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Liturgie - Page 332

  • Agni paschalis

    Séquence de Notker (840-912) de l’abbaye de Saint-Gall, pour le mardi de Pâques. Traduction de dom Guéranger. En raison de la vaste inversion poétique du début, destinée à commencer par l’expression « Agneau pascal », les deux premiers vers, qui forment la première « strophe », sont, pour nous autres, incompréhensibles tels quels. La construction selon l’ordre français des mots donnerait : Omnes christianae animae se prabeant dignas, moribus sinceris, esu potuque Agni paschalis. Que toutes les âmes chrétiennes se montrent dignes, par leurs mœurs pures, de manger et boire l’Agneau pascal.

    Agni paschalis esu
    potuque dignas,

    Le jour est venu où le festin de l'Agneau pascal nous convie ;

    Moribus sinceris praebeant
    omnes se Christianae animae,
    Pro quibus se Deo hostias
    obtulit ipse summus Pontifex.
    Quarum frons in postis est modum,
    ejus illita
    sacrosancto cruore
    et tuta a clade canopica,

    Que les âmes chrétiennes se montrent dignes, par une vie pure, d'un tel mets et d'un tel breuvage. C'est pour elles que l'Agneau, Pontife souverain, s'est offert à Dieu. Comme les portes des Israélites, leur front est marqué de son sang. Ce sang divin les met à couvert du désastre qui fond sur l'Egypte,

    Qua[rum] crudeles hostes
    in mari Rubro sunt obruti.
    Renes constringant ad pudicitiam.
    Pedes tutentur adversus viperas.

    Lorsque ce cruel ennemi est submergé dans la mer Rouge. Que les fidèles aient la ceinture, symbole de pureté ; que leurs pieds soient chaussés contre la morsure des serpents ;

    Baculosque
    spiritales contra
    canes jugiter
    manu bajulent.
    Ut pascha Jesu
    mereantur sequi,
    quo de barathro,
    victor rediit.

    Qu'ils tiennent sans cesse à la main le bâton spirituel, pour repousser les chiens infernaux : Ainsi ils mériteront d'avoir part à la Pâque de Jésus, cette Pâque qui l'a vu remonter victorieux du tombeau.

    En redivivus
    mundus ornatibus
    Christo consurgens
    fideles admonet,

    La nature qui renaît plus brillante et plus belle au moment où ressuscite le Christ, apprend aux fidèles

    Post mortem melius
    cum eo victuros. Amen.

    De quelle vie supérieure ils doivent vivre avec lui, après avoir passé par la mort. Amen.

  • 3e dimanche après Pâques

    Ce dimanche marque un tournant dans le temps pascal. La liturgie nous détourne déjà de la seule contemplation du Christ ressuscité pour nous tourner vers l’Ascension, la Pentecôte, et le temps de l’Eglise. Autrement dit le temps de notre pèlerinage sur terre, où nous sommes soumis pour "un peu" aux souffrances de la femme qui accouche.

    Aux matines la lecture est celle de l’Apocalypse. Les répons de Pâques ont disparu. Trois répons chantent le triomphe du Christ selon l’Apocalypse, le Christ ressuscité mais surtout celui qui vient à la fin du temps, à la fin des épreuves des hommes, trois autres répons montrent que ce choix de l’Apocalypse est surtout motivé par l’annonce du temps de l’Eglise, épouse du Christ.

    Voici ces trois répons. Le premier est celui qui reprend les termes de l’Apocalypse pour chanter la venue de l’épouse de l’Agneau, l’Eglise figurée par la Jérusalem céleste. Le deuxième chante l’Eglise qui est la vigne du Seigneur, selon les termes de l’Ecclésiastique. Le troisième chante l’amour du Christ pour son Eglise selon le Cantique des cantiques (les textes sont des versions plus anciennes que la Vulgate, ce qui montre l’antiquité de ces chants) :

    ℟. Locútus est ad me unus ex septem Angelis, dicens : Veni, osténdam tibi novam nuptam, sponsam Agni : * Et vidi Jerúsalem descendéntem de cælo, ornátam monílibus suis, allelúia, allelúia, allelúia. ℣. Et sústulit me in spíritu in montem magnum et altum. * Et vidi Jerúsalem descendéntem de cælo, ornátam monílibus suis, allelúia, allelúia, allelúia.

    Un des sept Anges me parla, disant : Viens, je te montrerai la nouvelle épousée, l’épouse de l’Agneau. Et je vis Jérusalem qui descendait du ciel, ornée de ses colliers, alléluia, alléluia, alléluia. Et il me transporta en esprit sur une montagne grande et haute. Et je vis Jérusalem qui descendait du ciel, ornée de ses colliers, alléluia, alléluia, alléluia.

    ℟. Ego sicut vitis fructificávi suavitátem odóris, allelúia : * Transíte ad me, omnes qui concupíscitis me, et a generatiónibus meis adimplémini, allelúia, allelúia. ℣. In me omnis grátia viæ et veritátis : in me omnes spes vitæ et virtútis. * Transíte ad me, omnes qui concupíscitis me, et a generatiónibus meis adimplémini, allelúia, allelúia.

    Moi, comme une vigne, j’ai produit des fruits d’une odeur suave, alléluia. Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur, et remplissez-vous de mes régénérations, alléluia, alléluia. En moi est toute la grâce de la voie et de la vérité : en moi toute l’espérance de la vie et de la vertu. Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur, et remplissez-vous de mes régénérations, alléluia, alléluia.

    ℟. Véniens a Líbano quam pulchra facta est, allelúia : * Et odor vestimentórum eius super ómnia arómata, allelúia, allelúia. ℣. Favus distíllans lábia ejus, mel et lac sub lingua eius. * Et odor vestimentórum eius super ómnia arómata, allelúia, allelúia. Glória Patri, et Fílio, et Spirítui Sancto. * Et odor vestimentórum ejus super ómnia arómata, allelúia, allelúia.

    Qu’elle a été faite belle cette épouse, venant du Liban, alléluia. L’odeur de ses vêtements est au-dessus de tous les aromates, alléluia, alléluia. Un rayon de miel distille de ses lèvres, le miel et le lait sont sous sa langue. L’odeur de ses vêtements est au-dessus de tous les aromates, alléluia, alléluia. Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. L’odeur de ses vêtements est au-dessus de tous les aromates, alléluia, alléluia.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Porta hæc clausa erit, et non aperiétur. Pulchre quidam portam clausam, per quam solus Dóminus Deus Israël ingréditur, et dux cui porta clausa est, Maríam Vírginem intélligunt, quæ et ante partum et post partum virgo permánsit. Etenim témpore, quo Angelus loquebátur: Spíritus Sanctus véniet super te, et virtus Altíssimi obumbrábit te: quod autem nascétur ex te Sanctum, vocábitur Fílius Dei; et quando natus est, virgo permánsit ætérna; ad confundéndos eos, qui arbitrántur eam post nativitátem Salvatóris habuísse de Ioseph fílios, ex occasióne fratrum eius, qui vocántur in Evangélio.

    Cette porte sera fermée, et on ne l’ouvrira point. Il y en a qui par cette porte fermée, par laquelle il n’y a que le Seigneur Dieu d’Israël qui entre, sans même qu’elle s’ouvre pour lui faire passage, entendent fort bien la Vierge Marie, qui étant vierge avant que d’enfanter Jésus-Christ, est encore demeurée vierge après l’avoir enfanté. Car elle était vierge non seulement lorsque l’ange lui disait : "Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre, c’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu." Mais elle est aussi demeurée vierge pour toujours, même après la naissance de celui qui lui avait été annoncé. Ce qui s’est fait pour confondre ceux qui s’imaginent qu’après la naissance du Sauveur elle a eu des enfants de Joseph, parce qu’il y a des personnes que l’Evangile appelle les frères de Jésus-Christ.

    Saint Jérôme, commentaire d’Ezéchiel, lecture des matines, traduction du Breviarium benedictinum (1725)

  • Selfies liturgiques

    Lu sur Paix liturgique :

    En marge de son intervention, le cardinal Sarah, a révélé qu’il avait, le samedi précédent, demandé au Pape François de réfléchir à l’irruption des tablettes et des selfies lors des cérémonies : « Nous avons transformé nos liturgies en spectacles. Si nous voulons retrouver la vraie liturgie, a-t-il dit au Saint-Père, vous avez le pouvoir de chasser les photographes de l’autel. »

    On parie ?

    François ayant fondé son pontificat sur la mise en scène de sa personne (cf. le bon billet de Sandro Magister), je parie qu’il ne se passera rien. Ou plutôt que ce sera de pire en pire, comme tout le reste.

  • Aurora lucis rutilat

    L’hymne des laudes au temps pascal est une hymne ambrosienne. C’est-à-dire qu’elle était traditionnellement attribuée à saint Ambroise. On peut toujours l’appeler ainsi, car même si elle n’est (peut-être) pas de l’évêque de Milan (on n’a seulement pas la preuve qu’elle l’est) elle est de son style et de son époque. Il est ahurissant de penser qu’en un temps où personne ne contestait cette attribution le pape Urbain VIII ait entrepris de la défigurer sous prétexte de la « corriger » et d’imposer sa version dans le bréviaire romain.

    La voici par les moines de Solesmes en 1955.
    podcast

    Avec une traduction aussi littérale que possible. J’ai déjà donné ici la traduction de Pierre Corneille, et , celle de Lemaître de Sacy.

    Aurora lucis rutilat
    caelum laudibus intonat
    mundus exultans jubilat
    gemens infernus ululat

    L’aurore de la Lumière rutile
    Le ciel résonne de louanges
    Le monde exultant jubile
    L’enfer gémissant hulule

    Cum Rex ille fortissimus
    mortis confractis viribus
    pede conculcans tartara
    solvit a pœna miseros

    Quand ce Roi très fort
    Ayant brisé les puissances de la mort
    Foulant du pied le tartare
    Délivre les malheureux de leur peine.

    Ille qui clausus lapide
    custoditur sub milite
    triumphans pompa nobili
    victor surgit de funere

    Lui qui enfermé par une pierre
    est gardé par des soldats
    Triomphant en noble pompe
    Vainqueur il surgit du tombeau.

    Solutis jam gemitibus
    et inferni doloribus
    Quia surrexit Dominus
    resplendens clamat angelus

    Sont maintenant anéantis les gémissements
    et les douleurs des enfers
    Puisqu’il est ressuscité le Seigneur
    Clame l’ange resplendissant.

    Quæsumus, Auctor omnium
    in hoc Paschali gaudio
    ab omni mortis impetu
    tuum defende populum

    Nous te demandons, auteur de toutes choses
    Dans cette joie pascale
    De tout assaut de mort
    Défends ton peuple.

    Gloria tibi Domine
    qui surrexisti a mortuis
    cum Patre et Sancto Spiritu
    in sempiterna sæcula. Amen.

    Gloire à toi Seigneur
    Qui es ressuscité des morts
    Avec le Père et le Saint-Esprit
    Dans les siècles éternels. Amen.

    hy-aurora_lucis_rutila-solesmes.png

  • Saint Justin

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    Moi-même, lorsque j'étais disciple de Platon, entendant les accusations portées contre les chrétiens et les voyant intrépides en face de la mort et de ce que les hommes redoutent, je me disais qu'il était impossible qu'ils vécussent dans le mal et dans l'amour des plaisirs. Quel homme adonné au plaisir et à la débauche, aimant à se repaître de la chair humaine, pourrait courir au-devant de la mort et supporter la privation de ses biens ? Ne chercherait-il pas à tout prix à jouir toujours de la vie présente, à se soustraire aux magistrats, bien loin de s'exposer à la mort en se dénonçant lui-même ? Voici ce qu'ont fait les hommes impies, à l'instigation des démons. Ils ont condamné à mort plusieurs des nôtres, sur ces calomnies répandues contre nous ; ils ont mis à la question nos serviteurs, des enfants, de faibles femmes, et par des tortures effroyables ils les ont forcés à nous imputer ces crimes fameux, qu'ils commettent eux-mêmes ouvertement. Que nous importe, puisque nous sommes innocents? Le Dieu non engendré et ineffable est témoin de nos pensées et de nos actions. Pourquoi en effet ne pas confesser en public que tout cela est bien ? Pourquoi ne pas dire que c'est là une philosophie divine; que nous célébrons par l'homicide les mystères de Kronos; que, quand nous nous abreuvons de sang, comme on dit, nous faisons comme l'idole que vous honorez, qui est arrosée non seulement du sang des animaux, mais de sang humain, quand vous offrez, par les mains du plus illustre et du plus noble d'entre vous, une libation du sang des hommes tués; que nous imitons Zeus et les autres dieux en nous livrant sans retenue à des crimes contre nature et à l'adultère? Pourquoi ne pas chercher notre justification dans les écrits d'Épicure et des poètes ? Nous cherchons au contraire à inspirer l'horreur de ces choses, nous apprenons à fuir ceux qui les pratiquent et leurs imitateurs, et c'est encore ce que nous nous efforçons de faire, dans ce discours, et c'est pour cela qu'on nous poursuit de tous côtés. Peu nous importe ; nous savons que le Dieu juste voit tout. Plût au ciel que encore maintenant, du haut d'une tribune on entendît retentir ces tragiques paroles : « Rougissez, rougissez de charger des innocents de vos propres crimes, d'imputer vos fautes, les vôtres et celles de vos dieux, à des hommes qui n'y ont pas la moindre part. Repentez-vous et changez de conduite. »

    Voyant donc que, pour détourner les autres hommes, les mauvais démons jetaient ainsi le discrédit sur la doctrine divine des chrétiens, je me moquai et des mensonges et des calomnies et de l'opinion de la multitude. Je suis chrétien, je m'en fais gloire, et, je l'avoue, tout mon désir est de le paraître. Ce n'est pas que la doctrine de Platon soit étrangère à celle du Christ, mais elle ne lui est pas en tout semblable, non plus que celle des autres, Stoïciens, poètes ou écrivains. Chacun d'eux en effet a vu du Verbe divin disséminé dans le monde ce qui était en rapport avec sa nature, et a pu exprimer ainsi une vérité partielle ; mais en se contredisant eux-mêmes dans les points essentiels, ils montrent qu'ils n'ont pas une science supérieure et une connaissance irréfutable. Tout ce qu'ils ont enseigné de bon nous appartient, à nous chrétiens. Car après Dieu nous adorons et nous aimons le Verbe né du Dieu non engendré et ineffable, puisqu’il s'est fait homme pour nous, afin de nous guérir de nos maux en y prenant part. Les écrivains ont pu voir indistinctement la vérité, grâce à la semence du Verbe qui a été déposée en eux. Mais autre chose est de posséder une semence et une ressemblance proportionnée à ses facultés, autre chose l'objet même dont la participation et l'imitation procède de la grâce qui vient de lui.

    Saint Justin, Apologie au Sénat romain, XII-XIII, traduction Louis Pautigny

  • Saint Herménégilde

    En ce temps-là, Jésus dit à la foule : Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple…

    L’évangile est celui de la messe Statuit : Si quis venit, justement pour mettre en relief les circonstances spéciales du martyre d’Herménégilde qui, pour défendre la foi catholique, n’hésita pas à prendre les armes contre son propre père qui était arien. Finalement il succomba, victime de la perfidie de son père ; mais, monté au ciel, il lui obtint de se convertir au moment de sa mort, et, avec le salut de l’âme du vieux roi. Dieu lui accorda aussi le retour de toute la nation visigothe à la foi catholique.

    Si l’on juge héroïque l’acte du moine qui abandonne ses parents et sa famille et court se réfugier dans la paix du cloître, que devra-t-on dire de la vertu de ce jeune prince qui, pour défendre la foi de Nicée et son peuple tyrannisé, va jusqu’à prendre les armes contre son père hérétique ? La charité de Dieu devait vraiment être parfaite dans son cœur, puisqu’elle lui fit mépriser jusqu’aux sentiments les plus doux de la nature, par zèle pour l’honneur dû à la divinité du Sauveur.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • A propos de la communion…

    Le site New Liturgical Movement fait remarquer que, si la réforme liturgique avait notamment pour but de permettre aux fidèles d’entendre davantage de textes bibliques au cours des messes sur trois ans, les versets 27-29 du chapitre 11 de la première épître de saint Paul aux Corinthiens ne sont jamais lus, alors qu’on les trouve trois fois dans l’année dans la « forme extraordinaire ».

    Que disent ces versets ?

    C'est pourquoi quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que l'homme s'éprouve donc lui-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice. Car celui qui mange et boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant pas le corps du Seigneur.

  • Chorus novæ Hierusalem

    En ce jour, dans son Année liturgique, dom Guéranger donne cette hymne de Fulbert de Chartres que l’on trouvait dans l’ancienne liturgie « romaine-française ».

    Chorus novæ Hierusalem
    Novam mellis dulcedinem
    Promat, colens cum sobriis
    Paschale festum gaudiis.

    Chœurs de la Jérusalem nouvelle, célébrez la douceur du miel nouveau ; livrez-vous aux joies innocentes, en cette solennité pascale.

    Quo Christus, invictus leo,
    Dracone surgens obruto,
    Dum voce viva personat,
    A morte functos excitat.

    Aujourd'hui, le Christ, lion invincible, foule le dragon et se lève du tombeau : sa voix éclatante retentit ; elle appelle les morts à la vie.

    Quam devorarat improbus
    Prædam refudit tartarus:
    Captivitate libera
    Jesum sequuntur agmina.

    Le perfide tartare rend la proie qu'il avait dévorée; une foule affranchie de la captivité suit Jésus montant vers la lumière.

    Triumphat ille splendide,
    Et dignus amplitudine,
    Soli polique patriam
    Unam facit rempublicam.

    Son triomphe est splendide; il est digne du triomphateur qui, unissant le ciel et la terre, en fait un seul et même empire.

    Ipsum canendo supplices,
    Regem precemur milites,
    Ut in suo clarissimo
    Nos ordinet palatio.

    Nous, ses soldats, célébrons notre Roi ; prions-le humblement de nous donner place en sa cour magnifique.

    Per sæcla metæ nescia
    Patri supremo gloria,
    Honorque sit cum Filio
    Et Spiritu Paraclito. Amen.

    Au Père suprême soit la gloire ! honneur au Fils ! honneur à l'Esprit Paraclet, dans les siècles sans fin ! Amen.

  • Saint Léon le Grand

    Pontife bienheureux * que fit briller l'onction du sacerdoce, * tu as resplendi sous l'éclat de tes vertus.
    Ayant pressé ton esprit * comme grappe mûre, tu as offert * à tous l'allègre coupe de ta sagesse.
    De Pierre le coryphée * tu es devenu, sur son trône, l'héritier, * toi qui avais son esprit et son zèle pour la foi.
    Par la splendeur de ta doctrine tu dissipas * les sombres ténèbres de l'hérésie, * Pontife du Seigneur, divinement inspiré.

    T'empressant d'apporter à l'Eglise du Christ * la stèle de l'orthodoxie, très-sage Léon, * tu l'as relevée; car, en sa possession, * elle a fait disparaître * les phalanges et les assemblées des hérétiques impies.
    Comblé de la grâce céleste de Dieu, * tu as défendu les enseignements de l'Eglise, * Père illustre, bienheureux Léon, * car tu t'es opposé * à tous les bavardages des hérétiques impies.
    Illuminé par la plus brillante clarté, * tu as clairement exposé * l'ineffable et divine incarnation, * parlant de double nature * et de double énergie dans le Verbe incarné.

    Comme un lion, en vérité, * Bienheureux, tu as chassé * les renards qui prêchaient la confusion * et tu inspiras de la crainte aux impies * par ton rugissement royal.
    Sous le jet de tes enseignements * tu as couvert jusqu'aux traces * des hérésies combattant la divinité, * et tu fis sortir de sa cachette la vérité, * vénérable Père et Pontife sacré.
    De l'occident tu t'es levé * comme l'aurore, Trois-fois-heureux, * émettant pour l'Eglise, comme des rayons, * l'éventail de tes enseignements * pour répandre sur nos âmes la clarté.

    Tu as été le héraut * de la double énergie du Christ Sauveur; * car tu as affirmé * que chacune de ses deux natures * agit en communion avec l'autre, * bienheureux Pontife aux-divines-pensées.
    Tu as reconnu que le Verbe * est égal à son Père en fait de puissance: * tu as cru qu'il s'est incarné * et déclaré qu'il agit selon les particularités de la chair, * sans confondre les deux natures et sans qu'elles subissent de changement.

    Le successeur de saint Pierre * ayant hérité non seulement son trône, * mais encore son zèle ardent, * produit, par divine inspiration, * le tome qui devait bouleverser * les hérésies soutenant le mélange et la confusion.
    Serviteur des mystères ineffables, * tu as prêché, par divine inspiration, * que le Fils unique, le Christ et Seigneur * est né du Père avant les siècles, * que pour nous il fut enfanté par la Vierge * et que, dépassant la nature, il nous est devenu consubstantiel.

    Tu n'as pas donné de sommeil à tes yeux * que tu n'aies totalement déraciné * l'erreur du fol Eutychès, * en t'écriant: Seigneur notre Dieu, * tu es béni dans les siècles.
    Ayant enseigné que le Christ notre Dieu * est une seule personne en deux natures, * en deux énergies et volontés, * tu chantes désormais: Tu es béni, * Seigneur Dieu, dans les siècles.

    Resplendissant comme un soleil, * tu t'es levé de l'occident, * merveille étonnante, en vérité, * pour assécher, Pontife saint, * le mélange et la confusion d'Eutychès * et retrancher la division de Nestorius, * car tu enseignas à adorer le Christ comme unique en deux natures, * sans division ni changement ni confusion.
    Poussé par Dieu, tu as inscrit * les enseignements de la foi * comme sur les tables divinement gravées, * tel un second Moïse apparaissant * au peuple chrétien et à l'assemblée des saints Docteurs * en t'écriant: Bénissez, * et vous, prêtres, célébrez, * peuple, exalte le Christ dans les siècles.
    Comme incarné tu reconnus * celui qui est tout d'abord incorporel, * le Verbe du Père, l'unique Fils coéternel, * comme soumis au temps l'Intemporel, * et tu enseignas qu'est circonscrit dans un corps * celui qui ne connaît pas de limites, comme Dieu créateur, * en t'écriant: Vous les prêtres, bénissez, * peuple, exalte le Christ dans les siècles.

    Désormais tu rayonnes, Pontife du Christ, * paré de la couronne de splendeur * et revêtu de justice, comme Prêtre fidèle, en vérité; * dans le Paradis de délices où tu exultes, Bienheureux, * sans cesse prie le Maître pour les brebis de ton bercail.
    Là où les Patriarches maintenant * siègent sur des trônes selon leur rang, * illustre Léon, tu as mérité de demeurer * en véritable patriarche, resplendissant de grâce et de foi; * c'est pourquoi tous ensemble et sans cesse nous te disons bienheureux.
    Te soustrayant aux remous de cette vie, * tu as rejoint le Christ, excellent pontife Léon, * pour jouir du repos en un lieu de fraîcheur, * là où se trouvent les torrents de délices, la lumière sans soir, * l'ineffable allégresse et l'éternelle jubilation.

    Liturgie byzantine, odes des matines