alléluia de la messe.

    Quant à l’offertoire il reprend Job 29,14-15 et y ajoute l’expression qui suit immédiatement (Job 29,16) comme dans la dernière antienne : Pater eram pauperum, j’étais le père des pauvres. La suite du verset 16, qui n'a pas été retenue, convenait tout autant à l’avocat des pauvres : et causam quam nesciebam diligentissime investigabam, et la cause que je ne connaissais pas, je l’examinais avec le plus grand soin.

  • L’Ascension

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    Novgorod, XVe siècle.

    L’icône canonique de l’Ascension est l’une des plus anciennes, puisque dès le VIe siècle la configuration est fixée : en haut le Christ avec des anges, en bas les apôtres avec au milieu d’eux la Mère de Dieu encadrée par deux anges.

    La présence de la mère de Dieu à l’Ascension paraît curieuse. La Sainte Ecriture n’en dit rien, et elle est absente de l’icône traditionnelle de la Pentecôte alors que les images occidentales l’y représentent, conformément à ce que laisse entendre l’Ecriture. Or non seulement elle est là, mais elle est le personnage central, l’axe de la composition. Et sa présence est soulignée par le contraste entre les teintes sombres de ses vêtements et les deux anges qui sont en blanc. Elle est l’axe vertical qui s’épanouit dans le Christ en gloire, que les anges montrent avec insistance. Elle est en position d’orante, elle intercède auprès du Fils, elle est l’image de l’Eglise. Elle est le seul personnage à nous regarder, pour nous dire qu’elle est le chemin vers son Fils.

    De part et d’autre, les douze apôtres. Autre image de l’Eglise. Le premier à la droite de la Mère de Dieu est saint Pierre, le premier à sa gauche est saint Paul. Lequel n’était pas là, évidemment. Mais il complète le nombre 12 et les deux apôtres symétriques sont les coryphées de l’Eglise.

    Tous ces personnages sont sur cette terre, ce que soulignent les rochers derrière eux, le mont des Oliviers, avec les deux arbres qui symbolisent les dits oliviers.

    La partie supérieure est la partie céleste. Les anges louent et adorent le Christ monté au ciel. Il ne monte pas, il est déjà monté, il est le roi de gloire, habillé de pourpre et d’or et non plus de blanc, assis dans un cercle éternel de lumière (et non plus dans une mandorle), il est le Pantocrator qui tient le rouleau des Ecritures et bénit en montrant sa seigneurie universelle. Il est tel qu’il reviendra, et c’est ce que disent les anges : « Ce Jésus, qui du milieu de vous a été élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel. »

    Les anges qui sont au milieu des hommes sont vêtus de lumière divine, et les anges qui sont auprès du Christ ont des vêtements aux couleurs terrestres. Car la nature humaine est montée au ciel, mais la nature divine est restée sur la terre.

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    On remarquera que l'autre icône où le Christ est dans un cercle de gloire est aussi l'autre icône où la Mère de Dieu est en position d'orante :  c'est l'icône de la Mère de Dieu du signe, le signe étant : "La Vierge concevra". Le Christ est en gloire, mais caché, comme il reviendra en gloire, manifeste.

  • Vigile de l’Ascension

    Notre Seigneur, Fils unique du Père, et coéternel avec lui, « ayant pris la forme d’esclave » pouvait, en cette forme d’esclave, prier en silence s’il l’avait jugé nécessaire ; mais il a voulu se présenter en suppliant devant son Père, tout en se rappelant qu’il était notre Maître. C’est pourquoi il a voulu que la prière qu’il a faite pour nous, nous fût connue ; car l’édification des disciples ressort non seulement des leçons que leur donne un si grand maître, mais encore de la prière qu’il adresse à son Père en leur faveur. Et si ces paroles étaient l’édification de ceux qui se trouvaient présents pour les entendre, Jésus voulait certainement qu’elles devinssent aussi la nôtre, à nous qui devions les lire, recueillies dans son Évangile.

    C’est pourquoi lorsqu’il nous dit : « Père, l’heure est venue, glorifiez votre Fils ; » il nous enseigna que ce qu’il ferait ou laisserait se faire, en quelque temps que ce fût, est disposé d’avance par celui qui n’est point sujet au temps ; car les événements qui se déroulent dans la suite des temps, ont leurs causes efficientes dans la sagesse de Dieu, en laquelle ne se trouve aucun temps. Gardons-nous donc de croire que cette heure soit venue amenée par la fatalité, car elle a été fixée par Dieu qui dispose les temps. Les lois des astres n’ont pas non plus régi la passion du Christ ; il est inadmissible que les astres puissent forcer à mourir le Créateur des astres.

    Il en est qui entendent que le Fils a été glorifié par le Père en ce sens qu’il ne l’a pas épargné mais l’a livré pour nous tous. Mais si l’on dit que le Christ a été glorifié par sa passion, combien plus par sa résurrection ? Dans sa passion, en effet, son humilité se manifeste plutôt que sa gloire ; l’Apôtre l’atteste lorsqu’il dit : « Il s’est humilié lui-même, s’étant fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ». Ensuite il ajoute, au sujet de sa glorification : « C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom ; afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père ». Voilà la glorification de notre Seigneur Jésus-Christ, elle a commencé à sa résurrection.

    Saint Augustin, traité 104 sur saint Jean, leçon des matines.

  • Saint Ubald

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    Saint Ubald libérant la démoniaque, attribué à Enea Salmeggia, (1565-1626), chapelle Saint-Ubald de l’église Saint-Laurent de Lodi.

    Auxílium tuum nobis, Dómine, quǽsumus, placátus impénde : et, intercessióne beáti Ubaldi Confessóris tui atque Pontíficis, contra omnes diáboli nequítias déxteram super nos tuæ propitiatiónis exténde. Per Dóminum nostrum.

    Laissez-vous fléchir, Seigneur : que l’intercession du bienheureux Ubald votre Confesseur et Pontife nous obtienne votre secours ; étendez sur nous votre main miséricordieuse pour nous défendre contre toutes les perfidies du démon.

    Autre traduction :

    Apaisez-vous, Seigneur, en nous accordant votre secours ; et par l’intercession du bienheureux Ubald, votre Pontife et confesseur, étendez sur nous votre bras miséricordieux contre toute malice diabolique.

    En signe de la faveur dont il jouit auprès de lui dans le ciel, le Fils de Dieu a confié à Ubald le pouvoir spécial d’agir efficacement contre les ennemis infernaux, qui tendent quelquefois aux hommes de si cruelles embûches. Souvent l’invocation du saint évêque et de ses mérites a suffi pour dissoudre les machinations des esprits de malice ; et c’est afin d’encourager les fidèles à recourir à sa protection que l’Église l’a admis au rang des saints qu’elle recommande plus particulièrement à leur dévotion.

    Soyez notre protecteur contre l’enfer, ô bienheureux Pontife ! L’envie des démons n’a pu souffrir que l’homme, cette humble et faible créature, fût devenu l’objet des complaisances du Très-Haut. L’incarnation du Fils de Dieu, sa mort sur la croix, sa résurrection glorieuse, les divins Sacrements qui nous confèrent la vie céleste, tous ces sublimes moyens à l’aide desquels la bonté de Dieu nous a rétablis dans nos premiers droits, ont excité au plus haut degré la rage de cet antique ennemi, et il cherche à se venger en insultant en nous l’image de notre créateur. Il fond quelquefois sur l’homme avec toutes ses fureurs ; par une affreuse parodie de la grâce sanctifiante qui fait de nous comme les instruments de Dieu, il envahit, il possède des hommes, nos frères, et les réduit au plus humiliant esclavage. Votre pouvoir, ô Ubald, s’est signalé souvent dans la délivrance de ces victimes infortunées de l’envie infernale ; et la sainte Église célèbre en ce jour la prérogative spéciale que le Seigneur vous a confiée. Dans votre charité toute céleste, continuez à protéger les hommes contre la rage des démons ; mais vous savez, ô saint Pontife, que les embûches de ces esprits de malice sont plus fatales encore aux âmes qu’elles ne le sont aux corps. Prenez donc pitié aussi des malheureux esclaves du péché, sur lesquels le divin soleil de Pâques s’est levé sans dissiper leurs ténèbres. Obtenez qu’ils redeviennent enfants de la lumière, et que bientôt ils aient part à cette résurrection pascale dont Jésus est venu nous apporter le gage.

    Dom Guéranger

    Comment saint Ubald (1129-1160), né à Gubbio, chanoine de Gubbio, évêque de Gubbio, mort à Gubbio, est devenu saint Thiébaut de Thann, en Alsace.

    La « fête des cierges » à Gubbio, qui a son pendant dans les trois « sapins » de Thann.

    • Pour tout savoir sur la question : ici.

  • Saints Boris et Gleb

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    C’était aujourd’hui, selon le calendrier julien, la fête des saints Boris et Gleb, les fils de saint Vladimir, premiers saints canonisés de la Rus’ de Kiev. Je découvre ces extraits de l’office, par le chœur Axion Estin, un ensemble du monastère russe de Tver, sur la Volga, qui chante magnifiquement dans la plus pure tradition… grecque. (La petite "icône de voyage" ci-dessus orne le bas de mon ordinateur...)

  • Lundi des Rogations

    Messe du lundi des Rogations 2020 en l’église Saint-Eugène Sainte-Cécile de Paris. Elle commence par la procession au chant des litanies, à l’intérieur de l’église, et elle est sans fidèles. Car c’est le 20 mai et si le « déconfinement » a commencé le 11, les rassemblements dans les lieux de culte sont toujours interdits…

    À 33 min 49 s

    Introït

    Exaudívit de templo sancto suo vocem meam, allelúia : et clamor meus in conspectu ejus, introívit in aures ejus, allelúia, allelúia.
    Díligam te, Dómine, virtus mea : Dóminus firmaméntum meum et refúgium meum et liberátor meus.

    De son saint temple il a entendu ma voix, alléluia ; et mon cri a pénétré en sa présence jusqu’à ses oreilles, alléluia, alléluia.
    Je vous aimerai, seigneur, vous qui êtes ma force : le Seigneur est mon ferme appui, mon refuge et mon libérateur.

    À 43 min 49 s

    Alleluia (d’avant 1960)

    Allelúia. Confitémini Dómino, quóniam bonus : quóniam in sǽculum misericórdia ejus.

    Alleluia. Célébrez le Seigneur, parce qu’il est bon : parce que sa miséricorde est éternelle.

    À 1h 00 min 44 s

    Offertoire

    Confitébor Dómino nimis in ore meo : et in médio multórum laudábo eum, qui ástitit a dextris páuperis : ut salvam fáceret a persequéntibus ánimam meam, allelúia.

    Ma bouche célébrera le Seigneur de toute sa force : et je le louerai au milieu d’une grande assemblée, parce qu’il s’est tenu à la droite du pauvre : pour sauver mon âme de ceux qui la persécutent, alléluia.

    À 1h 21 min 27 s

    Communion

    Pétite, et accipiétis : quǽrite, et inveniétis : pulsáte, et aperiétur vobis : omnis enim qui petit, áccipit : et qui quærit, invénit : et pulsánti aperiétur, allelúia.

    Demandez, et on vous donnera : cherchez, et vous trouverez : frappez à la porte, et on vous ouvrira : Car quiconque demande, reçoit : et qui cherche, trouve : et à celui qui frappe à la porte, on ouvrira, alléluia.

  • En Bucovine

    Ангел вопияше Благодатней: / чистая Дево, радуйся! / И паки реку: радуйся! / Твой Сын воскресе / тридневен от гроба / и мертвыя воздвигнувый, / людие, веселитеся.
    Святися, святися, / Новый Иерусалиме, / слава бо Господня / на тебе возсия. / Ликуй ныне / и веселися Сионе, / Ты же, Чистая, красуйся, Богородице, / о восстании Рождества Твоего

    L’ange cria à la Pleine de grâce : Pure Vierge, réjouis-toi, je le répète, réjouis-toi, car ton Fils est ressuscité le troisième jour et il a ressuscité les morts, peuples, exultez. Illumine, illumine, Jérusalem nouvelle, car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Exulte maintenant et réjouis-toi, Sion. Et toi, toute pure, Mère de Dieu, réjouis-toi en la résurrection de ton Fils.

    Mégalynaire pascal. Mis en ligne ce matin sur la chaîne YouTube de l’Eglise orthodoxe ukrainienne de Bucovine. On ne dit pas qui chante, ni bien sûr qui est le compositeur. On ne dit pas où c’est chanté. Pas même si c’est du côté ukrainien ou du côté roumain de la Bucovine. Bienheureuse et catholique humilité.

  • 5e dimanche après Pâques

    Il nous faut maintenant expliquer ces paroles du Seigneur : « En vérité, en vérité, je vous le dis : si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. » Déjà, en traitant des premières parties de ce discours du Seigneur, nous avons dit, pour l’instruction de ceux qui adressent à Dieu le Père, au nom de Jésus-Christ, des prières qui ne sont pas exaucées, que toute prière contraire aux intérêts du salut, n’est point faite au nom du Sauveur. Car par ces paroles : « En mon nom ; » il faut entendre non pas un bruit de lettres et de syllabes, mais ce que ce son signifie et ce que l’on doit comprendre avec justesse et vérité par ce son. Aussi celui qui pense de Jésus-Christ ce qui ne doit pas être pensé du Fils unique de Dieu ne demande pas en son nom, bien qu’il prononce les lettres et les syllabes qui forment le nom de Jésus-Christ ; car il prie au nom de celui qui est présent à sa pensée au moment de sa prière. Celui, au contraire, qui pense de Jésus-Christ ce qu’il en doit penser, celui-là prie en son nom, et reçoit ce qu’il demande, si toutefois il ne demande rien de contraire à son salut éternel : il reçoit lorsqu’il est bon pour lui qu’il reçoive.

    Il est des grâces qui ne nous sont point refusées, mais qui sont différées, pour nous être accordées au temps opportun. On doit donc entendre que, par ces paroles : « Il vous donnera, » notre Seigneur a voulu désigner les bienfaits particuliers à ceux qui les demandent. Tous les saints, en effet, sont toujours exaucés pour eux-mêmes, mais ils ne le sont pas toujours pour tous, pour leurs amis, pour leurs ennemis ou pour d’autres ; car notre Seigneur ne dit pas absolument : « Il donnera, » mais : « Il vous donnera. »

    « Jusqu’à présent, dit notre Seigneur, vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète. » Cette joie qu’il appelle une joie pleine, n’est pas une joie des sens, mais une joie spirituelle, et quand elle sera si grande qu’on ne pourra plus rien y ajouter, alors, sans le moindre doute, elle sera pleine. Nous devons donc demander au nom du Christ ce qui tend à nous procurer cette joie si nous comprenons bien la nature de la grâce divine, si l’objet de nos prières est la vie véritablement heureuse. Demander toute autre chose, c’est ne rien demander : non pas qu’il n’existe absolument autre chose, mais parce qu’en comparaison d’un si grand bien, tout ce que l’on désire en dehors de lui n’est rien.

    Saint Augustin, traité 102 sur saint Jean, leçon des matines.

  • Saint Robert Bellarmin

    Extrait des "Controverses de la foi chrétienne contre les hérétiques de ce temps". Première controverse : la parole de Dieu, écrite ou conservée par la tradition, livre 4 : La parole de Dieu non écrite, chapitre 2 : Qu’est-ce que la tradition, et combien y en a-t-il ?

    Par le mot tradition, on entend généralement toute doctrine écrite ou non écrite qui a été communiquée à quelqu’un. Exode 17 « Écris cela dans un livre pour assurer sa permanence, et communique-le verbalement à Josué ». Dans les Actes des apôtres, 6, on appelle la loi écrite de Moïse une tradition : « Nous l’avons entendu dire qu’il détruirait ce lieu, et qu’il changerait les traditions que nous a léguées Moïse ». Dans l’épître 1 aux Corinthiens : « J’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis ». On appelle tradition la doctrine présentée de vive voix : « Gardez les traditions, que vous avez apprises soit par la parole, soir par l’écrit. ».

    Le mot tradition ayant, en lui-même, un sens général, les théologiens en ont restreint le sens, pour ne lui faire signifier que la doctrine non écrite. Saint Irénée au livre 3, chap 2 : « Et ils finirent par ne reconnaître ni les Écritures ni la tradition ». Tertullien dans la couronne du soldat, chap 4 : « Si tu t’attends à trouver une loi, tu n’en trouveras aucune dans l’Écriture. C’est la tradition qui te procurera une aide ». Saint Cyprien, livre 2, épitre 3 : « Sache qu’on nous a enseigné de conserver la tradition dominicale en offrant le calice, c’est-à-dire que le calice offert en mémorial soit rempli de vin mélangé à de l’eau ». C’est faussement que Kemnitius attribue cet usage à la tradition écrite. Car jamais, dans tout l’évangile et dans toutes les épitres, on ne trouve par écrit que le vin, offert dans le calice, doive être mélangé à de l’eau. De la même façon, presque tous les anciens emploient le mot tradition au sens de doctrine non écrite. Et c’est ainsi que nous employons le mot.

    On appelle une doctrine non écrite, non celle qui n’a jamais été écrite, mais celle qui n’a pas été écrite par l’écrivain originel, comme par exemple le baptême des enfants. L’obligation de baptiser les enfants porte le nom de tradition apostolique non écrite, car on ne la trouve dans aucun écrit du nouveau testament, même si elle apparaît dans les livres de presque tous les anciens pères.

    On divise la tradition en deux catégories. La première est celle que l’on puise chez les auteurs des traditions; la deuxième se rapporte à la matière. La première se divise en traditions divines, apostoliques, et ecclésiastiques. On appelle divines celles qui ont été reçues du Christ lui-même enseignant aux apôtres, et qu’on ne trouve pas dans les lettres divines. Comme par exemple, la matière et la forme des sacrements. Nous avons bien peu de choses là-dessus dans les Écritures saintes, et il est pourtant certain que l’essence des sacrements n’a pu être instituée que par le Christ. C’est pour cela que l’apôtre dit aux Corinthiens 1, 12, en parlant du sacrement de l’eucharistie : « Car j’ai moi-même reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis ».

    On appelle traditions apostoliques celles qui ont été instituées par les apôtres, non sans l’assistance du Saint-Esprit, mais qui ne figurent pas dans leurs écrits, comme le jeûne quadragésimal et celui des quatre-temps, et d’autres choses dont nous parlerons plus loin. Et on a coutume d’appeler apostoliques les traditions divines, et divines les traditions apostoliques. On dit que les traditions divines sont apostoliques, non parce qu’elles ont été instituées par les apôtres, mais parce que c’est par eux qu’elles ont été d’abord transmises à l’église, et que c’est du Christ qu’ils les avaient reçues. On dit que les traditions apostoliques sont divines, non parce qu’elles ont été instituées directement par Dieu, mais parce que ce n’est pas sans l’Esprit de Dieu que les apôtres les ont instituées. On dit de même que toutes les épitres des apôtres sont des écrits divins et apostoliques, même s’il y a en elles des préceptes qui sont divins et d’autres qui ne sont qu’apostoliques. Comme le montre clairement la première épitre aux Corinthiens, 7 : « Ce n’est pas moi qui prescris cela, mais le Seigneur ». Et, plus loin : « Je dis cela, moi, non le Seigneur ».

    Les traditions ecclésiastiques au sens propre sont des coutumes anciennes, commencées par les évêques ou le peuple, qui obtinrent peu à peu force de loi par le consentement tacite des peuples. Si les traditions divines ont la même force que les préceptes divins ou la doctrine divine écrite dans les évangiles, les traditions apostoliques non écrites ont, elles aussi, la même force que les traditions apostoliques écrites, comme l’affirme le concile de Trente à la session 4. La raison en est claire : car ce n’est pas parce qu’elle est écrite sur des parchemins que la parole de Dieu est divine ou qu’elle a de l’autorité, mais parce qu’elle a été prononcée par Dieu immédiatement, comme dans les sermons du Seigneur, ou par le moyen des apôtres, comme le décret du premier concile de Jérusalem (actes des apôtres, 15). Les hérétiques ne nient pas cela, et ils ne peuvent pas, non plus, le nier, car, comme nous le dirons plus haut, la question ne porte pas sur la force que possède la tradition divine ou apostolique, mais sur son existence.

    Les traditions ecclésiastiques ont la même force que les décrets et les constitutions écrites de l’Église. Car, même dans les sociétés civiles, les coutumes approuvées et les lois écrites ont la même force, comme le montrent les canons « coutume », et « durable » du code de loi.

    L’autre division des traditions se fait selon la matière : les traditions de foi ou de mœurs. Ces traditions sont perpétuelles, ou temporaires, universelles ou particulières, nécessaires ou libres. C’est une tradition de foi, par exemple, que la sainte Vierge ait toujours été vierge, qu’il n’y ait que quatre évangiles. C’est une tradition de mœurs, par exemple, de se signer le front du signe de croix, de jeûner à certains jours, de célébrer certaines fêtes.

    La tradition perpétuelle est celle qui a été instituée pour être observée jusqu’à la consommation du monde, comme dans les exemples donnés. La temporaire est celle qui a été instituée pour un certain temps, comme l’observance légale de certaines cérémonies qui devait se faire jusqu’à la pleine promulgation de l’évangile, pour que l’Église se compose plus facilement de Juifs et de Gentils.

    Une tradition universelle est celle qui doit être conservée par toute l’Église. comme la fête de Pâque, de la pentecôte, et de grandes fêtes semblables, comme l’enseigne saint Augustin dans la lettre 118. Une tradition particulière est celle qui s’adresse à une ou plusieurs Églises, comme le jeûne du samedi, au temps de saint Augustin, que saint Pierre avait transmis à l’église de Rome et à quelques autres, comme le rappelle saint Augustin dans sa lettre 86 à Casulanum.

    La tradition nécessaire est celle qui est transmise sous la forme d’un précepte, comme la célébration de Pâque le dimanche après le quatorzième jour de la lune de mars. La libre est celle qui est transmise sous la forme d’un conseil, comme l’aspersion de l’eau lustrale, et autres choses semblables.

  • Un démolisseur

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    Le cardinal Arthur Roche, préfet du dicastère de la destruction de la liturgie, était comme évêque de Leeds un destructeur en série des paroisses de son diocèse. Sans états d’âme dans l’une et l’autre fonction.

    Version longue : Paix liturgique.

    Résumé : Le Salon Beige.